Un parfum d’éternité

16 – RÉSUMÉ : Au moment où lady Sheena quitte Aberdeen, promettant à ses amis de les recevoir au plus vite à Kerith Hall, c’est avec un sentiment étrange qu’elle fait ses adieux. Les moments forts partagés avec Arthur et Constance sont, elle en a le pressentiment, ses dernières heures… Roy Bennet met son plan à exécution. Au bord de la falaise, il tue de sang-froid la comtesse. Comme il reprend la route, son chemin croise celui d’une autre voiture qui file à toute allure en sens inverse… Celle d’Herbert Smith. Les véhicules se percutent et celui de Roy Bennet tombe en contrebas. L’écrivain se porte au secours du blessé. (Voir Veillées n^os 3460 et suivants.)

Le conducteur n’avait pas perdu connaissance, puisque, à travers la glace effritée, il regardait l’arrivant avec des yeux exorbités. Sans doute voulut-il prononcer quelque parole, un sang noirâtre et visqueux s’échappa de sa bouche.

– Courage ! lui lança Herbert Smith en tentant de dominer la clameur du vent. Je vous sortirai de là !

L’autre eut un affreux rictus en guise de sourire, une de ces hideuses expressions qu’on ne peut soutenir sans être désagréablement influencé. Curieusement, ce n’était pas la fin proche de cet individu qui impressionnait l’écrivain, mais ce visage et ces cheveux rouges, ces prunelles pâles sur lesquelles les paupières battaient rarement, ce cou et cette carrure de taureau, comme l’énorme chevalière qui ornait sa main droite. Il n’était pas jusqu’à la cravate d’un goût douteux qui ne correspondît à la description qu’avait faite de l’assassin de Gérard Mazoyer la propriétaire de l’Hôtel des Îles, à Antibes, quelques semaines plus tôt…

Soudain Herbert vit le Smith & Wesson. Il gisait près de la pédale de frein. L’homme lui jetait de rapides coups d’œil envieux. Si le volant ne l’avait maintenu sur son siège mieux qu’un étau, il n’aurait pas tardé à s’en servir pour mettre fin à son agonie.

Herbert recula. Jamais il ne s’était trouvé dans une