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Pour l'Amour de Dieu ?
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Livre électronique168 pages2 heures

Pour l'Amour de Dieu ?

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À propos de ce livre électronique

Dans les années 60, un abbé, professeur d’un collège du Hainaut belge, est assassiné. Il semble que ce meurtre soit lié à des affaires de mœurs. Mais à cette époque, les enquêteurs sont confrontés à un mur de silence. Il faudra 40 ans avant de connaître la vérité.
LangueFrançais
Date de sortie26 nov. 2014
ISBN9782312024448
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    Aperçu du livre

    Pour l'Amour de Dieu ? - William M. LeBrun

    faite.

    Partie I. Meurtre au Collège

    [Pikimedia] : « La commune belge de Chièvregnies-en-Hainaut abrite le Collège Saint Antoine qui est un des plus anciens établissements d’enseignement humaniste de Wallonie.

    Édifié à la demande des Archiducs Albert et Isabelle à la fin du XVIe siècle, et d’abord réservé aux enfants des nobles et de leurs protégés, il est rapidement ouvert aux grands bourgeois. Le peuple, lui, y accède seulement après le Premier Empire.

    Fin du XIXe siècle, le clergé provincial s’investit dans la gestion de l’établissement en réaction à la politique libérale de sécularisation de la société en général et de l’enseignement en particulier. C’est comme cela que l’école, dès cette époque, emploie quelques professeurs laïcs principalement dans les branches scientifiques, l’enseignement des lettres modernes et anciennes étant réservé par tradition aux abbés… Celui de la religion aussi bien sûr, comme celui de l’Histoire… »

    Lundi 20 janvier 1964

    Ce soir-là, le lundi 20 janvier 1964, comme tous les autres soirs, Alberto Marini, le concierge, qui a déjà enlevé sa blouse grise et enfilé sa canadienne, fait le tour de toutes les issues, portes et fenêtres, du Collège, principalement celles donnant sur l’extérieur.

    Il est 21 heures.

    Le bureau de la loge est éclairé par une lampe de travail à l’abat-jour vert.

    Le guichet est fermé et sur la table de service, les casiers à courrier sont rangés : le travail est prêt pour le lendemain. Le tableau des sorties est vide.

    Tous les abbés et professeurs logés dans l’établissement sont dans les murs ; les pensionnaires, eux, sont rentrés de la veille et aucun retardataire n’est attendu.

    Tout est donc en ordre.

    Il a le sens de l’ordre, Marini… Son local, qui est aussi son logement, est rangé « au carré » et sent l’encaustique. Une propreté quasi chirurgicale ! On sent l’ancien militaire. Il en a gardé même gardé la prestance. Toujours impeccablement coiffé et rasé, il met un point d’honneur à être un exemple pour tous ceux qui le côtoient.

    En 41, il avait tout juste 25 ans, il a été enrôlé de force dans l’armée italienne. De force car, comme bon nombre de ses concitoyens de la région de Parme, il est profondément antifasciste, ce qui lui vaut très vite d’être expédié sur le front russe. Lors de la bataille de Tcherkassy en janvier 44, il parvient à s’échapper et à se retrouver, par le hasard des chemins et des passeurs, en Belgique quelques mois plus tard. Il y rejoint la Résistance dans la région de Saint-Ghislain et participe avec l’Armée Secrète à la poursuite des troupes nazies en Allemagne.

    De hauts faits qui lui vaudront une décoration, une emploi et une jambe de bois car il sera blessé dans la région de Cologne, blessure qui nécessitera son amputation.

    Jambe de bois qui sera source de respect auprès des élèves toujours friands d’héroïsme et de récits guerriers.

    Marini vérifie d’abord la façade Nord qui donne sur la rue de la Station. C’est l’entrée principale qui se divise en deux au fond d’un petit jardin de façade : l’accès des élèves et le parc à vélo à gauche et l’entrée des professeurs et visiteurs à droite qui donne sur la loge.

    Puis, il traverse la cour des grands pour verrouiller les entrées Sud qui communiquent avec la rue des Écoles. Cet espace de récréation – en forme de L - longe le bâtiment dont le rez-de-chaussée et occupé par la salle d’études sur sa plus grande longueur et comporte, imbriqués l’un dans l’autre un terrain de football et un de balle pelote. Le Collège est une vieille bâtisse de briques noires et de pierre de taille datant du XVIIe siècle. Ancienne abbaye, il a été transformé au fil des ans et adapté aux besoins des pères enseignants.

    Malgré que l’on soit au tiers de l’hiver, le temps est sec est clair. Le thermomètre affiche un franc 3° au dessus de zéro et la neige n’est pas au rendez-vous… Au grand dam des plus jeunes élèves qui ne peuvent donc fabriquer leurs traditionnelles patinoires.

    Machinalement, il jette un œil sur les façades du pensionnat et du bâtiment des abbés, « l’Abbé-ché » comme disent les garçons.

    Chez les « petits », au deuxième étage, on vient de sonner le couvre-feu. Pas un bruit, juste le reflet de la lampe de poche des surveillants de nuit qui se déplacent dans le grand dortoir et vérifient que tout est calme dans les alcôves.

    La vie au pensionnat est réglée comme du papier à musique.

    Le matin, la cloche sonne à six heures. Les pensionnaires procèdent à leur toilette et s’habillent puis descendent en silence à la chapelle où ils récitent, en compagnie du Préfet de Discipline, la prière du jour. Ensuite, à six heures trente, ils prennent leur petit-déjeuner toujours en silence. Au menu, invariablement pain, margarine et confiture de fruit de saison – fraises, cerises ou rhubarbe, le tout arrosé de café léger. Comme le disent les élèves cette boisson est sans danger : le café du Collège ne fait pas de tache !

    A sept heures tout le monde gagne l’étude où on révise les leçons jusqu’à 7 : 30. Heure à laquelle commencent à arriver les externes. Récré jusqu’à huit heures quand le cloche sonne le début des cours. Les cours se donnent par tranche de cinquante minutes jusqu’à 11 : 00 et de 13 : 00 à 16 : 30 avec deux récréations.

    Le soir, il y a une étude du soir partagée par les externes de 17 à 18 : 30.

    Les internes ont encore une récré jusqu’à 19 : 00 puis le souper. Et à 20 : 00 sonne le signal « Aux plumes » suivi du couvre-feu des petits à 21 : 00 et celui des grands à 21 : 30.

    Chez les profs aussi tout semble en ordre, les fenêtres sont éclairées. Normal, ils sont en train de corriger l’un ou l’autre devoir ou à mettre une dernière main aux leçons du lendemain…

    Quoi que… Une fenêtre est obscure… La troisième du premier étage… La chambre de l’abbé Hocquet… Il n’est pas sorti : trop pointilleux, trop à cheval sur le règlement pour ne pas signaler ses mouvements au tableau de la loge… Et c’est un oiseau de nuit.

    Surveillant, maître d’étude, encore jeune – il a une petite trentaine d’années quand il intègre l’équipe éducative du Collège St Antoine – il devient rapidement directeur de conscience tant il a le talent de panser les blessures des élèves en carence affective : pensionnaires trop jeunes, perte d’un parent, difficultés dans les études… Il est un genre de « Grand frère » ou de « Tonton »S’il trouve un sujet d’écriture – il écrit des sermons et se pique de théologie voire d’exégèse, l’abbé Hocquet… – ou un bon livre, il peut y passer la nuit.

    Ses collègues se moquent souvent de lui en lui demandant s’il n’aurait pas un grand-duc dans sa famille. Pas le noble, l’oiseau !…

    Soudainement inquiet, Marini s’arrête au beau milieu de la cour en se grattant le menton.

    – Il aurait eu un malaise ?… Bizarre, allons voir – se dit le concierge – en empruntant l’escalier de service, plus direct que celui du pensionnat.

    Le couloir du premier est sombre, mais quelque chose d’anormal frappe de suite Alberto : une porte est ouverte sur un vestiaire éclairé et – fait inquiétant ! – c’est la porte de l’abbé.

    Tout héros qu’il soit, Marini sent son taux d’angoisse grimper en flèche… Au Collège, où tout est réglé comme du papier à musique, où rien, jamais, ne doit dépasser… Ce n’est pas normal…

    – L’abbé, vous êtes-là ?

    Pas de réponse !

    La porte du bureau est fermée. Alberto frappe… Rien, silence !

    Il tourne la poignée. La porte est fermée à clef. Ce qui est inhabituel chez lui. Il considère qu’en sa qualité de conseiller d’étude, il doit être facilement joignable par tous les élèves… D’où le symbole de la porte ouverte.

    Par la lucarne, il voit que la pièce est plongée dans l’obscurité. Il prend le tabouret sur lequel l’abbé prend appui pour lacer ses chaussures, l’approche de la porte, s’aidant de sa canne se hisse dessus et avec sa lampe de poche éclaire la pièce autant qu’il le peut.

    Le rayon de lumière laisse voir un pied… L’abbé est certainement tombé.

    Il frappe au carreau, appelle :

    – L’abbé… Pierre-Louis…

    Rien, pas de réponse…

    Une évidence alors s’impose :

    – De l’aide, il me faut de l’aide…

    Le concierge frappe à la porte voisine.

    Le Collège est un très ancien bâtiment du XVIe siècle aux murs très épais de briques noires et de pierre de taille, on n’entend rien de ce qui se passe dans les couloirs où, en plus, le sol parqueté est recouvert d’un épais tapis de chanvre et de laine brute mélangés.

    La chambre est celle de l’abbé Rogier Vanzeeland, préfet de discipline et professeur de langues germaniques.

    – Oui ? Qui est-là ?

    – Marini, Monsieur le Préfet, venez vite, il y a un problème chez l’abbé Hocquet…

    – J’arrive !

    Et la porte s’ouvre presque aussitôt sur un géant blond-roux au nez chaussé de lunettes aux grosses montures d’écaille.

    – Que se passe-t-il ?

    – Je n’en sais rien ! Je crois que l’abbé Hocquet a eu un malaise. Sa porte de couloir est ouverte mais celle de son bureau est fermée. Par la lucarne, j’ai seulement aperçu un pied. On dirait qu’il est tombé…

    – Allons-voir ça !.

    Avec sa propre lampe de poche, il regarde aussi par la vitre et voit la même chose que le concierge.

    Dans la serrure, pas de clef, il prend son passe-partout et ouvre la porte.

    L’abbé Hocquet est étendu sur le ventre ; sa tête, qui baigne dans une mare de sang sur le seuil de la chambre, est une véritable bouillie. Le préfet, saisissant cette horreur dans le faisceau de sa lampe-torche, a un sursaut et ne peut s’empêcher de vomir, éclaboussant le pied valide de Marini.

    – Pas grave, Père Préfet, vous n’avez pas l’habitude…

    A croire que l’on s’est acharné sur l’arrière du crâne avec quelque chose de lourd ou… avec le marteau dont le manche dépasse de dessous la jambe droite du cadavre…

    – Ne touchons plus à rien – dit le préfet, après s’être essuyé la bouche avec la manche de sa soutane – appelons la police de suite.

    Et suivi du concierge, il se précipite dans l’escalier vers la loge qui abrite aussi la centrale téléphonique de l’établissement.

    Deux agents de la police communale arrivent dans les minutes qui suivent l’appel du préfet. Et point ne leur est besoin de longues réflexions pour se rendre compte que le décès est tout sauf naturel et que, par conséquent, la présence du Parquet est requise.

    La scène de crime sécurisée, ils appellent le bureau du Procureur du Roi de Mons de la loge de Marini.

    Quand le Parquet débarque au Collège et malgré l’heure tardive, l’école connaît son agitation des grands jours.

    Sauf que cette fois-ci, il y règne une ambiance d’une fiévreuse lourdeur, mélange de curiosité malsaine et de mélodrame « made in Hollywood ».

    Impossible de rester discret même si les surveillants l’avaient voulu, les sirènes des voitures de police débouchant en trombe dans la cour de récréation ont réveillé tout le quartier… La police, de nuit, au Collège… Vous imaginez !

    Aucun des élèves n’a jamais été témoin d’un crime, aussi les commentaires vont-ils bon train et les forts en gueule sont déjà occupés à donner des leçons de criminologie aux « petits » et

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