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Manuel d'évasion pour prisonniers d'une cage dorée
Manuel d'évasion pour prisonniers d'une cage dorée
Manuel d'évasion pour prisonniers d'une cage dorée
Livre électronique118 pages1 heure

Manuel d'évasion pour prisonniers d'une cage dorée

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À propos de ce livre électronique

Que faire quand on a un emploi payant mais insatisfaisant ?

Comment se jeter tête première dans l’inconnu ?




De traductrice à parfumeuse, de directeur des ventes à designer de minivans habitables, de financier à boulanger, une douzaine de Québécois de tous horizons révèlent les dessous de leur réinvention professionnelle : le déclic, les embûches, les prises de conscience, les victoires. Découvrez pourquoi ils ne reviendraient pas en arrière.

Si vous tournez en rond depuis trop longtemps, si vous rêvez de changer de carrière et pensez que c’est impossible, si vous calculez ce que vous avez à perdre et sous-estimez ce que vous avez à gagner, ces récits de vie étonnants vous feront poser un regard neuf sur votre quotidien. Qui sait, vous pourriez même décider de pousser la porte de votre cage dorée pour laisser libre cours à vos aspirations profondes.

Oui, oui, ce rêve un peu fou qui vous habite est peut-être la meilleure idée de votre vie.
LangueFrançais
Date de sortie16 mars 2022
ISBN9782898272745
Manuel d'évasion pour prisonniers d'une cage dorée
Auteur

Ariane Krol

Journaliste depuis plus de 20 ans, Ariane Krol, reporter à La Presse+, écrit sur l’économie, la consommation et les nouvelles technologies. Elle a également travaillé comme chroniqueuse et reporter à la télévision de Radio-Canada et à LCN, a collaboré à de nombreux magazines dont L’actualité et Châtelaine et publié avec Jacques Nantel l’essai On veut votre bien et on l’aura – la dangereuse efficacité du marketing.

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    Aperçu du livre

    Manuel d'évasion pour prisonniers d'une cage dorée - Ariane Krol

    Introduction

    T

    erre, mars 2020

    . Un événement rare, comme il ne s’en est pas produit depuis plus d’un siècle, interrompt la marche du monde, provoquant une cascade de remises en question.

    En Amérique du Nord, la Grande Pandémie ne tarde pas à entraîner une Grande Démission.

    Dès la première année de l’épidémie, des milliers de travailleurs insatisfaits de leur condition quittent leur emploi pour trouver mieux. Beaucoup d’autres se demandent s’ils ne devraient pas en faire autant. La plupart se replacent dans un domaine similaire, ou connexe. Certains, toutefois, éprouvent une furieuse envie d’aller voir ailleurs s’ils y sont.

    C’est une chose de changer de domaine quand on est encore au cégep ou à l’université, ou après seulement quelques années sur le marché de l’emploi. C’en est une autre lorsqu’on a une carrière et des obligations. Ce qui, quand on était plus jeune, aurait constitué un simple changement de voie, prend désormais des allures de saut dans le vide. Assez pour donner le vertige, paraître impensable, voire carrément impossible.

    Et pourtant, ça se fait, et depuis longtemps.

    J’ai toujours été fascinée par les gens qui se réinventent. Déjà, à la fin des années 1990, alors que j’écrivais pour des magazines, j’avais envisagé un reportage sur le sujet, dans la foulée d’un essai américain qui venait de paraître, Is It Too Late to Run Away and Join the Circus ?. Ça ne s’est finalement pas fait. Ce qui n’est pas une si grande perte, considérant que l’auteure de Join the Circus a ensuite publié des trucs comme How to Get Rich Selling Cars to Women ! et How to Get Rich Selling Insurance and Annuities to Women !.

    Quelques années plus tard, à des collègues de La Presse qui cherchaient des témoignages pour un dossier sur le bonheur au travail, j’avais passé le nom d’un ex-v.-p. marketing qui était retourné suivre son cours de charpenterie-menuiserie au secondaire. Il s’était retrouvé en une du cahier Affaires avec son marteau, sa perceuse et, pour les besoins de la photo, une de ses nombreuses cravates désormais inutiles. Près de 20 ans plus tard, il est toujours entrepreneur en rénovation. « Si ce que tu faisais te pesait et que maintenant, tu te réveilles avec un sourire, ça n’a pas de prix », souligne-t-il. (Il s’appelle Michel Labrosse, vous pouvez lire son histoire au chapitre 3.)

    Les années ont passé, les fêtes de 30e, 40e, 50e anniversaire de naissance se sont multipliées autour de moi, entraînant leur lot de remises en question. On a beau s’exclamer « Tu ne vieillis pas, toi ! », ce n’est plus vraiment comme avant.

    Je me suis rendu compte que pas mal de gens ont envie de faire quelque chose de complètement différent de leur vie que ce qu’ils font, et que ce n’est pas tant le manque de connaissances ou les perspectives d’emploi limitées qui les freinent mais, paradoxalement, leur réussite et leurs acquis. Ils ont une carrière, leurs compétences et leur expérience sont reconnues, valorisées. Quand on leur pose la question qui tue, la réponse est « non » – non, ils ne se voient pas continuer comme ça jusqu’à la retraite. Mais en même temps, ils ne s’imaginent pas non plus abandonner leur situation actuelle. Ils ont beaucoup trop à perdre.

    Ils se sentent prisonniers d’une cage dorée.

    Changer de carrière, c’est changer de vie. Il y a quelques années, j’ai eu envie d’écrire un livre sur cette grande aventure. J’ai mené des entrevues, effectué des recherches. Et puis, la vie. Quand on travaille dans un quotidien, et qu’on est bombardé de nouvelles, on a toujours l’impression qu’il y a des sujets plus urgents. J’ai mis ce projet de côté.

    Au printemps 2021, un nouveau phénomène est apparu sur le radar : la Grande Démission (The Great Resignation¹), née des multiples remises en question provoquées par la pandémie.

    Il y a ceux qui ont décidé de quitter leur emploi, et ceux, encore plus nombreux, qui en rêvent, mais hésitent à faire le saut. Une cage dorée, même en télétravail, ça reste une cage dorée. Comment en sort-on ?

    Je suis allée poser la question à des Québécois qui étaient déjà passés par là, la plupart bien avant la pandémie.

    Ils m’ont raconté leur parcours, leurs difficultés, leurs peurs, mais aussi leur immense satisfaction de réaliser enfin les projets qui leur tenaient à cœur, et de vivre selon leurs aspirations. Et à la question qui tue, ils ont répondu « non » – non, ils ne reviendraient pas en arrière.

    En 30 ans de carrière, un travailleur moyen aura environ sept employeurs, révélait récemment Statistique Canada.

    Et si votre prochain employeur s’appelait « vous-même », et vous offrait la job dont vous rêvez depuis longtemps ? La prendriez-vous ?

    1Les statistiques du mouvement appelé Grande Démission (The Great Resignation, une expression popularisée par un prof de la Texas A&M University, Anthony Klotz) sont beaucoup alimentées par des salariés qui se trouvent au bas de l’échelle et qui désertent les boulots ingrats et mal payés, mais cette tendance s’observe dans tous les types de postes.

    1

    Bienvenue dans les

    montagnes russes

    I

    l est 3 heures du matin

    , et François Barrière pleure, roulé en boule dans la douche. Il se demande ce qu’il fait là. Pas dans la douche. Dans sa nouvelle vie.

    Un an et demi plus tôt, François était premier vice-président et trésorier de l’une des six grandes banques canadiennes, avec une rémunération à l’avenant. Mais après presque 25 ans passés dans la finance, il a tout quitté pour réaliser le projet qui lui faisait envie depuis tant d’années : établir la meilleure boulangerie de Montréal.

    Son commerce a ouvert ses portes ce matin-là… six mois après la date prévue. Les travaux de construction ont accumulé les retards. Les boulangers qu’il a fait venir de France, eux, sont arrivés comme convenu. Il les paie depuis des mois, sans avoir encore vendu une seule baguette.

    « On va commencer lentement. Si on fait 2000 $ par jour, je serai content », s’était dit François.

    En cette journée inaugurale du printemps 2019, sa boulangerie a enregistré 1980 $ de ventes. « Normalement, j’aurais dû être satisfait. Sauf que pour arriver à faire 1980 $ cette journée-là, il y a eu tellement de problèmes ! »

    Les vitres donnant sur l’aire de production ont été cassées au moment de la pose, deux jours avant l’ouverture, et les plastiques installés en attendant ne sont pas étanches. La farine flotte dans l’air, et la pâte des pains croûte avant même d’être enfournée. « C’était infernal, j’avais 25 affaires à corriger. Là, j’ai eu peur. Je me suis dit : Dans quoi tu t’es embarqué ? »

    D

    ix mois plus tard

    , la boulangerie Le Toledo remporte le prix de la meilleure baguette de Montréal, et plutôt deux fois qu’une : le prix du jury, ainsi que le prix du public. Et peu de temps après, l’entreprise décroche le prix Commerce de l’année de l’avenue du Mont-Royal, assorti d’une bourse.

    À la fin de cet hiver-là, François Barrière a toutes les raisons de célébrer. Doublement, car sa conjointe, qui travaille encore dans la finance, a décidé de prendre un congé sabbatique, qui commence le soir du premier anniversaire de son commerce.

    Ce vendredi-là, l’esprit est à la fête, autant à la boulangerie qu’à la maison, où un « méga party » est prévu.

    Ce vendredi-là est le 13 mars 2020. À Montréal, la mairesse Valérie Plante annonce la fermeture de toutes les installations publiques. À Québec, le gouvernement Legault déclenche l’état d’urgence sanitaire.

    « On a dégonflé les ballons, rangé les bouteilles de champagne, annulé le party et les billets d’avion, et on a regardé le train arriver en se demandant ce qui allait se passer. »

    Bienvenue dans les montagnes russes des rêves

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