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Opération Six Clones: Tome 1
Opération Six Clones: Tome 1
Opération Six Clones: Tome 1
Livre électronique351 pages5 heures

Opération Six Clones: Tome 1

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À propos de ce livre électronique

Mon histoire commence en 2000 et se termine en 2100. Une grande histoire d’amour hors du commun, celle d’un enfant pas comme les autres, qui veut changer la face du « Monde ». Vous le verrez grandir et changer en fonction de son expérience ,façonné par des déchirements suivant les évènements de sa vie et de la politique causé par des contextes économiques : le pétrole se fait rare et très cher ! On ne manque pas d’idées ! Les mentalités changent ! Et la vie aussi ! Mon héros, Valentin, est considéré comme une personne différente, il devient un grand chirurgien et c’est aussi un «génie de la biologie». Il a sauvé une grande partie de la population française en 2050, en utilisant une arme secrète, mais illégale, il se trouve incarcéré. En Juillet 2066, une bactérie naît et commence à tuer les humains! « La fin du Monde est inévitable ! » On demande désespérément à Valentin, mon héros emprisonné, d’essayer de mettre fin à ce fléau…
LangueFrançais
Date de sortie14 mai 2014
ISBN9782312022376
Opération Six Clones: Tome 1

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    Aperçu du livre

    Opération Six Clones - André Julliard-K

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    Opération Six Clones

    André Julliard-K

    Opération Six Clones

    Tome 1

    LES ÉDITIONS DU NET

    22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    © Les Éditions du Net, 2014

    ISBN : 978-2-312-02237-6

    Préface

    Il était une fois… André !

    Quand André m’a sollicitée pour le guider dans l’enrichissement littéraire de son roman, il m’a immédiatement précisé n’être pas doué en français, s’en excusant presque.

    Et voilà ! Quelques mois plus tard, André vous présente son bébé à lui, son roman riche de son imagination et de son envie de raconter, de partager ses émotions, ses colères, ses espérances, sa vision de l’avenir.

    Je vous souhaite un beau voyage au cœur de l’univers d’André et je souhaite une belle vie littéraire à l’auteur, à son roman présent, à ceux à venir…

    Valérie Mazeau

    1. Quitter le trottoir pour un bébé d’amour

    Une date dont chacun se souvient. Une date qui imprègne autant nos souvenirs qu’elle ne marque l’Histoire. C’est, je le crois, la définition la plus évocatrice que l’on peut donner de « l’évènement ».

    Le 11 septembre 2001, à 8h46, heure américaine, un Boeing 767 percute la Tour Nord du World Trade Center. Aussi démesuré que cela puisse sembler, la thèse de l’accident apparaît alors plausible. Mais à peine vingt minutes plus tard, un autre avion vient se crasher contre la deuxième Twin Tower. Ce ne peut plus être un accident : il s’agit d’un attentat « terroriste ». Les yeux rivés sur leurs écrans partout à l’échelle de la planète, nous autres, Humains, entrons docilement dans le XXIe siècle.

    C’est précisément entre ces deux attentats-suicides que Valentin Neveu choisit de naître en province dans la ville du Mans, l’un des chefs-lieux de la région Pays de la Loire.

    Sa mère, Olga, chrétienne orthodoxe, est une ancienne prostituée, née à Grozny en Tchétchénie, le 10 juillet 1980. Ben, son père, franco-marocain, de confession musulmane, est né en France le 20 janvier 1981. Ce dernier a grandi dans la banlieue parisienne et a sombré dans la petite délinquance dès son plus jeune âge.

    Le jeudi 20 janvier 2000, Olga et sa sœur cadette d’un an, Alisa, quittent Grozny sous les bombardements. Elles sont accompagnées de deux hommes qui promettent d’offrir un emploi à chacune d’elles, dans un pays en paix. Afin de limiter les risques, les passeurs optent pour des directions différentes, dans un véhicule de l’apparence d’un camping-car, immatriculé en Allemagne.

    Il faut savoir que la ville de Grozny est tombée, après un siège de plusieurs semaines, et des combats très meurtriers y ont eu lieu du 25 décembre 1999 au 6 février 2000. L’armée russe s’est donc emparée de la capitale tchétchène. Durant cette guerre, les bombardements intensifs et acharnés n’ont pas épargné la ville. Aussi peut-on compter près de quatre cent mille citoyens tchétchènes fuyant leur patrie. Le nombre total de victimes se situe entre quatre-vingt mille à cent mille morts, dont plusieurs milliers de civils tchétchènes. Mais la guérilla séparatiste est appelée à durer : elle continuera précisément jusqu’en 2006.

    À son arrivée à Paris, le lundi 24 janvier 2000, le passeur livre Olga à son véritable destinataire, « un mac ». Ce denier, sans lui demander la permission et sans même la prévenir, confisque, dans un premier temps, son passeport. Puis, il l’emmène sur son lieu de travail, l’obligeant à satisfaire les besoins sexuels des hommes.

    En Tchétchénie déjà, Olga et sa sœur Alisa avaient été violées par les soldats russes. À Paris, cette infâmie continue par « consentements obligés ». « Qu’ai-je fait au bon Dieu pour subir un tel châtiment ? », se répète souvent Olga.

    Elle comprend vite que « son employeur » ne lui restituera jamais son passeport. Au vu des circonstances, elle pense à régulariser sa situation. Mais ce projet est irréalisable à court terme, en tout cas sans l’aide d’un complice.

    Le lundi 14 février 2000, à la Saint Valentin, le jour de la fête des amoureux, Olga, très belle « nana » blonde, aux cheveux fins et longs, en tenue noire, légère, fait la connaissance d’un petit délinquant, jeune maghrébin, vêtu d’un jean déchiré, d’un blouson de cuir noir et chaussé de baskets blanches. Ben, beau gosse. Sourire éclatant. Un mètre quatre-vingt pour soixante-douze kilos. Brun aux yeux noirs. Son timbre de voix est agréable, à la fois charmeur et très sensible. Profondément attiré par la beauté de cette jeune femme, il souhaite lui rendre visite tous les jours.

    Olga tombe également sous le charme… Par obligation ? Non ! Disons qu’elle succombe avec consentement cette fois. Elle aime particulièrement son épaule, elle aime aussi promener ses mains sur sa peau douce, elle prend plaisir à caresser ses cheveux courts et raides, elle raffole de son odeur, elle apprécie la musique discrète et reposante d’une vieille cassette qu’il sort de son autoradio et qui agrémente cet espace intime de leurs rendez-vous quotidiens… Secrètement, elle est très amoureuse de ce jeune homme, au caractère bien trempé et sachant ce qu’il veut. Elle lui fait confiance. Elle vit chaque jour pour cette petite demi-heure de bonheur ! Ils se voient tous les jours sans exception !

    Ben ne cache pas son amour pour Olga. Il admire la façon qu’elle a de parler, les efforts qu’elle réalise pour dissimuler au mieux son accent mais sans y parvenir. Il aime, avec un grand respect, cette petite gazelle à la peau blanche et si douce. Il admire ses yeux, exprimant l’espoir de jours meilleurs. Il sait aussi détecter l’angoisse de la jeune femme dans le moindre de ses soupirs, notamment lorsqu’une baisse de moral l’empêche de finir ses phrases. Mais se donner aux hommes, à contrecœur, avec un sourire à ce point forcé qu’il semble figé dans l’écœurement, se surpasser encore et encore pour satisfaire le désir de ces goujats, et « fidéliser » la clientèle, devient pour elle une nécessité et un véritable enfer.

    Olga compte beaucoup sur Ben. Si les moments passés auprès des trop nombreux clients illustrent un présent des plus sombres, ce jeune homme porte en lui l’espoir d’un avenir meilleur, bien qu’entre eux, il ne se passe rien sexuellement. Son attitude renforce l’estime d’Olga envers lui. Elle se sent exister en tant que femme, et enfin respectée en tant qu’être humain. Pour égarer les soupçons, en cas de surveillance, du souteneur, Ben change de voiture pratiquement tous les soirs, à différentes heures… Parfois, il attend discrètement qu’Olga le rejoigne… Et quand enfin, elle s’asseoit auprès de lui, tous deux se racontent mutuellement leurs vies chaotiques. Elle exprime son désir de quitter ce désordre quotidien, même « sans papier » et lui s’engage à l’aider, quoiqu’il lui en coûte. « Je suis trop amoureux », s’avoue-t-il en secret. À supposer qu’on peut l’être « trop ».

    En cas de « bonnes soirées », de temps en temps, Olga confie à Ben une petite partie de sa recette afin qu’il lui achète quelques vêtements ! Il est vrai que le jour du grand départ, elle n’emmènera rien de son dortoir miteux. Elle devait donc anticiper le grand jour et prévoir de quoi se changer : « soutifs », petites culottes, chaussures correctes… Et pour la toilette : brosse à dents, brosse à cheveux, produits de toilette, parfum, rouge à lèvre… Et oui ! C’est une petite nana très coquette !

    Le jeune homme, la tête ancrée sur les épaules, devine aisément les difficultés, en l’absence de papiers d’identité de la jeune tchéchène, c’est à dire vivre cachée, coupée du monde pour ne pas être retrouvée par l’équipe de son l’employeur, appelé le « mac » !

    Toujours est-il que cette histoire hors-du-commun, avec une jeune blondinette rencontrée par hasard, bouleverse en profondeur la vie de Ben. Il compte sur elle pour l’accompagner dans sa vie. Il ne peut envisager son avenir sans elle. Aussi prend-il soin de devenir « un homme responsable » : sa famille, comme ses copains, ne le reconnaissent plus ! Il est comme qui dirait « métamorphosé » ! Il ferait n’importe quoi pour elle, tant son amour est grand et ses sentiments sincères.

    Ben passe donc des heures à réfléchir à la stratégie d’enlèvement de sa chère et tendre prisonnière du trottoir. Comment la sortir de cet engrenage infernal au plus vite ?

    Le jeune homme sait qu’il sera obligé, provisoirement en tout cas, de tirer un trait sur son environnement actuel. Il devra impérativement quitter le domicile familial ! Finie l’odeur de la bonne cuisine de maman ! Terminés les rires avec son petit frère, la complicité de ses deux sœurs, et les petites histoires du pays avec papa !

    Son père Mohamed, un homme de taille moyenne, ouvrier intérimaire dans le bâtiment, très poli, gentil et pacifique, ne maîtrise pas bien la langue française. Sa mère, Françoise, petite, ronde et rousse, sans activité professionnelle, plus jeune que son mari de douze ans, est rongée par l’alcool. Une situation familiale plutôt chaotique qui explique en partie la petite délinquance des enfants de la maisonnée, jadis, pour survivre…

    Par prudence et afin de ne mettre personne en danger, Ben laisse entendre à tout son entourage qu’il part au Maroc en voiture, avec des amis, afin de connaître mieux le pays dont est originaire son père et de renouer en quelque sorte avec une partie de ses racines. « Que personne ne s’inquiète pour moi ! », assure-t-il avant d’ajouter avec humour : « Pas de nouvelles, bonnes nouvelles » !

    Il prend soin également d’expliquer qu’il ignore encore combien de temps il restera au pays. Cette façon habile de dissimuler la vérité, et de donner très peu d’informations, fait partie de sa stratégie : effectivement, aucune personne de l’entourage de Ben ne doit être au courant de « l’enlèvement » d’Olga des griffes de son proxénète. Le jeune homme est persuadé que moins il en dira et mieux sa famille s’en portera.

    Ben continue donc d’appliquer son plan à la lettre. Il prend soin de louer un véhicule, par l’intermédiaire de Sébastien Naturel, un copain d’école, surnommé « le magouilleur ». Celui-ci travaille dans un petit garage et prépare des voitures de course, pour des écuries de particuliers. Ben se passionne également pour la mécanique des véhicules de compétition. D’ailleurs, il apporte souvent son aide à « son grand pote » pour modifier des moteurs.

    Sébastien, ignorant le coup de Ben, et sans trop se poser de questions, change les numéros des plaques d’immatriculation de la voiture de location. Il remettra les bonnes plaques avant de rendre le véhicule à l’agence de location. Evidemment, dans ce genre d’opération, le risque zéro n’existe pas ! Risque d’accrochage, ou de contrôle des autorités… Ben le sait, mais plus que jamais, le « jeu en vaut la chandelle » ! À la clef, c’est une nouvelle vie qui s’amorce.

    Le samedi 2 septembre, vers deux heures trente, Ben part chercher Olga, pratiquement à la fin de sa journée de travail, avec la voiture louée, une Clio blanche, identifiée par de faux numéros ! Olga emmène alors sa dernière recette sans éveiller les soupçons. Puis, Ben récupère son véhicule, stationné près de chez son « pote » Sébastien. C’est une vieille 205 rouge, année quatre-vingt-cinq, qui cumule au compteur plus de trois cent cinquante mille kilomètres. Le jeune homme sait que l’embrayage, à bout de souffle, risque de les lâcher dans la nature.

    Ben démarre avec le plein de carburant. Une petite valise et quelques cartons ont pris place dans son coffre : ils contiennent des vêtements de rechange, pour une durée d’une dizaine de jours, mais aussi quelques sandwichs et de la boisson pour la route. Tous les deux quittent donc la région parisienne avec un avant-goût de liberté, sans dire un mot. La peur au ventre. Mais heureux !

    Arrivés en pleine campagne, un arrêt s’impose. Ils respirent une senteur de fraîcheur, une odeur peu commune de bien-être. Ils écoutent un petit bruit de crépitement de feuilles, sous un ciel étoilé. Au loin, ils entendent quelques cris d’animaux sauvages. Olga, encore en habits de travail, change de vêtements pour ne pas se faire remarquer. Elle range soigneusement le tout dans un petit carton, avec le « magot » à portée de main.

    La « nouvelle » Olga porte un jean, une chemisette blanche, un gilet de laine sombre, des chaussures noires à petits talons sentant l’odeur du cuir neuf. Tous ses vêtements sont neufs. Son nouveau sac à main aussi, discret, en toile noire, porte encore l’étiquette avec le prix…

    Les fugitifs n’ont pas faim. Ils n’ont pas soif. Rien ne peut satisfaire leurs estomacs remplis d’angoisse. Ils oscillent entre la joie d’avoir enfin brisé les chaînes qui les retenaient et la peur qu’on les rattrape à tout moment, et que le rêve s’écroule aussitôt.

    Après avoir passé Connerré, dans la Sarthe, et ainsi parcouru près de deux cent vingt kilomètres en direction de la Bretagne, ils aperçoivent, au loin, au bout d’une ligne droite, quelques signaux lumineux. Ce sont des gyrophares !

    Le stress de nos fuyards monte de plus en plus. Les gorges se nouent. Ils ne parlent toujours pas. Ben, dont le front perle, tente de garder son sang-froid et continue. Il aperçoit un croisement à la « Belle Inutile ». Il part sur la gauche, en direction du Breil sur Mérize, pour éviter éventuellement un contrôle. Les tourtereaux sont à présent perdus en pleine campagne. Ben tente de revenir sur l’axe défini dans son plan d’évasion : il traverse volontairement la route Le Mans / Saint-Calais. Il craint de se retrouver, malgré lui, happé par le « contrôle » s’il prend la direction du Mans.

    Autant d’efforts pour… rien. En effet, ce que Ben ne savait pas, c’est qu’il aurait pu passer devant les autorités sans inquiétude. Il s’agissait en réalité d’un accident de la circulation, à Saint Mars la Brière, et donc celui-ci nécessitait obligatoirement la présence des pompiers et de la gendarmerie.

    Ben et Olga se désespèrent intérieurement en roulant sur ces petites routes étroites et sinueuses. Ils sont perdus. Le jour commence à pointer lentement le bout de son nez. Les fugitifs avancent en se disant qu’ils vont bien finir par retrouver le chemin de leur destination. Soudain, un voyant s’allume ! Le témoin d’huile !… Le moteur usagé commence légèrement à cliqueter ! Il n’a pas l’habitude de faire autant de kilomètres d’une seule traite.

    Ben, pour se cacher de la route, prend un petit sentier dans la forêt de pins aux alentours. Arrivé dans une petite clairière, Ben décide de s’arrêter et de prononcer ses premiers mots depuis l’enlèvement consentant de « son otage », d’une voix plutôt tremblotante et manquant cruellement de souffle : « On va rester là toute la journée ! ». Il finit par ajouter avec un peu plus d’assurance : « Ici ! Dans les bois, on sera bien ! »

    « Dormons un peu ! », finit par proposer Olga.

    « D’accord », répond Ben. « Et ensuite, il faudra essayer de trouver un supermarché… Il faut acheter de quoi manger et un petit bidon d’huile pour le moteur ! J’espère vraiment que le moteur n’est pas fichu ! ».

    Mais le sommeil n’est pas au rendez-vous ce matin-là. Pas moyen de fermer l’œil pour ces deux jeunes anxieux, perdus dans la nature sarthoise. D’autant que les premiers rayons du soleil sont de plus en plus perçants. Olga sort de la voiture, afin de satisfaire ses petits besoins personnels. Elle découvre alors une végétation sauvage, dégageant toute la fraîcheur de la campagne, et une odeur agréable de résineux. Accompagnée par le chant matinal des oiseaux, elle parcourt une trentaine de mètres, les pieds perlés de la rosée fraîche du matin.

    En revenant, folle de joie, elle informe Ben de sa découverte : « Viens voir, j’ai vu une petite cabane ! ». Sur ces bonnes paroles, Olga accompagne au plus vite son compagnon de fuite vers la petite construction en bois. Cette dernière est sombre, le bois est recouvert de lichen et de lierre grimpant, cachant en partie une petite fenêtre. Des ronces entourent le petit cabanon. La porte ne possède plus de serrure. Personne, sans doute, ne vient plus dans cet endroit. Les fugitifs pénètrent à l’intérieur avec précaution : ils veillent à ne pas se blesser avec les ronces, des plantes de « bienvenue » en quelque sorte. Ben s’exclame, après un examen furtif des lieux : « Elle est abandonnée ! Il y a même un lit et un petit placard ! ».

    Le jeune homme propose sur le vif : « On peut rester là quelques jours, non ? Avec la voiture, pour le moment, pouvons-nous faire autrement ? »

    Olga répond aussitôt : « Pourquoi pas, on est bien ici ! On prendra les couvertures des sièges de la voiture. Je préfère dormir ici que dans le véhicule. Et puis, comme ça, tu répareras le moteur en prenant tout ton temps ! ».

    La jeune femme finit par ajouter, un soupçon de soulagement dans la voix : « Au moins, ici, on est tranquille ! ».

    Enfin et pour la première fois depuis le début de l’excursion, les visages se détendent. Les langues se délient. Le dialogue entre nos deux garnements commence.

    Un premier sourire, puis ils se serrent dans les bras l’un de l’autre. Ils s’embrassent. La prostitution, cette spirale de la honte, ce cauchemar dans lequel Olga évoluait telle une ombre en errance, semble désormais, et pour toujours, appartenir au passé. Une ère nouvelle s’annonce pour nos deux jeunes, perdus dans la campagne. Tous deux se laissent enivrer par un sentiment nouveau et savourent un bonheur difficile à expliquer. Comme s’ils étaient incapables de dessiner le bonheur mais auraient quand même dessiné quelque chose qui ressemble à ça. Certainement un goût de liberté retrouvée, une situation à la fois remplie de joie et d’incertitude… Le rêve d’une fée et de son prince charmant … Un instant unique et magique. Unique et indescriptible.

    Les tourtereaux décident de squatter cette petite bicoque, couverte de tôles rouillées, perdue au cœur d’un bois, près du Mans. Les circonstances leur offrent cette initiative.

    Le moteur du véhicule cliquète toujours ! Encore un peu d’essence ! Pas de soucis financiers pour le moment. Mais pour combien de temps ? Ben et Olga veulent un peu de repos et de quiétude avant de prendre une grande décision. Ils choisissent de faire de leur moral le meilleur des alliés et de prendre la vie comme elle vient. Ce matin-là, ils prennent leur petit déjeuner et savourent le goût de l’insouciance : un petit casse-croûte, beurre-fromage, accompagné de Coca.

    Ben dit avec un sourire moqueur, en regardant Olga dans les yeux : « Non ! Ce n’est pas un petit déjeuner de mon pays d’origine !!! »

    Olga répond sur le même ton : « Ni du mien non plus ! ». Elle ajoute : « Chez mes parents, souvent, c’était une grande tasse de thé d’origine chinoise, à la saveur très corsée, fumée avec un parfum d’agrumes, puis des tranches de darniski, ce pain de seigle très noir, garni de poisson fumé et de crème, et enfin un yaourt. Et les jours de fête, des blinis avec du miel. C’est une tradition de l’église orthodoxe. »

    « C’est quoi ça, les blinis ? », demande Ben naïvement.

    « Les Blinis… », répète Olga en cherchant comment expliquer simplement de quoi il s’agit. « Ça ressemble à une espèce de petit gâteau préparé à base d’une pâte à crêpe. On peut le consommer nature, ou tartiné de beurre, de miel, de confiture, de compote de pomme, de raisins secs… Ou encore accompagné de patate râpée, avec du lard, de la viande hachée cuite, du poulet cuit. Ou même avec des champignons hachés, du chou et des oignons… Je crois que les gens riches y mettent du caviar… »

    Olga avale une gorgée de Coca et poursuit son exposé : « Lors des veillées funestes, pour commémorer les morts, la famille du défunt sert des blinis avec une boisson fraîche ou un thé. Selon la tradition de l’Eglise orthodoxe, les fidèles cuisent les blinis en fin d’hiver, pour honorer la naissance du soleil. Tu sais, aujourd’hui, la célébration de cette tradition existe toujours. Je t’en ferai souvent des blinis, tu verras, tu aimeras ! ».

    Ben, la bouche pleine, se contente d’un sourire et d’un hochement de la tête pour seule réponse. Olga lui demande alors : « Et toi, tes petits déjeuners, ils ressemblent à quoi ? Du café, du pain, du beurre ? A la française ? ».

    « Oui ! », répond vivement Ben. « Quand maman le prépare. Mais le dimanche, avec papa, le petit déjeuner, c’est autre chose ! ». Les yeux du jeune homme s’illuminent quand il ajoute : « Une grande tasse de thé à la menthe, un jus d’orange frais, des dattes, du pain traditionnel trempé, soit d’huile d’olive, soit d’huile d’argan ou tartiné d’amlou, cette pâte à tartinée faîte d’une base d’amandes émondées, mixées avec de miel et de l’huile d’argan. Et puis des mlaouis, servis avec du beurre et du miel ! C’est un peu tes blinis en quelque sorte ! ».

    Olga est plutôt surprise : « Ton papa cuisine ? ».

    Ben éclate de rire : « Euh… Non ! Tu rigoles ! Il va les acheter à côté, dans le petit magasin spécialisé du Maghreb ! Je ne vois pas papa aux fourneaux !!! ».

    Olga rit à son tour.

    Ces instants passés à se nourrir réciproquement de souvenirs culinaires leur font beaucoup de bien : nerveusement, ils en avaient besoin.

    Ben et Olga s’approvisionnent en début de matinée, dans la supérette d’un petit village, à proximité de leur petite cabane. Ils achètent du « facile à consommer » : carottes et céleris râpés, jambon, rillettes, pâté, fromage, fruits, petites boîtes de gâteaux à grignoter, des jus de fruits, du vin, de l’eau… Et aussi du pain !

    Sans oublier des draps, pour leur lit de fortune !

    En quittant la supérette, une odeur agréable, provenant de la terrasse d’un bar, les invite à s’asseoir, afin de savourer un premier café, ensemble, le tout accompagné de croissants chauds.

    Les tourtereaux passent la matinée à contempler main dans la main, les vieilles maisons en pierre, en respirant l’air pur de la campagne. Au moment du premier repas, tout se passe bien. Enfin, presque, dirons-nous.

    Oui ! « Presque » est le mot approprié…

    Lors de leurs premiers achats, Ben et Olga avaient oublié le principal : couteaux, fourchettes, cuillères ! Pas facile de piocher dans le pot de rillettes sans couverts !

    C’est le fou rire garanti.

    Ils retourneront à la supérette dans l’après-midi…

    A un moment donné, Olga réagit, en voyant Ben, le pot de rillettes à la main, se dépatouiller pour essayer d’en attraper une partie du contenu : « Mais Ben, tu es musulman ! Normalement, tu ne devrais pas manger de porc ! ».

    La réponse de Ben rassure Olga : « C’est vrai ! Mais quand mes parents manquaient d’argent, j’avais faim, comme tous les membres de ma famille… Eh bien, nous mangions du cochon… Papa aussi… Pour se déculpabiliser, il disait toujours que son Dieu lui pardonnerait, puisqu’il vivait en France, avec une femme française… ». Ben ajoute aussitôt, la mine boudeuse : « Tu sais Olga, il faut que tu saches que pour tout ce qui touche à « la religion », je me sens pas trop concerné… ».

    Après cette conversation, Ben et Olga repartent à la petite supérette, notamment pour acheter quelques couverts. Cette première journée leur aura permis de prendre leurs repères. Primordial et pratique, ils trouvent même un petit coin d’eau pour la toilette. Tous les deux, le premier soir, apprécient leur premier véritable dîner ensemble et avec des couverts ! Olga se régale en découvrant le goût des rillettes, mais également le pâté de viande et le camembert bien à point, dont la saveur embaume le palais et aussi le nez ! Et pourquoi ne pas arroser l’évènement avec un bon verre de vin ? La bouteille est achetée… Mais… Pas de chance ! Il faut un tire-bouchon ! Et demain, c’est dimanche…

    La nuit tombée, allongés sur leur lit de fortune, Ben et Olga se projettent dans l’avenir ou plutôt essayent de se projeter dans l’avenir… Il leur est encore un peu difficile de faire fi des souvenirs douloureux pour envisager le futur sereinement. Les chaînes de leur sombre passé se sont brisées, mais ils ne se sentent pas encore suffisamment forts pour courir à pleines foulées… Dans la discussion, Ben, timidement mais avec beaucoup de tendresse, prend la main douce d’Olga. Pour la première fois, celle-ci l’enlace et se perd au bord de lui. Plus rien ne peut l’atteindre dans les bras de son bien-aimé : c’est une forteresse impénétrable. Le coffre-fort de ses espoirs au milieu de tous ses doutes et de toutes ses peurs. Une première nuit d’amour commence. Ben et Olga en savourent chaque instant.

    Les amants se réveillent de bonne heure. Ils commencent ce dimanche par un gros câlin. Après la toilette, ils grignotent quelques gâteaux secs puis décident d’aller à pieds, vers le centre-ville du Mans, pour un « p’tit dèj » : café-croissants ! La route est longue mais l’objectif en vaut la peine…

    Sur leur chemin, ils découvrent le circuit des 24H00, remarquent également le magasin « Carrefour » et le « Mac Do » juste à côté. Ils s’installent dans un café bar à Pontlieue, à côté du marché et y dégustent une grande tasse de café avec trois croissants chacun… L’amour, ça creuse ! Puis, ils se mélangent à la foule dans ce grand marché et se laissent bercer par le brouhaha des crieurs ainsi que la musique venue de partout. Quelques enfants jouent, courent et se faufilent entre les badauds, tout en criant.

    Des odeurs de poulet, dorant dans les rôtissoires, des saucisses, des grillades, des merguez sur de gigantesques barbecues enfument le marché et les quartiers alentours. Le soleil n’a pas manqué de savourer également cet instant. Le ciel est bleu, le temps idéal. Que de couleurs, avec toutes ces marchandises, ces vêtements, ces bâches recouvrant les stands, sans oublier le décor naturel des plantations !

    Olga interpelle soudain Ben : « Regarde, un tire-bouchon ! ».

    Tous deux profitent du lieu pour faire quelques petites emplettes : Olga achète des vêtements, une paire de chaussures de rechange…

    Jusqu’à maintenant, elle ne se contentait que du minimum.

    Le midi, Ben et Olga goûtent un repas chaud, chez « Mac Do » : hamburger-frites avec une bonne bière ! Surprenant ! Olga aime la bière ! Et puis, tel un péché de gourmandise, en dessert, elle savoure trois boules de glace : chocolat, vanille et fraise ! Classique, mais tellement bon.

    Les amoureux continuent de se promener tout l’après-midi avec leurs achats. Sur la route du retour, Ben fait

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