Meurtre contre la montre: Un polar haletant
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À propos de ce livre électronique
Quand un homme, assoiffé de vengeance, échaffaude, durant des mois, un meurtre réglé comme un mouvement d'horlogerie... Lorsque la jeune épouse d'une personnalité honorable de la ville succombe, le temps d'une étreinte, au charme d’un homme qui la précipite dans un piège infernal... Ou encore, l'histoire de ce couple en quête d'un logement qui va au fils des jours, se trouver plongé dans l'atmosphère étrange de la Villa des roses...
Un polar à l'intrigue bien ficelée où se mêlent sentiment d'injustice, désir de vengeance et deuil impossible
EXTRAIT
La météo avait annoncé un orage pour cette nuit et tout un chacun souhaitait ardemment qu’il éclate au plus tôt.
– C’est toi qui débutes ? questionna Marc d’un air accablé.
– O.K., fit Thomas sans montrer la moindre contrariété.
Celui-ci commencerait donc la première ronde et emporterait avec lui une horloge pointeuse suspendue à son ceinturon. Il suivrait ensuite un chemin, tout tracé, long de deux heures et quart de marche, ponctuerait son passage à des endroits bien précis qu’il enregistrerait par un simple geste dans son appareil. Son parcours était ainsi minuté et un bref regard sur la bande enregistreuse suffirait à dénoncer le moindre de ses écarts. Il n’en aimait pas moins son métier qui lui donnait un sentiment d’autonomie en dépit de la rigueur de sa besogne. Il aimait également la nuit, avec ses silences, ses zones d’ombre qui donnent aux choses des dimensions particulières.
Du vivant de son épouse, il aurait hésité à faire ce travail. Elle avait peur, dès le soir venu, dans leur maison un peu isolée et la présence de leur doberman géant ne parvenait pas à la rassurer. Elle était morte, voici quinze mois, des suites d’un cancer, qu’un médecin négligeant, doublé d’incompétence, avait diagnostiqué trop tard. Patricia n’avait que trente-deux ans et le pénible souvenir de ses derniers mois de vie ne parvenait pas à s’estomper. Sous la douleur, Thomas avait pensé porter l’affaire devant les tribunaux, mais la lenteur de la justice, la perspective d’aboutir à un non-lieu auraient torturé ses pensées pendant longtemps. Ce soir, il était étonnamment calme. Depuis un mois, il avait décidé d’appliquer sa propre justice, dont le verdict était tombé sans appel, comme le tranchant d’une cognée. Seule la mort du responsable pouvait étancher cette soif de vengeance qui le rongeait depuis des mois ; il fallait non seulement que ce meurtrier en blouse blanche arrête de sévir, mais aussi qu’il paie cette conduite odieuse qu’il avait adoptée quand Thomas l’avait accusé verbalement.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Né à Haine-Saint-Pierre dans l'entité louviéroise en Hainaut, chauffeur de bus de profession au TEC de La Louvière. Auteur du témoignage “Le Marginal” diffusé sur Radio 21, il a publié chez le même éditeur, dans le recueil 3 “Histoire Insolite”, dans le recueil 4 “La Traque” qui a été primée par la Communauté française au concours 1993 de la “Nouvelle Etrange”, dans le recueil 5 “Le Solitaire”. Ce texte a impressionné le jury lors du concours de la nouvelle policière, organisé en février 1992 par la R.T.B.F. Dans le recueil 6 “Au Sunny Girls”, dans le recueil 7 “Cas de Conscience”. Une nouvelle inédite, “Fièvre au Corps”, a été publiée en feuilleton de l'été dans la Nouvelle Gazette - Edition du Centre.
En savoir plus sur Willy Grimmonprez
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Avis sur Meurtre contre la montre
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Aperçu du livre
Meurtre contre la montre - Willy Grimmonprez
Cette soirée de juillet était particulièrement chaude, un soleil accablant avait pesé sur la ville durant toute la journée si bien qu’à présent, les murs et le bitume des routes exhalaient une suffocante chaleur.
Thomas roulait toutes vitres baissées, il percevait à peine le son de la cassette engagée dans le lecteur. Ses mains moites collaient au volant et il chercha paresseusement un Kleenex afin de s’éponger le front. Dans quelques instants, il franchirait la grille de l’usine, se dirigerait ensuite vers la conciergerie où, en compagnie d’un collègue, il assumerait sa prestation de nuit.
Cela faisait près d’un an maintenant qu’il avait choisi ce métier, quelque peu solitaire, qui consistait à assurer une surveillance permanente dans le périmètre de l’entreprise. Pour mener à bien cette tâche, les deux hommes effectueraient à tour de rôle des rondes, de deux heures et quart chacune, suivant un parcours bien déterminé.
Il garait à présent sa voiture, à son endroit habituel, juste en face du local vitré où se tenaient les gardes. Son arrivée suscita chez son collègue de jour une réelle délivrance, car ce dernier lui tapota affectueusement l’épaule en maugréant :
Quelle fournaise aujourd’hui, j’aspire à rentrer chez moi pour me doucher et avaler deux ou trois bières glacées !
Le bureau était pénible en été, le soleil entrait par les nombreuses vitres de telle sorte que la température ambiante rendait rapidement l’air irrespirable.
Thomas posa son sac sur le bureau, essuya d’un revers de bras les gouttes de sueur qui lui perlaient le front. Il demanda, comme de coutume :
– Beaucoup d’expéditions aujourd’hui ?
– Cent quarante-six voitures en destination du Danemark !
C’était en dessous de la moyenne si on se référait à la production quotidienne de l’usine. On y construisait 180 voitures par jour.
Un vaste parking accueillait ce quota journalier et, chaque matin, d’énormes transports routiers emportaient leur lot de véhicules aux quatre coins de l’Europe.
Une seconde voiture se gara devant la conciergerie et un homme assez gras en descendit. Il s’agissait de Marc, compagnon de travail de Thomas, il semblait très éprouvé par la chaleur, lui aussi, tant sa peau était luisante. Lorsqu’il entra, il distribua mollement les traditionnelles poignées de mains, puis s’empressa de se rafraîchir sous le robinet.
La météo avait annoncé un orage pour cette nuit et tout un chacun souhaitait ardemment qu’il éclate au plus tôt.
– C’est toi qui débutes ? questionna Marc d’un air accablé.
– O.K., fit Thomas sans montrer la moindre contrariété.
Celui-ci commencerait donc la première ronde et emporterait avec lui une horloge pointeuse suspendue à son ceinturon. Il suivrait ensuite un chemin, tout tracé, long de deux heures et quart de marche, ponctuerait son passage à des endroits bien précis qu’il enregistrerait par un simple geste dans son appareil. Son parcours était ainsi minuté et un bref regard sur la bande enregistreuse suffirait à dénoncer le moindre de ses écarts. Il n’en aimait pas moins son métier qui lui donnait un sentiment d’autonomie en dépit de la rigueur de sa besogne. Il aimait également la nuit, avec ses silences, ses zones d’ombre qui donnent aux choses des dimensions particulières.
Du vivant de son épouse, il aurait hésité à faire ce travail. Elle avait peur, dès le soir venu, dans leur maison un peu isolée et la présence de leur doberman géant ne parvenait pas à la rassurer. Elle était morte, voici quinze mois, des suites d’un cancer, qu’un médecin négligeant, doublé d’incompétence, avait diagnostiqué trop tard. Patricia n’avait que trente-deux ans et le pénible souvenir de ses derniers mois de vie ne parvenait pas à s’estomper. Sous la douleur, Thomas avait pensé porter l’affaire devant les tribunaux, mais la lenteur de la justice, la perspective d’aboutir à un non-lieu auraient torturé ses pensées pendant longtemps. Ce soir, il était étonnamment calme. Depuis un mois, il avait décidé d’appliquer sa propre justice, dont le verdict était tombé sans appel, comme le tranchant d’une cognée. Seule la mort du responsable pouvait étancher cette soif de vengeance qui le rongeait depuis des mois ; il fallait non seulement que ce meurtrier en blouse blanche arrête de sévir, mais aussi qu’il paie cette conduite odieuse qu’il avait adoptée quand Thomas l’avait accusé verbalement.
C’est sur un ton cassant que le médecin avait répliqué :
"Cher Monsieur, les tribunaux sont là pour établir si un reproche dans mon travail peut m’être adressé. Je vous déconseille toutefois de choisir ce recours, il est long et presque toujours sans issue.
A présent, veuillez m’excuser, j’ai à faire !"
Dès ce moment, l’idée de tuer cet homme avait germé dans son esprit.
Pendant des semaines, il avait élaboré son crime et ce soir, cette nuit plus précisément, il était prêt pour le commettre, chaque détail avait été soigneusement pensé, chacun des gestes qu’il accomplirait avait été mûrement étudié, même les impondérables avaient été envisagés.
A la vérité, il n’avait vécu depuis la mort de Patricia que pour mieux assouvir sa vengeance et cela en toute impunité, car il allait se fabriquer un alibi inattaquable. Il n’y avait que cette chaleur dense, oppressante qu’il n’avait pas prévu et cet orage qui, sournoisement, se préparait dans un ciel opaque.
Un dernier coup d’œil à sa montre lui indiqua le moment de partir.
A quelques pas de lui, Marc s’asseyait pesamment derrière le bureau en s’épongeant la face.
Thomas se dirigea tout d’abord vers la chaîne de montage mécanique où se trouvait le premier point de contrôle. Il s’agissait d’un hall immense, partiellement éclairé, où des dizaines de voitures attendaient d’être achevées. Le jour, il régnait ici un vacarme abrutissant, plusieurs centaines d’ouvriers s’y affairaient nerveusement, en accomplissant toujours les mêmes gestes, au rythme d’une chaîne inlassable, presque inhumaine.
Pour l’instant, tout était en sommeil, le seul bruit perceptible était le système de ventilation qui fonctionnait en permanence. Thomas s’approcha d’une petite clé attachée au mur par une chaîne, introduisit celle-ci dans l’horloge pointeuse fixée à son ceinturon, la tourna dans la serrure, puis la relâcha.
Cette opération, il la répéterait onze fois encore tout au long de sa ronde, ce qui authentifierait son passage sur la bande enregistreuse enfermée dans l’appareil. Chacune de ces petites clés portaient un numéro, ce qui obligeait ainsi le garde en ronde à suivre son parcours dans un ordre arithmétique. Thomas s’en acquittait les yeux fermés tant il connaissait ce chemin mètre par mètre, allée par allée, si bien qu’en cas de panne d’éclairage, il aurait pu évoluer sans peine dans l’usine. Il traversait à présent le hall voisin, longeait les chaînes de garnissage où l’on dotait les voitures de leurs sièges, de tapis de sol et de certains instruments de bord. Il régnait, ici, un curieux mélange d’odeurs fait de cuir et de caoutchouc. Thomas procéda à son troisième pointage de la soirée.
Un grondement lointain se fit brusquement entendre, l’orage annoncé se préparait enfin. Dans peu de temps, des trombes d’eau à coup sûr dévaleraient du ciel et Thomas se hâta de traverser la cour pour entrer dans les salles de peinture.
Il pleuvait aussi à torrents la nuit où sa femme était morte, la foudre éclairait la chambre, accentuant le teint blême de Patricia.
Elle gisait dans une sorte de coma depuis deux jours et, à de rares moments, ses paupières frémissaient, seuls signes apparents de vie si l’on exceptait le faible souffle qui filtrait de ses lèvres.
La délivrance n’était venue qu’au petit matin, peu avant que les infirmières de jour ne prennent la relève. Lui ne s’était rendu compte de rien. La mort avait fait son œuvre pendant qu’il s’était assoupi un moment, vaincu par la fatigue.
Ce soir, la mort serait son alliée, il aurait sur elle une maîtrise absolue. Il tenterait de la donner du premier coup afin d’épargner à sa victime d’inutiles souffrances.
Par routine, Thomas contrôla sa montre, il était dans les temps requis. Il longeait maintenant un vaste parking où des centaines de voitures sommeillaient dans l’obscurité. Une lourde grille permettait aux camions de quitter l’usine et d’emprunter rapidement l’autoroute toute proche. Bien évidemment, le soir, cette grille était cadenassée et le garde en ronde devait obligatoirement s’assurer que tout était normal ; dans ce but, un point de contrôle sous abri était situé à proximité du grillage. Il s’agissait là de son avant-dernier pointage et, dans un quart d’heure, il regagnerait le local.
Il retrouva Marc peu après, assis à son bureau, se rafraîchissant le visage et la nuque à l’aide d’une serviette humide.
– C’est déjà l’heure ? s’étonna-t-il en voyant son collègue franchir la porte.
De larges auréoles de sueur sous les aisselles témoignaient du malaise qu’il vivait, et la perspective d’effectuer deux heures et quart de marche semblait le démoraliser.
L’horloge pointeuse changea de mains. Marc prêta soudain une oreille attentive au tonnerre qui se rapprochait. Il maugréa comme pour lui-même :
– Qu’il pleuve, bon Dieu, qu’on en finisse avec cette chaleur !
Sur ce, il avala goulûment le reste d’une boîte de bière avant de sortir, la démarche pataude.
Il plut très peu durant les deux heures et quart qui suivirent ; l’orage s’était dirigé vers la forêt d’Arpes que la foudre avait prise pour cible.
Thomas, resté en faction à côté du téléphone, avait mis tout ce temps à profit pour une ultime révision. Il était prêt.
La prochaine ronde serait la bonne et déjà, il voyait Marc sortir du hall de la tôlerie, puis, d’un pas alourdi, s’approcher de son dernier point de contrôle. Dans cinq minutes au plus, il serait de retour, et dans le plus grand secret commencerait pour Thomas une véritable course contre la montre. Tout son avenir allait se jouer sur un peu plus de deux heures, pendant lesquelles ses nerfs allaient être mis à rude épreuve. S’il réussissait, il trouverait enfin une sorte de paix intérieure, connaîtrait la douce délivrance d’une haine contenue depuis trop longtemps.
Si, au contraire, il échouait, une lourde condamnation l’attendrait assurément. N’allait-il pas commettre un crime prémédité, mûri par le lent poison de la vengeance ? Devant une cour d’assises, il