Tapez son nom sur Google: vous ne trouverez qu'une seule photo de lui, l'air maladif et hagard, avec une longue moustache bizarrement arrangée. L'ingénieur Augustin Mouchot (1825-1912) fait partie de ces pionniers oubliés, voire maudits. Un peu comme son ami François-Henri Désérable l'avait fait en 2015 avec Évariste, sur le mathématicien Évariste Galois, Miguel Bonnefoy a décidé dans L'Inventeur de réhabiliter par un livre un scientifique méconnu. « Il était un homme de l'ombre tourné vers le soleil au milieu d'un siècle lumineux tourné vers le charbon »: ainsi Bonnefoy résume-t-il en une phrase le destin d'Augustin Mouchot. Né à Semur-en-Auxois d'un père serrurier, il mettra du temps à trouver la bonne clé. D'une santé fragile, paraissant plus vieux que son âge, Mouchot gagne sa vie comme instituteur puis comme professeur entre Dijon, Alençon, Rennes et Tours. En parallèle, il commence dans sa trentaine à s'intéresser à l'énergie solaire. D'un premier cuiseur solaire élaboré en 1860 jusqu'à son impressionnant concentrateur parabolique d'énergie solaire qui décroche une médaille d'or à l'exposition universelle de 1878, il ne cesse d'innover, étant repéré par Napoléon III puis par l'Académie des sciences, qui le subventionne un temps. La suite est plus mélancolique: ne les jugeant pas rentables, l'État cesse de financer ses recherches. Mouchot meurt dans la misère. Il était justice de remettre enfin la lumière sur un chercheur qui a passé sa vie à travailler sur le soleil.
L’INVENTEUR MIGUEL BONNEFOY 208 P., 19,50 €. COPYRIGHT RIVAGES. EN LIBRAIRIES LE 17 AOÛT.
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Son visage n’est sur aucun tableau, sur aucune gravure, dans aucun livre d’histoire. Personne n’est présent dans ses défaites, rares sont ceux qui assistent à ses victoires. De toutes les archives de son siècle, la France