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L'oeil au Beur Noir
L'oeil au Beur Noir
L'oeil au Beur Noir
Livre électronique275 pages3 heures

L'oeil au Beur Noir

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À propos de ce livre électronique

L’œil au Beur Noir Crois-moi ou va te faire coloscopier chez les Pygmées M’Butis, mais voilà les super-cadors de la Brigade Osiris encore une fois plongés dans une histoire complètement dingue. Imagine : on veut scrafer le jeune Roi du Maroc ! Tu te rends-compte ? Parole de flic, si l’un de nos indics n’avait pas paumé l’une de ses châsses, on n’aurait pas été obligés de cavaler, au son des muezzins et des bastos de 9mm, à la poursuite de terroristes plus dangereux qu’un nid de serpents à sornettes.
LangueFrançais
Date de sortie17 juin 2013
ISBN9782312011295
L'oeil au Beur Noir

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    L'oeil au Beur Noir - Vic Duvall

    cover.jpg

    L’œil au Beur Noir

    Vic Duvall

    L’œil au beur Noir

    LES ÉDITIONS DU NET

    22, rue Edouard Nieuport 92150 Suresnes

    Du même auteur

    Paires et impairs

    La Recette de l’Abbé Harnez

    Gauloise Blonde contre Gitane Mahousse

    La Poule aux yeux d’or

    Stock en Coke

    Messes Noires

    May Queen

    Au nom du Pèze

    Retrouvez toute l’actualité de Vic Duvall sur :

    www.vic-duvall.com

    © Les Éditions du Net, 2013

    ISBN : 978-2-312-01129-5

    La connerie, c’est le repos de l’intelligence.

    Serge Gainsbourg

    Repose donc la tienne en lisant ce book,

    et te scandalise surtout pas, bonhomme :

    je l’ai écrit juste pour te faire marrer.

    Quant à mon style, il est grand temps que tu t’y mettes,

    ça me boufferait l’intestin grêle que tu clabotes

    en n’ayant ligoté que Malherbe ou La Boétie.

    (Ceci dit, y a un petit dico à la fin de ce magnifique ouvrage, pour les ceusses qu’entraveraient pas l’argomuche

    ou le Petit Momo des banlieues).

    À mes potes marocains.

    I

    La lune, froide et blanche, est aussi ronde que mon oncle Nanard un soir de réveillon.

    Ses rayons blafards font briller le givre sur les vitres des bagnoles garées de part et d’autre de la rue. On dirait des fantômes d’argent alignés dans la nuit.

    Belleville le soir, passé huit heures, crois-moi, c’est pas folichon.

    Pire encore quand c’est la fin de l’hiver, que la nuit est tombée et qu’on se pèle le jonc. Comme ce soir.

    Y a plus un seul pékin dehors, à part un petit klebs grisâtre au poil ras, sale et crotté, aussi maigre que la pension d’un retraité des Pétété. Il a renversé une grosse poubelle qui s’est répandue sur toute une longueur de trottoir. Le bestiau farfouille de la truffe dans les merderies étalées, déchire un sac en plastique, en renifle le contenu, le dédaigne, continue patiemment ses investigations alimentaires, puis finit par tomber sur une carcasse de poulet qu’il engloutit en moins de deux secondes chrono.

    J’ai rien d’autre à foutre que de l’observer, à travers le pare-brise que le givre opacifie un peu plus de minute en minute.

    Pauvre clébard abandonné, affamé, grelottant de froid. Aussi gelé que nous, sûrement, because ça va faire bientôt presque une plombe qu’on poireaute dans la guinde, le Commissaire Divisionnaire Breille et mézigue. Moteur coupé, donc sans chauffage. On est garés juste au pied de l’immeuble miteux où crèche Kader Houssel, l’un de nos indics, un petit malfrat nordaf sans grande envergure.

    Kader, on le connaît, dans la Poulaille.

    Faut pas trop compter sur sézigue pour qu’il nous déballe l’affaire du siècle. C’est le genre de branque qui se contente de nous balancer de temps en temps un ou deux tuyaux souvent foireux. Ça lui permet de vivre confortablement de ses petites magouilles sans être inquiété le moins du monde par les représentants de la Maison Poulaga.

    Alors, il coule des jours heureux, Kader. Il joue peinard les proxos grâce à deux gagneuses Polaks qu’il a mises au turbin sur les trottoirs de l’avenue Dumessy, à deux pas de sa crèche. Occasionnellement, pour arrondir ses fins de mois, il refourgue un peu de schnouf aux dealers merdeux des Cités du coin.

    De la tune, il en a, Kader.

    On se fait pas de soucis pour lui. Ses tapins lui rapportent quotidiennement un chouette pacson d’oseille, et la revente de la came lui permet de temps à autre de flamber sur les tables de jeu du Casino d’Enghien ou au poker dans quelques cercles maffieux, du côté de Barbès.

    Toi, je te vois venir avec tes gros sabots.

    Tu te demandes pourquoi on est là, Jean et moi, à se geler les meules dans une chignole banalisée, en attendant que le sieur Houssel veuille bien nous y rejoindre.

    La raison en est simple : ce matin, ledit Kader nous a fait savoir, via son relais habituel (un matuche du Commissariat de Bagnolet) qu’il avait de « super-importantes infos » à communiquer aux flics, mais attention : pas à n’importe quels keufs.

    Il n’a accepté de s’affaler qu’en présence d’au moins un gradé appartenant à la Brigade Osiris {1}. Le condé de Bagnolet nous a assuré que Kader, en principe, est un mec réglo et qu’il n’a pas pour habitude de raconter des charres. Paraît qu’en plus, il est mort de trouille. Ce qui ajoute une certaine crédibilité à l’importance des infos qu’il a à nous fourguer.

    On s’est donc portés volontaires, Jean Breille et moi.

    Jean, parce qu’en sa qualité de Divisionnaire, il chapeaute – entre autres services – la fameuse Brigade Osiris. Et qu’il n’a rien de mieux à faire ce soir.

    Et moi, Victoria Duvall, parce que j’assure le commandement de cette unité d’élite. Et qu’en plus, je connais un chouïa le Kader en question, pour l’avoir pratiqué quand je bossais aux Stups, à Montrouge {2}.

    – Qu’est-ce qu’on se les caille ! grommelle Jean, en frottant ses pognes l’une contre l’autre. Merde ! Qu’est-ce qu’il fout, le beur ? T’as vu l’heure ?

    Machinalement, je jette un regard sur la pendule du tableau de bord. Presque vingt-et-une heures.

    – Yes. J’ai vu.

    Comme je te l’ai dit plus haut, on n’a pas mis le chauffage dans la caisse, et ce, parce qu’on n’a pas le choix : en effet, si on laisse le moteur tourner, ça va forcément attirer l’attention.

    C’est pas que Kader soit indispensable à la Police française, note. Mais ce serait la pire vacherie à lui faire si quelqu’un venait à repérer deux poulets en planque devant son immeuble.

    Moi, ça commence à me gonfler grave d’attendre ici sans rien faire. Autant Jean conserve apparemment un calme Olympien, autant moi, ça me fout les boules.

    Par-dessus le marché, on commence à plus rien voir à travers le pare-brise, à cause du gel à l’extérieur et de la buée à l’intérieur. J’ai la manche trempée à force d’essuyer la vitre. Tout pour plaire, Mec.

    La porte d’un immeuble voisin s’ouvre en couinant, découpant sur le trottoir un carré de lumière jaunâtre d’où surgit une greluche blond platine habillée en tapin.

    La meuf ouvre un pébroque rouge signé Chanel et s’éloigne à pas mesurés, zigzagant entre les ordures qui jonchent le trottoir pour ne pas dégueulasser ses chouettes bottines vernies noires. Ciré jaune qui descend à peine au-dessous des miches. Sac en vernis noir assorti aux pompes. Bas résille. Pas d’erreur, elle part au turbin, la frangine.

    Jean la mate, d’un œil indifférent.

    Cinq minutes s’écoulent encore, pendant lesquelles on voit passer une camionnette de brocanteur pleine à craquer de merdes en tous genres, et un vieux en parka grise, sur un vélo rouillé, qui souffle ses éponges en pédalant.

    Jean pianote nerveusement sur le volant. Il commence à perdre son calme Olympien.

    – Tu crois pas qu’il est en train de se payer notre fiole, le Kader ? demande-t-il d’un ton aussi amène que celui de ton banquier quand ton compte s’affiche en rouge.

    Tiens donc ! Poireauter, ça commence à le faire chier, lui aussi.

    – Ouais. Semblerait qu’il nous prend pour des truffes, réponds-je sur le même ton. Je me posais la question à l’instant, figure-toi !

    Il a sa tête des mauvais jours, le Commissaire, le regard sombre et les sourcils plus froncés que l’anus d’une vierge devant la photo d’Arnold Schwarzenegger à poil.

    – Écoute, Vic, on va pas rester plantés ici pendant toute la nuit. Qu’est-ce qu’on fait ?

    J’essuie une fois de plus la vitre embuée de ma fenêtre, et je penche un peu la tête en arrière pour mater la façade de l’immeuble.

    Houssel habite au cinquième étage. Ses fenêtres sont éclairées.

    – Il y a de la lumière chez lui, constaté-je. C’est donc qu’il y est. On monte ?

    Jean est indécis. Moi aussi.

    Déjà qu’on est plus que repérables, assis depuis près d’une heure dans notre caisse pleine de buée… Monter chez Kader pourrait lui être nettement préjudiciable.

    D’un autre côté, c’est lui qui nous a filé rencard ici. En insistant pour qu’on soit à l’heure, par-dessus le marché. C’est-y pas du foutage de gueule, ça ?

    Au moment où Jean va me répondre, quelque chose qui ressemble fortement à une chiure d’oiseau s’écrase avec un gros « ploutch » sur notre pare-brise. Ça fait fondre le givre pile poil à l’endroit où la fiente s’est explosée.

    – Ils pourraient aller caguer ailleurs, les pigeons, bougonne mon compagnon, dont le poil devient – semble-t-il – de plus en plus mauvais.

    – À cette heure, les pigeons roupillent, remarqué-je. Et d’ailleurs nous aussi, on devrait aller en faire aut…

    Oups.

    Quand les pigeons roupillent, ils roupillent. Ils ne caguent pas.

    Alors, c’est quoi, ce merdier, collé sur le pare-brise ? Un glaviot ?

    Non plus.

    C’est un truc un peu plus petit qu’une balle de golf, blanc et noir, sanguinolent, avec des filaments blanchâtres qui pendouillent. Ça ressemble à une petite méduse. Et ça s’est écrasé sur la vitre, splatch, façon œuf au plat.

    En y regardant de plus près, Jean et moi sommes saisis d’horreur (comme dirait un huissier après une descente chez Frankenstein) : ce qui vient d’atterrir sur mon pare-brise, mon pote, tu sais ce que c’est ?

    Non ? 

    C’est un œil.

    Ouais, t’as bien lu, pas la peine de cavaler chez l’ophtalmo : c’est un beau lampion humain, bien complet, avec pupille, iris, rétine, globe oculaire, nerfs, ligaments et tout le toutim.

    Etonnant, non, un quinquet qui se balade dans les airs tout seul ?

    Généralement, un œil, ça a un frère jumeau. Les deux se situent en principe au-dessus d’un blair, le tout intégré dans un visage, lequel, en principe, fait partie d’une cafetière, elle-même (toujours en principe) fixée à un corps.

    Ben là, c’est pas le cas. Il est seulâbre, le zieu.

    Des gouttes de raisiné commencent à fleurir sur le pare-brise, comme des coquelicots dans un champ de blé, se mêlant au givre qui fond lentement sous chacune d’elles.

    Ça fait « ploc, ploc, ploc ». Ça dégouline ensuite lentement le long de la vitre, zigzagant en une multitude de petits ruisselets rougeâtres.

    Jean et moi, médusés, on met quelques dixièmes de secondes à réaliser avant de réagir.

    – Merde ! s’exclame Jean, ouvrant sa portière en urgence. Il y a un blème quelque part !

    D’un même élan, nous bondissons hors de la guinde.

    À tout berzingue, nous nous précipitons dans l’immeuble. Là où devait jadis se trouver un ascenseur, il n’y a plus que la cage, vide : un gros trou noir qui, à première vue, sert de dépotoir et, à l’odeur, de pissotière.

    Nous nous précipitons dans les escadrins, grimpons quatre à quatre les marches jusqu’au cinquième étage.

    Arrivés sur le palier, on souffle comme des bœufs. Mauvais signe : la porte de l’appartement de Kader Houssel est entr’ouverte.

    Un doigt sur la bouche, Jean me fait signe de la boucler. Il extrait son artillerie du holster planqué sous son aisselle. J’en fais autant. À pas feutrés, on approche de la lourde entrouverte. On se colle au mur de part et d’autre du chambranle, tous les sens en alerte, pétards prêts à défourailler.

    Du bout d’un pingot, Jean pousse le battant, qui s’ouvre en grand – et en grinçant sinistrement.

    Flingues en avant, on pénètre prudemment dans l’antre du beur. Tout est silencieux.

    L’appartement est un petit deux-pièces dont on a vite fait le tour. Il n’y a personne. Même pas Kader.

    Reste plus que le balcon à explorer, où devrait logiquement se situer le beur. Ou quelqu’un d’autre. Mais moi, je parie pour Kader.

    Pourquoi le balcon ? Réfléchis, pomme.

    Pour que cet œil tombé du ciel atterrisse sur notre pare-brise, il a forcément fallu que son proprio soit positionné à l’extérieur de l’appartement. Donc sur le balcon.

    Pari gagné : Kader s’y trouve effectivement.

    Il gît face contre le sol bétonné, en travers, jambes écartées, poignets liés dans le dos, le bocal complètement démoli coincé entre deux barreaux de la rambarde.

    Jean rengaine son feu, se penche sur le corps inerte du beur :

    – La police française vient de perdre un indic, constate-t-il sombrement.

    Par acquit de conscience, il lui tâte le pouls, mais macache.

    Kader est monté dire salama aleïkoum à Allah avant de rejoindre eddar {3} de ses aïeux.

    Le pauvre bougre a sacrément morflé.

    Je note ses paluches écrabouillées, qui ressemblent à deux tranches de bavette bien saignante.

    Pour achever Houssel, on lui a balancé sur la théière une énorme balconnière de pierre, qui gît, renversée, tout à côté du macchab.

    La calebasse a dû imploser sous l’impact. Ce n’est plus qu’une bouillie rougeâtre, informe, où, entre quelques touffes de cheveux crépus, on aperçoit des morceaux de cervelle mêlés aux chairs et aux os brisés. De la cervelle, j’ai toujours pensé que Kader n’en n’avait pas beaucoup. Faut croire que je me suis plantée : la sienne a giclé partout, y en a même sur les carreaux de la porte-fenêtre.

    La tête de Kader était tournée vers la droite quand la balconnière lui est tombée sur le râble, donc tout le côté droit de son crâne a été écrasé. Pour autant, le reste du visage du beur n’est pas, lui non plus, particulièrement chouette à regarder.

    « On » lui a cogné dessus avec une matraque ou quelque chose d’approchant, et « on » n’y est pas allé de main morte. Le blair est fracassé, les os des maxillaires saillent par endroits tout autour du clapoir, lequel est resté grand ouvert. Et pour cause : la menteuse a été sectionnée.

    Sur les gencives ensanglantées, seuls trois dominos sont restés intacts, les autres sont en bouillie. On discerne des morceaux d’émail mêlés au magma sanglant de ce qui fut une bouche humaine.

    Parlons pas des gobilles. Une horreur. Une mirette a été crevée, l’autre est manquante, mais, n’est-ce pas, nous savons parfaitement où elle se situe, celle-là.

    Répugnant.

    – Bigre ! murmuré-je en me détournant, au bord de la gerbe. Ils ne l’ont pas loupé, le pauvre type. Putain, Jean, ça fait pas longtemps qu’il a été scrafé, Kader. Il est encore tiède et il n’y a qu’une mince couche de givre sur son corps.

    – Ouais, approuve Jean, le front soucieux. Mais ça fait sûrement plus d’une heure qu’on l’a dégommé, Victoria, puisqu’on était en bas et qu’on n’a vu personne ni entrer, ni sortir de l’immeuble. Faut immédiatement appeler Osiris.

    Extirpant son portable Kiona dernier cri – modèle à biréacteurs turbo intégrés – de la poche intérieure de son blouson, il balaie la scène d’un regard où se mêlent colère et impuissance.

    L’appartement, comme son locataire, a été complètement saccagé. On se croirait à Honolulu après le passage du typhon Bouj-Touadla.

    Jean se penche une dernière fois sur le macchab :

    – Houssel était notre indic, dit-il. Même si c’était pas le roi des balances, il s’est toujours montré réglo avec nous. Je tiens à ce que nous prenions en mains cette affaire. Le ou les enfoirés qui ont fait ça ne s’en tireront pas à si bon compte.

    – Je gage qu’ils étaient au moins deux, Jean. Kader n’est pas – euh, pardon : n’était pas – un gringalet. Pour l’arranger comme ça, il a fallu d’abord qu’ils le neutralisent.

    Je détaille le corps :

    – Il n’a pas ramassé de bastos, apparemment… Donc, à moins que le légiste ne découvre autre chose, je pense qu’ils ont dû commencer par l’estourbir. Puis on lui a attaché les mains, les chevilles. Et on l’a torturé.

    En regardant Kader – enfin, ce qu’il en reste – ça me fait penser aux tortures infâmes que les Boches infligeaient à leurs proies pendant la guerre.

    Faut vraiment être le dernier des salopards pour esquinter un mec de cette façon.

    Moi, je sens que le meurtre de Kader va nous donner du fil à retordre, because un indic, c’est un indic : les risques qu’il prend sont énormes car, pour peu que ça vienne à se savoir dans le Milieu, il y va de sa vie.

    Or dans le Milieu, il y a des centaines de gus immondes, parfaitement capables de torturer un mec comme Kader l’a été. Autant donc chercher une aiguille dans une botte de foin.

    Pendant que Jean bigophone à la Taule, j’effectue une rapide visite des lieux, sans toucher à rien et en prenant soin de bien regarder où je pose mes arpions pour ne pas niquer d’éventuels indices.

    Les meubles sont renversés, les tiroirs vidés et leur contenu disséminé à travers toute la pièce. Les bibelots sont en morceaux, la chaîne stéréo et la télé en pièces. Une chouette table basse en marqueterie orientale est à présent devenue bancale, un pied brisé.

    Dans la cuisine, c’est le même bouzbir. Les placards ont été vidés, les bocaux renversés ou cassés, jusqu’aux pots de confiture dont le contenu a été répandu un peu partout sur la table et sur le carrelage.

    Idem pour ce qui est de la piaule et de la salle de bains.

    Il est clair que le ou les assassins ne sont pas venus ici uniquement dans le but de dessouder un indic : ils recherchaient quelque chose de bien précis. Vu l’état de Kader et de son appart’, il y a des chances pour qu’ils l’aient trouvé.

    C’est dans le bac à douche que le beur a dû être torturé. Y a du raisiné partout, sur les murs et jusqu’au plaftir. Un spectacle qui te donne envie d’aller direct au refile, Mec.

    Le lavabo est noir d’une crasse vieille de plusieurs mois, à laquelle se mêlent de larges éclaboussures de sang. On distingue des morceaux de ratiches. Une tenaille gît sur le carrelage, sous le lavabo. L’outil avec lequel on a arraché les chailles d’Houssel.

    Berk.

    – Tiens, regarde un peu ! dis-je à Jean (qui me suit partout en ré-inspectant machinalement ce que je viens d’inspecter).

    – Quoi donc ?

    Je lui montre sur le sol carrelé les empreintes rougeâtres laissées par les semelles des godasses qui ont piétiné dans le sang de Kader.

    – Ils étaient bien deux, ces salauds, j’avais raison. Regarde, les traces proviennent de

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