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Lieux de savoir: Les campus universitaires et collégiaux
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Lieux de savoir: Les campus universitaires et collégiaux
Livre électronique559 pages7 heures

Lieux de savoir: Les campus universitaires et collégiaux

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À propos de ce livre électronique

Comment les campus universitaires ou collégiaux, par les nombreuses composantes qui les façonnent, contribuent-ils à offrir des lieux propices au développement et à la diffusion du savoir ? C’est ce que cet ouvrage entend montrer en examinant chacun des éléments constituant ces ensembles, des auditoriums aux laboratoires et aux bibliothèques, en passant par les résidences étudiantes, les équipements sportifs et culturels, sans oublier les espaces verts et l’art public qui s’y déploie.

Tirés des quelque 300 institutions auxquelles l’auteur fait référence, les nombreux exemples, souvent illustrés par des photos et des plans, mettent en évidence la diversité et la complexité des solutions qui sont apportées aux problèmes posés par la mise en place d’un lieu qui favorise la mission d’enseignement et de recherche de l’université. Le livre met en lumière les richesses souvent insoupçonnées que réservent les campus à qui leur prête attention. Il intéressera les architectes et les urbanistes, en plus des professeurs et des chercheurs dans les domaines les plus variés ainsi que tous ceux et celles qui s’interrogent sur les universités, soit pour y poursuivre des études, soit pour participer à des activités de divers types.
LangueFrançais
Date de sortie10 févr. 2021
ISBN9782760643628
Lieux de savoir: Les campus universitaires et collégiaux

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    Aperçu du livre

    Lieux de savoir - Maurice Lagueux

    Maurice Lagueux

    LIEUX DE SAVOIR

    Les campus universitaires

    et collégiaux

    Les Presses de l’Université de Montréal

    Toutes les photos ont été prises par l’auteur.

    Les plans schématiques ont été réalisés par Lucyna Lakoma, designer graphique.

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Titre: Lieux de savoir: les campus universitaires et collégiaux / Maurice Lagueux.

    Noms: Lagueux, Maurice, auteur.

    Collections: PUM.

    Description: Mention de collection: PUM Comprend des références bibliographiques.

    Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20200096109 Canadiana (livre numérique) 20200096117 ISBN 9782760643604 ISBN 9782760643611 (PDF) ISBN 9782760643628 (EPUB)

    Vedettes-matière: RVM: Campus. RVM: Campus—Études de cas.

    Classification: LCC LB3220.L34 2021 CDD 378.1/961—dc23

    Mise en pages: Folio infographie

    Dépôt légal: 1er trimestre 2021

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    © Les Presses de l’Université de Montréal, 2021

    Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.

    Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).

    À ma fille Fabienne et à mon fils Olivier.

    Remerciements

    Pour leurs suggestions, leurs encouragements soutenus et leur participation à la visite de certains campus, l’auteur tient à remercier d’abord tous les membres de sa famille, son épouse Gisèle, sa fille Fabienne et sa petite-fille Emilia. Quant à son fils Olivier, ce sont en outre des remerciements tout particuliers qui lui sont adressés pour sa très utile première lecture du manuscrit. Il remercie également Lucyna Lakoma pour la réalisation des plans schématiques et la retouche de diverses photos. Sont aussi remerciés Jean Bouthillette pour la mise au point du site où sont déposées les photos complémentaires et Nino Gabrielli pour son aide en matière de bibliographie. Merci aussi à Yves Gingras pour ses suggestions et son appui constant dans la réalisation de ce projet. Bien sûr, l’auteur remercie aussi le personnel des Presses de l’Université de Montréal, le Programme d’aide à l’édition savante et les lecteurs anonymes qui ont évalué son manuscrit. Par ailleurs, comme de fructueux échanges portant sur divers campus se sont poursuivis dans le cadre d’un groupe de recherche qui a malheureusement dû se dissoudre avant que puisse s’amorcer vraiment la mise en forme de ce qui allait devenir le présent ouvrage, des remerciements vont au Conseil de recherche en sciences humaines pour une subvention accordée à cette occasion. Un grand merci aussi à Marcel Fournier et à France Vanlaethem qui étaient les deux autres initiateurs de ce groupe et à David Covo qui a alors été consulté à titre de conseiller. Ne sont pas oubliés les assistants-étudiants qui, à un moment ou l’autre, ont fait des recherches dans le cadre de ce groupe: Dan Antonat, Alexandre Cloutier, Julien Corriveau, Daniel Cortés-Vargas, Stéphane D’Amours, Maxime Langlois, Karim-Mathieu Lapierre, Pierre LaRue et Marian Misdrahi. Enfin, l’auteur remercie Michèle et Robert Nadeau qui l’ont accompagné dans la visite de plusieurs campus, visites qui, à diverses occasions, ont donné lieu à d’intéressantes discussions concernant les traits propres aux lieux visités.

    Pour lui avoir accordé une entrevue, l’auteur remercie également Gilles Saucier et Rose-Marie Goulet et, pour certains renseignements obtenus d’eux, il remercie Nancy Marrelli, John Leroux et Ira Newman. Il remercie aussi les personnes avec qui il a pu obtenir un rendez-vous en vue de discuter de leur campus à l’occasion de ses visites en ces lieux. Il s’agit, à l’Université Laval, de Claude Dubé, Émilien Vachon, Marc Grignon, Jacques White, Geneviève Vachon et Thomas De Koninck; à l’Université de Toronto, de Larry Wayne Richards; à l’Université Simon Fraser, de Lee Gavel, Bhuvinder Vaid, Lawrence Boland ainsi que les architectes Bing Thom et Michael Heeney; au MIT, de William Colehower; au IIT, de Franz Schulze (de Lake Forest College); à l’Université de Santa Cruz, de Virginia Jansen, Micah Perks et une employée de Kresge College; à l’Université East Anglia, de Shaun Hargreaves Heap; à l’Université catholique de Louvain, de Françoise Hiraux et David Vanderburgh et à l’Université de Götingen, de Susanne Romanowski. Sans doute, d’autres universitaires rencontrés de façon plus informelle auraient-ils dû aussi être mentionnés.

    Introduction

    Rares sont les villes de quelque importance en Amérique du Nord qui ne s’enorgueillissent pas d’avoir pu accueillir sur leur territoire au moins un campus universitaire ou collégial. Les institutions de ce type se sont en effet multipliées à un rythme accéléré au cours des deux derniers siècles. En plus d’offrir aux citoyens de la région où elles sont implantées les moyens d’acquérir une formation de niveau supérieur sans devoir s’exiler loin de chez eux, elles apportent très souvent à la ville les ressources que peuvent lui procurer leurs divers chercheurs et spécialistes. Tout en contribuant de nombreuses façons à créer de l’emploi, plusieurs d’entre elles disposent de lieux où quiconque peut, à diverses occasions, bénéficier de ressources culturelles ou sportives. Enfin, en dépit du caractère souvent antinomique des façons de voir propres au monde de l’enseignement supérieur et de celles des citoyens de la municipalité hôte, ces campus sont souvent fréquentés par ceux-ci, non seulement à titre d’usagers, mais aussi à titre de simples visiteurs attirés par l’atmosphère tantôt paisible, tantôt stimulante qui règne en ces lieux.

    Ne serait-ce que pour ces raisons, le campus est manifestement un objet auquel il convient de porter la plus grande attention. C’est ce qu’entend faire le présent ouvrage qui, toutefois, ne se veut nullement une étude historique du développement de ces campus, au sens où l’est la magistrale histoire des campus américains rédigée par Paul Venable Turner1. Il ne vise pas davantage à faire découvrir l’architecture et les traits principaux de tel ou tel campus particulièrement intéressant. Diverses publications remplissent cette tâche d’admirable façon. C’est dans une perspective différente que la présente étude entend contribuer à l’analyse des lieux particuliers que sont les campus universitaires ou collégiaux. Plutôt que d’examiner à tour de rôle plusieurs campus exemplaires, cet ouvrage considérera une à une leurs nombreuses composantes qui, ensemble, permettent de mieux répondre à la mission attendue d’une institution universitaire ou collégiale. Il s’agira donc de cerner sous des angles variés chacune de ces composantes des campus que sont, en particulier, l’aménagement de l’espace, les immeubles de divers types et les œuvres d’art public. Pour ce faire, l’ouvrage comparera les façons dont ces composantes ont été conçues et réalisées dans diverses institutions choisies chaque fois pour leur pertinence eu égard à ce qui est alors examiné. L’examen de chacun de ces éléments contribuera à mieux mettre en évidence non seulement la complexité des questions soulevées par l’organisation d’un campus et l’extrême diversité des solutions qu’on a retenues pour créer ces lieux, mais aussi la manière dont ceux-ci peuvent faciliter l’acquisition et le développement du savoir. Rappelons d’abord que le mot «campus» désigne un certain mode d’organisation des institutions d’enseignement supérieur qui a pris forme en Amérique du Nord. C’est de ce mode d’organisation dont il s’agira ici de dégager les caractéristiques, sachant que les universités traditionnelles qui ont vu le jour en Europe et dont les premiers collèges nord-américains sont issus ne peuvent être considérées comme des campus, puisqu’elles sont généralement constituées d’immeubles dispersés dans une ville et nullement regroupés dans un espace topographiquement bien défini.

    Pour parvenir à cerner ce qui fait le propre d’une telle entité, l’auteur a visité de façon plus ou moins exhaustive toutes les institutions dont il est fait mention dans le présent ouvrage, à l’exception de sept d’entre elles (Université du Cap, Université de Pise, Université de Leiden, Université de Leipzig, Université de Cologne, Kent State University et Collège Girard)2 à propos desquelles le contexte requérait une brève mention de tel ou tel de leurs traits bien attestés. L’auteur a pu également photographier de très nombreux éléments dans la très grande majorité de ces institutions. Cependant, il importe de préciser que cette étude ne prétend en aucune façon offrir ne fût-ce qu’un aperçu de l’ensemble des campus qui existent sur la planète. Il est évident que le nombre d’institutions auxquelles elle fait référence ne constitue qu’une sélection forcément bien limitée. S’il s’agissait ici de rendre compte de l’ensemble de ce que sont les campus, il faudrait, en effet, reconnaître que cet échantillonnage demeure assez mince. Les quelque 300 campus d’institutions universitaires ou collégiales évoqués dans les pages de ce livre3 correspondent probablement à moins de 5% de ceux qui existent en Amérique du Nord4 sans parler de ceux de plus en plus nombreux qui ont pris forme ailleurs dans le monde. Aussi, divers campus intéressants n’ont-ils pu être pris en compte et diverses composantes d’un campus, qui auraient largement mérité d’être mises en relief, ont pu être négligées. Toutefois, compte tenu du nombre phénoménal de campus et de leurs multiples éléments, on comprendra aisément que cela était littéralement inévitable. Néanmoins, les campus retenus constituent un ensemble suffisamment vaste et varié pour sensibiliser le lecteur à l’immense intérêt que ce type d’organisation peut présenter, en particulier pour quiconque se préoccupe du savoir et de la culture. Cet ouvrage ne vise à rien d’autre. Sans prétendre brosser un tableau de l’ensemble des institutions universitaires et collégiales, il se limite à l’analyse du campus comme cadre physique adapté à l’enseignement et à la recherche et s’appuie pour ce faire sur l’examen direct d’un bon nombre de ces composantes qui ensemble constituent un campus. Complété par le recours à une littérature secondaire de qualité, cet examen permet de comparer et de mieux mettre en relief les façons diversifiées qui ont favorisé dans ces lieux la mission des institutions qui y ont prospéré.

    L’ouvrage entend ainsi faire voir pourquoi les campus sont généralement des lieux où s’instaure une atmosphère favorable à l’analyse et à la recherche, mais aussi aux remises en cause et à une certaine forme de dépassement de soi. Certes, on ne peut affirmer qu’il en est ainsi de tous les campus, et certains peuvent décevoir à divers égards — ce qu’il faudra souligner le cas échéant. Quoi qu’il en soit, un campus demeure un lieu physique qui se démarque assez nettement de son environnement et qui parvient souvent par l’organisation de son espace, par le caractère propre à ses immeubles et par ses aménagements paysagers à constituer tantôt un havre de paix, tantôt un espace bourdonnant de stimulantes activités, tantôt une pépinière de contestation. Et on le verra, c’est aussi un lieu qui, dans bien des cas, regorge de richesses culturelles trop souvent insoupçonnées. Qui plus est, il est fascinant de constater la diversité même des voies qui ont permis dans chacun des campus d’en arriver à ce que de telles caractéristiques puissent lui être attribuées.

    Ce qui sera examiné et discuté ici, ce sont avant tout les campus tels qu’ils se présentent physiquement dans leur plan et dans leur contenu architectural et artistique. Aussi peut-on parler d’une réflexion sur l’architecture des campus qui inclut l’urbanisme plutôt que de se limiter au sens traditionnel du terme. De nombreux architectes ont en effet été appelés à dresser le plan d’un campus, un peu comme ils dressent plus typiquement celui d’un immeuble. Cet examen des caractéristiques physiques des campus amènera à l’occasion à souligner l’influence que celles-ci peuvent avoir sur la façon dont les institutions de haut savoir remplissent leur mission. À l’occasion également, cet examen pourra donner lieu à des discussions un peu plus théoriques autour de problèmes que soulèvent diverses composantes de ces campus. Mais toujours, l’analyse prendra appui sur la façon dont se présentent les nombreux campus dont les traits particuliers seront ici mis en relation.

    Dans un premier chapitre, il s’agira d’apporter quelques précisions sur la notion même de campus. Il s’imposera d’abord de rappeler brièvement la façon dont les collèges et les universités sont apparus en Occident. Suivront de brèves considérations sur l’implantation de ces institutions en Amérique. On montrera comment elles ont évolué et comment s’est imposée à leur propos la notion de campus. Comme on a pu rapprocher le type d’organisation mis en place dans ces campus de celui qui caractérise les universités d’Oxford et de Cambridge, il faudra alors mettre en évidence les différences importantes qui existent entre la façon dont sont structurés les campus américains et celle qui est propre à ces deux universités britanniques. Il conviendra aussi de se demander s’il faut considérer un campus comme une petite ville, sachant que, en dépit de sa fréquente implantation en zone rurale, il tend à devenir autonome et à offrir la plupart des services que l’on trouve en ville. On se demandera aussi s’il y a lieu d’évaluer — en les traitant comme de véritables œuvres d’art — ces campus auxquels on peut souvent attribuer une sorte de personnalité. Enfin, comme il est question ici d’universités et de collèges, il faudra préciser ce qui caractérise respectivement ces deux types d’institution et, ce faisant, prendre conscience du caractère étonnamment équivoque du mot anglais «college». Ce qui, sans conteste, se dégagera de tout cela est l’extrême diversité et la relative complexité de ces lieux que l’on regroupe sous l’appellation de «campus».

    Aussi sera-ce l’objet du deuxième chapitre de dégager la lisibilité d’un campus à la lumière de son plan. Il sera question du plan effectif d’un campus, celui que l’on peut observer, peu importe qu’il soit le fruit d’une savante planification ou d’un développement assez aléatoire commandé par la satisfaction de besoins immédiats. Ces plans peuvent être regroupés en divers types dont il s’agira de dégager les caractéristiques. Ceci n’implique en rien un quelconque parallélisme entre la variété des plans de campus et la variété des structures organisationnelles des institutions qui y ont pris forme. Des plans de campus assez similaires peuvent avoir été adoptés par des institutions fort différentes quant à leur statut et à leur organisation, tout comme des institutions assez apparentées de ce dernier point de vue peuvent avoir opté pour des solutions bien différentes au moment de développer ou de planifier leur campus. Ce sont avant tout les traits principaux de ces plans qu’il s’agira de dégager pour cerner la logique propre aux divers plans retenus dans les campus examinés.

    Le troisième chapitre portera sur les divers types d’immeuble rencontrés dans les campus ou, si l’on préfère, sur leur patrimoine bâti. Pour bien comprendre et apprécier un campus, il faut considérer les immeubles très diversifiés qui en constituent les composantes essentielles. À cet égard, rien ne doit nous échapper depuis la bibliothèque, et éventuellement la chapelle, jusqu’aux structures destinées au stationnement des voitures et aux centrales énergétiques, en passant par les immeubles de l’administration, les centres étudiants, les auditoriums5 et les divers laboratoires, sans oublier les théâtres et les musées souvent remarquables qui se rencontrent en ces lieux. Il faut évidemment faire une place à part à ce qui occupe le plus d’espace sur la plupart des campus, soit les résidences, les équipements sportifs et, là où ils existent, les hôpitaux universitaires. S’ajoutent à cela diverses structures dont le rôle est largement symbolique, mais qui sont d’autant plus importantes pour mettre en relief le caractère propre d’une institution d’enseignement supérieur. Tous ces éléments font partie du campus et contribuent pour le meilleur ou pour le pire à lui conférer une couleur propre.

    Cependant, il n’y a pas que des immeubles qui se dressent sur un campus. De plus en plus d’universités et de collèges ont cherché à enrichir leur campus à l’aide d’un programme d’art public. À n’en pas douter, ceci mérite d’être considéré et justifie largement que le quatrième chapitre soit consacré à ce phénomène. Ce sont parfois des murales, mais surtout des sculptures de conceptions fort variées qui sont apparues sur un grand nombre de campus en y exerçant des fonctions elles-mêmes assez diversifiées qu’il conviendra d’analyser. Ces œuvres d’art sont parfois indissociables de bassins et de fontaines souvent traités également de façon artistique. D’autres œuvres d’art peuvent même se faire inséparables de pièces de mobilier aussi prosaïques que les bancs publics qui bordent les sentiers d’un campus. Il est important de considérer ces divers éléments, d’autant qu’ils contribuent à leur façon à faire des campus des lieux particulièrement attrayants.

    Au terme de cette démarche, un dernier chapitre proposera quelques réflexions sur les principales mutations qui ont marqué l’évolution des campus et qui permettent de faire le point sur leur état actuel. Ces considérations seront regroupées sous les six thèmes suivants: les multiples dilemmes éthiques rencontrés par les architectes des campus, les rapports à la collectivité environnante, le style d’architecture qui devrait s’imposer, l’engagement écologique, l’intercommunication souvent associée à la densification, et les aléas de la notion même de «campus». Chacun de ces thèmes renvoie à des questions auxquelles ne peuvent se soustraire tous ceux et celles dont les décisions ont des répercussions sur le devenir des campus dans le monde contemporain6.


    1. Turner, 1990 (1984).

    2. Ainsi que la plupart de celles auxquelles renvoie la note suivante.

    3. Ont cependant été exclues de ce décompte les institutions simplement énumérées dans la liste standard des nouvelles universités britanniques ou mentionnées comme annexes outre-mer d’une grande université occidentale, toutes choses que l’on trouvera dans les toutes dernières pages de ce livre.

    4. Ce pourcentage serait bien difficile à fixer avec précision, étant donnée l’ambiguïté, discutée au chapitre 5, dans la détermination de ce qu’on peut considérer comme un campus autonome.

    5. En France, on parle d’amphithéâtre et non d’auditorium pour décrire la salle de cours avec gradins typique des universités.

    6. Pour faciliter la lecture à l’aide d’illustrations supplémentaires, le lecteur pourra consulter à l’adresse «lagueux-maurice.org/photoscampus» la version originale de nombreuses images (incluant celles qui paraissent dans ce livre) qui renvoient aux divers chapitres. Sur ce site, une brève description et la pagination correspondant à chacune de ces images sont regroupées sur la page du chapitre choisi dans le menu principal. On obtiendra alors la photo ou le plan en cliquant sur cette description.

    CHAPITRE 1

    Campus, universités et collèges

    Avant d’examiner ce qui caractérise un campus universitaire ou collégial, il peut être indiqué de rappeler très brièvement la lointaine origine des institutions universitaires qui se sont peu à peu développées sur ces campus. Les toutes premières universités occidentales sont nées au moyen âge à partir de regroupements de professeurs et d’étudiants, souvent des clercs, qui avaient organisé des écoles où s’enseignaient d’abord le droit (comme à Bologne), puis la médecine (par exemple à Montpellier), la théologie (en particulier, à Paris) ainsi que d’autres disciplines comme la grammaire, la philosophie et divers arts7. Certaines de ces institutions ont pu prendre appui à l’origine sur des monastères ou sur des cathédrales, mais leurs histoires sont si variées qu’on aurait tort de chercher à généraliser. Ce qui est certain, c’est que, plus tard au moyen âge, elles se sont multipliées et se sont structurées à la faveur de chartes de fondation qui leur étaient accordées par bulle papale et, après un certain temps, par décret royal. Même si les villes retenues pour accueillir une université l’étaient du fait qu’elles pouvaient favoriser le développement d’institutions de ce genre8, d’autres facteurs ont pu influencer cette sélection. À la Renaissance, certaines des plus anciennes universités, comme celles de Bologne et de Padoue, ont pu occuper d’anciens immeubles palatiaux richement décorés sans être exceptionnellement somptueux pour autant. D’autres ont dû s’accommoder de locaux parfois assez peu appropriés à leur nouvelle fonction. Il fallait loger des étudiants de plus en plus nombreux en des résidences plus ou moins rattachées à l’université. Il fallait aussi trouver des salles pour dispenser divers programmes d’enseignement. Ceci accentuait la dispersion des composantes de l’université dans les immeubles encore disponibles de la ville d’accueil. Bref, ces institutions disséminées en divers lieux, comme le sont aujourd’hui encore plusieurs universités européennes, étaient bien loin d’occuper un vaste espace où auraient pu être rassemblés tous les services qu’elles s’efforçaient d’offrir.

    Le campus, une invention américaine

    À partir du XVIIe siècle, divers groupes de citoyens, associés souvent à des communautés religieuses, ont jugé important de doter les colonies américaines de leurs propres institutions collégiales. Certes, ces institutions demeuraient fortement influencées par les traditions établies dans les universités européennes, surtout britanniques, où assez souvent leurs fondateurs avaient étudié. À l’origine, ces nouveaux collèges se réduisaient typiquement à un seul immeuble qui devait abriter les salles de classe, les bureaux, les chambres, les réfectoires et, plus tard, de modestes laboratoires, bref tout ce que requéraient alors les activités d’enseignement supérieur. Cependant, la plupart de ces institutions, désignées tout naturellement par le nom de «colleges», ont pu disposer progressivement de vastes terrains qui allaient leur permettre de s’étendre en fonction de leurs besoins. On comprend aisément que ces institutions n’avaient pas, comme en Europe, à se disséminer dans les immeubles des environs dès qu’une certaine croissance requérait de se doter d’autres locaux. En fait, l’un des rares collèges nord-américains de notable importance qui soit constitué d’un ensemble d’immeubles dispersés dans une ville, un peu comme le sont tant d’universités européennes, est le Savannah College of Art and Design. C’est qu’il a été fondé tardivement, en 1978, au cœur de la jolie ville de Savannah dont le plan en damier encadrant plusieurs parcs remonte à sa fondation, en 1733, ce qui ne laissait aucune possibilité de regrouper l’ensemble des immeubles requis par cette importante institution9. Quoi qu’il en soit, à l’époque bien antérieure où ont été fondés les collèges américains traditionnels, on aurait difficilement pu parler de campus universitaires. Il est toutefois évident que c’est pour des raisons inverses de celles qui excluaient de le faire à propos des universités européennes. En effet, dans ce dernier cas, on avait besoin de trop nombreux bâtiments en l’absence de l’espace requis et, dans l’autre, à défaut des ressources nécessaires, on devait se contenter de quelques rares bâtiments sur un espace qui demeurait largement inoccupé.

    En fait, le mot «campus» (issu du mot latin désignant un champ) aurait été employé initialement vers la fin du XVIIIe siècle pour décrire le terrain alors occupé par le Collège du New Jersey (fondé en 1746), qui allait devenir l’Université Princeton10. Peu à peu, le terme a été utilisé dans le même sens à propos de plusieurs autres collèges américains. Comme ces collèges n’ont généralement pas tardé à s’étendre sur de vastes espaces verts pour y installer de façon plus ou moins planifiée les divers immeubles requis par les activités d’enseignement et de recherche, le terme «campus» a pu caractériser de façon particulièrement appropriée le domaine au sein duquel de telles institutions cherchaient à se développer. Cela est d’autant plus vrai que c’est hors des villes, en des lieux champêtres jugés plus favorables à la concentration intellectuelle, que l’on choisissait le plus souvent d’implanter ces institutions11.

    Dans ce contexte, il paraît légitime, comme Turner le soutient clairement, de voir dans le campus universitaire (ou collégial) un mode original d’organisation mis en place depuis au moins le début du XIXe siècle par les collèges américains12. Ceci n’exclut toutefois pas que, depuis le milieu du XXe siècle, l’organisation en campus se soit largement répandue en Europe et ailleurs dans le monde. Comme on le verra par de nombreux exemples à la toute fin du chapitre qui clôt le présent ouvrage, ce type d’organisation qualifié à juste titre d’«invention américaine» a été adopté à peu près partout où il était possible de le faire, au point où il correspond désormais à la façon que l’on peut presque qualifier de normale de structurer (physiquement) un collège ou une université.

    Oxford et Cambridge: des campus?

    Pourtant, plusieurs objecteraient qu’il suffit de tourner les yeux vers les universités d’Oxford ou de Cambridge pour conclure que les campus existaient déjà longtemps avant la fondation des premières universités américaines13. Il s’agirait cependant d’une observation assez mal avisée. Notons d’abord que le terme «campus» ne semble guère convoité à Oxbridge (pour employer le vocable couramment utilisé quand on veut parler à la fois des universités d’Oxford et de Cambridge). En outre, des différences importantes existent entre les modes d’organisation des universités, selon qu’on se réfère à Oxbridge ou aux campus américains. Ces universités britanniques sont d’abord des regroupements de collèges à partir desquels l’université a pu progressivement s’affirmer. Il est vrai qu’en Amérique, les collèges ont aussi précédé les universités, mais en ce sens que chacun d’entre eux est à l’origine de l’université qui va se développer dans son prolongement et, en quelque sorte, prendre l’institution en charge. Ce n’est que bien plus tard, et dans certains cas seulement, que des collèges d’un nouveau type (Collège des arts et sciences, Collège d’éducation, etc.)14 se sont développés au sein même des universités américaines dont ils devenaient alors une composante.

    En outre, il faut mentionner que les collèges autonomes d’Oxbridge rivalisaient souvent entre eux, ne serait-ce qu’au point de vue architectural. Comme assez fréquemment leurs différents pavillons ne pouvaient être érigés en moins de plusieurs décennies, il était tentant, au moment de dresser les plans d’un nouvel immeuble, de dépasser en splendeur ce qu’un collège voisin venait de réaliser. Cela justifiait les campagnes de financement requises pour rendre possible le projet inspiré par cette rivalité15. Certes, bien des rivalités existent aussi entre les facultés ou les «collèges» des universités nord-américaines, rivalités exerçant une pression sur les autorités de leur université, mais, en dernier ressort, c’est normalement celle-ci (son président ou son conseil d’administration) qui décide de répondre à un besoin jugé prioritaire dans un secteur donné du campus.

    Une seconde différence tient à la façon dont ces institutions ont été planifiées. Dès le début du XIXe siècle, aux États-Unis, s’est imposée l’idée qu’un campus pouvait gagner à être soigneusement planifié. Les fondateurs des collèges du début de la colonie et leurs successeurs ne construisaient pas leurs immeubles au hasard. Ils s’efforçaient évidemment de répondre le plus rationnellement possible aux multiples problèmes qu’ils rencontraient. Toutefois, ce n’est que plus tard qu’on s’est employé à dresser de toutes pièces le plan d’une institution de haut savoir en visant à dégager la formule jugée idéale pour satisfaire tous les besoins associés à une telle entreprise. Déjà en 1792, John Trumbull avait dessiné un plan pour Yale College16, mais c’est à partir du XIXe siècle que des plans vont marquer profondément l’organisation actuelle de certaines universités. En 1813, l’architecte français Joseph Ramée a conçu un plan audacieux pour le Collège Union situé dans la ville de Schenectady dans l’État de New York. Peu après, Thomas Jefferson, une fois achevé son mandat de président des États-Unis, dressait lui-même les plans de l’Université de Virginie qui plus tard allaient inspirer beaucoup de concepteurs d’institutions d’enseignement supérieur. Il est vrai que ces campus ainsi planifiés, surtout celui de Virginie, se sont développés par la suite sans respecter les plans du fondateur. Il n’en reste pas moins qu’une entité issue d’un plan voit son identité fortement renforcée du seul fait que ces modifications, ces extensions et ces réinterprétations ont lieu dans le cadre d’une histoire propre à ce campus planifié. Sans doute le développement de divers collèges d’Oxbridge a-t-il également été planifié, mais, ici encore, il s’agissait de la planification du collège et non de l’université. L’université comme telle, qui à l’origine était en un sens une entité presque virtuelle, ne pouvait planifier l’organisation de collèges sur lesquels elle aurait difficilement pu exercer une véritable autorité.

    Turner met en lumière une troisième différence importante: autant les collèges d’Oxbridge ont tendance à se refermer autour de leurs quadrangles, autant les campus américains se sont voulus accueillants pour le voisinage17. Contrairement aux quadrangles d’Oxbridge qui forment généralement une enceinte fermée des quatre côtés, l’espace central des campus nord-américains se laisse pénétrer par les ouvertures qui séparent la plupart des bâtiments qui l’entourent. Les visiteurs peuvent normalement accéder à chacun de ses secteurs et même à chacun de ses immeubles, sauf, bien sûr, aux résidences étudiantes et à certains laboratoires. Cette règle n’a connu d’exception que dans les quelques cas (plus fréquents certes à l’origine de l’histoire de ces campus) où la sécurité l’interdisait, ou, comme le mentionne Turner, là où les fondateurs ont été exagérément enclins à imiter les quadrangles fermés des universités européennes. Et même en de tels cas, on a généralement cherché par la suite à rendre ceux-ci accessibles, comme à Princeton18. Le campus américain tend, en effet, à faire corps avec l’environnement social, par exemple en cultivant les relations amicales et complémentaires que veut évoquer l’expression «town and gown». Là où les gestionnaires des universités américaines ne sont pas parvenus à établir ces étroites relations, cela a été perçu comme un échec. Il ne faudrait pas, il est vrai, exagérer l’importance de ce souhait de s’ouvrir au voisinage quand il s’agit d’expliquer le fait que les immeubles des collèges américains sont séparés par des interstices laissant libre accès à l’espace central. Turner fait lui-même état de quelques raisons d’un autre ordre qui rendent compte de ce phénomène. Entre autres, le fait que les immeubles de ces collèges construits en bois, et non en pierres comme les collèges anglais, gagnaient à être séparés les uns des autres pour réduire le risque que les incendies, très fréquents dans ce type de bâtiment, se propagent à la totalité des immeubles de l’institution19. Quoi qu’il en soit, il n’en est pas moins vrai qu’on ne circule pas dans les quadrangles d’Oxford ou de Cambridge comme on peut le faire sur les greens des universités nord-américaines.

    Ceci ne veut pas dire qu’il faille négliger l’étroitesse du lien qui relie à leur ville ces deux universités britanniques. Ces villes bourdonnent de cette activité incessante qu’entraîne la présence de tant de collèges regroupés dans une portion aussi considérable de leur territoire respectif. Elles peuvent seules leur offrir les ressources complémentaires requises en matière de logement, d’alimentation et de loisir. Certes en va-t-il de même dans la plupart des institutions d’enseignement supérieur nord-américaines, du moins quand elles sont situées au sein ou à la périphérie de villes où nombre de leurs étudiants trouvent à se loger, à se restaurer et à se divertir. Toutefois, plusieurs de ces institutions ont cherché à s’assurer une certaine autonomie, en particulier quand leur campus se situait en territoire rural à une certaine distance des zones urbaines. Or comme ces campus se singularisaient de moins en moins, sur ce plan, à mesure que la ville envahissait les régions où ils étaient isolés à l’origine, tous les campus, ne serait-ce qu’en conséquence de leur occupation d’un territoire clairement délimité, sont peu à peu devenus eux-mêmes assez semblables à de petites villes rassemblant tous les équipements nécessaires à la vie commune. Il serait difficile de décrire dans les mêmes termes les universités britanniques, surtout avant que s’y développent à partir du XXe siècle certains traits propres aux campus américains.

    Le campus comme petite ville

    Il peut être intéressant de noter que Le Corbusier, lors de son voyage aux États-Unis où il s’est enthousiasmé pour les campus américains, a vite comparé un campus à «une ville, petite ou grande»20. Effectivement, tout comme les villes offrent à leurs citoyens des écoles primaires et secondaires, des bibliothèques municipales et des lieux de travail, les campus répondent aux besoins de la communauté universitaire à l’aide de salles de cours et d’auditoriums, de bibliothèques plus ou moins spécialisées et de laboratoires qui finissent par s’apparenter à des usines. En outre, à l’instar des villes qui veillent à ce que leurs citoyens au travail puissent confier leurs enfants à des garderies, de plus en plus de campus ont leur garderie où les enfants des membres du personnel peuvent s’ébattre au milieu d’un riche assortiment de jouets et d’appareils aux couleurs attrayantes. Tout comme dans les villes, une part très importante de l’étendue des campus est consacrée aux résidences de divers types qui vont des petites maisons familiales aux tours d’habitation à multiples étages. Si dans les villes on veille à ce que les citoyens, hors de leur travail, puissent disposer de lieux leur permettant de développer d’utiles relations sociales, sur presque tous les campus, on offre aux étudiants des lieux où ils peuvent s’adonner à des échanges sociaux de divers types qui complètent heureusement les travaux reliés aux études. Ce type de lieu, désigné assez généralement par les termes «Union» ou «Student Center» aux États-Unis, sera appelé ici Centre étudiant. Tout comme les villes offrent aussi de multiples possibilités de satisfaire de légitimes besoins de loisir, bon nombre de campus offrent aux étudiants la possibilité de satisfaire leurs attentes sur ce plan, que ce soit dans un contexte culturel (musées et salles de concert) ou sportif (stades, arénas, terrains de sport, gymnases, etc.). Et tout comme les villes, de nombreux campus ont aussi leur banque, leur bureau de poste, sans parler des bistros et cafés que l’on trouve un peu partout sur la plupart des campus. Bien sûr, ils disposent aussi d’une librairie qui tend à se transformer en magasin général, voire, comme à l’Université St. Lawrence dans le nord de l’État de New York, en une boutique où l’entassement hétéroclite d’articles fort disparates a quelque chose de folklorique qui ne manque pas d’un certain charme. En outre, tout comme les villes ont leurs églises desservant des cultes variés, plusieurs campus sont pourvus d’une chapelle conçue comme un lieu de méditation et, au besoin, comme un espace consacré au culte confessionnel ou interconfessionnel. Souvent, ces chapelles sont assez imposantes pour permettre aussi la tenue de cérémonies officielles. À l’instar des villes encore, si petites soient-elles, certains campus (par exemple, le Collège Dartmouth, le Collège Bard, l’Université Georgetown, l’Université de Virginie21) ont même leur propre cimetière ou en comptent un au sein de leur périmètre (l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign, l’Université de Géorgie à Athens).

    Le fait que ces campus nord-américains comportent toutes les composantes qui sont le propre des villes a forcément entraîné, tout comme dans les villes, de sérieux problèmes d’urbanisme. Aussi fallait-il s’efforcer de les résoudre à l’aide d’une certaine planification qui s’est imposée peu à peu et qui devait, entre autres choses, permettre d’optimiser les déplacements. En fait, c’est aux villes nouvelles soigneusement planifiées, comme celles qui ont été créées en Angleterre, aux États-Unis et plus récemment en France qu’il convient de comparer les campus. Ceux-ci, comme plusieurs villes nouvelles, sont sillonnés d’axes routiers, de pistes cyclables et de sentiers piétonniers qui forment ensemble un réseau complexe. Ce dernier est parfois constitué d’axes parallèles ou convergents qui relient les immeubles les plus fréquentés, mais aussi de tracés sinueux aux parcours quelque peu fantaisistes. Comme dans toutes les villes, un urbanisme spontané vient contredire les projets des concepteurs; des sentiers imprévus sont tracés et des lieux de rassemblement sont adoptés par les étudiants qui en font parfois des centres de la vie communautaire. Dans un campus comme dans une ville, si les places peuvent être issues d’une savante planification, elles peuvent aussi résulter d’un développement spontané dont le résultat se voit adopté et consacré par la suite dans une nouvelle tentative de structurer ces lieux. Mais toujours, elles contribuent à définir le caractère propre de la ville ou du campus. On en a un exemple remarquable au campus de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) où c’est autour de la Bruin Plaza à la croisée des principaux sentiers piétonniers que se concentre une bonne part de la vie sociale.

    Il faut aussi parler d’axes routiers car, avec le développement rapide du transport motorisé au pays de l’automobile où sont nés ces campus, il ne pouvait être question d’exclure totalement des campus la circulation automobile, non plus que le transport en commun. On a d’ailleurs là une autre différence entre les campus et les anciennes universités britanniques; il n’y a pas d’axes routiers de ce type sur les territoires des collèges qui ensemble constituent l’espace universitaire à Oxford et à Cambridge. Certes, un transport motorisé assez intense permet de relier entre eux les nombreux collèges de ces universités, mais, comme ceux-ci sont des entités autonomes et séparées, ce transport a lieu sur le territoire de la ville plutôt que sur celui de l’université.

    Ouvrir le campus à la circulation automobile, c’est donc faire place à des routes carrossables, mais aussi à des stationnements qu’il faudra chercher à rendre à la fois efficaces et discrets. La gestion des véhicules automobiles constitue, on le comprend aisément, l’un des problèmes majeurs des administrateurs d’université, tout comme des responsables municipaux. Plusieurs campus auront aussi leurs stations d’autobus ou de métro et parfois

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