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On ne meurt pas deux fois
On ne meurt pas deux fois
On ne meurt pas deux fois
Livre électronique302 pages4 heures

On ne meurt pas deux fois

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À propos de ce livre électronique

Le scandale qui est venu entacher la réputation de l'hôtel Royal Palm Beach Resort de Cabarete en République Dominicaine semble à présent être chose du passé. La vie a repris son cours normal et les craintes des clients, dues aux tristes événements qui s'y sont produits, se sont heureusement dissipées depuis que les responsables se sont retrouvés derrière les barreaux.L'inspecteur Alain Lavoie et sa charmante épouse Sonia Parent y séjournent pour leur voyage de noces. Malheureusement un nouveau drame viendra en perturber le cours.Marc Poisson, le directeur de l'hôtel, est appelé sur les lieux d'un incendie qui a détruit le chantier d'un projet en cours à Magante et lors duquel son ami et associé Marcel Dumas, qui agissait comme chef de chantier, a perdu la vie.Qu'est-ce qui a bien pu se produire? Qui étaient ces hommes qui se sont présentés là à cette heure tardive? Qui peut bien avoir intérêt à contrecarrer ce projet? Et pour quelle raison Héléna, l'épouse de la victime, est-elle introuvable ? Elle ne peut pas s'être volatilisée ainsi sans laisser de traces. Voilà autant de questions auxquelles l'inspecteur Santos, avec l'aide de son collègue Alain Lavoie, va devoir trouver les réponses.
LangueFrançais
Date de sortie21 août 2023
ISBN9782897758134
On ne meurt pas deux fois

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    Aperçu du livre

    On ne meurt pas deux fois - Marc-André Routhier

    Prologue

    Cette sordide histoire qui avait bien failli coûter la vie à Sonia n’eut été de l’intervention d’Alain qui, dans un plongeon désespéré, l’avait arrachée à une mort certaine, était maintenant derrière eux. Et quoique, sans cette triste histoire, peut-être qu’ils ne se seraient jamais retrouvés, il était dorénavant temps pour eux de tourner la page et de passer à autre chose.

    La noce avait eu lieu la veille et la cérémonie, ainsi que la réception qui avait suivie, s’étaient toutes deux déroulées dans une atmosphère des plus festive et le tout s’était terminé tard dans la nuit, pour les nouveaux époux, longtemps après que les derniers invités furent partis.

    La matinée était déjà bien avancée quand Alain avait dû se lever pour prendre un comprimé contre la douleur, sa cheville le faisant atrocement souffrir, puis revenir en vitesse pour retrouver sa bien-aimée dans le lit conjugal. Rien ne les pressait, puisqu’ils étaient officiellement en vacances depuis la veille, alors aussi bien en profiter pleinement.

    Lorsqu’il regagna sa place aux côtés de Sonia, celle-ci ouvrit les yeux et lui sourit en s’étirant langoureusement, faisant glisser le drap qui la recouvrait, exposant du coup sa superbe poitrine. Alain la prit dans ses bras et l’embrassa. Elle sentit alors sa verge se dresser contre sa cuisse et elle eut immédiatement envie qu’il lui fasse l’amour.

    Bien que leurs ébats amoureux s’étaient terminés au petit matin, ils firent l’amour avec fougue et ne s’arrêtèrent qu’une fois qu’ils eurent joui tous les deux. Alors Alain se leva, attrapa ses béquilles et lui dit de ne pas bouger, qu’il avait quelque chose pour elle.

    Il revint presque aussitôt, déposa ses béquilles et il s’allongea auprès de Sonia. Il lui tendit alors une enveloppe en lui disant que c’était de la part de l’inspecteur Dupré qui la lui avait remise avant de partir pour Québec, que c’était son cadeau de noce et qu’il lui avait fait promettre d’attendre d’être seul avec elle pour l’ouvrir.

    Sonia saisit l’enveloppe et l’ouvrit. Elle en sortit deux billets d’avion pour la République dominicaine. Une lettre, qu’elle lut à haute voix, accompagnait les billets.

    Mes chers amis, voici le nom de mon ami et associé de mon frère. Il se nomme Marc Poisson et il est copropriétaire d’un luxueux hôtel à Cabarete. J’y ai déjà réservé une suite à votre nom. Merci, encore une fois, pour votre aide si précieuse, car, sans vous, ce fou dangereux serait très probablement encore à l’œuvre. Prenez du bon temps et faites attention à vous, vous ne l’avez pas volé. Je vous souhaite d’être heureux, vous l’avez bien mérité.

    C’était signé, Maurice.

    1

    — Quelle belle attention ! s’exclama Sonia les larmes aux yeux. C’est trop beau, je crois rêver. Ça doit coûter une fortune un cadeau pareil.

    — Si tu préfères, je peux lui retourner son cadeau par la poste, dit Alain en feignant l’indifférence.

    — Je te préviens, Alain Lavoie, tu fais cela et je divorce sur-le-champ.

    — Alors je crois que je vais accepter son cadeau, reprit Alain.

    — Bien sûr que tu vas l’accepter, lui répondit Sonia. De toute façon, tu vas passer au moins les quatre prochaines semaines à te trimbaler avec ces vilaines béquilles. Alors aussi bien le faire au soleil, dit-elle.

    — Tu as raison, nous avons bien mérité ces vacances, acquiesça-t-il.

    — C’est tout simplement merveilleux.

    — Et ce n’est qu’un début, mon amour. Demain, à pareille heure, tu pourras poser ton joli petit derrière dans le sable chaud de Cabarete. Mais, en attendant, j’ai d’autres projets pour lui en tête.

    — Tu trouves vraiment que j’ai un joli derrière ? lui demanda-t-elle sur un ton qui frôlait la provocation.

    Il ne répondit pas et se contenta de la serrer dans ses bras et sa bouche trouva aussitôt la sienne. Elle eut à peine le temps de lui dire je t’aime avant qu’il ne prenne possession de sa bouche.

    Après qu’ils eurent refait l’amour, une fois encore, Sonia s’arracha à son étreinte et se leva.

    — Je crois que nous ferions mieux de nous bouger un peu, si nous ne voulons pas rater notre avion.

    — Y a rien qui nous presse, on a tout le temps de se préparer, répondit spontanément Alain.

    — On a les valises à préparer, lui dit-elle, et je dois m’assurer que nous avons tout ce qu’il nous faut pour un séjour de deux semaines.

    — On part dans le sud, lui fit remarquer Alain, on a qu’à apporter le strict minimum et à acheter ce qu’il nous manque une fois rendus sur place. Un sac de voyage chacun, dit-il. Ça s’appelle voyager léger. Comme ça, on ne perdra pas de temps aux douanes, à récupérer nos valises ou à se les faire fouiller par un douanier un peu trop zélé.

    — Tu as sans doute raison, dit-elle après une courte réflexion. D’ailleurs, je suis due pour renouveler ma garde-robe d’été et l’occasion s’y prête à merveille.

    — Dans ce cas, on ferait peut-être bien d’apporter plusieurs valises vides, dit Alain. Sinon on risque d’avoir de sérieux problèmes au retour. Et là, j’en ai bien peur, on ne pourra pas éviter la fouille.

    — Je te promets d’être très raisonnable, lui dit Sonia.

    — Dommage, j’aime bien quand tu déraisonnes, lui répondit-il.

    — Si tu le dis, alors je crois que les valises peuvent bien attendre, dit-elle en regagnant le grand lit pour se lover contre son époux.

    2

    Ils étaient maintenant mari et femme depuis vingt-sept heures et quarante minutes. La journée s’était passée à la vitesse de l’éclair. La cérémonie, puis la réception et le voyage, tout s’était déroulé comme dans un rêve et, à présent, Sonia regardait les petites maisons défiler sous l’aile de l’avion qui approchait de la piste de Puerto Plata. Un léger choc lui confirma qu’ils venaient d’atterrir. Le pilote inversa aussitôt les moteurs et l’avion s’immobilisa quelques centaines de pieds plus loin.

    Une chaleur humide les accueillit quand ils sortirent de l’aéroport. Alain héla un taxi et lui donna l’adresse de l’hôtel. Quarante minutes plus tard, après s’être inscrits à la réception de l’hôtel, ils allaient gagner leur suite quand un homme, dans un élégant costume en lin bleu pâle, se dirigea droit sur eux.

    — Vous devez être monsieur et madame Lavoie, si je ne me trompe pas ? dit-il. Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue dans mon hôtel. Je me présente, Marc Poisson, et j’espère que vous passerez un merveilleux séjour au Royal Palm Beach Resort.

    — Enchanté ! répondit spontanément Alain.

    — J’aimerais d’ailleurs profiter de l’occasion, qui m’est donnée, pour vous inviter à vous joindre à moi pour le dîner de ce soir, reprit Marc. Vous aurez ainsi l’occasion de faire connaissance avec les autres francophones qui séjournent actuellement à l’hôtel.

    — Je vous remercie beaucoup, monsieur Poisson. Ce sera avec plaisir que mon épouse et moi-même nous joindrons à vous, dit Alain.

    — Vous m’en voyez ravi, répondit Marc.

    — À quelle heure est le dîner ?

    — À sept heures ! Et je vous en prie, appelez-moi Marc.

    — Alors, pour vous, ce sera Alain et voici Sonia, mon épouse.

    — Enchanté, dit Marc en serrant la main que lui tendait Sonia. Je ne vous retiens pas plus longtemps, continua-t-il. Vous devez certainement avoir envie de vous rafraîchir, un peu, après ce voyage.

    — En effet, cette chaleur est suffocante ! s’exclama Sonia.

    — Vous verrez, vous vous y habituerez très vite, dit Marc, car les jardins et votre suite donnent directement sur la mer et ils sont exposés au vent du large. Vous jouirez ainsi, presque en tout temps, d’une bonne brise rafraîchissante. À plus tard donc ! leur dit-il.

    — À tout à l’heure, répondit Sonia qu’Alain entraînait déjà vers leur suite. Je le trouve très gentil, lui dit-elle lorsqu’ils furent à bonne distance.

    — Je dois dire qu’il a l’air plutôt sympathique, répondit Alain, mais c’est sans doute son boulot qui veut ça. Il doit être constamment à l’écoute de sa clientèle.

    — Tu crois vraiment que c’est strictement par affaire qu’il agit ainsi ? Pourtant il avait l’air sincère et je trouve que c’est une très belle attention de sa part.

    — Je ne dis pas cela pour le dénigrer, répondit Alain. Je dis qu’il est tout simplement dans son intérêt de porter attention à sa clientèle, s’il veut se maintenir à un certain degré d’excellence, dans ce genre de travail. Voilà tout !

    — La nuance est assez faible, lui fit remarquer Sonia.

    — Ce qui, j’en suis persuadé, ne l’empêche toutefois pas d’y prendre un certain plaisir, répondit Alain.

    — Je le crois aussi, lui dit-elle en entrant dans leur suite.

    Sonia se dirigea immédiatement dans la salle de bain, pendant qu’Alain se débarrassait de ses béquilles en les déposant contre une chaise et qu’il se laissait tomber sur le lit.

    — C’est formidable ! s’exclama-t-elle en ressortant. Tu te rends compte, il y a un même bain-tourbillon. Je ne me serais vraiment pas attendue à trouver cela ici.

    Regarde autour de toi, ma chérie, dit Alain. Il ne manque absolument rien pour ton confort.

    — Ton ami l’inspecteur Dupré est un amour. On ne peut pas dire qu’il fait les choses à moitié.

    — Pour ça, ma chérie, je suis entièrement d’accord avec toi, lui répondit Alain. C’est un hôtel cinq étoiles et, après tout, rien n’est trop beau pour celle que j’aime.

    Elle l’embrassa et se dirigea, à nouveau, vers la salle de bain.

    — Alors, aussi bien en profiter, tout de suite, avant que tu ne changes d’idée, lui dit-elle.

    — Alors là, mon amour, tu n’as vraiment rien à craindre de ce côté-là.

    — Je vais quand même me faire tremper dans un bon bain chaud. Cela devrait me faire du bien, puisqu’on dit qu’il faut combattre le feu par le feu, dit-elle joyeusement.

    Alain lui sourit et se leva alors qu’elle disparaissait, de nouveau, dans la salle de bain. Il fouilla dans son sac de voyage et il en sortit un flacon de comprimés contre la douleur. Il en avala deux, puis il revint s’étendre, car sa cheville le faisait terriblement souffrir. Il entendit Sonia fredonner un air à la mode. Sa voix se mêlant au bruit de l’eau qui coulait dans la baignoire. Il ferma les yeux.

    Une demi-heure plus tard, lorsqu’elle ressortit de la salle de bain, Alain dormait paisiblement. Le calmant avait finalement fait son effet. Elle s’habilla alors, sans faire de bruit, ne voulant surtout pas le réveiller, et elle vint s’asseoir sur le balcon.

    La mer était calme et le soleil commençait à descendre doucement sur la pointe ouest de la baie, où le ciel se teintait déjà de ses plus belles couleurs. De magnifiques jardins s’étendaient, juste devant elle, où quelques clients de l’hôtel revenaient lentement de la plage.

    L’atmosphère était chargée de parfums aromatiques qui provenaient des nombreux bosquets d’hibiscus en fleurs dispersés, çà et là, dans les jardins et de ceux, non moins subtils, qui lui parvenaient des cuisines où les employés s’affairaient à la préparation du repas du soir.

    Dans cette lourdeur qui souvent accompagne la fin du jour, une sorte d’ambiance feutrée et bienfaisante, typique de ces pays du sud, elle se laissa envelopper et elle se remémora les événements des derniers mois. En se disant que, il n’y a pas si longtemps, elle n’aurait jamais pu imaginer se retrouver ici, aujourd’hui, avec l’homme qu’elle avait tant aimé et qu’elle avait bien cru avoir perdu à jamais.

    Mais voilà, le destin en avait décidé autrement et il les avait réunis, après toutes ces années. Faisant ressurgir leur amour, aussi fort qu’au moment où ils avaient été séparés si injustement. Toutes ces années perdues, se dit-elle avec un relent de nostalgie. Nos plus belles années, privés l’un de l’autre, par la faute de mon père. Quel tyran, pensa-t-elle à ce souvenir douloureux. Comment a-t-il pu nous faire une chose pareille ?

    Et, comme par crainte de le perdre à nouveau, elle se leva et elle vint s’étendre auprès d’Alain. À l’instant même, elle se sentit complètement rassurée et ses vieux fantômes disparurent aussitôt, comme par enchantement.

    Alain avait bien sûr aussitôt ressenti sa présence à ses côtés, mais il garda néanmoins les yeux fermés. Il savait qu’elle le regardait, il pouvait sentir son regard posé sur lui, mais il ne bougea pas, se forçant à rester immobile, attendant plutôt de voir ce qu’elle ferait.

    Après un court instant, elle dit :

    — Comme tu es beau, quand tu dors ! Comme c’est bon d’être là, à tes côtés, et de savoir que tu y seras encore demain. Tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureuse de t’avoir retrouvé.

    D’un geste fluide, elle replaça une mèche de cheveux rebelle, sur son front, ignorant qu’il était réveillé, puis elle reprit :

    — J’ai détesté mon père, lui murmura-t-elle après un court moment. Tu ne peux même pas t’imaginer comme je l’ai détesté pour t’avoir éloigné de moi et j’espère seulement que, de là-haut, il réalise tout le mal qu’il nous a fait et qu’il voit quel homme merveilleux tu es réellement. Si seulement il avait pris le temps de te connaître, il t’aurait sûrement aimé. Mais son mauvais caractère était trop fort et il n’en faisait toujours qu’à sa tête. Cela m’a pris beaucoup de temps avant de lui pardonner et j’avais cessé d’espérer, depuis un bon moment, quand il est mort. Aujourd’hui, cependant, je remercie le ciel de t’avoir remis sur mon chemin et je te remercie, toi, de ne jamais avoir cessé de m’aimer et de t’être accroché à ton rêve, pendant toutes ces années, et ce, malgré l’incertitude que tu as très certainement dû ressentir. Je m’en veux tellement d’avoir baissé les bras aussi vite devant l’adversité et de ne pas avoir ressenti ton amour au fond de moi. Alors que, toi, tu n’as jamais vraiment renoncé.

    Alain retenait sa respiration à grand-peine. Il était très troublé par ce qu’il entendait et il se sentait presque comme un voyeur.

    — Si seulement j’avais pu savoir que nous étions restés libres, tous les deux, les choses auraient certainement été différentes, reprit-elle. Heureusement tu t’es accroché et nous nous sommes finalement retrouvés. À présent, chaque jour, en m’éveillant auprès de toi, je crois rêver et j’espère, de tout mon cœur, que mon rêve durera toute ma vie.

    L’émotion qu’elle ressentait, en disant ces mots, n’avait d’égale que celle que lui éprouvait en les entendant, et il eut peur qu’elle ne le trahisse et qu’elle réalise qu’il ne dormait pas.

    — Je suis tellement heureuse depuis ton retour, dit-elle. Tu as fait de moi une femme comblée. Je t’aime, mon amour, de tout mon être et je ferai tout ce qu’il faudra pour préserver cet amour. Je t’en fais le serment !

    Elle se pencha sur lui et elle effleura ses lèvres d’un doux baiser. Alain ouvrit les yeux et lui sourit.

    — Il y a longtemps que tu es réveillé ? lui demanda-t-elle.

    — À l’instant même, mentit-il.

    Il était encore très troublé par ce qu’il venait d’entendre et il ne voulait surtout pas la blesser de l’avoir ainsi espionnée. Mais de se savoir aimé, aussi sincèrement, par cette femme qui était devenue officiellement la sienne devant Dieu et les hommes il y avait à peine un peu plus de vingt-quatre heures, le comblait d’un immense bonheur. Il l’embrassa, tout d’abord tendrement, puis passionnément et, une fois encore, il fut surpris de constater avec quelle facilité elle s’abandonnait à ses caresses.

    Alors, il lui fit l’amour, pendant que les paroles qu’elle avait prononcées résonnaient encore dans sa tête. Il réalisait soudain qu’elle avait souffert autant que lui de leur séparation, allant jusqu’à haïr son propre père et il l’en aima encore davantage pour cela, réconforté par le sentiment qu’il n’avait pas attendu toutes ces années en vain et qu’il avait eu raison de croire, depuis le tout premier jour, qu’elle était la femme qui lui était destinée.

    Voilà pourquoi, pendant toutes ces années passées loin d’elle, il n’avait jamais éprouvé un sentiment pareil pour une autre femme. Elle était la seule qu’il ait vraiment aimée et elle le resterait à jamais.

    3

    Marc était assis à sa table, en compagnie de sa femme Myriam et d’un autre couple, ainsi que Tania la directrice de l’hôtel et remplaçante lorsqu’il devait s’absenter. Alain et Sonia arrivèrent avec quelques minutes de retard, mais personne n’en fit la remarque, car l’attente en valait la peine.

    Sonia était tout simplement superbe dans sa robe de satin blanc. Elle avait relevé ses beaux cheveux noirs. Dégageant ainsi son long cou que mettait en valeur un fin collier d’argent serti d’une belle émeraude. Outre ce cadeau que lui avait offert Alain, elle ne portait qu’un bracelet en argent et son alliance.

    Elle avait cessé de porter une montre, plusieurs années auparavant, quand son père était tombé malade. Comme si le temps s’était soudainement arrêté ce jour-là et depuis elle refusait obstinément d’en porter une. Mais c’eut été tout à fait superflu, car aucun autre bijou n’aurait pu la rendre plus belle qu’en ce moment.

    — Bonsoir, dit Marc en se levant pour les accueillir. J’aimerais vous présenter mes amis Pierre et Nicole Simon. Pierre est aussi mon associé dans un autre projet hôtelier, sur la côte. Et voici ma précieuse assistante Tania. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, ou encore des questions au sujet du pays, c’est à elle qu’il faut vous adresser. Elle connaît le pays comme le fond de sa poche. Et, de plus, elle parle un excellent français.

    — Enchantée ! dit cette dernière comme pour confirmer cette affirmation.

    — Et enfin, reprit Marc, j’aimerais vous présenter mon épouse Myriam.

    — Nous sommes ravis de faire votre connaissance, dirent Alain et Sonia.

    — Messieurs, dames, je vous présente Alain et Sonia Lavoie. Ils sont de Moncton au Nouveau-Brunswick, dit Marc.

    — En réalité nous sommes tous les deux de Charlesbourg, en banlieue de Québec, le corrigea Alain. C’est mon travail qui m’a conduit aussi loin de chez moi.

    — Et que faites-vous exactement ? lui demanda alors Myriam.

    — Je suis policier ! Inspecteur à la criminelle, plus précisément.

    — Et c’est, sans doute, un accident de travail qui vous a valu cela ? s’enquit Nicole en faisant référence aux béquilles qu’Alain venait de remettre à Pedro leur serveur.

    — En quelque sorte, répondit Alain.

    — En quelque sorte ! s’exclama Sonia. Il est vraiment modeste. Il m’a sauvé la vie en se jetant devant une camionnette. Mais, heureusement, il s’en est tiré qu’avec seulement une cheville cassée et quelques contusions.

    — Comme c’est romantique, dit Nicole. Et je présume que vous êtes alors tombée amoureuse de votre sauveur.

    — C’est un peu plus compliqué que cela, reprit Alain.

    — En réalité, cela faisait de nombreuses années que nous nous aimions et, après une longue séparation, nous venions tout juste de nous retrouver quand cela s’est produit, dit Sonia.

    — Et comment cela s’est-il produit, si ce n’est pas trop indiscret ? leur demanda Myriam visiblement intriguée.

    — C’est une très très longue histoire et, si vous le voulez bien, je me contenterai donc de vous raconter la fin. Car je suis devenue madame Lavoie, hier seulement, dit Sonia avec une fierté non dissimulée.

    — Alors vous êtes en voyage de noces ! s’exclama Pierrot.

    — C’est exact ! répondit Alain en jetant un regard plein de tendresse à sa femme.

    — Quelle belle histoire d’amour, reprit Nicole.

    — Je dois dire que cela n’a pas été de tout repos, mais je dois aussi admettre que ça s’est fort heureusement terminé à mon avantage, dit Alain avec un sourire de vainqueur.

    — Alors, permettez-moi de vous souhaiter tout le bonheur du monde, dit Marc, et de porter un toast à votre santé.

    — Bonheur et santé ! reprirent en chœur les autres en levant leurs verres.

    — Excusez-moi ! interrompit Tania. Je vais aller prévenir Carl que nos invités sont tous là.

    — Excellente idée ! acquiesça Marc. Dis-lui que nous serons prêts pour l’entrée dans quelques minutes. Carl est notre chef et c’est aussi le fiancé de Tania, reprit Marc alors que celle-ci disparaissait dans la cuisine. Il pourra, sans doute se joindre à nous, quand il aura terminé son service, car nous n’avons pas un très grand achalandage en cette saison.

    — Elle est vraiment belle ! Elle est Dominicaine, n’est-ce pas ? demanda Sonia.

    — En effet, et son fiancé est Allemand, répondit Marc.

    — Je présume qu’il est venu en vacances ici, qu’il est tombé follement en amour avec elle et qu’il n’a plus voulu repartir, dit Sonia.

    — À vrai dire, ce serait plutôt elle qui est allée en Allemagne et qui l’a ramené avec elle, répondit Myriam. C’est une bien triste histoire qui, pour eux, s’est heureusement bien terminée. Je vous la raconterai un autre jour, mais, pour ce soir, laissons les mauvais souvenirs de côté et amusons-nous. Comment trouvez-vous notre hôtel ? enchaîna-t-elle pour changer de sujet, car cela lui rappelait trop les tristes événements de l’année dernière.

    — C’est tout simplement paradisiaque ! s’exclama Sonia. Les jardins sont à vous couper le souffle et que dire de la vue. Je regardais le coucher de soleil, tout à l’heure, et j’en avais les larmes aux yeux tellement c’était beau.

    — Et si les repas sont aussi agréables que les effluves qui, un peu plus tôt, s’échappaient de la cuisine, je crois que nous aussi nous ne voudrons plus repartir, ajouta Alain.

    — Alors vous feriez aussi bien de vous préparer à un long séjour parmi nous, dit Marc, car Carl est un vrai prodige. N’est-ce pas Tania ? dit-il à l’endroit de cette dernière qui venait tout juste de réapparaître.

    — À tout point de vue, lui répondit-elle avec un petit sourire malicieux.

    Puis après avoir regagné sa place, elle ajouta :

    — Mais, voyez-vous, je crains de ne pas être très objective, dans ce cas précis.

    — Nous laisserons donc nos amis se faire une idée par eux-mêmes, trancha Marc alors que Pedro commençait à servir les entrées.

    — Dites-moi, Sonia, que faites-vous comme travail ? s’enquit Myriam.

    — Je n’ai pas encore regardé sérieusement pour un emploi, lui répondit Sonia. Il n’y a que quelques semaines que je suis arrivée à Moncton et pour l’instant, voyez-vous, j’ai un malade dont je dois m’occuper. Mais je suis traductrice de métier et je travaille comme pigiste, depuis de nombreuses années, pour plusieurs maisons d’édition, ajouta-t-elle.

    — D’ailleurs, je dois vous dire que j’espère ne pas guérir trop rapidement, l’interrompit Alain. Sinon je me verrai alors dans l’obligation de me jeter devant le premier camion qui passe pour prolonger ce traitement.

    — Que je t’y vois ! s’exclama Sonia. Et j’engage la pire

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