Une passion française: Une histoire d'amour secrète
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À propos de ce livre électronique
Juin 2014 : Henri Mercier est mort, emportant avec lui sa gloire et les secrets de son village. Seul maquisard rescapé des nazis en 1944, il vivra dans l’ombre de la mort et du sacrifice de ses camarades fusillés.
70 ans plus tard, son petit-fils Jules se débat entre un divorce douloureux et une nouvelle relation compliquée avec Anna, son amie d’enfance. A l’enterrement de son grand-père, silences familiaux, non-dits et vieilles rancœurs villageoises resurgissent sans que Jules ne puisse en saisir la portée. Essayant surtout de construire son avenir avec Anna, il va se retrouver projeté dans le passé à la recherche d'une vérité qui pourrait changer sa vie.
Découvrez l'historie de Jules, petit-fils de maquisard, qui se retrouve projeté dans le passé à la recherche d'une vérité qui pourrait faire basculer le cours de son existence.
EXTRAIT
En une fraction de seconde, Jules bascule, son univers s’effondre autour de lui, le futur n’existe plus. Une sensation de chute libre le plonge dans un vertige aussi intense que soudain. Pourtant, tout n’est pas perdu. Il existe une solution. Elle lui tend les bras avec bienveillance, il la voit, son refuge est là. Il n’a qu'à s’y blottir, c’est si simple. Son choix est fait. Le calme revient rapidement en lui. La vérité ne l’aura étreint qu'un instant, un seul. Le feu de l’oubli l’aura dévoré aussitôt.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Nathan Saint-Cames est un jeune auteur originaire du Sud-Ouest et vivant en Lot-et-Garonne. Il signe avec Une passion française son troisième ouvrage venant clore sa trilogie sur la Seconde Guerre mondiale après Dernier combat et Entre-deux France. Il confirme avec ce roman de pure fiction son talent et sa maîtrise des passions qui ont animé les hommes et les femmes ayant vécu et fait la France occupée.
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Aperçu du livre
Une passion française - Nathan Saint-Cames
Table des matières
Résumé
Une passion française
Dans la même collection
Résumé
Juin 2014 : Henri Mercier est mort, emportant avec lui sa gloire et les secrets de son village. Seul maquisard rescapé des nazis en 1944, il vivra dans l’ombre de la mort et du sacrifice de ses camarades fusillés.
70 ans plus tard, son petit-fils Jules se débat entre un divorce douloureux et une nouvelle relation compliquée avec Anna, son amie d’enfance. A l’enterrement de son grand-père, silences familiaux, non-dits et vieilles rancœurs villageoises resurgissent sans que Jules ne puisse en saisir la portée. Essayant surtout de construire son avenir avec Anna, il va se retrouver projeté dans le passé à la recherche d'une vérité qui pourrait changer sa vie.
Extrait :
« En une fraction de seconde, Jules bascule, son univers s’effondre autour de lui, le futur n’existe plus. Une sensation de chute libre le plonge dans un vertige aussi intense que soudain. Pourtant, tout n’est pas perdu. Il existe une solution. Elle lui tend les bras avec bienveillance, il la voit, son refuge est là. Il n’a qu'à s’y blottir, c’est si simple. Son choix est fait. Le calme revient rapidement en lui. La vérité ne l’aura étreint qu'un instant, un seul. Le feu de l’oubli l’aura dévoré aussitôt. »
Nathan Saint-Cames est un jeune auteur originaire du Sud-Ouest et vivant en Lot-et-Garonne. Il signe avec Une passion française son troisième ouvrage venant clore sa trilogie sur la Seconde Guerre mondiale après Dernier combat et Entre-deux France. Il confirme avec ce roman de pure fiction son talent et sa maîtrise des passions qui ont animé les hommes et les femmes ayant vécu et fait la France occupée.
Nathan Saint-Cames
Une passion française
Roman
ISBN : 978-2-35962-820-3
Collection Blanche
Dépôt légal Avril 2016
© 2016Couverture Ex Aequo
© 2016 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays. Toute modification interdite.
Éditions Ex Aequo
6, rue des Sybilles
88370 Plombières-les-Bains
www.editions-exaequo.fr
À mes grands-parents
Nuit du 4 au 5 juin 1944
Une ombre grise franchit le seuil de la porte, furtivement.
Au coin de la maison, elle enfourche une bicyclette et file dans la nuit noire. D’une vitesse qui ne se retourne pas. Elle roule jusqu’à la sortie du village et continue de se dérober, dans la pénombre. Après quelques kilomètres, elle oblique à gauche sur un chemin en castine bordé d’une forêt. De légers cahots secouent le cycliste qui continue droit devant, l’esprit figé. Au sommet d’une légère côte, il saute de sa selle et pose son deux- roues contre un arbre. Il se dirige ensuite vers une petite cabane, adossée à la lisière du bois. Les trois marches de l’entrée craquent sous ses pas hâtifs. D’un geste rapide et malhabile, il saisit la clé suspendue à son cou. La porte grince lorsqu’il s’immisce à l’intérieur, regardant par-dessus son épaule. Une table, quelques chaises, une armoire et un lit de fer d’un autre âge meublent l’unique pièce. Il s’agenouille, dos au mur, et attend.
Les minutes les plus longues de sa vie. La moiteur du soir
l’oppresse un peu plus à chaque souffle. Il n’a pas le choix. Il doit aller jusqu’au bout. Il ne peut renoncer. À quel moment la peur étouffe-t-elle la volonté d’un homme ? Le temps s’étire, témoin aussi impassible qu’implacable. Le bruissement des arbres, la bise doucereuse, les animaux nocturnes... Le moindre son le fait tressaillir. Il n’aurait pas dû. Il ne peut pas. Il regrette. Il savait qu’il n’en était pas capable. Il n’est pas de cette trempe- là. Il frissonne, transpire. Au-delà de lui-même, le renoncement.
Il se précipite vers la porte, l’ouvre, trébuche et dégringole le petit escalier. Une voiture est au bout de l’allée, ses phares aveuglants. La traction noire, ombre parmi les ombres, s’arrête sous ses yeux. L’instant d’après est là.
Il retourne à l’intérieur. Une démarche calme et élégante approche. Il tremble. Un visage d’une trentaine d’années apparaît dans l’embrasure de la porte. Il va défaillir. Une peau lisse, couleur d’albâtre apparaît. Derrière, un garde armé barre le seuil avec une mitraillette. Aussitôt, le monologue commence, père d’un lendemain aussi terrible qu’incertain. Les paroles se déversent tel un flot trop longtemps retenu par un barrage de fortune. Il cède, complètement. Le ton est rapide, maladroit, saccadé. Il se reprend, revient en arrière, continue, et s’arrête, à bout de force. La face blême n’a cessé de sourire, de toiser du regard, de jauger ce spectacle navrant. L’un est fort, l’autre est faible. Les deux se confondent dans une bassesse où l’honneur n’a pas sa place. C’est la guerre.
Un silence crispé s’installe tandis que le sbire à l’entrée
tient en joue toute la scène. Lentement, le fantôme blafard se rapproche de l’homme qui halète encore de ses aveux coupables. Il vient se figer au plus près de lui, à un souffle. Délicatement, il ôte son gant en cuir, doigt après doigt. Puis, il porte sa main blanche vers la joue de celui qu’il vient d’écouter. Après un instant suspendu d’angoisse, il donne une tape légère à ce visage tremblant.
— Gut, sehr gut.
Narquois, il se retourne enfin et s’éloigne, martial.
Le moteur de la traction démarre bruyamment. Les secondes s’écoulent à l’infini avant que ce tonnerre du diable ne disparaisse complètement.
De nouveau seul dans la cabane, un individu épuisé
bascule à la renverse, sans retenue. Il a eu si peur. Il pleure et se laisse aller entièrement, tel un enfant. Son corps ruisselle. Après quelques minutes d’intenses sanglots, il se remet. Peu à peu. Il ne s’est jamais senti aussi abandonné de toute sa vie. D’une solitude qui doit affronter sa conscience, impitoyable. Doucement, il finit par se relever et referme la cabane.
La nuit est maintenant éclairée par une pleine lune
lumineuse. Il porte son regard vers les étoiles. L’air est apaisant, enfin. Il reste ainsi, les yeux tournés vers ce firmament lointain. Un cri strident vient soudain déchirer le ciel. Une chouette passe au-dessus de lui dans un lent battement d’ailes. Il observe avec stupeur ce mouvement ample et gracile. À sa hauteur, l’animal tourne la tête et le fixe de ses orbites perçantes aux pupilles démesurées. Un étrange face-à-face. Aussitôt, il remonte sur sa bicyclette et s’élance dans l’obscurité. Sur le chemin du retour, une question l’obsède : est-il vraiment un homme ce soir ?
* * *
6 juin 2014
Un soleil léger réchauffe les tempes de Jules tandis qu’une
fine brise vient lui caresser les joues. Sensation douce et
agréable de ces journées printanières qui succomberont bientôt à la torpeur de l’été. L’ensemble du village derrière lui, il est au premier rang. Un linceul tricolore recouvre le cercueil de son grand-père, Henri. Des porte-drapeaux aux rides creusées par le temps et les épreuves encadrent la bière funéraire. Un prêtre replet au visage rubicond prononce des paroles bibliques sur un ton exagérément docte. Sans doute les circonstances exigent que chacun se donne une importance qui rappelle la gravité de l’événement. L’homme à enterrer aujourd’hui fut le personnage le plus important du village durant la seconde moitié du vingtième siècle. Maire pendant presque quarante ans, conseiller général tout aussi longtemps, il aurait pu aisément prétendre à un mandat parlementaire si l’obligation d’aller à Paris chaque semaine ne l’en avait pas dissuadé. Henri Mercier était un homme attaché aux siens et à sa terre. Surtout, résistant gaulliste, il s’était comporté en héros à la Libération. Il en avait tiré une auréole de gloire qui l’avait placé dans la position d’un homme public insoupçonnable. Une seule personne l’avait toujours haï avec une force et une constance égales : Antoinette Darcourt. Elle est la seule habitante du village absente pour ses obsèques. Rien d’étonnant. Et Anna ?
Les condoléances se succèdent. Pénible moment où les uns
et les autres essaient d’être les plus démonstratifs dans l’expression de leur affectation et de leur compassion. Les témoignages oscillent entre banalité et maladresse. Affligeant de tant d’afflictions. La sincérité d’un silence est tellement plus évidente. Les visages défilent devant son regard avec indifférence, les lèvres se mouvant dans le vide. Il fait un signe de tête à chacun. Son attention est ailleurs. Il préfère observer l’écrin où va reposer son grand-père, à travers les âges. Le cimetière est à flanc de coteau. Une église en ruines, à ciel ouvert, surplombe les pierres tombales. Elle abrite un sapin imposant qui a depuis longtemps dépassé les murs de l’édifice qui l’accueille. La légende locale prétend qu’un vieil abbé refusait d’y célébrer les offices, persuadé qu’il s’agissait d’un ancien temple païen. Ces choses-là nécessitant la plus grande prudence, l’église fut laissée à l’abandon par la paroisse. Sans entretien, la toiture romane s’est finalement effondrée. Signe, s’il en était besoin, que le Bon Dieu ne veillait pas sur l’ouvrage. Reste le cimetière qui l’entoure toujours et ce sapin majestueux qui témoigne effectivement de la vivacité des forces de la nature en ce lieu. En plein jour, l’endroit pourrait passer pour bucolique. En pleine nuit, la brume rampante entre les croix de pierre doit lui donner une allure sinistre.
Le dernier à se présenter à la famille du défunt est Victor. Victor, à peine quelques années plus jeune qu’Henri. Connu de tous, il semble étranger à ce qui l’entoure. Aphone depuis plusieurs décennies, il est toujours resté au village. Il en fait partie au même titre que le monument aux morts, le stade municipal et le foyer rural. Certains disent qu’il est né ainsi, aphasique et attardé mental. D’autres assurent qu’un choc terrible serait à l’origine de son état. On parle des Allemands, de la guerre, de morts… Victor n’a jamais rien dit. Un mutisme lourd et profond. Quelqu’un ne parlant pas étant quelqu’un qui ne se défend pas, il est le coupable idéal. Les pires maux de la commune trouvent asile à son ombre depuis des années : de la mort d’un chien empoisonné par un voisin sadique, au filoutage adolescent des fruits dans les vergers. L’idiot du village a son utilité sociale. Aussi, tout le monde l’accuse volontiers et personne ne lui en veut vraiment.
De sa démarche claudicante, il avance tête baissée. Arrivé devant la famille du défunt, il lève les yeux un court instant puis fait demi-tour et s’enfuit en titubant. Une bête apeurée. Jules a à peine le temps d’apercevoir son front plissé, ses tempes dégarnies et son faciès usé par les saisons.
L’ensemble du cortège s’extirpe lentement par la sortie du
petit cimetière et se disperse en petits groupes épars et indécis. Jules rejoint son père, Jean. Il paraît le plus touché par la disparition d’Henri. Être le fils d’un patriarche revêt une certaine charge. Peut-être en est-il autant libéré qu’affecté aujourd’hui ? Chagrin et apaisement se côtoient parfois aisément. Jules lit l’accablement de son père sur son visage. Sans un mot, il met la main sur son épaule et resserre son étreinte. Un regard suffit. Avant de rentrer, Jules doit s’absenter pour essayer d’aller voir Anna. Elle n’est pas venue à la cérémonie. Pourquoi ? Il reviendra après avoir eu des explications. Elle doit répondre à ses questions.
Anna… Anna. Ils se connaissent depuis l’enfance. Ils ont partagé toutes leurs vacances d’été dans le village de leurs grands-parents. Cependant, Anna est une Darcourt et Antoinette, sa grand-mère, détestait Henri, le grand-père de Jules. Elle défendait vigoureusement à sa petite fille d’aller jouer avec « le rejeton des Mercier ». Il faut croire que l’autorité familiale s’arrête aux frontières des bacs à sable. Très vite, ils sont devenus les meilleurs amis du monde, au grand désespoir d’Antoinette. Elle ne voulait pas voir le petit Jules chez elle. L’indifférence d’Henri était plus tolérante. Finalement, le temps et la vie ont fait leur œuvre. Ils se sont perdus de vue. Jules a rencontré sa femme, eu des enfants, fondé une famille. Anna a voyagé, multiplié les échecs amoureux, abusé de tristesses passagères. Et puis le destin n’étant jamais dénué d’ironie, ils se sont retrouvés. Après toutes ces années, un mariage raté, deux enfants et un divorce douloureux. Une évidence. Il travaillait et vivait à Paris. Anna aussi. Il a passé de longs mois, prostré, après sa séparation. La procédure judiciaire odieuse, des enfants instrumentalisés, une femme que l’on ne reconnaît plus. La morgue des avocats de chacun avait transformé leur histoire d’amour dont il s’était senti dépossédé. Dans la bouche de ces professionnels en robe noire, vingt années de sa vie se débitaient en exagérations, mensonges éhontés, non-dits coupables. Il n’allait plus aux convocations du juge. Pendant des semaines, Jules n’a vu personne. Métro, boulot, dodo avec la régularité d’une horloge suisse. Rien de mieux pour s’aliéner et ôter toute once d’humanité à l’être. Jules avait perdu du poids. Ses amis avaient commencé à s’inquiéter. Ils parlaient de la nécessité de s’aérer l’esprit, de se changer les idées, de rencontrer des gens, de dépression…
Après des semaines d’efforts, ils avaient finalement réussi à le décider à sortir pour un repas. Il était passé acheter des fleurs pour son hôte. Anna était là. C’était son travail. Vendre des fleurs, c’était tellement Anna. Au moins quinze ans qu’ils ne s’étaient pas revus. Jules n’a pas acheté de bouquet. Il n’est pas allé dîner avec ses amis. Il a passé la soirée avec Anna, sans même se poser une question. Une soirée qui en appela beaucoup d’autres. Un bonheur retrouvé, une nouvelle histoire commençait. A quarante ans, un second départ. Tels des adolescents, ils se sont découverts l’un l’autre, comme s’ils ne s’étaient jamais connus, comme s’ils avaient toujours su. Les temps heureux des premières fois ont précédé le précipice où les choses peuvent devenir plus sérieuses ou s’arrêter net. Jules voulait aller plus loin. Emménager ensemble. Anna était moins sûre. Besoin de réflexion avant de prendre une décision. Déjà une mauvaise nouvelle en soi. Les jours d’attente sont devenus des semaines, interminablement. Et la réflexion est devenue une pause. Tristement classique. Une évidence en a remplacé une autre. Après la magie des débuts, la réalité a rappelé qu’ils n’étaient qu’un couple normal, parmi les autres. Malheureusement, Antoinette est tombée gravement malade au même moment et Anna a alors décidé d’aller s’occuper d’elle. Elle devait faire le point, professionnellement, sentimentalement. Bref, sur sa vie. Jules était de nouveau seul à Paris, au bord de la crise de nerfs. Et Anna dans le village de leur enfance avec sa