Le dernier baiser de Léa
Par Yves Havet
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Aperçu du livre
Le dernier baiser de Léa - Yves Havet
Le Dernier Baiser
de Léa
Yves Havet
Le Dernier Baiser
de Léa
LES ÉDITIONS DU NET
22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2014
ISBN : 978-2-312-03346-4
Avant-Propos
Deux personnes sont assassinées dans des circonstances inattendues.
Clara, la femme de Julien. Francis, son gendre.
Julien Letellier se trouve à la fin de sa vie. Il a décidé de la date de sa mort. C’est un être pervers narcissique. Dans ses pensées, il revoit sa vie dissolue.
Sa fille Amélie compte beaucoup pour lui, il n’a pas su l’aimer comme un père.
Il y a Léa ! Sa petite-fille…
Allant au bout de sa seule logique, Julien va se surprendre en offrant à sa fille la possibilité de le suivre sur un chemin criminel qu’il n’avait pas prévu. Les photos jaunies du passé de Julien rejaillissent au moment opportun pour l’aider à s’amuser des derniers jours de sa vie.
Chapitre 1
Cet accident allait me faire revivre ce que j’avais vécu dans ce passé si présent dans ma mémoire.
L’appel téléphonique de cette nuit de ma petite fille Léa m’angoissait à mon réveil.
Léa s’en trouvait très bouleversée. Ne sachant plus ce qu’elle se devait de faire pour ce Théo Decorde qui lui avait servi un temps de mari. Il venait d’avoir un accident de voiture très grave la veille au soir.
Je n’en savais pas plus.
Un appel bref de sa part en larmes pour m’annoncer cette nouvelle étonnant, surtout pour ce gredin.
Je n’étais pas parvenu à retrouver le sommeil. La nuit m’avait parue longue. Bien plus, il est vrai, qu’à cause de mes douleurs qu’à l’annonce de cet accident qui me fit faire un pâle sourire dans ma pensée, rien qu’à l’idée des blessures qu’il devait combattre pour essayer de conserver sa pauvre petite vie. De toute façon à mon avis, celle-ci se trouvait bien morose. S’il décédait cet « animal » sans aucune éducation, ça allait être considéré comme un bienfait par son entourage, surtout par moi qui le détestais.
Nos relations à ma petite fille et moi n’étaient plus au beau fixe. Depuis sa rencontre avec ce jeune homme un semblant de tiédeur s’était installé entre nous. Certes, il restait un beau parleur pour ceux qui l’écoutaient, sachant parfaitement bien manier la langue française. Par l’initiation de phrases longues qu’il avait du apprendre par cœur à l’école des abrutis, il croyait en son pouvoir de séduction, n’espérant qu’une chose me dominer vu mon âge avancé. Je me dois de me l’avouer, au début de nos relations professionnelles je m’étais laissé prendre à son jeu de dupe, du à une séduction inné chez lui. L’écoutant, pour moderniser mon entreprise, j’avais cru deviner un temps chez cet homme un certain talent d’intelligence pour diriger une entreprise. Mal m’en fut de l’écouter. Ce qui fut au fil des années une vraie catastrophe.
Parler sans cesse pour ce Théo Decorde n’était pas agir dans l’intérêt pour ramener des nouveaux clients. Non, il ne le faisait que pour s’écouter. Au fond, il s’aimait, il se complaisait à lui-même, néanmoins il avait un corps à assouvir. C’est bien ce qui plaira à ma petite Léa.
Comme elle vivait seule dans son appartement, elle venait tous les jours me voir à mon bureau, d’un bonjour avec retenu avec une main à peine tendue, les deux jeunes étaient passés rapidement à une bise furtive sur la joue pour mieux m’endormir sur leurs futures relations.
J’avais laissé faire ce petit jeu en rigolant en douce, connaissant bien ma Léa. Espérant qu’il n’était qu’un de ses amants de plus à son tableau de chasse déjà bien rempli, d’un très bref passage dans son lit. Rien que pour le plaisir du corps, je pensais… à tort…
Hélas pour moi, ce ne fut pas le cas. Il m’avait fallu le supporter. Tout au moins au début de cette nouvelle inattendue pour moi, Léa en était follement amoureuse me disait-elle.
Les semaines suivantes avaient fait que d’un restaurant en une soirée dansante, Léa me parlait de son Théo avec dans le ton de sa voix une réelle attirance pour ce jeune homme trop bien lisse sous toutes ses formes. Il savait très bien ce qu’il voulait de notre famille.
Obtenir de ma petite fille, d’abord son corps, cela ne fût pas le plus difficile. Puis l’argent que j’avais amassé par le travail pensant qu’elle était ma seule héritière. Nos affrontements verbaux quotidiens à ce sujet nous avaient éloigné l’un de l’autre.
Léa était une jeune femme sensible qui pensait enfin avoir rencontré le prince charmant. L’amour de sa vie disait-elle à qui voulait bien l’entendre. Pour ceux comme moi qui n’était pas sourds.
Quelle belle connerie de croire à ce sentiment qui s’amenuise avec le temps. L’amour charnel, ça c’est du vrai.
Le reste n’est que du « blabla » pour des rêveries d’adolescentes qui veulent connaitre le petit truc de l’homme viril en utilisant ses doigts en attendant de le sentir.
Léa hurlait : Il m’aime grand-père !
Combien de fois avais-je entendu de la bouche de ma Léa cette phrase idiote : Grand-père, Théo est honnête avec moi !
Ma petite-fille se trouvait sur son petit nuage à cette période de sa vie. Nos relations s’étaient dégradées à cause de ce sentiment fort, cette attirance que Léa ressentait pour son Théo.
Combien de fois m’avait-elle dit : Tu es jaloux grand-père !
Peut-être avait-elle raison. Je me faisais vieux, un brin déconnecté de cette vie qui s’éloignait de mon corps.
Des doutes sur la sincérité de son Théo d’amour me préoccupaient néanmoins.
Mes nombreuses colères « furieuses » n’avaient pas portées ses fruits auprès d’elle, enflammée par l’amour de sa vie à cet instant. Léa restait sourde à mes doutes. Je ne lui parlais plus, je lui hurlais ma déconvenue à l’égard de cet homme bien trop souriant à mon gout, qu’il me fallait supporter à l’entreprise tous les jours.
Avant cette rencontre avec ce Théo, je n’étais pas un être attrapade, loin de mon idée, je ne désirais que le bonheur de ma Léa. Ce personnage hautain qu’elle s’était emmourachée ne me convenait pas.
– Léa, il n’est qu’un petit arriviste qui a séduit la fille du patron. Il ne fait que de s’amuser avec toi, espérant que je vais lui céder mes biens parce que tu es ma fille. Il se trompe, il n’aura rien de ma part. Je ne veux pas de lui comme fils. Il n’y a que l’argent qui l’intéresse. Surtout celui des autres. Incapable d’en gagner par lui-même. Ma fille, il te faut te ressaisir, des hommes ce n’est pas ce qui manque autour de toi.
– Petite-fille grand-père. Je ne suis pas ta fille ! Tu ne comprends plus rien à l’amour. Je préfère te laisser seul avec tes vieux souvenirs. Le temps de l’épouser. Nous en reparlerons dans quelques années, si tu finis par admettre que tu avais tort grand-père. Refuser de venir à notre mariage, c’est un comble ! Tout ça pour me gâcher mon nouveau bonheur. Ta jalousie va te perdre. A oui, j’oubliais grand-père, ton argent. Cette proie grasse que tu ne veux pas partager. Et bien, garde ta fortune ! Moi grand-père, j’ai mon Théo comme richesse !
Rarement, je n’avais vécu autant de colère contre moi.
Léa était partie ce jour là décontenancée de mon comportement négatif, vis-à-vis de son Théo d’amour qui portait si mal la cravate. Quelques heures plus tard, je l’avais appelée sur son portable pour revenir sur ma décision, pour m’excuser de mon emportement stupide. Cette façon d’agir de ma part se trouvait être très rare dans mon caractère. M’excuser c’était bien la première fois de ma longue vie que je le faisais aussi sincèrement. J’avais une raison importante à mes yeux pour agir avec cette douceur inhabituelle, je ne voulais surtout pas me brouiller avec ma petite-fille. Je désirais avant tout, son dernier baiser avant le grand saut vers l’inconnu.
– Je vais venir à votre mariage Léa, je ne le fais que pour toi.
– Merci grand-père. Tu verras Théo n’est pas ce que tu penses, il est fou amoureux de moi. Il fait tout pour que je sois heureuse !
– Si c’est vrai Léa, pour moi c’est l’essentiel de te savoir en plein bonheur. Il vous suffit de me donner un petit-fils, à ce moment là, peut-être que…
– Et si c’est une fille grand-père.
– Encore une fille à élever !
Lui avais-je répondu en rigolant.
Léa heureuse de mon changement d’attitude était partie d’un rire joyeux qui résonnait encore à mes oreilles ce matin de cette mauvaise nouvelle pour ce Théo.
Cet accident allait certainement me ramener ma petite Léa, elle n’avait que moi comme famille. Elle ne m’avait pourtant pas annoncé le décès de son imbécile de mari.
– Grand-père, Théo est gravement blessé. Il est dans le coma.
Pas une seule explication supplémentaire, ma petite-fille avait raccroché.
J’étais resté un long moment assis sur le bord de mon lit, je ne savais pas ce qu’il me fallait penser de cet accident.
Théo allait-il s’en sortir ?
Mon souhait se trouvait dans l’attente de la venue de ma Léa.
Ce prétentieux qui disait à qui voulait bien l’écouter qu’il savait tout à mon sujet.
Au fond, qu’avait-il comprit ce petit arriviste de second plan.
Rien… Peut-être que si…
Que savait-il vraiment de ma vie ce vantard.
Facile de vouloir détruire une bonne réputation sur des idées fausses. Calomnier, chez Théo ça représentait « un art » de la connerie la plus infecte.
M’accuser, c’était uniquement sur des ragots sans fondements. C’était prendre le risque de perdre sa Léa qu’il avait soudoyé à mes dépends.
Le jour de ce fameux mariage insolite je l’avais embrassé comme s’il pouvait devenir un jour mon fils pour ne donner que le change afin que cette journée reste particulière dans les souvenirs de ma petite-fille.
Théo, très étonné de cette effusion particulière à son égard m’avait aussitôt remis à ma place, celle d’un être infréquentable en élevant le ton de sa voix afin que les convives puissent entendre ce qu’il avait sur le cœur envers ma personne. Ce sentiment malsain que pouvait représenter la haine qui germait comme une plante malade dans son pauvre cerveau abimé par l’alcool qu’il ingurgitait de façon rapide comme de l’eau plate à toute heure de la journée.
Ce jour là, il me répondit :
– C’est pour mieux m’abattre comme un chien malade cet élan de tendresse de votre part Julien. A notre retour de ce voyage de noces imbriqué par votre Léa d’amour, il me faudra faire attention à ma santé. Ma position dans votre entreprise va devenir intenable sous vos ordres. Déjà, que…
– Je viens de vendre mon entreprise, il n’y a plus d’entreprise Letellier. À votre retour mes enfants, mon bureau sera occupé par l’un de nos concurrents, à qui je viens de vendre toutes mes parts sociales. Les postes actuels seront tous conservés, même le tien Théo. À condition bien sur, qu’il finisse par devenir rentable. Ce qui n’est pas le cas actuellement. Le repreneur s’engage sur les ouvriers, et non sur l’encadrement. Ce sera à toi de savoir bien te vendre auprès de lui. Il ne veut que des bons pour gagner des nouveaux clients. Les autres, ils leurs offrent trois mois de travail avant une longue période de chômage.
J’étais heureux de lui avoir cloué le bec.
Théo était devenu aussi blanc ce jour là que la robe magnifique que portait Léa. Il n’avait pas ajouté un seul mot, connaissant la situation financière difficile de mon entreprise. Le soir au repas au moment de trinquer son verre avec moi, il s’arrangeât pour m’éviter, ce qui me fit dire à Léa :
– Ton mari n’apprécie pas cette vente. Il m’évite…
– Il savait que tu allais décrocher, tu es malade grand-père. Tu as besoin de repos. Seulement, Théo est déçu. Il espérait pour moi que tu allais finir par changer d’avis. Me passer le flambeau, comme la plupart des entrepreneurs le font. Je sais grand-père que la caisse vide ne fait pas la paie des ouvriers. Théo est conscient aujourd’hui que tu n’avais pas un autre choix que celui de vendre. Il espérait tout de même à un peu plus d’égards de ta part. Il se voyait déjà le numéro un de l’entreprise Letellier.
– Je ne pouvais pas lui vendre. Ton mari sait bien, qu’il n’a pas l’argent pour me payer mes parts. Notre banque nous fait défaut. Elle a refusé nos investissements à cause de nos deux derniers bilans qui sont négatifs. Dois-je lui rappeler à ce technocrate que ses idées étaient loin d’être rentables pour qu’il comprenne enfin que ma richesse ne lui reviendra pas. D’ailleurs, tu vas recevoir mon dernier testament, mon notaire l’a rédigé hier à ma demande. Tu vas à ton retour de votre voyage en recevoir une copie qui te mettra à l’abri de tout. Surtout de ton mari ma chérie.
– Grand-père, je travaille. En plus de mon salaire, tu me verses une rente mensuelle. Ça me suffit pour bien vivre
– Après le désert, je vais vous laisser vous amuser, la musique fait trop de bruit pour mes vieilles oreilles.
– Nous allons te raccompagner, ce n’est pas très loin. Théo conduira ta voiture. La nuit, tu ne vois plus très bien la route, il pleut grand-père.
– Mariage pluvieux, mariage heureux. Laisse le tranquille. Théo ne sera plus capable de tenir un volant s’il continue à boire autant. Je me sens tout de même capable ma petite chérie de faire ces quelques kilomètres. Ton mari boit beaucoup trop. Ta nuit de noces sera pour toi un mauvais souvenir s’il ne ralentit pas à lever son verre pour trinquer à votre futur bonheur. Ton choix ma chérie me semble ne pas être le bon. L’avenir nous dira qui de nous deux avait raison sur ce Théo Décorde. Espérons que son attitude de ce soir ne soit liée qu’à l’alcool qu’il a bu sans modération. Je me sens exténué. Amuse-toi bien, c’est de ton âge ma Léa.
C’est bien ce que j’avais fait un quart d’heure plus tard. Juste après la présentation de la pièce montée garnie de petits choux à la crème. Je m’en étais allé tranquillement sans son Théo qui commençait sérieusement à tituber. Surtout à divaguer sur ce qu’il ne savait pas. Il croyait tout savoir. Il ne parlait plus, il hurlait à l’intention de sa femme qui rigolait.
Léa devait être un peu pompette, peu habituer à boire de l’alcool fort. Le whisky avait coulé à flot sans discontinu dans ce mariage bien singulier. Sa voix à lui portait haut, Léa entre ses rires et ses larmes ne savaient plus comment réagir. Théo s’enflammait en me fixant droit dans les yeux. Ce pauvre crétin prenait le risque de gâcher la fin de la nuit de ma petite-fille, même d’y perdre sa vie à me chatouiller un peu trop les oreilles. Sa chance s’appelait Léa, sinon… Ses propos étaient toujours les mêmes :
– Demande lui ce qu’il a fait de ta mère, surtout Léa n’oublie pas ton père. Léa mon amour, regarde le grand homme préfère s’en aller. Il recule devant l’adversaire ! A-t-il peur de son passé. Un jour prochain la justice passera, il lui faudra bien qu’il s’explique sur la mort de son gendre et de sa femme.
Sans prendre la peine de lui répondre, j’avais préféré être sourd en reprenant mon véhicule. Préférant oublier ce vaniteux.
Mon pas lent pour sortir de ce restaurant faisait taire les invités à cette lugubre mascarade d’amour.
Comment ma petite Léa avait-elle pu s’emmourachée de ce Théo qui se montrait autant abjecte vis-à-vis de moi. Sa chance, pourtant il l’avait eu dans mon entreprise, seulement son comportement ne convenait pas aux employés qu’il ne respectait pas. Qu’avait-il pu bien comprendre cet imbécile que Léa venait d’épouser. Rien, non rien, ce n’était pas possible. Moi-même j’avais souhaité devenir amnésique de cette période difficile de ma vie… Pourtant, Il y avait près de trente ans, Léa avait trois mois… Quel grand bonheur ce bébé qu’il m’avait fallu faire grandir.
Je me souvenais de ce drame affreux.
L’expliquer, mais, à qui… Peut-être un jour, de toute façon, pas à ce Théo Decorde. Pas à un intrus de son espèce.
Il n’était rien pour moi, seulement un homme ordinaire sans aucun panache, qui parlait beaucoup trop pour ne rien dire d’intéressant, même la police ne s’arrêtait pas à ce qu’il disait. Dans deux ans de toute façon il y aura prescription. Il ne restera plus rien, même toi ma Clara que j’avais tant aimé au début de notre relation. Un peu comme ma Léa avec son Théo. Ce sentiment avec le temps s’était estompé, puis avait disparu très vite de nos relations quotidiennes
Attendre, attendre quoi… Un miracle de qui, de quoi, même pas, surtout pas. C’était trop tôt…
Maintenant pour moi, c’était trop tard. La nuit noire était venue dans mes pensées depuis si longtemps.
Théo, ce qu’il voulait c’était de l’argent, vivre une grande vie, boire, manger comme un porc. Descendre dans mon passé à quoi cela pouvait bien lui servir si ce n’était cette somme d’argent que je venais de refuser à ma petite-fille. Furieux, il l’avait été. Il m’en faisait payer le prix auprès du seul être que j’aimais, à part « mon gros chagrin » qui me manquait à chaque seconde de ma vie.
Je veux écrire ma fille me manquait tous les jours depuis ce drame affreux.
Mon enfant unique est si prêt de moi, pourtant, si loin de moi dans ses pensées. Amélie est restée sourde, et surtout aveugle à ma souffrance.
M’a-t-elle regardé une seule fois comme un père…
L’avais-je regardé comme mon enfant…
Mes doutes étaient fondés, le temps avait « assassiné » nos relations. Puis, ce drame inattendu…
Un soir, un appel téléphonique allait faire tout basculer de ma vie d’homme, sur de lui.
J’allais me retrouver seul à élever ma petite fille Léa. Amélie a chuté définitivement dans l’horreur d’être devenue un vrai loup pour ceux qui l’entoure. Cette bête sauvage mord même ceux qu’elle aime. Que pouvais-je bien y faire… L’aimer, c’était lui pardonner. Ce qu’au fond j’avais fini par faire dans mon cœur. En acceptant ce quelle avait fait de terrible.
Mon café eut un goût amer le matin de l’accident de ce Théo.
Léa pleurait à petites larmes son mari, au fond, quoi de plus normal pour un être sensible. Sauf qu’elle ne l’aimait plus depuis des mois, leur séparation avait couté à ma Léa le prix d’une belle voiture décapotable. Cet accident me faisait faire une grimace. Je ne souhaitais tout de même pas le décès de ce Théo Decorde. L’appel bref de Léa avait été vague sur le coup de son émotion, surtout bien trop court pour y comprendre quoi que ce soit. Sa voix en sanglots m’avait fait comprendre un mot sur trois. Accident certainement stupide à l’image de l’homme qu’il était. Je me doutais que ma petite-fille allait venir pour me l’expliquer. Je me fichais totalement des détails.
Cet accident devait être certainement lié à l’alcool et à la vitesse de son véhicule. Je me sentais furieux, ce Théo allait m’obliger à faire des efforts. Aller le voir à l’hôpital me semblait au dessus de mes forces. Me déplacer me devenait difficile. J’y parvenais néanmoins par l’appui que j’exerçais sur une cane. Cet exercice physique me fatiguait. Les années devenaient difficiles à vivre. Il était temps pour moi de prendre une décision importante. Quitter ce monde m’obligeait à prendre certaines dispositions difficiles. L’annonce de ma maladie par mon docteur traitant ne m’avait pas fait souffrir moralement, je savais que j’étais mortel comme tous les êtres humains.
Ce qui me chagrinait c’était de la laisser toute seule dans ce monde qu’elle n’avait pas su comprendre. M’avait-elle vu la dernière fois que je suis allé à sa rencontre dans cet hôpital psychiatrique, j’en doutais fortement.
Quand j’ai voulu lui parler de ma maladie, elle s’est mise à rire en me disant : « De toute façon, il suffit de te regarder pour voir que tu n’es plus rien. Il y a longtemps que tu es mort. »
J’étais reparti triste de ces propos. Ma fille Amélie n’avait pourtant pas tout à fait tort, j’avais beaucoup maigri ces dernières semaines. J’avais honte de mon état physique. Ce que je refusais, c’était le regard des autres, celui de mes voisins, ou de mes anciens collaborateurs, pire celui de mes anciennes collaboratrices. Je ne souhaitais plus les rencontrer. Ils s’attendrissaient trop facilement pour qu’ils soient vraiment honnêtes avec moi. Jamais, mes voisins n’étaient parvenus à rentrer chez moi, ce qui avait aiguisé leur curiosité au fil des années. Même pas sur le perron de cette grande demeure ancienne que nous avions acheté pour cacher notre amour. Ils cherchaient la plus petite excuse pour s’y introduire.
Quand le portail se trouvait être ouvert, parfois par provocation de ma part. Derrière le rideau de ma porte-fenêtre, j’attendais en souriant cette réaction de leur part du à une curiosité malsaine. Dans les deux minutes suivantes, ils arrivaient tous les deux se tenant par la main comme des amoureux de vingt ans pour me signaler mon oubli, les yeux ouverts, regardant à droite comme à gauche avec un sourire approprié à leur grosse bêtise intellectuelle.
En pensant à mes voisins, je revoyais dans ma pensée Clara qui me parlait.
– Cette belle maison qu’il faut m’acheter Julien pour me prouver ton amour. Je m’y sens si bien dedans mon chéri. Notre bébé est d’accord, il remue dans mon ventre son approbation.
– S’il est d’accord, je n’ai plus qu’à te dire oui ma chérie.
Nous avions fait cette acquisition comme des millions d’adultes qui s’aiment au début de leur mariage en ne souhaitant que ce soit pour nous la maison d’un bonheur que nous allions écrire tous les deux à chaque seconde de notre vie. Nous nous refusions ce droit de « couler » comme beaucoup trop de couples. Nous avions tant espéré ce soleil brulant d’amour entre nous s’était peu à peu éloigné de nos relations amoureuses sans que nous puissions nous en apercevoir, tout au moins au début de notre histoire.
Celui-ci, ce grand bonheur allait-il durer un an, dix ans, toute notre vie, nous ne le savions pas. Nous l’avions pourtant tant souhaité au début de notre relation pour notre bébé.
Après la naissance d’Amélie, nous avions fait d’un accord commun en quelque sorte d’être des faux amoureux pour les autres. Cette situation allait bien fonctionner pendant quelques années. Amélie était née trois mois après notre installation dans cette grande maison bourgeoise.
Nos premières années furent la construction d’un amour qui paraissait indestructible aux yeux de notre entourage, cependant restreint. Je faisais vivre ma petite famille en dirigeant une entreprise de fabrication de meubles qui marchait plutôt bien. Puis trois années d’investissements m’avaient donné une très belle fortune grâce à des contrats importants. Ce qui m’avait apporté un immense plaisir d’offrir à mes deux amours ce qu’elles désiraient. Longtemps sincère, puis une certaine forme de désillusion m’avait embarqué sur d’autres quais du plaisir pour mon corps. J’étais à cette période le coupable idéal de l’extase des saveurs du corps. Si l’argent n’apporte pas vraiment le bonheur, il m’avait servi à combler le vide qui au fil des années s’était installé entre Clara et moi. Surtout après la naissance de notre fille. La faute de la vie qui passe trop vite, peut-être, je ne sais plus. Il est trop tard de toute façon. L’ennuie, mes nombreuses rencontres. Un jour, sans le vouloir, j’ai définitivement oublié Clara.
J’attendais la visite de Léa en pensant à mon passé qui avait été plein de bouleversements, pour ne pas parler des tempêtes que j’étais parvenu à très bien contrôler grâce à mon intelligence, et à ma ruse permanente.
Le coup de sonnette à la porte d’entrée ressemblait à celui de Léa. Elle avait du oublier ses clés dans la précipitation de cette mauvaise nouvelle concernant son mari.
De la salle de bains, je lui criais : J’arrive Léa, je m’habille.
Les deux ombres derrière la porte m’indiquèrent que ce n’était pas ma petite-fille. Il me fallait me méfier. J’avais en horreur d’être importuné par des inconnus.
Ils allaient me quémander de L’argent, comme à chaque fois que j’ouvrais ma porte d’entrée.
– C’est pourquoi messieurs ?
– Nous devons nous entretenir avec vous pour quelques questions monsieur Letellier. Commissaire de police Caron, mon adjoint l’inspecteur Petit.
– Entrez messieurs, j’attends la venue de ma petite-fille. Son mari a eu hier soir un accident de la circulation. Je n’en sais pas plus. Ma petite-fille Léa doit être triste, elle tenait beaucoup à son Théo messieurs.
Il ne m’était pas nécessaire de parler à ces inconnus de la séparation annoncée du couple qu’ils formaient aux yeux de tous.
– Nous venons d’apprendre que monsieur Decorde est décédé vers huit heures ce matin. Le hasard monsieur Letellier veut…
– Excusez moi de vous interrompre monsieur le commissaire, pour une mauvaise nouvelle nous serions mieux au salon que dans cette entrée pour discuter. Vous ne trouvez pas.
Je jaugeais ces deux hommes assez jeunes, tout en baissant volontairement mes yeux pour ne pas à avoir à me réjouir de cette nouvelle, qui au fond pour moi en était une très bonne. Théo était mort. Enfin débarrassé d’un intrus.
Ma petite-fille de nouveau allait m’appartenir comme autrefois.
Le commissaire sur son visage on ne pouvait rien y lire, si ce n’était que dans ses yeux se dégageait une petite sympathie vu mon grand âge. Venir chez moi avec une grosse enveloppe dans ses mains ne m’inspira rien de bien méchant, pourtant…
– Monsieur Letellier, notre visite ce matin chez vous n’est pas pour cette mauvaise nouvelle. Votre gendre était visiblement ivre au moment de son accident. La prise de sang nous le confirmera dans les prochaines heures. Notre venue concerne cette enveloppe que nous avons reçue au commissariat ce matin. Nous aimerions que vous y jetiez un œil, si vous permettez que je m’exprime de cette façon, pour nous éclairer sur ces accusations, n’apportant néanmoins pas la preuve d’une quelconque culpabilité vous concernant. Ce courrier est signé, vous connaissez très bien le nom de son auteur. Dommage pour lui, il ne pourra plus s’expliquer sur cet envoi au commissariat. Il est décédé ce matin.
Dans l’enveloppe une longue lettre avec pour signature Théo Decorde qui avait mené une enquête sur mon passé. Quatre pages qui n’aboutissaient strictement à rien.
Néanmoins, il avait réussi parfois à me faire douter de sa capacité à tout bien comprendre. Tout ce blabla d’écriture devenait inutile, d’un style de puérilité qui ne ressemblait pas à ce jeune homme que ma Léa avait aimé un temps, celui de l’amour. En fait pour ma petite-fille, cet épisode du corps n’avait duré qu’une seule saison.
Les disputes quotidiennes entre eux se trouvaient entre le sel, le poivre et le piment. Sans attraits pour une bonne mayonnaise du sexe qui était redescendue aussi vite que son sexe en action. Ce prétentieux se vanter autour de lui de donner l’extase à ma Léa.
Je réfléchissais à cette nouvelle situation. Théo venait enfin de se tuer dans la voiture de luxe que Léa lui avait acheté pour qu’il s’éloigne au plus vite du domicile conjugale. Ce qui était chose faite ce matin.
Une voiture ressemble tant à un cercueil qu’hier en fin d’après-midi Théo avait semble-t-il oublié ce détail, en buvant jusqu’à plus soif. Bien sur, son gros défaut n’était pas qu’il se trouvait être un alcoolique, c’est qu’il n’aimait pas l’eau. L’apéritif des onze heures le rendait plus hargneux, parfois même violent dans ses propos. Je le laissais s’amuser à mes dépens, sachant qu’il allait finir par être ce qu’il avait toujours été un perdant.
Sa devise verbale pour sa défense face à Léa restait la même :
– Tu as vu quand j’ai bu ma chérie, mais pas quand j’ai soif.
– Messieurs, mon café doit être encore chaud, vous en désirez peut-être une tasse ?
– Monsieur Letellier ce n’est pas de refus. Nous parlerons ensuite…
– De cette infâme lettre, écrite par un ambitieux. Que vous dire messieurs de plus, si ce n’est que le mari de ma petite-fille se comportait avec moi comme un voyou. Il m’avait déjà pris ma petite- fille, il voulait me prendre mon argent. Il est vrai que je n’appréciais pas ses méthodes, il me narguait constamment, qu’auriez-vous pensé à ma place. Ce courrier est pour moi sans aucune valeur. Celui qui a osé l’écrire est mort. Théo Decorde messieurs n’existe plus, paix à son âme.
Les deux hommes s’étaient regardés avec un petit air jovial, presque heureux de ma sollicitude envers eux. Ils se trouvaient chez monsieur Letellier, et au salon. Ils pourront dire combien je m’étais montré sympathique auprès de leur hiérarchie.
Ce qui allait ce matin de ce drame me donner l’avantage pour converser avec ces deux policiers va être mes propres réactions positives face à la mauvaise réputation du mari de Léa. Il était fort connu Théo pour ses frasques de sa vie dissolue chez les policiers pour l’avoir arrêté en état d’ébriété de nombreuses fois. Sa chanson tous la connaissaient, même et surtout en public. Théo utilisait facilement ses vieilles flétrissures à mon égard.
Tous savaient combien l’argent nous opposait. Léa payait des avocats, des amendes pour essayer de le faire taire. Cela ne suffisait pas, il continuait malgré tout à vouloir prendre le dessus sur moi, pour s’accaparer ma fortune.
L’encadrement comme les ouvriers chez eux le soir, devaient se moquer de nos querelles quotidiennes, nous leurs donnions du grain à moudre pour des soirées dans l’ivresse du rire. Nos éclats devenaient une ritournelle à une seule voix pour un maître chanteur sans envergure que Théo représentait aux établissements Letellier. Jamais il n’allait pouvoir
