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Nous, nous avons changé de vie, et vous ?: 13 trajectoires de vie inspirantes
Nous, nous avons changé de vie, et vous ?: 13 trajectoires de vie inspirantes
Nous, nous avons changé de vie, et vous ?: 13 trajectoires de vie inspirantes
Livre électronique257 pages3 heures

Nous, nous avons changé de vie, et vous ?: 13 trajectoires de vie inspirantes

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À propos de ce livre électronique

Un jour, Alexandra et François Pottier ont tout quitté pour commencer une nouvelle vie. Entrecoupée d'autres récits, voici leur histoire.

Si huit Français sur dix ont un jour exprimé leur souhait de changer de vie, rares sont ceux qui parviennent à aller au bout de la démarche. Alexandra et François l’ont fait. Devenus « nomades digital » à bord de leur camping-car, ils parcourent aujourd’hui le monde avec leurs deux enfants. D’autres dans leur entourage proche se sont lancés dans l’aventure, comme Stéphane, cadre commercial d’une grande maison de disques, devenu « tourdumondiste » sur son vélo ; Fred, ouvrier d’usine puis DJ à Miami, sans oublier Thomas, ancien journaliste devenu hypnothérapeute. Treize témoignages. Treize trajectoires de vie complètement différentes.
Pourquoi ont-ils opéré leur changement de vie ? Dans quel but ? Comment ? Ont-ils réussi ?
Ce livre est un recueil de parcours sincères, authentiques, poignants, qui seront forcément sources d’inspiration et de réflexion.
Alexandra et François Pottier révèlent également toutes les étapes de la mise en place de leurs projets, des prémices à l’aboutissement. Ils vous livrent aussi leur analyse et leurs conseils pour mener à bien un projet de changement de vie.

« Pour changer de vie, certaines étapes importantes sont à franchir. Nous, nous avons changé de vie ! Et vous ?»

Découvrez ce récit de vie surprenant aux côtés d'Alexandra et François pour oser poser un regard différent sur sa propre vie.

EXTRAIT

Amandine : « Je vois mon fil rouge. L’évidence, la continuité des choses, le bonheur, c’est un chemin qu’on trace… Les aspérités en font partie. C’est là aussi que le bonheur puise son intensité. La vie n’est pas une fatalité. C’est un apprentissage quotidien : avoir le courage de s’arrêter, de savoir ce que l’on veut vraiment, de faire du mieux que l’on peut et avancer. Non, je n’ai aucun regret sur rien. J’accueille les évènements, les joies comme les peurs mais je me projette vers le meilleur. »
Thomas : « Je vois un gars qui est accroché à ses valeurs de liberté, proche de la nature. Et je vois un passage aux alentours de 40 ans. Avant, j’étais dans une révolution contre quelque chose et j’ai basculé dans le pour. Il faut se nourrir du positif. Des regrets ? aucun. »
D’une façon générale, tous ces changements ont été opérés par un couple qui sait s’écouter, se parler. Chacun y ajoutant ses petits ingrédients supplémentaires.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Depuis plusieurs mois, Alexandra et François Pottier sont des "nomades digital". Avec leur deux enfants, ils parcourent le monde à bord de leur camping-car. Leur quotidien est rythmé par la gestion de leurs entreprises à distance, l'école, les découvertes, les rencontres... Auparavant, le couple a eu chacun sa trajectoire. Alexandra, 41 ans, la fibre entrepreneuriale, a créé et géré deux sociétés basées sur l'île de la Réunion et spécialisées dans le soutien scolaire et la formation. François, 39 ans, a toujours été journaliste. Pendant près de vingt ans, il a travaillé en presse écrite et en télévision. Puis il a mis un terme à sa carrière pour rejoindre Alexandra à la gestion des entreprises et au développement de nouveaux projets. Tous les deux devenus passionnés et spécialistes du changement de vie professionnelle, ils viennent d'écrire ce livre et ont mis en place une formation personnalisée pour celles et ceux qui souhaitent aller sur cette voie et qui ont besoin d'aide. Leur nouvelle vie d'itinérance est une étape dans leur parcours: ils veulent profiter de la vie et appréhender leur temps différemment tout en restant très actifs.
LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie1 oct. 2018
ISBN9791023609523
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    Aperçu du livre

    Nous, nous avons changé de vie, et vous ? - Alxandra Pottier

    Préface

    Vous est-il déjà arrivé de rencontrer des personnes qui ont tout pour elles et qui semblent avoir réalisé un parcours sans faute ? Qui ont un diplôme prestigieux, un job intéressant avec une belle position dans une belle entreprise, une belle maison, une belle voiture, une belle histoire avec leur conjoint… mais qui clairement manquent de quelque chose, un je-ne-sais-quoi qui parfois efface le sourire de leur visage à la fin de la journée ?

    Des personnes qui, quand vous creusez un peu, se demandent si le fameux « passe le plus gros diplôme que tu peux obtenir, puis fais du métro-boulot-dodo pendant quarante ans, puis commence à profiter de la vie quand tes plus belles années seront derrière toi » est vraiment fait pour eux, s’il n’y a pas une autre manière de vivre, et de réussir ?

    Et qui ont l’impression, malgré tout ce qu’ils ont, de se dessécher de l’intérieur à force de ne pas répondre à cet appel à l’aventure qu’ils ressentent profondément ?

    Si vous connaissez quelqu’un comme cela, ou si vous vous reconnaissez dans cette description, vous êtes loin d’être le seul : d’après différentes études1, entre 50 et plus de 80% des Français aspirent aujourd’hui à changer de vie.

    Et d’après ces études et mon expérience, cet appel à vivre autrement passe surtout par la création : création artistique (un livre, une pièce de théâtre…), création de son aventure (un tour du monde, déménager dans le coin du monde qui nous fait rêver…) ou création de son entreprise ou de sa carrière.

    Bref, de créer sa propre vie en empruntant des chemins peu courus, plutôt que de suivre un modèle préfabriqué plus ou moins imposé par la société.

    Mon point de vue est qu’il y a de nombreuses personnes comme cela, en francophonie et ailleurs dans le monde, et qu’elles sont souvent des braises prêtes à prendre et à faire de magnifiques brasiers pleins de lumière, mais que malheureusement on les a arrosés toute leur vie.

    Je leur ai même donné un nom : les Rebelles Intelligents.

    C’était donc mon objectif d’être une brise qui intervient au bon moment et permette à quelques braises de prendre, en leur donnant des pistes et des stratégies pour les aider à franchir le cap, dans mon livre Tout le monde n’a pas eu la chance de rater ses études.

    Cette préface est la toute première que j’écris pour des auteurs ayant été influencés par mon livre, et je dois dire que je suis très heureux de voir qu’Alexandra et François sont passés de braises à feux et inspirent à leur tour les autres par leur courage.

    Car quoi de plus satisfaisant pour l’âme et le cœur que de voir des personnes qui non seulement ont fait bon usage d’une expérience difficilement accumulée, mais qui aussi à leur tour encouragent les autres à vivre leur propre aventure ? :)

    Dans ce livre, vous allez partir à la rencontre de 11 personnes, avec des expériences et des parcours très différents, qui pour l’essentiel avaient parfaitement rempli les cases à cocher fournies par la société, au point de faire d’eux des personnes à succès, tout cela pour se rendre compte qu’il leur manquait quelque chose et qu’ils ressentaient ce fameux appel à vivre autrement.

    Si vous aussi vous ressentez l’appel en vous, et que vous n’en pouvez plus d’étouffer ou d’ignorer cette petite voix, alors ces exemples concrets, réunis avec brio par un couple qui a lui-même accompli un changement de vie dont beaucoup de personnes ne font que rêver, vous inspirera certainement et sera peut-être la petite brise qui vous manque pour enflammer vos rêves.

    –Olivier Roland,

    Auteur de Tout le monde n’a pas eu la chance de rater ses études, entrepreneur et souffleur de braises. 


    1 Par exemple https://www.latribune.fr/economie/france/plus-de-la-moitie-des-francais-veulent-changer-d-emploi-en-2016-543560.html, https://www.20minutes.fr/arts-stars/television/2277135-20180525-m6-66-francais-aimeraient-changer-vie-zone-interdite-suivi-francais-realisent-reve, http://www.atlantico.fr/decryptage/changer-vie-pourquoi-tant-francais-en-revent-mais-peu-font-florence-servan-shreiber-arnaud-dupray-yves-alexandre-thalmann-816907.html . Il y en a bien d’autres.

    Introduction

    D’une magnifique maison sur l’Île de la Réunion à un camping-car.

    L’équation est assez simple. Nous tournons autour de la quarantaine et nous avons coché toutes les cases aux yeux de la société : mariés, des enfants, propriétaires d’une maison, des revenus confortables. Pour autant, la situation ne nous convient plus. Nous avons bossé comme des dingues pendant des années, nos enfants ne rentrent pas dans le moule scolaire, nous avons un goût prononcé pour le voyage. Bref, nous avons voulu changer des choses pour nous offrir, à nous deux et aux enfants, une autre vie. Une vie meilleure et qui nous correspond mieux. Appréhender le temps différemment, nous soulager de contraintes. C’est chose faite.

    En 2018, nous avons passé le cap et sommes devenus des « nomades digital ». À bord de notre maison roulante, nous parcourons le monde avec nos deux enfants, Titouan, 12 ans, et Énora, 6 ans. Notre nouveau quotidien : quelques heures par jour pour l’école, pour la gestion de nos entreprises à distance en étant connectés et pour le développement de nouveaux projets. Le reste du temps est consacré au voyage, au partage en famille, à l’itinérance, à la découverte, au sport…

    Le changement de vie, ce n’est pas repartir de zéro. Ce n’est pas une ardoise que l’on efface et qui permet de laisser tous nos problèmes derrière nous. C’est une balance entre la fuite et la quête : fuir une routine, un travail chronophage ou qui ne fait pas vibrer, une région… Pour gagner en liberté, aller à la quête de soi, vivre un rêve… D’une façon générale, c’est changer quelque chose dans sa vie pour aller mieux. C’est facile à dire, à écrire, mais pas si simple à faire. Nous sommes confrontés à de multiples facteurs qui viennent compliquer la réflexion et la mise en œuvre. Et cela peut venir de tous les côtés : la société et son regard qui devient dur dès lors que l’on cherche à quitter le troupeau, ses propres croyances limitantes, des peurs, un manque de courage, des pressions familiales, des contraintes matérielles…

    Le changement de vie quand il est volontaire et assumé c’est faire sa révolution, vouloir prendre une meilleure direction. Et cela peut aussi prendre l’apparence d’un combat contre soi ou les autres. Mais une chose est sûre : mieux vaut tenter, quitte à se planter, plutôt que de ne pas faire et de le regretter, de s’en vouloir ou d’en vouloir à quelqu’un. Oui, mais alors comment s’y prendre ?

    Nous avons décidé d’écrire ce livre quand plusieurs de nos amis et connaissances nous ont dit que nous avions de la chance de passer à l’action. Que, eux, ne pouvaient pas le faire pour telle ou telle raison. Et que, de toute façon, ils n’avaient pas la recette et qu’il fallait qu’on leur donne la nôtre. Ces remarques nous ont beaucoup fait réfléchir. Cette notion de chance nous fait sourire, les arguments présentés pour justifier l’impossibilité pour eux de changer de vie, nous ne les comprenons pas toujours. Et puis cette histoire de recette nous intrigue…

    Évidemment, nous sommes convaincus qu’il n’existe pas de recette miracle. Nous pensons que chacun doit se composer sa recette, avec ses propres ingrédients.

    Nous ne sommes pas psychologues, ni coaches diplômés. Nous n’avons aucune formation autre que celle de notre expérience de vie et celle d’avoir déjà accompagné des personnes dans des changements de vie professionnelle.

    Nous sommes des autodidactes. Alexandra devient chef d’entreprise à 31 ans. Dès l’âge de 19 ans, François est journaliste. Depuis toujours, notre histoire est chargée et rythmée par des rêves, des projets qui voient le jour ou non. Depuis trois ans, nous travaillons ensemble à temps complet à la gestion de deux entreprises. Et nous venons d’opérer voilà quelques semaines une bascule fondamentale en famille.

    Dans notre entourage, nous ne sommes pas les premiers. Avant nous, certains de nos amis ou proches parents ont décidé de changer des choses dans leur vie (métier, région…) Parfois de façon radicale, en douceur ou par obligation. Mais dans chacun de ces changements qui n’ont pourtant rien à voir les uns des autres, on retrouve des points communs. Tous sont passés par les mêmes étapes. Des phases importantes qui permettent de leur donner des chances de réussite.

    Alors, ces amis et proches parents, nous les avons sollicités pour qu’ils acceptent de nous livrer leur vie, leurs expériences, leurs regards. Ils viennent de tous les horizons, chacune des histoires est différente. En découle une sorte de panel représentatif qui va probablement vous permettre de vous identifier dans un parcours ou plusieurs d’entre eux :

    •Stéphane, cadre commercial d’une grande maison de disques indépendante puis directeur d’un festival de musique devenu « tourdumondiste » sur son vélo

    •Anita et Yvan, deux salariés installés en Bretagne devenus les créateurs de leurs propres métiers à la Réunion avant de retenter une nouvelle aventure en Corse

    •Fred, l’ouvrier d’usine promis aux « 3-8 » devenu DJ à Miami puis gérant d’un bar en Vendée

    •Thomas, ancien journaliste en presse écrite devenu hypnothérapeute

    •Pauline et Thierry, photographes et gérants d’un commerce de centre-ville pendant trente ans devenus photographes travaillant chez eux à quatre ans de la retraite

    •Anne, manipulatrice en radiologie puis sapeur-pompier devenue sophrologue et hypnothérapeute

    •Franck, chef d’entreprise d’ambulances et pompes funèbres devenu fonctionnaire ambulancier du SMUR

    •Amandine et Thomas, neuropsychologue et monteur/réalisateur, devenus ensemble coaches en développement personnel

    Pourquoi ont-ils opéré leur changement de vie ? Dans quel but ? Comment ?

    Tous nous dévoilent leur vie ainsi que leurs petits secrets ayant permis de basculer. Des témoignages sincères, surprenants, ordinaires ou extraordinaires, poignants, dans lesquels vous pourrez trouver des sources d’inspiration et de réflexion.

    Nous nous sommes également prêtés au jeu et nous révélons toutes les étapes de la mise en place de nos projets, des prémices à l’aboutissement.

    Nous vous livrons aussi notre analyse et des conseils pour mener à bien votre changement de vie.

    Bonne lecture !

    –Alexandra et François Pottier

    Chef d’entreprise, journaliste,autodidactes, rebelles intelligents devenus « nomades digital. »

    Au bout de ses rêves

    Stéphane sait ce qu’il veut, ce qu’il ne veut pas. Il a le courage de ses opinions. C’est un homme entier. Bref, Stéphane est têtu comme un Breton. Il est un peu dingue aussi. C’est pour ça qu’on l’aime beaucoup ! Et ce qu’il y a de bien avec des mecs comme lui, c’est qu’il va au bout de ses rêves. Il en avait trois. Il les a exaucés. À 50 ans, il parcourt désormais le monde sur son vélo.

    Né en mai 1967 à l’hôpital militaire de Lorient, Stéphane grandit à Loudéac jusqu’à ses 18 ans. Sauf entre ses 2 et 5 ans pour une courte parenthèse marocaine : son père, infirmier dans la Marine Nationale, est muté et sa mère se retrouve dans les PTT à Casablanca. De ces trois ans dans la Ville blanche, loin des phares bretons, il n’a aucun souvenir sauf ceux rapportés par ses parents. « Je parlais en arabe à la fatma. Cela m’arrivait aussi à mon retour en Bretagne. Ce qui a eu le don d’irriter mon grand-père maternel. »

    La jeunesse de Stéphane est faite de hauts et de bas. « J’ai habité au fin fond du centre Bretagne, à Loudéac. L’école ne m’intéresse pas. Je suis chez les cathos. J’ai des copains mais sur le plan scolaire, c’est rare qu’un prof arrive à me donner le goût d’apprendre. »

    Paradoxe que l’école parvient à réaliser : le jeune élève se retrouve, d’une année sur l’autre, à aimer une matière puis à la détester, en fonction des professeurs et de leur façon d’enseigner, avec passion ou non. « Je me suis fait chier. Je redouble ma cinquième. Très vite, je comprends que je n’y arriverai pas à l’école et qu’il faudra que je démerde autrement pour réussir dans la vie. »

    Stéphane a cette chance d’évoluer dans un contexte familial fait de partage. « Quand j’ai 12/13 ans, mes parents m’emmènent faire le tour d’Irlande à vélo. Plus de mille kilomètres à pédaler en un mois. Ça m’a marqué. J’ai kiffé ! Lors de ces vacances, j’ai un déclic. J’ai trois rêves que je veux exaucer :

    •Devenir propriétaire, on m’a toujours dit que c’était important

    •Travailler dans l’industrie musicale car j’aime la musique et cet univers me fascine

    •Faire un tour du monde à vélo puisque je reviens d’une expérience incroyable et parce que j’ai découvert un livre génial La terre sur deux roues d’Alain Guigny, un Breton qui a fait le tour du monde. Ce bouquin, je l’ai lu au moins dix fois ! »

    Un rêve est supposé être inaccessible. Mais au plus profond de lui, Stéphane sait qu’il peut réaliser un, peut être deux, et pourquoi pas, même, les trois rêves de sa vie.

    Respect et valeur du travail. Les parents du jeune Breton ne transigent pas sur ces socles éducatifs. « Tous les étés pendant les vacances, dès l’âge de 14 ans, je bosse dans les champs. Le jour, je ramasse les patates. La nuit, j’attrape les poulets. 30 francs par jour. C’est peu, c’est dur, mais je m’en fous. Je me régale. Je sais que j’aime travailler. C’est concret : tu bosses, tu gagnes des tunes. »

    Mais voilà, il y a les codes de la société. Ceux qui guident beaucoup d’entre nous à respecter ce qu’il est convenu d’appeler la norme, une sorte de convention collective des agissements, les bons et les mauvais… « Combien de fois ai-je entendu mes parents de me dire : qu’est-ce qu’on va faire de toi ? Passe au moins ton Bac. Il faut que tu aies ton Bac… Je peux les comprendre. Je suis le seul de la famille à ne pas m’en sortir à l’école, ça fait tache. Sauf que je ne suis pas une bête d’examens. Je rate une première fois le Bac. Je recommence une terminale pour essayer de faire plaisir. Sans conviction. Au bout de trois mois, je me lève au milieu d’un cours et je pars. Je ne remettrai plus les pieds au bahut. J’explique alors à qui veut l’entendre que je préfère bosser et je suis prêt !»

    Peu de temps après, un oncle appelle Stéphane et lui explique qu’il a un ami, dentiste, qui cherche un stagiaire prothésiste dentaire. Voilà Stéphane en CAP prothèse dentaire. L’ami de l’oncle devient son maître de stage. « Tout en travaillant, on parle musique, histoire de la musique. C’est un musicien passionné. Moi aussi. Du coup, je me dis : bingo, j’ai trouvé mon métier ! »

    Pendant quatre ans, Stéphane fait des prothèses dans le cadre d’un contrat d’apprentissage à Rennes. Il perçoit un petit salaire, pas suffisant pour vivre. « Je dois subvenir, seul, à mes besoins. Je dois prouver à mes parents que, même sans le Bac, je peux me débrouiller. Je leur ai toujours dit : ne m’aidez pas, aidez mes sœurs ! Du coup, à toutes les pauses méridiennes, entre midi et 14 heures, et tous les soirs, je suis aussi barman. Je réagis comme cela car c’est une sorte de revanche vis-à-vis de l’école. Ok, je n’ai pas mon Bac, ok mes parents se sont fait un sang d’encre pour moi, mais je vais faire quelque chose de ma vie. Cela m’a toujours animé, inconsciemment, de rien ne devoir à personne sur terre. Autant je peux prêter du fric à des gens, autant je refuse d’être demandeur. Je ne veux rien devoir à personne pour être libre. Et dans le boulot, c’est pareil, dès que je me fais chier avec quelqu’un, avec un boulot, je me casse. »

    C’est en effet ce qui se passe… Au bout de quatre ans d’apprentissage, Stéphane se lève et s’en va une nouvelle fois. Selon lui, le rapport entre les dentistes et les prothésistes est compliqué. Nombreux sont les dentistes, huit ans de médecine d’un côté, à mal considérer le prothésiste, trois ans de CAP d’un autre côté. « Pour moi, le système frôle l’escroquerie. Le prothésiste facture et le dentiste surfacture ensuite dans des proportions que je trouve déraisonnables. Pour autant, j’ai aimé ce métier. Il y a eu de belles histoires quand tu redonnes le sourire à quelqu’un qui ne souriait plus depuis dix ans à cause de ses dents pourries. »

    Retour à la case départ. À 23 ans. C’est le temps du devoir national. « Je reste très marqué par des images d’enfance. Mon père, infirmier militaire pendant 15 ans, a beaucoup voyagé. Je me souviens des soirées diapos en famille avec des photos de dingues : mon père en uniforme blanc de la Marine avec en fond des paysages de Mururoa, des Îles Marquises. Il m’a fait rêver, j’éprouvais une certaine fierté. Alors, grâce à mon parrain qui travaille au service hydrographique et océanographique de la Marine, j’ai peut-être la possibilité de me faire pistonner pour faire mon service sur La Jeanne D’Arc, le fleuron de la Marine Nationale. Pour avoir plus de chance de monter sur La Jeanne, je fais mes classes, deux mois au lieu d’un, chez les fusiliers marins à Lorient, l’antichambre des commandos marines. Je perds dix kilos ! Puis finalement je suis appelé sur la frégate La Motte-Piquet.

    Octobre 1990. Direction, le Détroit d’Ormuz, situé entre le Golfe Persique et le Golfe d’Oman. « Mon parrain m’avait promis La Jeanne, je pars pour la Guerre du Golfe et l’opération Artimon. C’est comme ça. Notre mission : faire respecter l’embargo et arraisonner tous les bateaux circulant dans le Golfe arabo-persique soupçonnés de commercer avec l’Irak. Je n’ai pas l’impression de faire la guerre. Par contre, j’ai l’impression d’être aux premières loges. Depuis la mer, on voit et on entend les tirs de missiles. Ces images de guerres nocturnes que l’on a tous vues à la télé, je les vivais en temps réel. C’est un évènement important de ma vie. Cela m’a endurci. Il faut aussi admettre que vivre à deux cent cinquante mecs sur un bateau de cent cinquante mètres, c’est une vision de la colo de vacances assez particulière. »

    Retour au port d’attache, en Bretagne. Août 1991, c’est la quille. Dès que Stéphane quitte l’armée, il bosse. « Je fais de la radio. Je manage un groupe. Je participe à l’organisation du festival Rockland, à Loudéac. La musique est toujours ma passion. Je rêve toujours de travailler dans cette industrie mais je pense que ce n’est pas possible. » Pourquoi ? « Je ne sais pas vraiment, cela me semble inaccessible. »

    Et pourtant. « Il se trouve que j’ai un super pote qui sort d’une école de commerce et qui vient d’entrer chez Sony Music. Il m’appelle pour me dire qu’il y a un poste de représentant commercial en Normandie à pourvoir pour la petite maison de disques WMD. Je vais à l’entretien avec peu d’espoir puisque je n’ai pas d’expérience. Mais je suis extrêmement motivé. Ça fait mouche ! »

    25 ans, premier CDI, premier rêve exaucé. À l’époque, le disque est en plein boum. Le job consiste à développer le lien et l’activité avec les disquaires indépendants mais surtout à ouvrir le marché aux grandes surfaces. « Il y a tout à faire. Je dois faire évoluer le chiffre d’affaires et la distribution de mon secteur. Le premier jour, mon chef des ventes me met la pression d’entrée avec l’objectif à atteindre : je dois me démerder et faire un million de francs (150 000 euros) de chiffre d’affaires sur le premier trimestre. Je m’attends à ce qu’il me drive au départ

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