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Papy Léon, Christine, et … Dieu ?
Papy Léon, Christine, et … Dieu ?
Papy Léon, Christine, et … Dieu ?
Livre électronique436 pages6 heures

Papy Léon, Christine, et … Dieu ?

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À propos de ce livre électronique

Christine, une jeune infirmière dynamique, célibataire et athée, réalise à la mort de son grand-père que celui-ci a probablement découvert quelque chose de fondamental. Cinq livres, totalement différents, la conduisent sur le même cheminement que celui parcouru par Papy Léon. Dans les pas de la lecture de cet homme âgé, elle essaie de percer le mystère de son dernier sourire. Guidée par d’énigmatiques lettres anonymes, au fil de rencontres riches de sens, Christine recherche ce qui pourrait être La Vérité.
LangueFrançais
Date de sortie1 août 2017
ISBN9791029007293
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    Aperçu du livre

    Papy Léon, Christine, et … Dieu ? - Michel Haidon

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    Papy Léon, Christine, et… Dieu ?

    Michel Haidon

    Papy Léon, Christine, et… Dieu ?

    Les Éditions Chapitre.com

    123, boulevard de Grenelle 75015 Paris

    © Les Éditions Chapitre.com, 2017

    ISBN : 979-10-290-0729-3

    A mes deux filles,

    Emilie et Margaux.

    « L’important n’est pas de convaincre,

    mais de donner à réfléchir. »

    Beranard Werber

    Avant-propos

    L’histoire principale de cet ouvrage repose sur la lecture et les critiques de cinq livres ; les noms des auteurs et des éditeurs sont clairement précisés, et finalement cités une dernière fois dans la large rubrique « références bibliographiques ». Si le lecteur veut se forger une opinion plus complète, ou s’il recherche des informations complémentaires, il peut ainsi les retrouver facilement.

    Sans prétention littéraire, j’ai essayé, de rendre un peu plus accessibles, des écrits magnifiques, mais qui sont parfois assez difficiles à aborder, ou que tout lecteur n’a pas forcément envie d’entamer. Pour intéresser un public de tous âges, j’ai mis en scène Christine, l’héroïne du roman, une jeune infirmière dynamique, aventurière, au caractère bien trempé. Ses dialogues francs et directs égayent un long cheminement de réflexions philosophiques et religieuses. Ses connaissances internationales et sa vie sentimentale associent la vie de tous les jours aux questions intemporelles.

    En Belgique, les Athois retrouveront dans les larges passages consacrés à leur ville, toute la grandeur de leur folklore du mois d’août. Que les connaisseurs me pardonnent si mon travail ne fait pas assez transparaître toute la ferveur de cette fête. C’est une mission bien difficile, tant il faut vivre ces moments pour les apprécier. Et si mes quelques lignes incitent l’une ou l’autre personne à rejoindre Ath le quatrième dimanche du mois d’août, alors j’aurai un peu réussi mon pari.

    Le lecteur est aussi amené à voyager en Alsace ; il assiste à la fête du houblon de Haguenau, visite le château du Haut-Koenigsbourg, et s’émerveille de la vue au Mont Sainte Odile. Autant d’invitations pour vos prochaines vacances.

    Les dures conditions des Malgré Nous pendant la seconde guerre mondiale sont brièvement évoquées. La position du Général Charles de Gaulle n’est pas présentée sous son plus bel aspect. Les férus d’histoire me critiqueront certainement, et ils auront peut-être raison. Qu’ils écrivent, commentent, détaillent, accusent, mais surtout qu’ils ne se taisent pas. Qu’on n’oublie pas les Malgré Nous !

    Les Isariens redécouvriront peut-être un tout autre pan de leur histoire religieuse, à propos des reliques disparues pendant la Révolution. Que ce soit de la ville de Compiègne, ou du village de Neufvy-sur-Aronde, je ne peux qu’inviter tous les détenteurs de compléments d’informations sérieuses sur ce sujet à se faire connaître, et à communiquer sur les réseaux sociaux.

    Enfin, et de la même manière que l’on devrait normalement aller chercher au dictionnaire ou sur la toile la signification des mots inconnus, je vous invite à découvrir quelques peintures, et quelques clés pour relever les détails qui font toute leur richesse. Je n’ai aucune prétention de connaître cet art, mais ici aussi, si je peux modestement éveiller l’une ou l’autre sensibilité artistique, alors mon roman a tout son sens.

    Chapitre I

    Le Big Bang de Papy Léon

    Sur le flanc de la colline inclinée vers l’Escaut, Antoing accueille chaleureusement le soleil de la mi-juin. Cette petite ville belge frontalière d’environ trois mille habitants s’offre à l’œil touristique et discret d’un rare et silencieux planeur. Rien ne trouble la faible circulation automobile, du pont du Préau aux célèbres champs de Fontenoy. Au milieu d’un feuillage vert bien réparti, le château des Princes de Ligne flamboie de par son architecture multiple ; la silhouette fragile et altière du donjon domine impérialement des portes de la Belgique jusqu’aux confins de Tournai. Comme par concurrence, la majestueuse église Saint-Pierre domine du haut de la rive les points cardinaux ; les quatre grandes horloges annoncent clairement 17 heures.

    Dans la salle à manger de Léon, les diodes rouges du réveil digital, gagné dans une tombola locale, indiquent 17 h 08 ; les aiguilles de l’horloge murale à piles peinent quant à elles à approcher les 17 h. Le coucou, lui, avec une exactitude infaillible, défie les différents appareils et souvenirs accumulés au fil du temps, et annonce triomphalement l’heure.

    Ses cinq sorties n’ont toutefois pas retenu l’attention de notre sympathique grand-père. Absorbé dans sa lecture, assis à la table de cette pièce centrale, il est appliqué tel un enfant faisant ses devoirs. Un vieux dictionnaire, fidèle professeur, l’accompagne. Il le referme, et caresse de ses gros doigts durcis par le temps et le travail, la couverture du lexique. Il vient encore d’apprendre un mot, et il en est fier. Il aime de plus en plus apprendre. Malgré ses 75 ans, Papy Léon ne passe plus au-dessus d’un verbe, un nom ou un qualificatif, sans en connaître la définition exacte.

    Il dépose les affreuses lunettes qui cassent son si bel air débonnaire, pour regarder sous la table. Les pieds des trois autres chaises disposées autour, l’empêchent d’allonger aisément ses lourdes jambes. Car si son visage aux joues couleur jeunes fraises a gardé une certaine fraîcheur campagnarde, ses membres, eux, accusent un peu le poids des années. Dès quatorze ans, il a travaillé dans les carrières calcaires de la cité du Pays Blanc.

    C’est pourtant alerte comme un pompier appelé au feu, que Léon réagit à la première sonnerie du téléphone. Au risque de renverser sur son passage la sellette en bois avec sa plante verte, Léon arrive rapidement auprès de l’appareil.

    – Allo, papa ?

    – Bonjour, fille. Comment vas-tu ?

    Léon a immédiatement reconnu la voix de sa fille aînée, Jeanine. Elle habite Ath. La ville est située à une trentaine de kilomètres de chez son père. Elle téléphone tous les samedis quand son horaire à l’hôpital ne lui permet pas de venir.

    – Je vais très bien papa, et j’ai une excellente nouvelle. C’est une surprise. Ne quitte pas…

    Léon n’a pas le temps de poser une question, que Jeanine passe l’appareil :

    – Bonjour Papy, c’est Christine.

    – Christine !!!, répond Léon d’une voix émue, et le souffle tremblant. Tu vas bien ? Tu es en bonne santé ? s’inquiète immédiatement Léon.

    – Je pêche la forme !

    Par cette courte expression typique de sa région natale, Christine exprime à la fois sa vitalité, « avoir la pêche », et aussi son enthousiasme, « être en forme ».

    Elle revient juste du Rwanda ; elle y était partie comme infirmière volontaire depuis six mois. Personne ne connaissait la date exacte de son retour. Elle n’avait toujours donné que des indications floues, peu de précisions sur le jour de sa rentrée. Elle voulait ainsi que sa famille ne soit pas dans l’attente, et surtout pas dans la crainte, en cas de retard. Christine n’a peur de rien ; ni de la vie, ni de la mort. Elle donnerait son cœur pour sauver un enfant. Et elle est aussi jolie que généreuse, aussi spontanée que serviable, aussi aventureuse qu’intelligente.

    Léon est ému, et heureux :

    – Quand es-tu rentrée ?

    – Juste ce midi. Les parents étaient surpris !

    – Oh bê, bien sûr. Quand viens-tu me voir ? Tu vas tout me raconter, hein ?

    – Tu sais bien que je n’ai pas de secret pour toi ; je te dirai tout. Mais aujourd’hui, ce sera un peu dur. Je n’ai pas pu dormir dans l’avion, et à vrai dire, je suis un peu « à plat ». Et puis, papa et maman désirent un peu me garder.

    – C’est normal, tu leur as beaucoup manqué.

    – Papy, j’ai 28 ans ; il faut qu’ils apprennent à vivre sans moi !

    – Sacrée Christine ! Tu ne changes pas.

    – Ecoute, demain, maman me dit que c’est la journée des 4 cortèges à Tournai. On pourrait y aller, et regarder par la fenêtre de chez ma tante.

    Christine sait que son grand-père aime admirer les défilés de chars fleuris et groupes folkloriques. La Cité aux Cinq Clochers est, en effet, chaque deuxième week-end de juin, animée par ses cortèges qu’entrecoupent des musiques militaires.

    Léon reprend, un peu évasif :

    – Oh…, euh…, j’n’sais pas…, tu sais, il y a beaucoup de monde. Et puis, Marlène sera très occupée à la boulangerie. Marlène, Gérard, et Nathalie. C’est un bon jour de ventes pour eux. Ne les embêtons pas ; ils auront assez de travail comme ça. Pourquoi ne viens-tu pas ici, demain ? On sera plus à l’aise pour parler.

    – OK, d’accord. Vers 2 heures ?

    – Viens donc pour manger, j’f’rai une côte à l’os et des frites, à midi.

    – Papy, ne pense pas déjà à me gaver ; je n’ai pas eu faim au Rwanda. Il y a de quoi se nourrir là-bas. C’est peut-être, d’ailleurs, un des seuls problèmes qu’ils n’ont pas. Mais c’est d’accord pour ton invitation, j’accepte volontiers.

    – J’te montrerai aussi mon dernier livre. Je me suis mis à lire. C’est incroyable mais vrai : je-lis-des-livres !

    – Papy, je n’ai peut-être pas changé, mais toi tu es toujours aussi jeune. On dirait un gamin qui a découvert un nouveau jeu.

    – C’est un peu ça, mais encore mieux. C’est formidable, je… Mais, viens demain, tu me diras ce que tu en penses. N’en parle à personne, ils diraient que je suis fou.

    – Papy, j’t’adore.

    – Allez, on se voit demain. Vers 11 h ?

    – OK, à demain. Au revoir.

    – Au r’voir, et r’pose toi bien. A demain.

    Léon a raccroché. Il est vraiment heureux. Sa petite fille est rentrée, saine et sauve.

    « Elle est tellement jeune et jolie… » se dit-il. Il en est fier. Très fier. Il ne veut pas faire de différence avec ses deux autres petites filles, Annie et Nathalie, les enfants de Marlène, mais Christine est sa première petite fille. Celle avec qui il a le plus parlé. Celle qui comprend tout. Quant on les voit ensemble, Léon et elle, on dirait que Léon veut ressembler à sa petite fille, cette jeune femme de 28 ans, pleine de vie. Mais le plus frappant, c’est que tout donne à croire que Christine jalouse les traits de son grand-père, cet homme calme, grand et fort comme un chêne, complaisant aux idées, comme un roseau au vent. Il y a entre eux non seulement de l’affection, mais aussi une certaine complicité. Loin de les séparer, la différence d’âge les rapproche.

    De nouveau près de sa table, Léon reprend ses lunettes, et compte le nombre de pages qui lui reste à lire pour terminer. Il est presqu’arrivé au bout ; encore douze. Cela ne représente que quelques minutes de lecture pour un bibliophile averti dévorant un roman classique, ou un livre à suspense policier, mais Léon, lui, n’arrive qu’à la fin du cinquième livre de sa vie. Prendre un bouquin et s’asseoir pendant des heures, a trop souvent été considéré, dans ses jeunes années, comme un loisir de riches, un moment de repos, d’inaction. Ayant arrêté l’école à quatorze ans, faute de moyens familiaux, il n’a pas été très attiré par la richesse des mots. Seul le rustre rythme du travail manuel a eu, à ses yeux, de l’importance. Alors, pour lui, douze pages de conclusions philosophiques et métaphysiques, d’un livre à la fois scientifique et théologique, cela représente encore quelques heures de concentration. Peu importe : il a le temps, et l’envie d’apprendre.

    Ce nouveau goût, pour la lecture et la recherche spirituelle, est né seulement deux ans plus tôt, quand, en vidant la garde-robe de sa défunte épouse Christiane, il a trouvé dans un magnifique étui, une grosse bible de Jérusalem. Il s’était tout de suite attardé à la feuilleter. Installé dans la salle de séjour, il avait repris chaque jour un passionnant et enivrant « décodage » méthodique. Avec une rare application, il avait commencé, tel un exégète professionnel, par le premier chapitre de la Genèse. La beauté des textes, et la richesse d’histoires inconnues, l’avaient conduit au firmament de ses réflexions. Sa démarche, presque frénétique, ne l’avait toutefois pas amené jusqu’à l’Exode en Egypte.

    La passion inconnue de notre théologien néophyte s’était inclinée devant la grandeur des récits et le poids des messages. Il n’avait pu, sur son coup d’essai, paisiblement affronter une telle œuvre. La fin de la Genèse était devenue trop longue à ses yeux.

    Ce qu’il avait retenu dans ce premier livre du Pentateuque, c’est que Joseph avait retrouvé ses frères, les avait reconnus, et accueillis. L’histoire, à ce stade, était belle. Et Léon aimait les histoires qui finissent bien. Sans rentrer dans tous les détails, il était toutefois resté perplexe, par exemple, sur l’âge des personnages : les 969 années de vie de Mathusalem, les 950 ans de Noé, les 175 ans d’Abraham… A l’époque, le modeste record, si médiatisé, de Jeanne Calment, était venu l’interpeller : comment les catholiques et les juifs avaient-ils pu oublier, qu’au début du plus grand livre de leur doctrine, des hommes et des femmes avaient vécu plusieurs siècles ? Il n’avait pas voulu imaginer que, lui, modeste ouvrier retraité, avait été le seul à faire la comparaison. Il s’était refusé, se refusait encore, toute exclusivité de pensée.

    D’autres passages de la Bible l’avaient aussi choqué. Léon avait toujours été à la messe le dimanche matin, mais il ne se rappelait pas avoir un jour entendu que Abraham avait couché avec Agar, la servante de sa femme. Dans le même genre de découvertes scandaleuses, Léon avait lu avec stupeur que l’origine des Moabites et Ammonites venait de la descendance des filles de Lot, avec leur père. Et aussi, qu’Israël avait marié Léa, par erreur, puis la sœur, Rachel ; que Dina avait été violée ; que Ruben avait commis l’inceste ; que Joseph plaisait au pharaon, mais se refusait à une jolie femme ;… Tous ces passages avaient amené Léon, deux ans auparavant, à comprendre qu’il connaissait bien peu de choses, mais que s’il le désirait, il pouvait encore apprendre. Il avait ouvert un nouveau chemin sur sa vie : celui de l’éternelle remise en question. Sans le savoir, il était devenu un discret et sage philosophe.

    Actuellement, il lit « Du Big-Bang à l’Homme », de Louis Duquesne de la Vinelle, aux éditions Racine. Le sous-titre reprend « Comment la métaphysique émerge de l’histoire ».

    Personne ne pourrait imaginer que Léon épluche un ouvrage d’un tel intellectualisme. Rien qu’à lire, au verso, la carrière de l’auteur, on peut se douter qu’il s’agit d’un travail d’une grande rigueur scientifique et critique : bachelier en philosophie, docteur en droit et docteur en sciences économiques, professeur d’économie politique à l’Université catholique de Louvain, et ancien recteur de la Faculté catholique de Mons,… Par la pluridimensionalité de sa pensée, l’auteur aborde les problématiques de l’épistémologie et de la métaphysique. Tout un programme ! Le sérieux de l’étude, basé sur un résumé syntaxique des résultats de la recherche, a entraîné Léon vers une meilleure compréhension de l’univers. Depuis le XIVème et avant-dernier chapitre, ce livre l’a aussi conduit dans des réflexions profondes et lucides. La passion des observations phénoménologiques a laissé place, en guise de conclusion, à l’obligation d’une existence non contingente, Dieu. Même si la lecture en est parfois ardue, Léon trouve, pour la première fois, un livre, où il ne peut, à aucun moment, mettre en doute la profondeur des réflexions suscitées. Il ne s’agit pas d’un article à deux sous, publié dans un hebdomadaire quelconque, mais bien d’une petite thèse complète, dont la validité n’est, semble-t-il, pas encore remise en question.

    Léon se sent attiré par la richesse des informations révélées, et encouragé par le cheminement qu’il poursuit. Chaque paragraphe le fait réfléchir quelques instants. Chaque point obscur n’est laissé pour compte sans une recherche thématique. Et à la moindre hésitation sur un passage précédent, Léon retourne quelques pages en arrière, pour s’assurer de la bonne compréhension. Sa démarche est studieuse, réfléchie, posée et créatrice. Il s’ouvre constamment de nouvelles voies de recherches, et mieux encore, il se sent comme impliqué dans l’écrit. Sans même y songer, Léon est modestement arrivé au plus haut niveau de la traditionnelle question universelle : l’existence de Dieu. Sur les traces de Descartes, notre grand-père doute de moins en moins, et jongle, avec de plus en plus de dextérité, avec les grandes affirmations de la métaphysique.

    Cet enchantement dans l’évolution de ses pensées et des pages du livre, est aussi accompagné d’une autre satisfaction : la voisine allait avoir le souffle coupé ! La fameuse Madame Josée, celle qui sait tout et qui connaît tout, ne va plus pouvoir parler de ce livre dans le vide. La prochaine fois qu’elle va évoquer ce brillant auteur, son soi-disant petit cousin, alors Léon pourra posément interrompre son aura. Elle est une de ces personnes, fière à juste titre de son instruction, mais qui prend ce prétexte pour toujours avoir raison. Elle n’aime pas être contredite, et considère trop souvent les autres comme des ignares. Léon, dans son calme habituel, n’est jamais rentré dans une véritable querelle. Madame Josée a toujours été gentille et serviable ; elle a cependant ce don constant de faire comprendre qu’elle est d’une autre classe. Supérieure, bien sûr. Egalement veuve, elle invite régulièrement Léon à boire une tasse de café, histoire de parler à quelqu’un. Il accepte toujours ; plus par charité, que par simple plaisir. Premièrement, il préfère travailler dans son jardin ou bricoler dans sa cave, que de discuter une heure de la pluie et du beau temps. Et secundo, il ne raffole pas de café. Si au moins elle lui proposait de temps à autre une bonne bière bien fraîche, dans un verre bien lisse, avec une mousse crémeuse et onctueuse. Mais non, jamais. Courtoise, elle lui offre un délice colombien dans un magnifique service de porcelaine, mais hautaine dans son ignorance, elle néglige que la saveur ouvrière se rapproche plus du malt et du houblon, que du sucre sur la cuillère en argent. Léon respecte l’instruction de sa voisine, et sa pseudo-supériorité. Mais avec les années, il a appris à mener tous les challenges ; même celui du combat des connaissances. Il veut résolument perdre ce sentiment désagréable, qui le rend presqu’analphabète, en compagnie de Madame Josée. On comprend mieux, dès lors, la jubilation intérieure de Léon, en finissant les dernières pages « Du Big-bang à l’Homme ». Un jour, d’une voix paisible et majestueusement nonchalante, il émettra, au hasard de la conversation, des critiques fondées et argumentées, sur le travail d’un docteur en droit et sciences économiques. Sans avoir suivi de longues études, et sans réel bagout commercial ou syndicaliste, notre papy abordera le monde universitaire. Même si cette joie est vivante, elle ne dépasse toutefois pas son simple plaisir de lire. Le contenu du livre qui rapproche, selon lui, deux mondes : le nôtre, celui dans lequel nous vivons, et l’Autre, celui que l’on ne connaît pas.

    Léon a largement entamé le dernier chapitre, quand il regarde l’heure ; 18 heures moins 10. Il réfléchit quelques secondes, et se dirige vers la salle-de-bains. Il y fait sa toilette, se rase, se peigne, et couvre ses cheveux d’un peu d’eau de Cologne. Il monte ensuite dans sa chambre pour s’habiller. Il redescend une dizaine de minutes plus tard, vêtu d’une chemise classique bien repassée, et d’un beau pantalon presque neuf. Il met ses chaussures, préalablement cirées, et s’assoit enfin sur le gros fauteuil en cuir du salon.

    Un quart d’heure passe, sans que rien ne change. C’est banal, surtout chez des personnes âgées, un quart d’heure sans activité aucune. Ces longs moments sans bruit, sans visite, sans appel téléphonique, sans rien,… c’est tellement fréquent. C’est comme si cela fait partie intégrante de la vieillesse. Mais cette fois, le quart d’heure que Léon passe, n’est pas du tout le même que les autres. Il ne se repose pas. Il ne bouge pas particulièrement, et pourtant on le sent comme nerveux, pas angoissé ni crispé, mais excité comme un petit garçon qui attend l’arrivée du Père Noël.

    Soudain, la bruyante sonnette de la porte retentit : « Driiiiing ». En ouvrant la porte, le dialogue démarre tout de go :

    – On y va ?… parce que Germain et Edmond doivent nous attendre…

    Fernand parle des deux sympathiques adversaires à la manille, un jeu de cartes très pratiqué dans le Hainaut. Il est notoire dans la région que Léon et Fernand jouent chaque samedi soir contre Germain et Edmond. La table des quatre comparses est bien connue du « Café Français », le petit débit de boissons en face de l’église. Ils y mettent véritablement l’ambiance. Chaque semaine, ils y sont inlassablement unis comme des frères, mais s’invectivant régulièrement par les pires remontrances pour toute carte malencontreusement placée.

    Chacun des quatre joueurs ayant huit cartes à jeter, le nombre d’opportunités pour critiquer les erreurs de placements est plus que suffisant ! Pendant la partie, tout le monde se tait ; ce n’est qu’avec la dernière carte que toutes les langues se délient. Chacun donne ses commentaires. Du silence, on passe au brouhaha général. Non seulement les vainqueurs et les vaincus se félicitent ou s’engueulent ouvertement, mais les deux ou trois tables autour, souvent des spectateurs avertis, apportent également leur contribution à la mêlée verbale. Pendant quelques minutes, toutes les erreurs sont énumérées ; tous les oublis sont rappelés. Et si la chance a vraiment souri à un des joueurs, on ne manque pas de lui attribuer toutes les expressions s’y rapportant. Quand le total des points cumulés dépasse 101, les deux perdants n’ont plus qu’à payer la tournée. Après une heure ou deux, et six ou sept verres, on clôture généralement la partie. Les pires adversaires redeviennent d’excellents amis, et chacun est content d’avoir passé une agréable soirée. C’est donc une habitude hebdomadaire, que Fernand vienne chercher Léon vers 18 h. Généralement, Léon se tient d’ailleurs prêt derrière la porte. Il enfile sa veste, et accompagne de suite son ami. Cette fois, bien qu’habillé et chaussé comme pour sortir, il ne se dirige pas vers le portemanteau.

    – Euh…, écoute Fernand, j’suis désolé d’te dire, mais je n’vais pas aux cartes ce soir.

    – A bon ! reprend étonné Fernand. Mais, tu n’es pas malade ?

    – Non, non, j’vais très bien, n’t’inquiète pas.

    – A mais, j’m’inquiète pas. Et puis, j’vois bien qu’t’as mis ton beau pantalon. Tu t’en vas chez t’fille.

    – Non, non,…

    Devant l’insistance curieuse et perplexe de Fernand, Léon ne peut pas rester sans précisions.

    – J’attends quelqu’un d’important… je dois lui poser quelques questions… Depuis le temps que je l’attends… dit-il d’un ton calme et patient.

    – Ah, ben, dans c’cas, j’te laisse. J’espère qu’y aura un quatrième pour te remplacer.

    Fernand songeait déjà au jeu de cartes ; il craignait de ne pas pouvoir jouer. Léon, cherchant un peu à s’excuser, reprend :

    – Tu r’mettras l’bonjour aux copains, mais faut absolument que j’reste ici.

    – OK, ben, à sam’di prochain alors.

    – Allez, joue bien, et bois en une sur m’compte.

    – J’n’y manqu’rai pas ! Au r’voir. A bientôt.

    – Salut, Fernand.

    Léon n’a jamais eu de compte dans un café, mais par cette formule classique, il exprime à Fernand son amitié. Ce dernier l’a bien compris dans ce sens, et a répondu tout aussi sympathiquement. C’est comme un échange de politesses amicales.

    Léon retourne vers la cuisine, et rassemble sur la table les cinq livres qu’il a lu. Il s’assoit, met ses lunettes, et reprend sa lecture profonde. Fernand, lui, longe l’église pour se diriger vers le café. Il est seul. Déçu. Déçu que son ami ne l’accompagne pas. D’autant plus que Léon est resté un peu discret. Que se passe-t-il ? Qui est cette personne importante qu’il attend depuis si longtemps ? Pourquoi n’a-t-il pas pris le rendez-vous à un autre jour ? Fernand pense que Léon n’a jamais été absent, de cette manière, à l’improviste. Léon n’est pas du genre à laisser tomber la terrible partie de cartes du samedi soir. De plus, Léon a dit qu’il voulait poser des questions, comme si des explications lui étaient dues. A-t-il des ennuis avec quelqu’un ? Fernand marche en s’inquiétant beaucoup pour son ami. Comme Léon a dit qu’il ne s’agit pas d’un de ses enfants, et comme il est impensable que ce puisse être une déception amoureuse (Léon restait fidèle à sa défunte épouse), Fernand n’est pas rassuré de son ignorance. La crainte de l’inconnu le consume.

    Arrivé entre la cure et l’église, les haies un peu hautes et le grand chêne lui soufflent un léger courant d’air. Il en reçoit un petit frisson dans le dos, qui le réveille de ses idées sombres. Seul sur le chemin, Fernand prononce tout haut sa traditionnelle expression qui lui est chère :

    « 13 – 17 – 21 ».

    ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

    Chapitre II

    Cinq Livres pour Témoignage

    – Allo, Marlène ?

    – Non, c’est sa fille.

    – Annie.

    – Non, Nathalie.

    – Bonjour Nathalie. C’est Madame Josée, la voisine de ton grand-père. Ta maman est là ?

    – Oui, un instant, je vous la passe.

    – Trois ou quatre secondes plus tard :

    – Allo ?

    – Marlène ?

    – Oui

    – Bonjour. C’est Madame Josée. Excuse-moi de te déranger, mais je suis un peu inquiète. Le volet de chez ton père n’est pas relevé, et il ne m’a pas prévenu qu’il partait. Serait-il chez toi ?

    – Non, non. Il doit être là.

    – Je ne voulais pas t’embêter, mais comme d’habitude il se lève tôt, je ne comprends pas. En plus, j’ai sonné à la porte, pour qu’il vienne prendre une tasse de café, mais il n’y a personne. Et il n’est pas parti à la messe de 10 h parce que je ne l’ai pas entendu sortir. Ce n’est pas que je surveille, mais tu sais, quand il sort, j’entends quand il claque la porte. Alors, voyant tout fermé ce matin, je me demandais s’il avait oublié de me prévenir qu’il était chez toi, ou chez ta sœur, Jeanine à Ath.

    – Non, non, il ne m’a rien dit non plus. Mais je sais que Christine est revenue du Rwanda. Peut-être sont-ils sortis ensemble ? En tous cas, c’est très gentil à vous de m’avoir prévenue, et je vais appeler tout de suite Jeanine pour lui demander ce qui se passe. Quoi qu’il arrive, on vous tiendra au courant.

    – Je me fais peut-être du soucis pour rien,…

    – Non, non, vous avez bien fait d’appeler. Mais ne vous tracassez pas de trop, on vous rappelle tout de suite.

    – Merci, merci.

    – A tout d’suite.

    Marlène raccroche, et bien qu’elle voit que Nathalie a beaucoup de clients à servir à la boulangerie, elle compose immédiatement le numéro de sa sœur. Elle veut éclaircir ce mystère.

    – Allo, Jeanine ?

    – Oui, bonjour. Ca va ?

    – Oui, euh, en fait, je suis un peu inquiète. Papa est chez toi ?

    – Non, pourquoi ?

    – Merde !… Il y a quelque chose de pas normal. Madame Josée vient d’appeler. Le volet n’est pas remonté.

    – Attends,… C’est effectivement pas très logique. D’habitude, il le remonte vers 7 ou 8 h. Surtout le dimanche. Il lit le journal, le Nord-Eclair.

    – Il faut aller voir.

    – Ne bouge pas, toi, tu as du boulot aujourd’hui. Ne nous énervons pas tout de suite. Christine doit y aller pour 11 h. Elle va y aller dès maintenant. On te rappelle dans la demi-heure. Mais t’inquiète pas. Il est peut-être tout simplement en train de cuisiner, et tout ranger, pour le retour de sa petite-fille, tu le connais.

    – Oui, tu as peut-être raison, Mais rappelle-moi.

    – Oui, oui, promis.

    – A tout à l’heure.

    – Oui, à tout à l’heure.

    Prévenue par sa mère de l’inquiétude grandissante, Christine part une demi-heure plus tôt que prévu. Il est à peine 10 h 40 quand elle arrive à Antoing.

    Après deux coups de sonnette, son papy ne lui ouvre toujours pas. Elle décide d’aller chercher la clé chez la voisine, Mme Josée.

    – Ah, bonjour Christine. Ça fait longtemps que je ne t’avais plus vue.

    – Oui, c’est normal. Je suis rentrée hier.

    – Tu as déjà vu ton grand-père ?

    – Non, justement, je voulais vous demander si vous pouviez me prêter la clé ?

    – Oui, oui, bien sûr. Un petit instant. J’arrive.

    Après avoir reçu la clé de « secours », Christine rentre, la gorge un peu serrée, chez son grand-père.

    – Papy ?… Papy ? T’es là ?…

    Elle ouvre la porte de cuisine. Personne. Tout est calme. Trop calme. Rien ne semble être prêt pour son arrivée. La table n’est pas dressée. Pas même de nappe. Quelques livres y sont disposés.

    Dans l’arrière cuisine : rien. Pas de casserole, en train de chauffer. Pas de viande au four, ni en décongélation. Aucun plat en préparation.

    – Papy ?…

    De retour dans le couloir d’entrée, elle ouvre la porte de la cave, et crie :

    – Papy ?…

    Pas de réponse. Le silence. Un silence de plus en plus angoissant. Lourd et oppressant.

    L’esprit alarmé, le cœur piqué de stress, la gorge comme étranglée, Christine grimpe les escaliers quatre à quatre vers la chambre.

    – Papy, nooooon… !!

    Il est là, sur le lit. Allongé. Habillé. Les yeux clos, les mains croisées. Il n’est plus là.

    Christine pleure instantanément.

    – Noooon, pas maintenant. Pas encore. Reste encore. J’ai besoin de toi… Papy… !!

    Les sanglots entrecoupent les mots profonds, mais inutiles. Elle perd non seulement son grand-père, mais aussi, et surtout, son confident, son meilleur ami. Quelqu’un qui l’a vue grandir, et qui avait toujours su la réconforter au moindre petit pépin. Papy Léon, s’était un peu son « Dieu ».

    Madame Josée, qui est restée en bas à la porte entrouverte, appelle Christine, pour savoir ce qui se passe. En la voyant descendre, les yeux en pleurs, elle comprend immédiatement, et manque de s’évanouir de la pénible émotion.

    Après l’avoir assise à la cuisine, Christine téléphone au médecin de garde, puis à sa mère.

    De retour à la cuisine, où Mme Josée reprend doucement ses esprits, Christine retient ses sanglots. Elle se dirige vers la table pour s’y appuyer, et remarque que cinq livres y sont étalés. Tous bien disposés dans le sens de la longueur, c’est immanquablement une invitation à regarder les couvertures. Ils sont alignés comme par un conférencier qui s’apprête à exposer l’objet d’une thèse. A cette pensée, Christine se souvient des mots, la veille, de son grand-père :

    « J’te montrerai mon livre. Je me suis mis à lire. C’est incroyable, mais vrai, je-lis-des-livres- »

    Des grosses larmes coulent sur ses joues. Elle se rappelle aussi ses mots :

    « Mais, viens demain, tu me diras ce que tu en penses. N’en parle à personne, ils diraient que je suis fou. »

    Les larmes, une à une, tombent comme des marteaux sur le carrelage.

    D’un regard général sur les cinq livres, malgré les yeux troubles, Christine remarque avec un étonnement interrogatif que toutes les couvertures font référence à la religion. Elle, qui était déjà admirative devant la sagesse de son grand-père, elle est émue de constater l’objet de ses lectures. Son papy, cet homme qui n’avait pas eu la chance de poursuivre ses études, avait-il consacré ses derniers jours à une littérature spirituelle ? C’est en tout cas, sa première pensée.

    Christine passe de sa main droite sur la photo de couverture d’un « Livre de Poche », « Jean-Paul II, Dix Repères pour l’An 2000 ». Léon s’était-il préoccupé de l’avenir pour qu’il eut lu un tel ouvrage ?

    « Jésus », tel est le titre du livre de Jacques Duquesne qui apparaît en second lieu aux yeux de Christine. A côté, dans la collection Folio, « Le Braconnier de Dieu », de René Fallet. Là, de par la caricature, on peut supposer qu’il s’agit d’un thème plus divertissant. En dessous du titre, sur un fond blanc, une ombre, à la forme que l’on donne d’ordinaire au diable, devance, un verre de vin rouge à la main, la silhouette d’un moine à la tête sympathique. Le même auteur, se rappelle-t-elle, a écrit avec un humour un peu gros, « La Soupe aux Choux ». Quelques années auparavant, elle en avait regardé l’interprétation cinématographique avec son papy. Les grimaces de Louis De Funès et Jacques Villeret les avaient fait bien rire. C’était,… il y a environ vingt ans, déjà.

    En quatrième livre, elle voit ensuite un petit classique édité chez Bordas, « L’Ingénu » de Voltaire. Le texte intégral, et des commentaires. Le parfait manuel de l’étudiant littéraire. Christine prend finalement en main le dernier bouquin. Le plus neutre de par les couleurs. Aucune photo, aucun dessin. A ce moment-là très précis, reprenant ses esprits, Madame Josée demande d’une voix pleurante :

    – Tu lis ce beau livre ?

    – Non, pas moi, répond Christine.

    – C’est le livre de mon cousin, ajoute Mme Josée, Louis Dusquesne de la Vinelle, un brillant professeur universitaire.

    – C’est vous qui l’aviez offert à mon grand-père ?

    – Non, pourquoi ?

    – Parce qu’il semble l’avoir lu.

    – Votre grand-père ? Mais, il ne m’en a jamais parlé. Ca alors !…

    Madame Josée avait laissé passer sa peine pour se faire surprendre par l’incompréhension. Léon, lui, avait réussi, malheureusement après sa mort, à surprendre Madame Josée.

    A l’arrivée du médecin, Christine le conduit dans la chambre de Léon. Assise à côté du papy, la « petite » fille de 28 ans contemple les traits de l’homme qu’elle admirait tant, les quelques rides sympathiques courantes, qui attendrissaient son cœur. Soudain, elle sursaute.

    – Il sourit ! s’exclame-t-elle.

    – Oui, c’est vrai, dit le médecin, au moins voici un mort qui ne semble pas avoir souffert… Je diagnostique un arrêt simple et banal de la plus précieuse machine, le cœur.

    – Mais, docteur, on aurait dit qu’il venait de sourire.

    – Mademoiselle, en tant qu’infirmière, vous savez très bien comme moi que certains muscles peuvent encore bouger. Je suis désolé de devoir vous le confirmer, mais c’est bien une attestation de décès que je dois vous délivrer.

    Tandis que Christine laisse, une nouvelle fois, couler une larme, le sourire de Léon est figé. Il est mort, le sourire aux lèvres. Elle songe :

    « Un homme heureux… ? Etais-tu si content de partir ? Te savais-tu

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