Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Éros Désastre
Éros Désastre
Éros Désastre
Livre électronique296 pages4 heures

Éros Désastre

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Le narrateur franco-japonais se rend au Japon pour retrouver sa soeur Clea, disparue 15 ans plus tôt pendant un feu d'artifice. Si les souvenirs sont bien ce qu'ils sont. L'entreprise se révèle difficile, lointaine, horrifiante. Les jeux de miroirs lui font rencontrer Clara, compagne de perdition. Mais l'union ne fait pas toujours la force que l'on croit.

LangueFrançais
Date de sortie28 nov. 2022
ISBN9798215181966
Éros Désastre
Auteur

Serge Cassini

Serge Cassini habite à Tokyo avec sa famille. Il n’a toujours pas été kidnappé par des extraterrestres, ce qui le réjouit et l’attriste à égalité. En attendant, il raconte des histoires bizarres pour le plaisir de tous.

En savoir plus sur Serge Cassini

Auteurs associés

Lié à Éros Désastre

Livres électroniques liés

Fiction littéraire pour vous

Voir plus

Articles associés

Avis sur Éros Désastre

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Éros Désastre - Serge Cassini

    Éros Désastre

    Serge Cassini

    Published by Serge Cassini, 2022.

    This is a work of fiction. Similarities to real people, places, or events are entirely coincidental.

    ÉROS DÉSASTRE

    First edition. December 31, 2022.

    Copyright © 2022 Serge Cassini.

    Written by Serge Cassini.

    Table des Matières

    Title Page

    Copyright Page

    Dedication

    Éros Désastre

    Sign up for Serge Cassini's Mailing List

    Also By Serge Cassini

    About the Author

    À S et T, bien sûr.

    Au milieu de la plage, le feu d'artifice. Il est magnifique, éclatant et scintillant dans le ciel nocturne. Toutes les personnes brisées qui ont fleuri ici.

    Ils viennent de toutes les directions, un lieu sacré, un feu d'artifice intime. Ils brisent toutes les croyances, les fusions d'étoiles. L'obscurité concentrique est faite de morceaux de nuit, pour la croissance des étoiles. Dialogue éparpillé dans toutes les directions.

    Chacun est un feu d'artifice non explosé, une constellation d'étoiles.

    Le feu d'artifice devient de plus en plus petit, laissant des traînées de lumière. À mesure qu'il disparait, les visages prennent une profonde inspiration.

    L’air de la nuit envahit le corps. La fumée du feu d'artifice et des cèdres. La chaleur de l'herbe sous les pieds nus. Les grillons et le vent dans les arbres. Le croissant de lune commence à changer.

    Toutes les personnes brisées sur la plage, ce qu'il leur a fallu pour s'épanouir. Toujours là, même s'ils sont partis.

    L'air de la nuit remplit le corps. La mère et le père et Clea explosés. L'odeur du croissant et les fantômes salés de la mer. La chaleur des cailloux sous les pieds nus. Les grillons dans le vent dans les arbres. Au milieu de la plage, regardant le feu d'artifice. Toutes les personnes brisées se sont épanouies ici. Éclatant et scintillant dans le ciel nocturne. Ils viennent de toutes les directions, vers un lieu sacré. Un feu d'artifice intime non explosé. Obscurité concentrique faite de grumeaux d'étoiles. Le feu d'artifice devient de plus en plus petit, laissant des traces de lumière et de visages.

    Une nuit venteuse. La mer sent le poisson pourri. Le père a explosé, la mère a explosé. Le cœur a été jeté d'un arbre. Il faudrait être mort pour en parler. La lune est un croissant et tient dans sa gueule un requin. Derrière, un crabe cuit dans l'obscurité. Les mouettes se rassemblent comme les gens dans un magasin. Sur la plage, l'air est chaud, et il y a des montagnes. Il fait froid comme l'amour jusqu'à ce qu'il pleuve. Après ça, il fait à nouveau chaud. La seule chose qui peut se penser c’est l'explosion de toutes choses. Que les explosions grandissent comme des cristaux jusqu'à remplir le ciel.

    L'air de la nuit remplit les poumons. Ils sont tous partis. Les fantômes des embruns de la mer. Les cailloux chauds sous les pieds nus. Les grillons dans le vent dans les arbres, une lune montante. Au milieu de la plage, croquer des coquillages en marchant sur des étoiles scintillantes, tous ces gens brisés, leur sel soufflé et scintillant comme les étoiles. Ils sont éparpillés dans toutes les directions, explosant dans leurs maisons brisées. Explosant et éparpillant leurs cœurs, leurs corps en cendres exquises d'extase, retombant sur l'eau sombre.

    Putain, c'était quoi ça ? dit-elle.

    Je vous demande pardon ?

    Ces lumières, dit Clea. Elles sont bruyantes.

    Oui, c'était assez fort. Mais c'est fini maintenant.

    Pourquoi c'est arrivé ?

    C'est ce qu’elles font. Elles arrivent.

    Elles sont jolies.

    J’aime beaucoup quand les cendres des cimetière sont dispersées dans le ciel lumineux.

    Je n’aime pas ça. C’est trop bruyant.

    Moi non plus.

    S'il y a quelque chose qui me calme l'esprit, c'est le site this-person-does-not-exist.com. Si un singe peut écrire Hamlet, ce site pourrait produire la photo de Clea. C'est pourquoi je le consulte régulièrement. La plupart des photos d'Asiatiques ressemblent vaguement à ma soeur. En tout cas, si c'était elle, je ne serais pas sûr de pouvoir la connaître. La dernière fois que je l'ai vue, elle avait 8 ans.

    Je me tourne vers Kintsu, mon gros chat multicolore. Tu n'existes pas, lui dis-je. Mais ses cris et l'odeur de ses excréments me rappellent sa réalité. Je regarde plus attentivement les portraits du site, et je vois les pépins, les glissements, les faux raccords, les perspectives impossibles. C'est ce qui me calme le plus l'esprit.

    Clea avait 8 ans et moi 10. C'était pendant un feu d'artifice. Près de la mer. Bien sûr, c'était la nuit et la mer était sombre. Je tenais la main de Clea dans la foule mais j'avais l'impression qu'elle me guidait. J'avais l'impression qu'elle savait. Moi, comme un idiot, je me laissais faire. Encore une soirée sur la plage et puis nous rentrons à la maison et je n'ai plus qu'à m'endormir, bercé par les sons et les tourbillons de la nuit. Clea savait.

    Kintsu a ramené une souris. Il me la présente. La petite chose halète. Le gros chat me regarde comme s'il essayait de me parler par télépathie. À l'extérieur, c'est le matin. Le voisin est déjà dehors à s'occuper des animaux. Je me demande si sa fille dort encore.

    Sur l'écran de mon ordinateur, un très jeune garçon de race indéterminée me regarde. Je le regarde et pense, qui es-tu, toi qui n'existe pas ? Ta mère est-elle japonaise et ton père français ? Mais le grand jeu génétique n'est rien comparé à la goutte de drame qui fait déborder la vie.

    Les visages rougis s'illuminent par intermittence et le ciel explose sur la mer noire. Un homme portant des lunettes nous a attrapé le bras. Clea a crié et est jetée dans un minivan. Mes souvenirs sont tatoués dans mon esprit. Je peux revoir le film au ralenti. Le minivan de fabrication japonaise. Le type aux lunettes noires, plutôt frêle pour son costume d'avocat trop grand. Les locaux et les touristes continuent de profiter du vacarme lumineux. Moi, je me dis, très calmement, je suis sûr le point d’exister. Je suis à un embranchement, à droite la non-existence pour les autres, à gauche la non-existence pour moi. Faites vos jeux. Alors je mords le type qui lâche. Je cours et je vois dans mon esprit Clea jetée comme un sac de pommes de terre dans la camionnette noire qui surplombe une autre nuit.

    Il y a aussi un site this-cat-does-not-exist.com. Je montre l'écran à Kintsu mais il ne réagit pas. Il ne reconnaît pas son cousin d'une dimension parallèle. Il n'est pas très intelligent. C'est pourquoi il survit dans la région montagneuse où nous vivons. C'est une boule d'instinct, qui s'efface quand il dort et qui explose quand il court droit devant lui en rugissant.

    La fille du voisin, que je considère un peu comme ma copine, passe et me laisse un seau de lait. Je la remercie mais elle n'est pas dupe. L'amour est une chose faite pour exister. On n'a pas le choix. Elle me regarde avec ses yeux de chatte. Qu'est-ce que tu regardes ? Je lui dis que je regarde des choses qui n'existent pas. Tout le contraire d'elle. Elle s'enfuit en rougissant.

    Et puis, le soir du feu d'artifice, j'ai couru jusqu'à la maison de mon père, jusqu'à la cabane. Mon père m'a expliqué trop calmement que ma mère était partie. Ça se fait beaucoup au Japon, a dit mon père. On m'avait prévenu que si l'orage grondait dans mon couple, je subirais cette malédiction. Nous ne pourrons plus jamais les revoir. Tu as eu de la chance de t'échapper. Mon père a dit cela très calmement, comme une personne qui parle d'une inondation détruisant toute sa maison à partir des fondations.

    Je lui en voulais de n'avoir rien fait. De ne pas avoir couru après l'avion qui emmenait ma mère et ma soeur au Japon, de ne pas s'être battu pour les garder, pour sortir Clea du ventre du minivan afin qu'elle puisse vivre avec nous. Je n'avais même pas l'énergie de pleurer. On s'en sortira tous les deux. Dans les montagnes, un aigle attrape un lapin en un éclair, et parfois, par maladresse, il le lâche et le lapin se fracasse le crâne sur un rocher. Ce sont des choses qui arrivent.

    Je cherche le site this-sadness-does-not-exist.com mais je ne trouve rien. Je jette l'ordinateur contre le mur. Il explose et s'écrase sur le seau à lait.

    S'il y a quelque chose qui me calme l'esprit, c'est l'idée qu'un aigle portant des lunettes noires me saisit avec ses griffes et me fait voler au-dessus de la Sibérie jusqu'au Japon, pour me laisser tomber dans le ciel au-dessus de la maison où vit Clea.

    Elle a grandi. On grandit aussi dans la non-existence. Elle est plus belle que jamais. Je regardais le feu d'artifice dans ses yeux.

    J'avais 10 ans et elle 8. Elle était sortie se promener avec moi mais j'étais trop petit et trop idiot pour la sauver d’un feu d’artifice. Je n'ai même pas pu lui dire au revoir et maintenant elle avait l’âge d’être belle. Elle était revenue sur l’écran brisé de l’ordinateur. Maintenant, elle était dans mon regard et j'étais dans le sien. J'étais coupé en deux par l'objectif d'une caméra absente.

    Je n'étais plus dans la maison, mais au-dessus de la maison. Je planais librement, dans une sorte de rêve où je pouvais me regarder de loin. Ce n'était pas que je n'existais plus ou que j'étais devenu un oiseau. Au loin, je pouvais voir la maison de mo. père. Je pouvais voir son toit et ses fenêtres. Il neigeait. Je me suis retourné et j'ai vu que tout était couvert de blanc. J'ai regardé à ma gauche et j'ai vu l'école en face de la maison. J'ai survolé l'école et j'ai vu la cour de récréation. Les enfants couraient partout. Je pouvais voir un garçon aux cheveux roux et une fille aux cheveux noirs. C'étaient mes parents. Ils étaient en train d'acheter un billet de train. Ils allaient monter dans le train et partir de l'autre côté du monde. J'ai survolé le train et je l'ai vu partir. J'ai survolé la bambouseraie et j'ai vu ma mère marcher seule.

    Je suis tombé amoureux de la fille du voisin, une Vietnamienne. Elle me rappelait Clea. Et j'ai promis de l'épouser sans un mot, plus tard. Elle prenait soin de moi. Je devenais lentement fou. J'ai décidé de faire l'impensable. Je suis allé à l'aéroport. J'ai mis mon nom sur la liste. J'ai pris un billet et j'ai acheté une robe à sa taille. J'allais dans un endroit où je pourrais ressentir de la nostalgie pour un endroit où je n'étais jamais allé. J'allais au Japon. J'allais retrouver Clea.

    Donc, vous voyez, je me suis demandé, comment ma vie pourrait ne pas être télévisée ?

    C'est un quartier étrange. Les bâtiments sont plus petits que dans les autres parties de la ville. C'est comme si tous les éléments, fenêtres, poubelles, même les plantes à moitié mortes, étaient une réplique d'un autre endroit mais plus petits.

    Elle remarque près de la porte la statue d'une jeune femme, faite de bois et de pierre, mais elle est plus belle que tout ce que l'on peut trouver en ville. Elle se demande si elle est vivante, car elle ne présente aucun signe de décomposition ou de pourriture.

    Toutes les fenêtres des bâtiments sont recouvertes de planches, et certaines ont complètement disparu. La peinture des panneaux s'écaille, et certains brillent d'humidité.

    Le club est situé dans un ensemble de bâtiments trop courts pour être appelés bâtiments. Ils sont tous de la même taille, plus court que les bâtiments normaux. Le club est vert pâle et est construit en briques et en bois. Une simple enseigne est accrochée à la façade.

    Clara frappe à la porte et une voix gémissante, grinçante lui répond. La voix est aussi rugueuse que le bois de la porte, aussi laide que le club lui-même. La porte s'ouvre facilement avec un bruit de sifflement. La porte est plus froide que l'air intérieur, mais Clara ne sent pas le froid sur sa peau.

    Que voulez-vous ?

    L'homme a l'air très vieux. Le vieil homme secoue la tête et sa bouche s'ouvre comme s'il criait, mais aucun mot ne sort. C'est comme regarder un film muet sans être capable de comprendre dans quel pays ça se passe.

    Alors que l'homme continue à secouer la tête, Clara entend des voix venant de l'intérieur du club. On dirait que quelqu'un crie après le vieil homme, le réprimandant pour quelque chose.

    Il semble que l'homme ne soit qu'une marionnette, une relique de cet endroit. Les vraies personnes doivent être à l'intérieur du club.

    L'intérieur du club est différent de l'extérieur. Il est très éclairé, peint dans des couleurs qui ne peuvent être décrites que comme joyeuses. Le décor est sur le thème de l'eau, avec des coquillages, des perles et des filets de poisson partout. C'est un club très féminin.

    Mais Clara ne voit rien. C'est comme si les voix venaient de derrière les murs, une autre vie se déroule quelque part au-delà de ce qu'elle voit.

    Le vieil homme regarde dans la rue avant de fermer la porte.

    Peut-être qu'un jour je sortirai, dit le vieil homme. Mais maintenant, je pense que je ferais mieux de continuer ma tâche.

    Clara est curieuse. Quelle tâche ?

    Guider la nouvelle Fille Miroir, dit le vieil homme.

    Clara réagit vivement. Je ne suis pas une Fille Miroir, et peu importe ce que c'est. Je suis ici pour rencontrer Mlle Yami.

    Personne ne peut la rencontrer. Au fait, je m'appelle Timur. Ce n'est pas mon vrai nom. Je vous raconterai mon histoire plus tard.

    Clara, c'est votre vrai nom ?

    Il lui fait signe de le suivre et ils entrent dans une série de couloirs labyrinthiques.

    Elle fait un pas à l'intérieur et entre dans un nouveau monde.

    Les couloirs sont des sortes de tubes de verre. De l'eau, une étrange nuance de violet et de vert, coule à l'intérieur, transportant de fins tubes de bois.

    Les tubes remplis d'eau sont reliés et mènent à un grand réservoir au milieu du club. Une femme nage à l'intérieur, tenant ses bras en l'air, les agitant de haut en bas. Elle nage dans un grand cercle, sans se soucier du monde qui l'entoure. Timur prend la main de Clara et l'entraîne vers le bas, et la nageuse continue à évoluer dans son petit cercle.

    Est-ce qu'elle va s'en sortir ? demande Clara.

    Ils continuent de marcher dans l'eau et passent dans le hall d'entrée du club. La porte est un grand portail orné qui se trouve au milieu du terrain, entouré par l'eau violette et verte.

    La porte est ouverte, et Timur la conduit vers un escalier flanqué de deux urnes.

    La femme qui flotte dans l'eau est toujours en forme de cercle. Alors qu'ils marchent, elle voit un miroir sur le côté de l'escalier. Il reflète son visage et la femme dans l'eau.

    Clara remarque que la femme dans l'eau imite ses mouvements.

    Elles atteignent finalement le haut de l'escalier et sortent du couloir d'eau.

    Un pont enjambe la voie d'eau et plusieurs portes bifurquent du couloir. Elle regarde en arrière et voit que la femme circulaire nage toujours.

    Qu'est-ce que c'est ? demande-t-elle.

    Un souvenir. La mémoire de Yami. Un parmi tant d'autres.

    Qu'est-ce que je fais ici ?

    Vous vous promenez dans sa mémoire, dit Timur. Ne vous inquiétez pas, vous ne changerez rien. Yami se souvient de ce moment, c'est la même chose.

    Pourquoi suis-je ici ?

    Timur dit, je vais vous raconter l'histoire de la Fille Miroir. Elle était la fille d'un grand expert dans l'art chinois de la divination. On dit qu'elle pouvait prédire l'avenir en utilisant les miroirs magiques que sa mère lui avait transmis. Elle pouvait voir tout ce qu'elle voulait savoir, et prédire tout danger. Mais elle a rencontré un homme et est tombée amoureuse de lui. Elle ne sait pas comment gérer cette nouvelle sensation et, un jour, elle brise accidentellement tous les miroirs, rompant ainsi ses pouvoirs. Après ce jour, elle ne pouvait plus voir l'avenir, et ne pouvait pas voir que son amour allait mourir, ou que ses enfants allaient la trahir. Avec l'aide d'un jeune garçon, la fille d'un autre grand expert dans l'art de la divination, elle apprend à lire les cartes, ce qui est plus difficile qu'il n'y paraît. Bientôt, elle recommença à faire des spectacles, et sa renommée grandit. Puis, un jour, elle a raconté qu'elle avait vu son avenir. Elle a réalisé qu'elle allait bientôt mourir, et qu'elle avait beaucoup de regrets. Elle était incapable de le dire à qui que ce soit. Elle avait peur de lâcher la vie alors qu'elle avait encore tant de choses à faire. Elle voulait tout dire à ses enfants, mais elle avait peur de déchirer la famille. Elle voulait se marier, mais à cause de sa vue, elle réalisait que si elle épousait celui qu'elle aimait, elle devrait rompre son serment envers sa famille. La devineresse décida de passer une dernière nuit merveilleuse, et avec l'aide de son avenir, elle était plus belle et plus jeune qu'elle ne l'avait jamais été. Elle a fait une dernière danse au club, où tout le monde l'a aimée.

    Qu'est-ce que ça a à voir avec moi ? demande Clara.

    L'histoire de la Fille Miroir est une histoire pour la Fille Miroir. Elle est une sorte de fantôme, comme la femme dans l'eau était prise dans le mouvement circulaire, et elle tournait très lentement dans l'eau, comme un jour d'été paresseux.

    Que se passe-t-il ?

    Le souvenir s'estompe. Il ne durera plus très longtemps. Bientôt, vous oublierez tout ce que vous avez vu dans le club et vous serez piégé ici jusqu'à ce qu'il soit effacé. Il n'y a rien que vous puissiez faire. C'est la voie du passé. Le temps n'a pas de remords et va toujours de l'avant. C'est la chose la plus forte dans ce monde.

    Je ne suis pas une Fille Miroir, comment pourrais-je oublier ? Je me souviendrai, je me battrai contre ça.

    Peut-être qu'un jour tu apprendras à accepter ton destin. D'autres Filles Miroirs l'ont accepté.

    Il montre à nouveau la femme circulaire à travers la vitre.

    La Fille Miroir a eu une fille qu'elle a appelée Yami. Elle espérait que sa fille serait une Fille Miroir, alors elle lui a enseigné l'art de la divination et lui a donné des miroirs magiques. Mais Yami est devenue une lectrice de cartes à la place. Elle connut le même sort que sa mère et vit qu'elle allait bientôt mourir. Elle avait peur de mourir et peur que ses enfants la laissent tomber. Elle regrettait de n'avoir jamais pu dire à sa famille ce qu'elle ressentait. Tout comme sa mère, elle a décidé de passer sa dernière nuit dans ce monde à passer un moment merveilleux avec celui qu'elle aimait. Et elle l'a fait. Elle a organisé une grande fête, et elle était encore plus belle et plus jeune que jamais. Elle et son mari ont passé une nuit merveilleuse, et elle a eu une dernière danse au club, ici même où vous tremblez, où tout le monde l'aimait.

    La ville remplit mon corps. Les gens dans le train et dans la rue poussent et tirent dans leurs orbites. Ils sont tous en train d'exploser et de scintiller, mais personne ne semble le remarquer. Je me tiens au milieu d'eux, un corps étranger. Je pense à tous les solitaires qui se sont épanouis ici. Les feux d'artifice éclatent et dispersent leurs couleurs dans le ciel sombre. La foule est un chœur de conversations individuelles, de chuchotements qui se chevauchent en une cacophonie de bruits, et de cris provenant de différents horizons. Les plus petites explosions s'estompent au loin, ne laissant que des traînées de couleurs tourbillonnantes et des visages. L'air de la ville remplit mes poumons. Le train et la foule, les sirènes qui grincent, les voitures qui klaxonnent, l'odeur des gaz d'échappement. Ma mère et mon père explosés, et ma sœur. Leurs vies sont à l'intérieur de moi et sur la façon dont je suis toujours là, même si je suis parti. Je peux sentir leur chaleur dans ma froideur. Le croissant de lune qui brille pendant la journée m'observe ce soir, caché quelque part derrière toutes les lumières électriques. Les rues sont remplies de hordes de gens qui se précipitent d'un endroit à l'autre, sans se regarder. La brise froide de la baie chasse toutes leurs bêtises. Ils se dirigent rapidement vers leurs destinations, sans se rendre compte qu'ils sont perdus. La chaleur des galets sous les pieds nus au milieu des rues bondées, me permet de garder les pieds sur terre dans cette ville que j'aime, mais que je laisserai un jour derrière moi. Au milieu de la gare, en regardant les trains se précipiter vers leurs prochaines destinations, je ne peux m'empêcher de penser à toutes les personnes brisées qui ont fleuri ici. Éclatants et brillants à leur manière, laissant derrière eux des débris remplis de leur confusion et de leur incertitude. Leur vie pour atteindre une ville depuis tous les coins du monde était impressionnante à première vue, mais lorsqu'ils atteignent leur destination, ils sont remplis de peur de commencer un nouveau voyage en tant qu'individus portant des rêves différents.

    Dans l'avion, un gros Japonais me regardait. Il avait le crâne rasé et d'étranges cicatrices. Il ne souriait pas, il ne semblait exprimer aucune émotion. Vous faites une drôle de tête quand vous dormez, a-t-il dit. Je n'étais pas sûr de comprendre tout ce qu'il disait, mon niveau de compréhension du japonais n'était pas encore suffisant. Je lui ai dit que j'avais fait un mauvais rêve. Il voulait m'expliquer que le premier rêve de la nouvelle année est le plus important et qu'il détermine toute l'année à venir. Je lui ai rappelé que nous étions le 13 août. C’est la première fois que vous venez au Japon. Comment le savez-vous ? J'ai dit ça au hasard. Mais le rêve que tu viens de faire est peut-être celui qui présidera à ta destinée pendant ton séjour touristique. Je ne vais pas à Tokyo pour faire du tourisme. C'est ce qu'ils disent tous. Ils ? Les rêveurs. Excusez-moi, ai-je dit, mais je n'arrive pas à suivre ce que vous dites. De toute façon, j'ai besoin de me reposer un peu. Mais il a continué. Finalement, c'est votre visage qui est spécial. Vous êtes brésilien ? Français. Mon père est français et ma mère est japonaise. Je vois. Aux États-Unis, un homme noir et une femme blanche font un homme noir. Mais au Japon, une Japonaise et un étranger font du charabia. Je sais. Ce n'est pas un étranger ou un Japonais. Vous ne trouvez pas ça étrange ? Une moitié de quelque chose. C'est comme un kôan, le son d'une main qui frappe, une seule main ne peut pas applaudir et pourtant il vous manque une main pour applaudir ou tout détruire. L'hôtesse est venue nous demander de parler un peu plus bas car d'autres passagers essayaient de dormir. J'ai demandé des mini bouteilles de mauvais vin. Le Japonais au crâne rasé a demandé un whisky. Il a fermé les yeux et j'en ai profité pour regarder les cicatrices sur sa tête chauve. Des cicatrices à l'éclat métallique. C'était la première fois que je voyais ce genre de marques. Vous regardez ma tête. J'étais démasqué. Mais je pensais qu'il était un peu comme moi. Dans son cas, c'était ses cicatrices, dans mon cas, une laideur inhibitrice. Moi, a-t-il dit, ça fait longtemps que je ne rêve plus. C'est à cause de mon accident. Je peux vous dire que ne plus rêver, c'est souffrir du monde. C'est vivre comme un animal, attiré par le malheur des autres comme une mouche par le

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1