Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

La hargne au ventre: Un roman noir
La hargne au ventre: Un roman noir
La hargne au ventre: Un roman noir
Livre électronique143 pages1 heure

La hargne au ventre: Un roman noir

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

La vengeance est un plat qui se mange froid... 

Antoine Loreux, septante-cinq ans, vient de faire dix mois de préventive et ça lui a mis « la hargne au ventre » car il était innocent et n’a dû son inculpation qu’à la coalition des villageois de Chantemerle, qui voyaient en lui un coupable évident. Il sait bien, lui, qu’il n’a pas tué sa femme, qu’on a trouvée la tête la première dans le puits de son jardin. Il n’en a pas été triste, car il ne l’aimait plus depuis longtemps, cette femme qui se plaignait tout le temps et se présentait comme une victime. Il faut dire qu’il ne la ménageait pas, qu’il la considérait comme « un meuble qui bouge », qu’il la violait au besoin et la battait plus souvent qu’à son tour. Elle s’est suicidée, parce qu’elle n’attendait plus rien de la vie, ou alors, comme il n’est pas loin de le penser, pour lui jouer un sale tour car il était évident qu’on lui ferait porter le chapeau. Jusqu’où peut aller la haine conjugale…
Voilà donc Loreux de retour chez lui avec la ferme intention de se venger de tous ceux qui l’ont dénoncé et chargé. Il a d'ailleurs soigneusement établi la liste et l’ordre de ses vengeances...

Un roman noir riche en rebondissements ! 

À PROPOS DE L'AUTEUR

Michel Loquy, auteur belge, est né au coeur de l’Ardenne, à Bouillon. Professeur de français, il enseigne d’abord au Congo (belge, à l’époque) puis à Bruxelles pendant 37 ans. Il publie un cours programmé d’orthographe (Orthodidac) sous la forme d’un CD-rom. Homme de théâtre, il est auteur dramatique (vingt-trois pièces à son actif), metteur en scène et comédien. Actuellement, il partage sa bienheureuse retraite entre l’écriture (contes, romans policiers, pièces de théâtre), la radio, le jardinage et la pêche. Il est l'auteur de la Tétralogie policière bouillonnaise, de la pièce de théâtre Le Rêve de Rose, Les Termites en col blanc et Le Fils des quatre saisons édités aux éditions Memory.

EXTRAIT

Il s’est levé à sept heures, comme il le fait tous les jours. Ou plutôt il s’est arraché à ses draps car c’est une des petites joies de sa journée de se pelotonner dans la chaleur du lit.

Il se demande quelquefois pourquoi il se lève si tôt. Il a si peu de choses à faire pendant les jours d’hiver. Il ouvre les volets. On est le vingt-quatre février. Il a gelé la nuit. Du blanc balafre le toit d’en face. Au-dessus, un ciel noir piqueté d’étoiles.

Chantemerle sort lentement de son engourdissement nocturne, un village de cinq cents habitants blottis autour du clocher de l’église avec une ferme sur chaque point cardinal : celle de Vasart à l’est, de Montesquiou au nord, la plus grosse des quatre, celle des Flamands à l’ouest et celle du Baronnet au sud. Un seul magasin en face de l’église, le bistrot à l’entrée du village vers Florensart, la plupart des maisons, coquettes, en pierre jaune sable du pays. Une gare désaffectée, une maison de village où on peut jouer aux quilles, un hospice où, pendant les beaux jours, des pensionnaires chauffent leurs vieux os en silence sur un banc contre la façade. Tout cela propret, fleuri à la bonne saison, rarement enneigé l’hiver, un village où il fait bon vivre.
LangueFrançais
ÉditeurMemory
Date de sortie4 mars 2015
ISBN9782874132445
La hargne au ventre: Un roman noir

Lié à La hargne au ventre

Livres électroniques liés

Fiction littéraire pour vous

Voir plus

Articles associés

Avis sur La hargne au ventre

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    La hargne au ventre - Michel Loquy

    Chapitre I

    Il s’est levé à sept heures, comme il le fait tous les jours. Ou plutôt il s’est arraché à ses draps car c’est une des petites joies de sa journée de se pelotonner dans la chaleur du lit.

    Il se demande quelquefois pourquoi il se lève si tôt. Il a si peu de choses à faire pendant les jours d’hiver. Il ouvre les volets. On est le vingt-quatre février. Il a gelé la nuit. Du blanc balafre le toit d’en face. Au-dessus, un ciel noir piqueté d’étoiles.

    Chantemerle sort lentement de son engourdissement nocturne, un village de cinq cents habitants blottis autour du clocher de l’église avec une ferme sur chaque point cardinal : celle de Vasart à l’est, de Montesquiou au nord, la plus grosse des quatre, celle des Flamands à l’ouest et celle du Baronnet au sud. Un seul magasin en face de l’église, le bistrot à l’entrée du village vers Florensart, la plupart des maisons, coquettes, en pierre jaune sable du pays. Une gare désaffectée, une maison de village où on peut jouer aux quilles, un hospice où, pendant les beaux jours, des pensionnaires chauffent leurs vieux os en silence sur un banc contre la façade. Tout cela propret, fleuri à la bonne saison, rarement enneigé l’hiver, un village où il fait bon vivre.

    Antoine Loreux habite l’avant-dernière maison au sud, une maison « bel étage » comme on les appelle parce que la cuisine, la salle à manger et le salon se trouvent au premier. Il l’a construite en partie de ses mains, aidé de son jumeau qui habite de l’autre côté du village. Son oncle qui était ébéniste lui a fabriqué de beaux meubles en chêne. De la véranda, un escalier d’une douzaine de marches descend jusqu’à un grand jardin et une vaste serre où il fait pousser tomates, melons, poivrons et aubergines. Ce qui frappe à première vue en voyant Loreux, c’est la solidité, la rugosité aussi, une silhouette et un visage carré qui font penser à l’acteur français, Lino Ventura.

    Soigneux, méticuleux même, il entretient sa maison de son mieux.

    Son regard se pose sur un carré de lumière à l’étage de la maison d’en face : le Léon est levé, Antoine Loreux entrevoit sa lourde silhouette derrière les rideaux. Dans moins de deux heures, il sera assis derrière le guichet de la poste, cinq cents mètres plus haut. Une odeur de moisi lui fait ouvrir les fenêtres. Une bouffée d’air glacé les lui fait refermer aussitôt. Une quinte de toux le plie en deux, résultat des vingt cigarillos qu’il a fumés la veille, des dizaines de milliers qu’il a fumés depuis trente ans. Il s’est volontairement sevré pendant ses dix mois de préventive. Peine perdue. Libéré, il a recommencé. Pire, sa consommation s’est envolée : deux paquets de dix par jour.

    Voilà trois ans, il a été victime d’une thrombose qui l’a laissé pantelant pendant huit jours sur un lit d’hôpital. Le bras et la main gauche sont devenus insensibles, deux boulets, lourds à porter et qui lui ont laissé l’impression pénible qu’une partie de son corps lui échappait. A suivi une perte de goût qui lui a fait avaler sans grimace un demi-fenouil, légume qu’il détestait d’ordinaire et sont apparus d’étranges symptômes dans la partie gauche de son corps : vibrations, crispations subites, langueur et toujours cette paralysie qui, croyait-il, s’étendait inexorablement. Dans une zone sans cesse changeante, il y avait des choses qui semblaient pousser, dans d’autres, des choses qui paraissaient disparaître. Des chutes de tension l’obligeaient à se tenir aux meubles, rendaient ses jambes cotonneuses. Par compensation, son cœur battait la chamade et la tachycardie poussait jusqu’à deux cents les battements de son coeur. Il y avait aussi l’angoisse de prendre sa tension chaque matin et chaque soir. Et toujours cette perspective d’une rechute qui le clouerait peut-être définitivement sur son lit ou sur un fauteuil roulant.

    Alors qu’il abhorrait les docteurs et les médicaments, on le retrouvait à la consultation chaque semaine si bien que son médecin, qui était un homme fort honnête, lui fit remarquer qu’une visite mensuelle était suffisante à condition que son patient suivît ses prescriptions à la lettre. Conseil inutile car à peine levé, Loreux alignait sur la table de la salle à manger une demi-douzaine de pilules qu’il avalait en grimaçant avec sa première tasse de café. Ce fut la seule période de sa vie où il pensa à la mort. Il imaginait son enterrement, son cercueil suivi par son frère en larmes et sa belle-soeur. Aucun villageois ne s’était déplacé, pas mal de Chantemerlois et surtout de Chantemerloises, protégés par leurs tentures, ricanaient en voyant passer ce cortège étique et le curé avait dû faire appel à un enfant de Florensart pour servir la messe. Ou alors il se voyait, le chapelet de sa mère entre les doigts dormir de son dernier sommeil, flanqué de deux grands cierges blancs. Et les villageois défilaient, crachant sur sa dépouille.

    Deux mois plus tard, il reprenait le chemin de l’hôpital pour un décrassage de sa carotide.

    Trois années ont passé, sa santé s’est apparemment améliorée ; il a oublié ses peurs et les conseils de son médecin, plus de symptômes inquiétants, donc plus de maladie et on le voit à nouveau, le cigarillo en bouche, du matin au soir et, lors de ses nombreuses nuits blanches, du soir au matin.

    Il entre dans la salle de bain, passe un gant de toilette sur son visage en feu, revient à la salle à manger. Il n’y a presque pas eu d’hiver cette année. Seul, février souffre de quelques morsures de gel. Dans sa serre, des rejets de tomates de l’an dernier poussent allègrement et le pourpier sort de terre. Il entend le claquement de la porte de la maison d’en face et, entre les tentures, il entrevoit la silhouette du Léon, emmitouflé dans un lourd manteau et qui sort son chien comme il le fait chaque matin. Antoine et lui ne se saluent plus depuis un an.

    Loreux n’enfile que son pantalon car depuis qu’il a atteint les trois quarts de siècle, il est devenu frileux et dort en chemise, slip et chaussettes. Il se débarbouille sommairement, se brosse les dents. Au-dessus de sa tête, la ronde des souris s’ébranle. Il a posé des pièges huit jours auparavant. Sans succès. Depuis, il tolère les petits rongeurs. C’est en quelque sorte une présence et c’est ce qui lui manque le plus depuis le décès de sa femme.

    Voilà un an, il l’a retrouvée au fond du puits, la tête en avant, les fesses à l’air. Il a été plus dégoûté qu’attristé.

    Leur guerre a commencé quinze ans auparavant quand il a pris sa retraite. Garde forestier pendant trente-cinq ans, il passait le plus clair de son temps dans les bois. Il ne rentrait pas à midi, sa femme lui préparait son casse-croûte et sa thermos de café. Après son travail, il passait le plus souvent une heure au bistrot et jouait au couyon. A vingt heures, il soupait, lisait le journal et allait se coucher. Il n’échangeait pas dix phrases avec la Lucie. Le week-end, il allait chez son frère, seul, car les deux belles-soeurs ne s’entendaient pas.

    D’un seul coup, le retraité a envahi la maison et les disputes ont commencé. Puis les coups. Et le silence réprobateur de Lucie qui boudait une semaine entière. Ce qu’il a haï son profil buté, son regard fixé au sol, cette manière qu’elle avait de lui peser sur la conscience et qui ravivait sa violence ! Et puis cette propension qu’elle avait à se présenter toujours en victime, victime du climat, de la dureté du temps, des impôts, des rhumatismes, de l’âge qui vient, de la jeunesse qui s’en va, des gouvernants corrompus, du décès de sa vedette préférée ou du chat de la voisine.

    Lucie, dans la foulée de ses jérémiades sempiternelles, s’était plainte de son homme aux voisins qui avaient immédiatement pris sa défense. Un soir, en rentrant, il avait surpris une volée de villageoises serrées autour de la table du salon, le silence s’était fait à son entrée et la troupe s’était égaillée sous prétexte que le souper était sur le feu ou que le mari allait rentrer. Léon, celui d’en face, avait craché au visage d’Antoine qui s’était gardé de répliquer. Les lettres anonymes avaient suivi :

    – Tu n’es qu’une brute immonde. On te prépare ton cercueil.

    Ce qui n’avait pas empêché l’Antoine de se défouler sur sa femme qui avait fait appel à la police. Et il avait été question que, en cas de récidive, il quittât le logis où il était né et où il avait vécu toute sa vie.

    Aussi lorsque Lucie fut retrouvée au fond du puits, son irascible époux fut le coupable tout indiqué.

    Une délégation des villageois qui se faisaient appeler pompeusement « les justiciers » constituèrent un dossier accablant sur le comportement violent de l’accusé.

    Après dix mois de détention préventive, Antoine se retrouva devant les Assises et la moitié du village défila à la barre, désignant le mari comme assassin de son

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1