lest arrivé un soir, sans qu’Edwige nous ait prévenus. Au début, on se regardait et on se demandait s’il ne s’était pas trompé d’atelier. Il est resté un certain temps derrière la porte, dans le couloir, sans oser entrer. Il voulait sans doute assister aux répétitions de théâtre, qui avaient lieu dans une autre pièce du local associatif. Avec une voix très douce, et une certaine timidité, il a demandé en passant la tête dans notre salle :
– Bonjour, c’est bien ici l’atelier d’écriture ? Comme nul n’osait lui répondre, je lui ai confirmé qu’il était au bon endroit.
Il était habillé en jogging, avec une petite bourse en cuir d’une marque américaine portée en bandoulière et un cahier à la main. Il avait le crâne presque rasé. Une allure de jeune de « quartier » qui nous impressionnait beaucoup.
– Asseyez-vous, ai-je continué. Où vous voulez, il n’y a pas de place réservée, à part celle d’Edwige, notre animatrice, qui ne devrait pas tarder.
– Merci madame, a-t-il répondu en se posant sur une chaise sans oser se mettre à l’aise. Il restait raide, ne posait pas ses mains sur la table et sa tête était baissée.
– C’est la première fois que l’on vous voit ici, ai-je demandé pour rompre le silence. Comment avez-vous connu notre atelier d’écriture ?
– C’est Mme Delage qui est venue au lycée et qui a donné un cours d’écriture. Ça m’a beaucoup plu. Et, en plus, elle a dit que j’écrivais bien et que je devrais continuer. C’est vrai que j’adore ça, lire et écrire. Mais je ne le dis pas trop aux copains, parce qu’ils se moqueraient de moi. En prononçant cette dernière phrase, il avait un beau sourire. Un sourire qui exprimait un soulagement, un accomplissement. Il avait osé franchir le pas. Même s’il n’en avait vraisemblablement pas parlé à ses « potes », il avait eu envie de se confronter à l’exercice d’écrire et il avait fait de ce désir, une réalité. C’était, d’ores et déjà, une victoire sur lui-même.
Certes, en tant qu’enseignante,