L’appel du sang

A son arrivée à Roissy, Luminata se sentait lasse.

Elle avait dû quitter la propriété familiale tôt le matin pour gagner l’aéroport de Bucarest, à plus de quatre heures de chez elle.

La route était en très mauvais état et, bien que Silviu, son chauffeur, ait fait tout son possible pour conduire en douceur, elle était descendue de voiture en se tenant le dos. Le retard de son vol pour raisons techniques n’avait rien arrangé car elle avait dû attendre quatre heures sur un inconfortable siège en plastique avant d’embarquer.

Alexandru, son époux, n’approuvait pas ce voyage et avait refusé de l’accompagner. Nicolae, leur fils, qui voulait « voler de ses propres ailes » et « se débrouiller seul » avait quitté le domicile parental quelques mois auparavant. Malgré les mises en garde de ses parents, le garçon avait choisi Paris pour vivre son émancipation et parfaire ses connaissances humaines. Evidemment, il n’avait pas été capable de résister aux tentations nocturnes qu’offrait la Ville Lumière. Résultat : il implorait maintenant l’aide de papa et maman depuis une cellule de la prison de la Santé.

Alexandru ne voulait rien entendre. Luminata, résignée, était partie seule rejoindre le fils prodigue.

A Paris, les taxis faisaient la grève. Quand elle sortit de l’aéroport, les voitures avec chauffeur avaient été prises d’assaut. Ne sachant pas conduire elle ne pouvait pas louer de véhicule et se dirigea donc rapidement vers le bus qui s’apprêtait à partir.

Après s’être assurée auprès du chauffeur que sa destination était bien la capitale, elle s’installa. Sans effort, car son bagage, un petit sac où elle avait fourré pêle-mêle des vêtements de rechange pour deux jours seulement, était léger. Si son séjour devait se prolonger, elle pourrait toujours en acheter d’autres. Nicolae ne lui avait pas précisé la durée de son incarcération préventive, mais elle comptait bien faire tout son possible pour le faire libérer au plus vite.

Il y