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Une nouvelle vie: La sérénité : Tome 2
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Une nouvelle vie: La sérénité : Tome 2
Livre électronique444 pages5 heures

Une nouvelle vie: La sérénité : Tome 2

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À propos de ce livre électronique

Devenu chef des services techniques du 34e RG à Épernay, c’est une vie de responsabilité. Devenu chef de bataillon en 1984, il participe à la création du 6e Régiment étranger de génie à l’Ardoise dans le Gard. C’est la vie d’un officier de légion avec beaucoup d’intensité. Affecté ensuite au 5e régiment étranger à Mururoa en Polynésie. Le retour en métropole n’est pas joyeux, car c’est en célibataire géographique qu’il passe 3 ans à la Valbonne près de Lyon. Il termine sa carrière comme chef de corps du CM 27, à Tarascon. Ensuite pour passer le temps il fait des études universitaires qui aboutissent à une thèse d’histoire militaire et d’étude de défense. Mais son épouse commence une vie de fractures, d’opérations, d’hospitalisation à partir de 2007, et sa vie de martyr se termine en 2019. Ensuite c’est la vie d’un veuf sans avenir.
LangueFrançais
Date de sortie24 juin 2022
ISBN9782312119311
Une nouvelle vie: La sérénité : Tome 2

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    Aperçu du livre

    Une nouvelle vie - Jean-Jacques Hanriot

    Avant-propos

    Je commence le tome 2 de « la Sérénité ». Au départ je n’avais pas envisagé d’avoir deux tomes pour cette dernière partie de ma vie militaire, mais au fur et à mesure les souvenirs et les événements sont revenus à la surface, il m’a été impossible de choisir et de ne pas parler de tous ce qui est arrivé dans ma vie et celle de ma famille.

    Dans la première partie de ce que j’ai appelé « la Sérénité » c’est à dire au moment où je suis devenu officier d’active avec devant moi une carrière plus ou moins longue. J’ai été dans le tome 1 toujours plus ou moins adjoint de quelqu’un, mais dans ce tome 2 je deviens complètement responsable devant le chef de corps du fonctionnement, des services technique d’un régiment, responsable de tous ce qui roule, de l’armement, des munitions, du carburant, des transmissions, du NBC, et d’une foule d’autres choses, puis ensuite chef de corps d’une unité avec au-dessus de moi un général qui peut demander des comptes et poser des questions et je serai le seul à y répondre. C’est un changement, je dirai de voilure, et de responsabilités.

    Sur le plan familial les enfants ont grandi, ils ne sont plus aussi faciles à bouger et nos déménagements sont pour eux, sinon un souci, du moins chaque fois une remise en cause de leurs amis de leurs habitudes et enfin mon épouse assume tous ces changements, elle est d’ailleurs toujours aussi efficace, lorsque les mutations arrivent, elle me dit « Nous partons quant et nous allons où » et rien d’autre sinon qu’elle doit commencer à faire les bagages et la remise en ordre du logement que nous occupions et à l’arrivée l’installation des affaires, des meubles si nous en avons, l’inscription des enfants aux écoles, la recherche des magasins, des marchés, enfin tout un ensemble de chose que le militaire ne peut faire qu’au moment où il ne travaille pas ?

    Il est certain que pour le militaire, être muté fait partie de sa vie et à l’extrême les casernes ou les quartiers se ressemblent, les missions changent avec les unités mais c’est presque toujours la même chose dans la mesure où une mutation correspond à un poste différent ou tout au moins plus important que celui que l’on va quitter et l’adaptation étant une des caractéristiques principales du métier d’officier des corps de troupe, on s’adapte.

    Dans ce deuxième tome, je vais occuper à quatre reprises les fonctions de chef des services technique. Les unités sont toutes différentes et les matériels aussi leur nombre varie, c’est ce qui fait le charme de ce poste, le charme mais aussi la surprise au début. J’ai ensuite terminé ma carrière comme chef de corps d’un centre de mobilisation à Tarascon. Là aussi c’est une mission où on ne peut pas s’ennuyer, enfin mais c’est une autre histoire que je raconterais peut-être aussi, la retraite et la fin de vie qui contrairement à ce que certains pensent, et je parle pour moi, n’est pas un long fleuve monotone mais entrecoupé avec les problèmes de santé des uns et des autres, les problèmes de famille incontournables, les deuils aussi qui font parties de cette fin de vie qui est souvent un ennuie permanent, car la retraite ce n’est pas des vacances, des voyages, mais la routine avec comme seul avantage de ne plus regarder sa montre pour savoir si on est à l’heure, c’est pouvoir se lever le matin quant on le veut sauf si les bêtes ne viennent pas réclamer leur repas, c’est sortir sans se presser pour rentrer quant on veut surtout si on est veuf et qu’il n’y a plus personne à la maison en dehors des bêtes qui vous attendent. Vivre sur un rythme différent que l’on gère sans trop penser aux autres sinon à soit avec égoïsme diront certains mais quant on a servi les autres pendant son activité, sa famille quant elle était là on aspire à se dégager des contraintes.

    Mais il faut garder le moral car sinon je me demande ce que nous pourrions faire surtout à notre époque où l’avenir n’est pas rose surtout pour nos enfants et pour le pays.

    PARTIE 1 :

    Le 34e Régiment du Génie

    Épernay

    1981 – 1984

    La famille s’est installée dans notre appartement des pyramides, et comme je l’ai déjà expliqué, c’était un peu petit pour une famille de six personnes, mais je n’avais rien trouvé d’autre, nous avions l’avantage d’être au rez-de-chaussée et d’avoir un petit jardin devant, mais à l’intérieur, Marie-claude avait une chambre ainsi que Jean-Stéphane mais les deux garçons les plus jeunes étaient dans la même chambre, nous avions une salle à manger avec au fond une petit local qui pouvait recevoir notre lit, il y avait un mur de séparation avec la salle à manger mais il a fallut installer un rideau pour que nous soyons isolés. Ces pièces s’ouvraient sur le jardin de plain-pied il en allait de même pour la cuisine et deux des chambres, la troisième donnait sur la face extérieure de l’immeuble. Je me rends compte que je n’ai jamais pensé qu’il pouvait y avoir une intrusion, pourtant à la longue nous avons appris que ce quartier n’était pas aussi calme que le notaire nous l’avait annoncé.

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    L’immeuble des pyramides, nous habitons à droite

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    Marie-Claude avec Ophélie dans le jardin

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    Dans le jardin, et par prudence, j’ai attaché les chattes avec une ficelle sous la surveillance de Miouka

    Après cette visite de l’appartement et en attendant que le déménagement arrive, nous avons fait un tour de la ville pour que les enfants découvrent leur nouveau lieu de vie.

    Puis nous avons reçu le déménagement le lendemain de notre arrivée, celui de Khel. Nous n’avions pas beaucoup d’affaires, en dehors de notre lit, du matelas, des caisses de livres et nos cantines, puis presque en même temps celui du garde meuble où nous avions mis nos affaires de Draguignan avec en particulier les lits des enfants, et un jour après nous avons eu la surprise de recevoir la salle à manger de Bobois et Roche que nous avions achetée avant de partir. Il ne restait plus qu’à mettre tous cela en place. Heureusement que ma chère et tendre ne s’affolait jamais comme certaines amies que nous avions laissé à Khel, car la vie aurait été impossible pendant quelques semaines, car je devais rejoindre le régiment le plus vite possible. Elle avait sa cuisine, son réfrigérateur, que nous avions remplis, il ne restait plus qu’à mettre en route la vie de la famille.

    J’ai rejoins le régiment en tenue no 1 et après m’être présenté au chef de corps le colonel Martinot et au colonel Devaux, le second, j’ai commencé à faire connaissance avec les chefs de service, les locaux et les unités. Le chef des services administratifs, le chef de bataillon Gagnepain, était très sympathique et je me suis souvent arrêté dans son bureau pour connaître les petites histoires du régiment et l’ambiance générale, car lui avait son bureau au même étage que le colonel alors que moi j’étais un peu à l’écart du « palais de la sueur », il fallait que je me déplace pour voir tout le monde alors que lui avec sa position centrale entendait tout et voyait tout. J’étais tranquille dans mon coin et je faisais ce que je voulais. J’ai fait ensuite connaissance avec le lt-colonel Gambiez, le chef du bureau instruction et opération, un grand homme très souriant et accueillant. Il avait une équipe d’officier chargés de l’instruction et des opérations. Je suis ensuite passé par les compagnies et j’ai rencontré les commandants de compagnie. Il y en avait de très sympathiques et d’autres plus coincés qui donnaient l’impression de vouloir protéger leur domaine comme si j’avais eu l’intention de le leur prendre, mais rapidement en discutant un peu je me suis rendu compte que beaucoup ne connaissaient rien à la partie technique de leur unité et que j’allais avoir besoin de les former ou tout au moins de parfaire leur instruction dans ce domaine. J’oublie de dire que j’étais accompagné de Willer le chef des ST partant, ce qui explique peut-être la méfiance de certains. Il faut dire que connaissant Willer, son ton cassant de cavalier et son regard perçant, je pouvais comprendre l’attitude des capitaines. Nous avons continué la visite par les ateliers qui dépendaient des ST, l’atelier auto commandait par un jeune adjudant-chef qui semblait très efficace, l’atelier armement et celui des transmissions, nous avons terminé avec le bureau mobilisation où j’ai retrouvé l’adjudant Briquet qui était au 32e RG comme chef d’atelier armement. J’ai récupéré la famille à midi et nous avons mangé au mess qui était installé dans l’enceinte du quartier, cela a permis à Yolande de faire connaissance avec quelques dames du régiment.

    J’attendais avec impatience que Willer parte, il m’était difficile de faire quelque chose devant lui. J’avais déjà beaucoup d’idées pour modifier l’intérieur des bureaux qui ne me semblaient pas opérationnels. Je devais faire connaissance avec mes personnels et bien comprendre comment le régiment fonctionnait. Je me souvenais de l’organisation du régiment travaux de Sarrebourg mais ici il semblait être différent. Après deux journées de visite avec Willer il est parti et j’ai pu commencer à travailler. J’ai d’abord beaucoup parlé avec l’officier mécanicien, le capitaine Marchandise, c’était un officier technicien, bien dans sa peau et bien enrobé, toujours jovial et sympa, je lui ai demandé immédiatement de me tutoyer, nous étions capitaine et c’était normal. Il m’a expliqué que le régiment avait une double casquette, pendant la période d’été il était un régiment de travaux avec tous les matériels correspondants et les travaux finis vers octobre il devenait un régiment de corps d’armée avec une partie des matériels précédents et une partie de matériels nouveaux. Sans trop entrer dans les détails il faut savoir que chaque matériel ou armement a une position administrative et que cette position permet ou non d’utiliser ce matériel. La position service courant est la position 41, la position mobilisation avec l’interdiction d’utilisation des matériels est la position 62, entre les deux il y a d’autres positions avec ou non l’autorisation d’être utilisés. Il y avait donc dans les compagnies des matériels dans toutes les positions et les capitaines devaient gérer tous cela. Mais très rapidement je me suis rendu compte qu’ils ne tenaient aucun compte des positions et que des matériels en position mobilisation étaient utilisés en service courant ce qui est absolument interdit. Marchandise m’expliqua que certaine compagnie de travaux se moquaient de toute la partie administrative de l’emploie des matériels. J’allais donc avoir du travail sur ce plan là. Il me fit visiter l’atelier auto 2 B. À côté de ce bâtiment atelier il y avait une piscine de 25 mètres sans eau. Il m’expliqua qu’un soldat s’était noyé 2 ans plutôt et que la piscine était interdite, mais l’emplacement occupait un grand espace et nous manquions de place. Les personnels de l’atelier semblaient compétant et heureux de l’ambiance et du travail. Nous avons visité les autres ateliers. Ils étaient disséminés dans la caserne. Nous avons ensuite fait un tour dans les compagnies, l’atmosphère était plus détendue qu’en présence de Willer. J’ai chaque fois demandé aux capitaines de me tutoyer ce qui a été bien reçu sauf dans une compagnie, celle du capitaine d’Orange Patoret qui semblait plus réticent. C’était un tout jeune capitaine qui pensait avoir un très grand avenir et qui n’hésitait pas à le faire savoir et à passer devant ses camarades. Mais nous ne jouions pas dans le même cadre, lui avait moins de 30 ans et il était Saint Cyrien et moi pas, mais j’étais chef des ST et il ne connaissait rien aux procédures et aux matériels, comme tous ses camarades commandant de compagnie. Je leur ai donc proposé de suivre mes conseils pour éviter les problèmes, tous ont accepté mais lui a été plus réservé :

    « C’est ma compagnie, je fais ce que je veux.

    – Dans le cadre des règlements et des consignes que je vais donner, si je vois des véhicules mobilisation rouler alors qu’ils doivent être stocker, je prendrais des mesures qui risquent de ne pas plaire »

    Mais je me suis rendu compte qu’il n’acceptait pas facilement les consignes, il allait falloir que le colonel me suive, mais j’arrivais et il fallait que je m’arme de patience.

    1 – Réorganisation des ST

    J’ai enfin pu prendre les ST sans croiser Willer qui venait de partir. Mon comptable ST était un adjudant-chef que je connaissais depuis le 32e RG, il était alors mécanicien aux ateliers 2B auto, il avait la réputation d’être bourru et peu sympathique, cette attitude se confirma rapidement. Il s’installait dans son bureau le matin et n’échangeait quasiment aucune parole avec les gens des ST, il s’enfermait sur lui-même sans que je connaisse la motivation. J’aime être entouré de gens avec lesquels je peux échanger des mots ou des idées, mais avec lui rien. Un matin au retour du sport je suis passé dans les ST pour dire bonjour à tout le monde, lui est resté assis sur son fauteuil daignant à peine à lever la tête lorsque je suis arrivé.

    « On ne vous pas appris la politesse lorsqu’un officier entre dans votre bureau et à fortiori quand c’est votre chef de service »

    Il m’a regardé sans réagir, cela m’a fait éclater et je lui ai passé un savon comme, je pense qu’il n’en avait pas reçu un depuis longtemps.

    « Garde à vous »

    Il a mis un certain temps avant de se lever et de raidir sa position.

    « Lorsque j’arrive vous devez vous lever et me saluer, à moins que votre fauteuil ne vous colle aux fesses. Si votre affectation aux services technique, que je commande, ne vous convient pas, il faut demander votre mutation. De toutes manières c’est moi qui vais me débarrasser de vous, je suis fatigué d’avoir en face de moi, toute la journée une face de carême sans savoir pourquoi. Je n’ai pas à supporter vos problèmes personnels éventuels, à partir de maintenant vous allez passer vos consignes à l’adjudant Vaucanson qui est très capable de vous remplacer. Je sais que la 21e compagnie cherche un comptable ST, je vais demander au Colonel votre mutation »

    Il est resté complètement abasourdi.

    « On ne m’a jamais parlé comme ça.

    – Il faut un début à tout, vous pouvez mettre votre béret et me saluer »

    Ce qu’il s’empressa de faire à ma grande surprise. Plus tard Marchandise qui était présent à cette altercation me dit :

    « Personne n’a jamais osé lui faire de remarques. S’il était efficace, on pourrait lui pardonner son attitude mais son rendement est loin d’être bon, Willer ne lui parlait pas beaucoup et le laissait dans son coin »

    Dans le cadre de ma réorganisation j’ai demandé à Marchandise de s’installer dans mon bureau, il me semblait plus logique d’avoir mon adjoint, l’officier mécanicien, en face de moi pour travailler la main dans la main, il devait savoir exactement ce que je faisais et éventuellement apporter ses idées rapidement.

    Les bâtiments des ST étaient mal répartis, j’ai demandé au chef des SA qui avait l’équipe de casernement sous sa coupe de faire quelques travaux dans les bureaux en abattant des cloisons, en ouvrant des portes et des fenêtres, ce qui a rendu les locaux plus confortables et agréables.

    Au bout d’un mois environ mon affaire tournait comme je le voulais, j’avais mis au point un tableau regroupant tous les matériels du régiment avec leurs positions administratives, comme tout était sur le même tableau, et il était grand, on pouvait savoir en permanence la situation du régiment, en ajoutant des couleurs on pouvait suivre l’évolution des différentes positions en fonction des dates, car les positions changeaient tous les 6 mois lorsque le régiment passait de travaux à corps d’armée. C’était une gymnastique plutôt compliquée car les compagnies de travaux avaient des difficultés à suivre et à changer leurs habitudes. On disait qu’elles avaient un casque de chantier pendant six mois et un casque lourd le reste du temps, mais le casque lourd leur pesait beaucoup car ils n’avaient plus la liberté que leur offrait la vie sur les camps de Champagne pendant six mois.

    La première année nous avons vécu sur cette configuration, six mois organisation chantier et six mois organisation corps d’armée, puis comme nous militaires avons la capacité à nous adapter, le commandement nous a transformé l’année suivante en régiment de corps d’armée à plein temps. Tout est devenu plus simple tant sur le plan opérationnel que sur celui de la comptabilité des matériels, les commandants de compagnie n’avaient plus à se compliquer la vie avec les changements de position des matériels, ils étaient tous en service courant. La troisième année de mon séjour au 34e RG, a vu une nouvelle transformation, le régiment devenait un régiment de combat du génie avec les compagnies qui de motorisées devenaient blindées avec la perception de Véhicules Blindés du Génie. Ces mouvements ont été plus compliqués car nous avons perçu des compagnies venant d’autres régiments avec leurs matériels et surtout leur manière de vivre et de fonctionner, là ça n’a pas été facile de mettre tout ce monde dans le moule du 34, il y a eu des accrochages entre soldats et cadres. Le colonel a du sévir pour mettre tout le monde au pas. Pour ce qui concerne les services techniques ça ne s’est pas passé dans la dentelle, les matériels qui arrivaient des autres corps étaient en mauvais état. On avait l’impression que les régiments qui perdaient ces compagnies, ne s’en occupaient plus. Nous avons eu des chars et des camions dont les l’entretient n’avait pas était fait depuis des mois. L’officier mécanicien et l’atelier 2B se sont mis au travail avec énergie. Là aussi il a fallut se bagarrer avec les commandants de compagnie qui croyaient que l’on voulait les emmerder alors que nous faisions notre travail, mais heureusement que le colonel Devaux qui avait pris le régiment l’année d’avant me faisait confiance et qu’il marchait dans le même sens que moi. Enfin j’ai eu simplement la charge de commencer la mise en place de cette nouvelle organisation, j’ai été muté avant que l’on puisse faire les premières manœuvres comme régiment blindé.

    2 – Changement d’appartement et vie familiale

    Nous habitions toujours aux pyramides mais très rapidement nous nous sommes rendu compte que c’était trop petit. Il y a eu un gros orage et l’eau est entrée par le jardin et la baie vitrée, nous étions un peu noyés dans la salle à manger. Cette aventure nous a décidé à chercher un autre logement. J’en ai parlé autour de moi et très rapidement l’officier adjoint m’a appelé pour m’informer qu’il avait une offre d’appartement sur son bureau. Je l’ai immédiatement rejoint et j’ai pu lire cette proposition. Il s’agissait d’un appartement de 5 chambres plus une chambre de bonne, d’un grand grenier, d’une très grande cave dans une maison ancienne qui comprenait deux appartements, un au rez-de-chaussée et un à l’étage. Cette maison était située à proximité immédiate du centre ville, des écoles, du collège des enfants et des halles. Il y avait une condition très intéressante, il fallait remettre en état l’appartement du premier étage, peinture et papiers peints, le loyer serait gratuit pendant six mois. Nous avons visité l’appartement et la maison. Elle devait avoir une centaine d’année et elle avait été construite par un propriétaire de vigne de champagne, les murs étaient massifs, les portes et fenêtres en bois verni, l’intérieur était à refaire complètement et cet appartement n’avait plus était occupé depuis quelques années. Le rez-de-chaussée était occupé par un vieux couple qui servait un peu de gardien. Yolande a immédiatement donné son accord, l’appartement lui a plus immédiatement, nous aurons de la place. J’ai signé le bail avec un notaire de la ville et j’ai eu très rapidement les clés, il ne me restait plus qu’à attaquer les travaux.

    J’ai commencé par enlever les tapisseries, je travaillais le soir vers 17 heures après le travail et le samedi et le dimanche. Je me rends compte, avec regrets, que je n’ai jamais demandé aux enfants de m’aider. Après avoir enlevé la tapisserie j’ai attaqué les peintures de la cuisine, des portes, de la salle de bain et de la salle d’eau puis j’ai réparé les plafonds, surtout celui de notre future chambre à coucher qui était en mauvais état, les autres plafonds étaient corrects. Cela faisait plus de 3 semaines que j’avais commencé, je dois dire que le temps passait bien et que je n’en avais pas encore marre. J’avais ramené des FFA du temps de la 16e compagnie des rouleaux de tapisserie, ils nous avaient suivis dans nos différents séjours et il en restait encore quelques-uns uns d’utilisables, c’était aussi une certaine économie et je les ai mis en place rapidement, je commençais à avoir une grande expérience des papiers peints. Puis avec Yolande nous sommes allés acheter des rouleaux de tapisserie pour finir la maison, le choix est toujours difficile mais nous y sommes arrivés. La maison était terminée après un mois de travail il ne restait plus qu’à déménager, la CX était suffisamment grande pour la majeure partie de nos affaires et de nos meubles, je n’ai utilisé qu’en finale une camionnette des ST pour transporter nos lits, le réfrigérateur et la machine à laver, et nous avons emménagé.

    Il y avait suffisamment de place, Marie-Claude avait une chambre un peu longue mais seule, les deux plus jeunes, Jean-Marc et Frédéric étaient dans la même chambre et Jean-Stéphane avaient la chambre de bonne, mais si je me souviens bien il y a très peu dormi car il était à l’étage au-dessus du nôtre et il devait se sentir isolé donc très souvent et peut-être tous les soirs il dormait sur le canapé du séjour mais cela ne semblait pas le gêner et nous en avions pris l’habitude.

    Nous avons découvert avec plaisir, surtout les enfants, le grenier qui était sous la toiture, un vieux grenier plein de choses laissées par les propriétaires ou par les locataires précédents, nous y avons trouvé des journaux et des livres passionnants. Nous sommes passés ensuite à la cave, elle était à deux niveaux, le plus profond avait du contenir des bouteilles de champagne, il restait toute une collection de vieilles bouteilles et Jean-Marc a retrouvé caché derrière des planches des liasses de billets de banque de 1935, nous avons pensé que nous avions trouvé le pactole mais malheureusement ces billets n’avaient aucune valeur tant à la banque que chez les collectionneurs.

    L’installation a été rapidement terminée, nous avions l’habitude, il ne me restait plus qu’à rendre la maison des pyramides. Yolande avait fait le maximum pour le nettoyage et la restitution a été rapide.

    Nous avons commencé à faire le tour des environs de la maison et du quartier. Nous étions à moins de 5 minutes du centre ville et Yolande pouvait y faire ses courses tous les jours d’autant qu’il y avait un marché couvert très bien achalandé à proximité. Dans la rue principale il y avait des magasins et un bureau de tabacs journaux, cela allait lui simplifier la vie car aux pyramides, en dehors d’un boulanger et d’un bureau de tabac, il fallait la voiture pour faire les courses. Pour les enfants les écoles et collèges étaient tout proches il en allait de même pour l’église que l’on pouvait rejoindre à pieds. Le quartier étant très tranquille je pouvais laisser la voiture devant chez nous le soir et mon véhicule de service, ma méhari, à midi lorsque je venais manger à la maison.

    J’ai parlé de l’école des enfants, Jean-Stéphane était au lycée, Frédéric et Marie-Claude étaient au collège, quant à Jean-Marc il nous avait posé un problème en arrivant à Épernay, il ne pouvait pas entrer en 6e, il fallait lui trouver une école technique mais les seules spécialités trouvées sur place concernaient les techniques de la couture ou de tous ce qui s’en approchaient. Nous avons cherché sur Reims et nous avons trouvé une école privée, Saint-Jean Baptiste de Lassale. Après avoir pris contact avec eux ils ont accepté l’inscription de Jean-Marc, et là nous avons commis une grave erreur, nous l’avons fait inscrire comme interne, nous pensions que prendre le train tous les jours pouvait poser des problèmes à notre fils, il aurait du se débrouiller tout seul. Nous avons eu peur et son séjour n’a pas été une réussite car à l’internat il a été un peu le soufre douleur, et comme il ne s’est jamais plaint nous n’avons pas pu intervenir. L’année suivante l’école n’a pas voulu le garder et nous avons trouvé une autre école libre qui préparait à un CAP de peintre en lettre, cela allait très bien pour Jean-Marc qui a toujours été attiré par le dessin et ce qui s’en approche. Il devait seulement prendre le train le matin et le soir et manger sur place dans une cantine. L’année a été meilleure sur le plan moral et formation même s’il a du redoubler en fin d’année, mais il a décroché un CAP de peintre en lettre en 1984.

    3 – Les manœuvres

    Le régiment faisait beaucoup de manœuvres pendant les six mois où il était régiment de corps d’armée à plein temps, nous partions dans la nature au moins une fois par mois et nous parcourions la région et même plus loin pour ces manœuvres. J’ai fais comme à Kehl, nous avons transformé des camions en camion dortoir, cuisine et repas et PC. Pour réaliser cela je n’ai rencontré aucun problème, le chef de services administratif, le commandant Gagnepain avait mis son casernement à ma disposition et le bureau opération avait admis cette transformation qui apportait beaucoup lorsque nous passions une semaine sur le terrain, la difficulté c’était de faire admettre que nous devions adopter le régime des équipages de bateau, la nuit il y avait une permanence et le reste de PC était au repos.

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    Les premières manœuvres, je suis avec mon équipe de l’atelier 2B

    Mais pour certain c’était difficile de faire admettre cette solution car ils voulaient en permanence être dans le camion PC pour éventuellement pouvoir intervenir, alors que la solution de l’officier de permanence qui était en mesure de réveiller éventuellement les responsables au moment où leur présence se révélait nécessaire était la bonne solution, mais le colonel Martinot a tranché en imposant l’officier de permanence. Je retiens surtout une belle manœuvre que nous avons faite au cours de la deuxième année, le régiment au complet s’est déplacé d’Épernay jusqu’en Allemagne en passant par le Luxembourg. Ce déplacement a duré 3 jours dans la mesure où nous avons effectué des traversées de rivières avec notre portière Gillois, puis nous sommes entrés au Luxembourg et là nous avions l’impression de faire la libération du pays, à chaque halte dans un village les habitants venaient applaudir et nous apporter à manger ou à boire et je peux dire surtout à boire et là il fallait faire attention avec les conducteurs, il y avait aussi un problème auquel nous n’avions pas pensé, au Luxembourg il est interdit même pour les militaires de se déplacer avec une arme et des cartouches hors depuis l’attaque d’un dépôt de munitions par les brigades rouges en Allemagne les militaires se déplaçant en manœuvre, surtout les cadres, devaient avoir des cartouches pour leur pistolet, mais il n’y a pas eu d’incidents. La police luxembourgeoise passait devant le

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