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Une Nouvelle vie: L’instabilité
Une Nouvelle vie: L’instabilité
Une Nouvelle vie: L’instabilité
Livre électronique330 pages4 heures

Une Nouvelle vie: L’instabilité

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À propos de ce livre électronique

Après la fin de la guerre d’Algérie, l’auteur rejoint la métropole avec sa future épouse, rapatrié sans emploi il s’engage comme lieutenant ORSA au 150° RIM à Verdun.
Le ministre des armées décide de ne pas renouveler les contrats ORSA.
C’est le chômage pendant 5 mois, avec une épouse et deux enfants.
Du nouveau avec la possibilité d’un changement d’arme avec des contrats éventuellement renouvelables .
Départ pour une nouvelle vie où l’instabilité règne. Deux enfants de plus et 10 ans de galère sans certitude sur l’avenir.
Puis l’activation en 1973 et l’ouverture sur une vie plus stable et une carrière d’officier d’active.
LangueFrançais
Date de sortie1 oct. 2019
ISBN9782312068411
Une Nouvelle vie: L’instabilité

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    Aperçu du livre

    Une Nouvelle vie - Jean-Jacques Hanriot

    cover.jpg

    Une Nouvelle vie

    Jean-Jacques Hanriot

    Une Nouvelle vie

    L’instabilité

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    © Les Éditions du Net, 2019

    ISBN : 978-2-312-06841-1

    Avant-propos

    Je vais rappeler comment nous sommes partis d’Alger et dans quelles conditions nous sommes arrivés à Marseille, c’est un avant propos qui est une mise dans l’ambiance avant d’aller plus loin.

    La situation générale se dégradait et le concierge m’avait averti que la force locale recherchait un sous-lieutenant chef de harka qui avait servi dans le Constantinois. Sans vouloir trop m’inquiéter j’ai tout de suite pensé qu’il s’agissait de moi et que je devais le plus rapidement possible partir pour la métropole. Comme j’en avais parlé à papa avant son départ il nous avait arrangé une porte de sortie pour Yolande et moi, nous devenions moniteur de colonie de vacance pour la colonie qui se montait à Luchon, papa était l’organisateur et l’intendant, un peu comme à Tala-Guilef, elle devait regrouper des enfants de toute l’Algérie que les parents voulaient faire partir le plus rapidement possible. Nous avions nos billets de bateau mais il fallait attendre le jour du départ sans se faire attraper par la force locale. Nous ne vivions dans l’appartement que le soir avant le couvre-feu.

    Nous avons eu la chance, deux jours avant le départ et grâce à l’oncle Marcel, de faire embarquer la Dauphine. Elle partait en avance, et je n’étais pas du tout sûr de la retrouver à l’arrivée. Mais elle ne resterait pas en Algérie, c’était presque une victoire.

    La famille Maurice restait à Alger, l’oncle travaillait à l’arsenal et il n’avait pas reçu de mutation pour la France, il en allait de même pour les Quintana car tonton Marcel, gardien de la paix devait aussi attendre une mutation. Germaine ne voulait pas partir en laissant sa maison, elle espérait pouvoir négocier sa vente. Mémé restait aussi en attendant le départ d’une de ses filles. Le 30 juin 1962, l’oncle Marcel nous a conduit au port d’embarquement, nous avions, Yolande et moi, deux sacs et deux valises. Nous nous sommes glissés dans la foule qui attendait l’autorisation d’embarquer et nous avons avancé doucement vers le bateau. Au bout de trois longues heures nous avons mis le pied sur le pont du « Ville d’Alger ». Dans le lointain, au-dessus de la Casbah, on commençait à distinguer les drapeaux F L N qui flottaient sur les toits. C’était fini, l’histoire de l’Algérie française allait se clore.

    Le voyage en bateau s’est déroulé le mieux possible compte tenu des circonstances. Nos chaises longues étaient au 5e niveau sous le pont, là où la coque commence à s’arrondir vers la quille. L’odeur était un mélange de peinture et de vomi. Nous n’avons pas beaucoup dormi car nous avons fait des allers et retours vers le pont supérieur et l’air frais. C’est là que nous avons pu un peu somnoler. Je ne quittais pas Yolande d’une semelle, j’avais déjà peur de la perdre. Je n’ai jamais su ce qu’elle pensait réellement à ce moment-là. Enfin, au lever du jour, nous avons aperçut la terre de France et au loin Marseille.

    Chapitre I. Nos premières années en métropole

    LUCHON, JUILLET 1962 – SEPTEMBRE 1962

    L’accueil a été de première qualité. Interdiction de débarquer, le bateau a été mis à l’ancre à l’entrée du port pour permettre à des compagnies de C R S de venir pour fouiller passagers et bagages. Cela a duré 6 heures. Nous avons accosté et nous sommes devenus des rapatriés avec tout ce que cela comporte, tant vis-à-vis des autorités qui ne nous attendaient pas que des Français de France qui n’avaient rien à foutre de nos problèmes et qui nous regardaient comme des envahisseurs. Surtout ils ne comprenaient pas comment, avec tout l’argent que nous avions volé aux Arabes, nous avions encore besoin de secours et d’aide.

    Le 1er juillet 1962, nous mettions les pieds sur la terre de la mère patrie, pas d’accueil sinon celui des C R S, mais dans le fond ce n’était pas plus mal, nous abordions une nouvelle vie et il fallait immédiatement se prendre en compte. Avec Yolande nous avons décidé de quitter le plus rapidement possible ce port. Nous avons pris nos bagages et nous nous sommes dirigés vers le quai où théoriquement les voitures attendaient. À ma grande surprise j’ai retrouvé ma Dauphine, toute petite, jaune, sale mais là. Elle portait un sac de sable de Zéralda comme contre-poids, mais c’était de la terre d’Algérie que j’emmenais avec moi. Le moteur a démarré du premier coup et nous sommes partis de Marseille à toute vitesse pour oublier un peu en nous dirigeant vers Avignon pour coucher chez les Hébert.

    Difficile de décrire notre désarroi, car dès la sortie de la ville, nous avons rencontré des barrages de police qui arrêtaient toutes les voitures immatriculées en Algérie. Nous avons eu trois ou quatre contrôles entre Marseille et Avignon. Je ne me souviens plus de l’accueil que nous ont réservé les Hébert, mais cela a dû être d’un bon niveau. Dès le lendemain matin nous avons pris la route de Luchon pour rejoindre la famille et la colonie de vacances.

    Avant de parler plus longuement de notre vie en France je dois fixer certaines règles, si je ne parle pas beaucoup de Yolande, c’est qu’elle est définitivement intégrée à votre serviteur et que lorsque je parle de moi, c’est de nous que je parle. Elle a quatre ans et des poussières de plus que moi. Lorsque nous nous sommes connus c’était une femme alors que je n’étais sûrement encore qu’un jeune homme sans expérience de la vie, sinon celle que l’on peut acquérir quand on fait la guerre, mais ce n’est pas suffisant pour commencer une vie civile avec les problèmes que cela comporte et dont je ne connaissais rien. D’origine italienne de Tunisie elle a rejoint l’Algérie un an plutôt pour y travailler, mais malheureusement elle était à nouveau sur la route. Ses parents étaient rentrés en France quelques années plutôt et ils habitaient Romans dans la Drôme. En un mot j’ai toujours ressenti pour elle beaucoup d’amour, et je continue, elle m’a dit un jour :

    « Je t’ai envoûté et sans moi tu ne pourras jamais rien faire »

    J’ai toujours beaucoup de regret d’être arrivé si tard dans sa vie. Cependant soyons raisonnable, si je l’avais connu quand elle avait 20 ans je n’aurais pas osé la regarder, j’aurais eu juste 15 et demi.

    Ce point, rapide, fait, je commence à raconter notre histoire commune en Métropole comme on le disait encore en 1962.

    Nous avons quitté Avignon et nous avons pris le chemin de Luchon. Il n’y avait pas encore d’autoroute et nous avons pris la nationale. Il fallait traverser toutes les villes et villages qui étaient installés sur le parcours, Nîmes, Montpellier et Carcassonne, ville où j’ai eu l’idée brillante de prendre directement en direction de Luchon par la montagne.

    img1.jpg

    Yolande toute jeune.

    Nous avons bifurqué vers Pamiers et à partir de ce moment là, la Dauphine a manifesté sa désapprobation pour son transfert en France. L’air d’ici ne lui convenait pas. Nous avons abordé les contreforts des Pyrénées en direction de Pamiers, et sous la chaleur intense nous avons gravi des cols et nous nous sommes arrêtés au sommet de l’un d’eux pour manger. Après deux heures d’arrêts nous avons voulu repartir mais la voiture a refusé de démarrer.

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    La même mais à cette époque elle ne se sauvait pas devant l’appareil photo.

    Comme nous étions en haut de la pente, j’ai fait monter Yolande, et j’ai commencé à pousser dans la descente. Mais c’était une fausse pente car dès que je montais à bord, la vitesse n’était pas assez grande et le fait de passer une vitesse pour lancer le moteur avait l’effet contraire en arrêtant la voiture. Yolande ne savait pas conduire et je me voyais mal en train de la pousser et de voir la voiture partir dans les fossés voisins. J’ai poussé la voiture sur cette fausse pente pendant plus de 8 kilomètres, un vrai parcours commando. J’ai appris plus tard que ma voiture faisait ce qu’on appelle du « Waters look », une bulle de vapeur d’essence formée par la chaleur ambiante se forme dans le carburateur et l’essence ne passe plus dans le moteur. Le seul remède c’est d’entourer le carburateur avec un chiffon mouillé pour qu’il fasse se condenser la vapeur et en redevenant liquide, l’essence fasse son travail. Le soir commençait à tomber et la fraîcheur à revenir, et sans me prévenir le moteur s’est remis en marche, mais comme nous étions partis sur un mauvais pied, un des pneus arrière s’est dégonflé. Heureusement que nous avons rencontré un village avec un garagiste qui a accepté de réparer le pneu. Le temps perdu et la fatigue nous ont décidé à faire halte à la première ville que nous avons rencontrée, Foix. Nous nous sommes arrêtés au premier hôtel que nous avons rencontré. La prise en compte d’une chambre a été retardée par les formalités administratives de la fiche de police qu’il fallait remplir d’autant que notre lieu de naissance indiquait que nous étions pieds-noirs et que la police risquait de venir nous voir.

    Nous avons gagné la chambre rapidement pour prendre une douche et nous reposer un peu, puis nous sommes descendus pour dîner. Après avoir bu un apéritif réconfortant, on nous a déposé sur la table un plateau d’osier d’environ soixante centimètres de diamètre, il était rempli de charcuterie locale, des jambons, des saucissons, des pâtés, des rillettes, une variété qu’il est difficile de décrire. Nous nous sommes jetés dessus et nous avons mangé sans aucune gêne, nous avions demandé à la dame qui nous servait ce que nous pouvions nous servir, elle nous a répondu en riant :

    « Tout ce que vous voulez »

    Nous ne nous sommes pas privés, je ne me souviens pas de ce qu’il y avait dans les plats suivants, mais nous avons fait honneur à ce plateau de charcuterie. Après une nuit réparatrice nous sommes descendus pour le petit déjeuner avant de reprendre la route, et là aussi nous avons mangé les plus délicieux croissants dont nous n’avons jamais retrouvé l’équivalent, et on en parle encore. Après avoir laissé Foix, nous avons traversé St-Girons, St-Gaudens, Bagnère-de-Luchon, puis il a fallut trouver où la colonie était installée. Après Luchon nous nous sommes dirigé vers la montagne en suivant la direction de Super-Bagnère, le paysage était magnifique, nous étions entourés de hautes montagnes. Enfin après quelque dizaine de minutes nous avons aperçu sur la gauche de la route, un grand chalet installé au milieu d’une grande prairie avec une rivière qui coulait devant. La famille nous attendait et nous nous sommes installés du mieux possible. Papa avait réservé une petite chambre pour yolande et moi j’avais hérité d’un lit militaire dans une tente 56 que l’armée avait prêté pour la colonie. Nous avons fait le tour du propriétaire.

    Le directeur de la colonie, Monsieur Dufour et de sa famille arriveraient plus tard en bateau. Papa était l’économe, maman la comptable. Dès le lendemain nous sommes repartis avec Yolande en train pour aller chercher un premier contingent d’enfant qui arrivait à Marseille, l’autre arriverait à Port-Vendre quelques jours plus tard.

    Le voyage s’est bien passé, mais à l’arrivée nous avons commis l’erreur de prendre une chambre à la place de la Bourse près du port de Marseille. Nous avions l’impression d’être à Alger au plus fort moment de l’OAS, nous croisions beaucoup de personnes que nous aurions préféré ne plus revoir. Après une nuit un peu tendue nous avons déménagé vers un hôtel proche de la gare.

    Le lendemain nous sommes descendus vers le port pour attendre le bateau qui arrivait dans la matinée. Nous sommes tombés sur un mélange de gosses allant de 5 ans à plus de 19 ans. Les parents avaient envoyé leurs enfants pour qu’ils quittent l’Algérie le plus vite possible avant l’indépendance. Nous avons regroupé notre monde doucement avec l’aide des quelques moniteurs présents. Nous avons rejoint les cars qui avaient été commandés par le service de la jeunesse et des sports d’Alger et qui attendaient pour nous conduire à la gare. Le train était direct et c’était une bonne chose car le changement de train à Toulouse est un vrai cauchemar, nous l’avions expérimenté pour venir. Les gosses étaient très calmes, abattus d’avoir laissé leurs parents, ils étaient tristes et pour beaucoup inquiets. Yolande qui faisait figure de maman a été très rapidement entourée des plus jeunes qui se sont accrochés à elle. Nous avons fait connaissance avec Monsieur Dufour et sa famille et nous sommes partis pour Luchon. Le voyage s’est déroulé sans problèmes, mais nous avons vu arriver Luchon avec plaisir. Papa nous attendait avec des cars et tout le monde a été transporté vers le chalet.

    Dès notre arrivée il a fallu faire les groupes et répartir les enfants dans les guitounes. Cette première tâche s’est bien déroulée car il fallait éviter que les jeunes commencent à tourner en rond.

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    Le camp avec sa maison en dur et le reste en toile.

    Après le repas tout le monde s’est couché et le calme est arrivé rapidement. Je suis reparti dès le lendemain matin en car pour récupérer le groupe d’Oranais qui arrivait à Port-Vendre. Ils étaient encadrés par quelques moniteurs et la fatigue et les soucis ont fait dormir tout le monde pendant le voyage. Le 8 juillet la colonie était complète et nous pouvions démarrer le séjour. J’ai récupéré le groupe des plus âgés ceux qui avaient plus de 18 ans. Bernard avait des moyens ainsi que le cousin Roger qui avait fait parti du voyage avec papa et maman. Yolande avait les plus petits. Nous étions plus de 150 si je me souviens bien avec environ 12 ou 13 moniteurs ou assimilés. Le programme a été mis en place par le directeur, il n’avait rien de particulier sinon qu’il fallait occuper les jeunes en permanence pour éviter qu’ils ne pensent trop. Beaucoup de jeux, des promenades, du sport, l’entretient du camp car nous n’avions pas de personnel de service, aide à la cuisine aussi. La différence importante entre les âges nous obligeait à faire des activités par groupe, mais je m’arrangeais souvent pour ne pas être trop loin de Yolande.

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    Nos promenades avec les enfants.

    J’avais souvent parlé de notre avenir avec Yolande, elle était d’accord pour que je tente de retourner dans l’armée. Le 15 juillet, pendant une journée de repos, je suis parti avec Yolande et maman pour la ville de Pau. Je me suis présenté au bureau de garnison pour déposer une demande d’engagement comme ORSA. L’Algérie c’était fini, que De Gaulle soit au pouvoir n’avait plus d’importance, il fallait vivre, et ce que je savais le mieux faire c’était d’être soldat, il faut ajouter aussi et surtout que c’est ce que j’aimais faire. Après tout ce n’était pas De Gaulle que je servirais mais la France, le reste n’avait plus d’importance.

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    La montagnarde.

    L’adjudant qui m’a reçut était très sympathique, il m’a dit qu’actuellement il y avait beaucoup de place qui se libéraient dans les régiments d’infanterie et que j’avais toutes mes chances d’être retenu, mais les délais risquaient d’être un peu long, il y avait des enquêtes qui risquaient de durer, il n’a pas ajouté que c’était surtout pour les natif de l’autre côté de la mer.

    Le temps passait lentement avec quelques incidents qui n’avaient rien à voir avec la vie d’une colonie de vacance normale. Un jour nous avons appris qu’un jeune oranais avait un pistolet dans ses affaires et qu’il envisageait de tuer une jeune arabe qui était avec nous à la colonie. Cet enfant de 12 ans avait été adopté par un gendarme à l’age de 5 ans et était aussi français que la plus part d’entre nous. Il a fallut faire une enquête, faire venir les gendarmes de Luchon qui ont entrepris une fouille des affaires de tous les colons. Ils ont finalement trouvé l’arme dans un sac. Le jeune garçon avait 15 ans, son père avait été tué par le FLN quelques années plutôt, il voulait se venger. Les gendarmes n’ont pas grossi l’affaire, ils ont saisi l’arme en nous demandant de surveiller les deux garçons, et de rester sur le qui vive en permanence.

    Mon équipe de vieux avait tendance à une certaine indiscipline et voulait surtout descendre en ville pour courir les filles. J’ai du les traiter comme des jeunes soldats, beaucoup d’exercices physiques pour que le soir ils songent surtout à dormir. Parmi eux il y en avait certains, surtout parmi les Oranais qui avaient fait le coup de feux avec l’OAS et qui se prenaient au sérieux. J’ai du leur raconter un peu ma vie comme chef de section puis plus tard à Alger, mais ce n’était pas simple de mélanger la souplesse théorique du moniteur de colonie de vacance avec la rigueur du chef de section.

    Nous sommes allés passer une journée en Espagne avec Yolande mais tout ne s’est pas passé tranquillement à la frontière. La seule tenue correcte que j’avais ramené d’Algérie, c’était ma tenue d’été en tergal, j’avais horreur de sortir avec un jean et yolande me préférait avec cette tenue. Nous sommes arrivés au poste de douane avec la Dauphine qui commençait à accepter l’air de France et qui ne nous posait plus de problèmes de roulage, elle avait un seul défaut c’était le numéro d’immatriculation d’Algérie qu’elle portait encore et qu’elle portera longtemps. Du côté français il y avait un contrôle de la douane et des CRS. Les voitures passaient, mais mon immatriculation a immédiatement déclenché, « Halte mettez-vous sur le parking ».

    Deux CRS se sont approchés du véhicule.

    « Descendez, contrôle des papiers et fouille du véhicule »

    Nous sommes descendus tranquillement, je n’avais rien à déclarer et surtout pas d’armes, ni de plastic ni rien à reprocher à la voiture.

    « Levez les mains pour que je vous fouille » m’a dit un jeune CRS.

    « Pas question que je lève les mains.

    – Comment pas question ?

    – Il n’y a aucune raison que vous me fouillez au corps, c’est éventuellement au douanier de le faire et dans un local »

    Le CRS devenait menaçant.

    « Mettez-vous contre le mur »

    Ca recommençait.

    « Pas question je veux voir votre chef »

    Le ton montait quand le plus ancien s’avança.

    « Que se passe-t-il ?

    – J’ai l’impression que l’on cherche à m’emmerder au-delà de la réglementation. Vous ne m’avez pas encore demandé mes papiers et j’ai déjà une arme sur le ventre. Je pense que c’est l’immatriculation de la voiture qui vous échauffe »

    L’ancien était plus mesuré et écarta le jeune.

    « Vos papiers »

    Je tendis ma carte d’identité nationale et ma carte d’identité militaire.

    « Vous êtes officier ?

    – C’est exact, sous-lieutenant, c’est pourquoi je porte mon ancienne tenue. Je vous ouvre le coffre de ma voiture »

    Cela semblait se calmer quand le jeune CRS qui tournait autour de Yolande, pour m’énerver, lança.

    « Les pieds-noirs ne jouent plus aux chefs depuis qu’ils sont ici »

    Fou de rage je m’approchais de lui.

    « Vu votre âge je pense que vous n’avez pas fait un long séjour en Algérie car si vous y aviez été vous parleriez autrement. Les pieds-noirs ont fait courber la tête aux CRS à Alger et ailleurs en Algérie, de cela vous ne vous en vantez pas »

    Un policier espagnol s’est approché et nous a demandés de nous calmer.

    « C’est fini maintenant il est inutile de se disputer »

    Après tout c’était vrai, tout était fini, il fallait apprendre à garder son calme. Je me tournais vers l’ancien CRS qui n’avait pas pris part à l’algarade.

    « Vous ne pensez pas qu’il faudrait arrêter ce cinéma, vous savez que je ne transporte rien que tout ça est fini et que d’arrêter systématiquement les voitures immatriculées en Algérie c’est uniquement pour emmerder les pieds-noirs.

    – Allez circuler »

    Nous sommes repartis épuisés par cette bêtise, elle confirmait simplement que dans la pensée de certains métropolitains, il fallait se méfier de nous. L’avenir ne serait sûrement pas toujours rose dans nos relations futures.

    Nous avons mangé une très mauvaise paella, tous les produits étaient en boite. Nous n’avons plus jamais remis les pieds en Espagne.

    Au cours de nos promenades nous avons ramassé des kilos d’escargots et Yolande qui n’avait jamais fait de cuisine, nous les a préparés sur le terrain. Avec les grands nous avons transporté sur le dos les grandes casseroles de la cuisine et tous les ingrédients nécessaires et nous nous sommes installés au bord de la rivière. Il y avait les groupes de Yolande, Bernard, Roger, le mien et ceux de deux jeunes filles copines de deux garçons. Nous avons allumé un grand feu et nous avons joué à faire la cuisine. De mon côté j’avais emporté de l’agneau roulé que nous avons cuit en méchoui. C’était la fête et

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