Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Usages créatifs du numérique pour l'apprentissage au XXIe siècle
Usages créatifs du numérique pour l'apprentissage au XXIe siècle
Usages créatifs du numérique pour l'apprentissage au XXIe siècle
Livre électronique298 pages2 heures

Usages créatifs du numérique pour l'apprentissage au XXIe siècle

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Les usages du numérique à l’école sont diversifiés. Si certains de ces usages n’apportent pas de plus-values pédagogiques, d’autres permettent aux élèves de s’engager dans des processus de cocréation. Le présent ouvrage apporte un éclairage sur les approches créatives du numérique en enseignement et sur leur potentiel et leur contribution à l’éducation personnelle, sociale et professionnelle des citoyens du XXIe siècle.

Par une approche critique, cet ouvrage analyse les enjeux éducatifs du numérique, en tenant compte de sa complexité, de l’interdisciplinarité de ses apports et des compétences dites « du XXIe siècle ». Parmi ces com­pétences, la créativité et la résolution collaborative de problème sont présentées de manière plus approfondie à partir d’exemples de défis technocréatifs ludiques qui favorisent l’engagement des apprenants. Les auteurs abordent également différentes approches des usages créatifs du numérique, de l’apprentissage par les jeux à la robotique pédagogique en passant par les approches liées aux laboratoires de création numérique. Enfin, ils se penchent sur la mise en œuvre des compétences numériques des enseignants et d’un leadership pouvant favoriser l’intégration des usages créatifs du numérique dans l’ensei­gnement. Tout au long du livre sont présentés des témoignages qui illustrent de manière concrète les différentes idées pédagogiques étudiées. Ces idées pratiques sont le résultat de recherches visant à fournir des outils aux différents acteurs de l’éducation du XXIe siècle : super-héros enseignants et parents, sans oublier les conseillers pédagogiques et les décideurs politiques.
LangueFrançais
Date de sortie27 sept. 2017
ISBN9782760548510
Usages créatifs du numérique pour l'apprentissage au XXIe siècle

Auteurs associés

Lié à Usages créatifs du numérique pour l'apprentissage au XXIe siècle

Livres électroniques liés

Méthodes et références pédagogiques pour vous

Voir plus

Articles associés

Avis sur Usages créatifs du numérique pour l'apprentissage au XXIe siècle

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Usages créatifs du numérique pour l'apprentissage au XXIe siècle - Margarida Romero

    Introduction

    Margarida Romero

    L’éducation est un sujet de société inépuisable, et ce, pour plusieurs raisons. Premièrement, elle concerne l’avenir de notre société et celui des personnes qui nous importent le plus: nos enfants. Deuxièmement, puisque nous sommes dans une société et un monde interconnectés aux problématiques complexes, il est difficile de répondre aux besoins des apprenants et de leurs communautés. Troisièmement, les changements en éducation sont difficiles en raison de la complexité des organisations existantes autant du côté des temporalités que des lieux d’apprentissage et des rôles des différents acteurs éducatifs.

    Dans cet ouvrage, nous souhaitons porter un éclairage sur les approches créatives du numérique en éducation puisqu’elles constituent une des occasions pour contribuer à l’adaptation de l’école aux besoins des citoyens du XXIe siècle. Depuis une approche critique, cet ouvrage analyse les différents enjeux éducatifs à l’aube de la quatrième révolution industrielle: la robotique et l’intelligence artificielle. Vis-à-vis les possibilités et les défis des générations futures envers le numérique, nous développons une analyse qui démarre en dressant les enjeux de l’éducation d’un point de vue de la complexité, de l’interdisciplinarité, de compétences dites du XXIe siècle, notamment en lien avec la créativité, ainsi que du point de vue des défis technocréatifs pour l’éducation. Ensuite, nous aborderons différentes approches des usages créatifs du numérique: de l’apprentissage par les jeux à la robotique pédagogique, en passant par les approches liées aux laboratoires de création numérique. Nous finaliserons l’ouvrage en nous penchant sur la mise en œuvre d’un leadership pouvant favoriser l’intégration des usages créatifs des numériques développés dans les différents chapitres du livre.

    Tout au long du livre, nous trouverons également différents témoignages et études de cas qui illustreront de manière pratique les différentes idées pédagogiques du livre. Ces différentes idées, pratiques et résultats de recherche visent à apporter un éclairage sur l’éducation du XXIe siècle aux différents acteurs éducatifs (enseignants, parents, conseillers pédagogiques, décideurs) ainsi qu’à éveiller des réflexions sans caractère prescriptif. Ainsi, ce livre est une invitation au développement de solutions créatives et réfléchies pour l’amélioration continue des pratiques d’enseignement et des activités d’apprentissage. Il vise également le partage de valeurs humanistes qui permettent de développer une pensée critique vis-à-vis des enjeux et des perspectives du numérique. Il vise aussi à contribuer, d’une part, à une meilleure éducation et, d’autre part, à une société plus participative par un engagement créatif, critique et participatif dès l’école. En somme, permettre aux citoyens de dépasser le rôle de consommateurs du numérique pour devenir des usagers éclairés, critiques, et même, créateurs des solutions numériques nous apparaît comme une visée importante de l’école du XXIe siècle.

    Objectifs du livre

    L’éducation pour le XXIe siècle devrait envisager les prochaines avancées technologiques tout en tenant compte des possibilités et des défis du monde contemporain. Ce livre présente un ensemble de réflexions, d’études de cas et des résultats de recherche en éducation qui visent à développer les compétences, les attitudes et les valeurs de l’éducation pour le XXIe siècle. Les innovations pédagogiques proposées dans ce livre tiennent compte des possibilités qu’offrent les technologies comme vecteur de cocréation et de résolution technocréative de problèmes. Le livre prend en compte les innovations tant canadiennes que françaises et latino-américaines pour enrichir les pratiques dans ces différents contextes.

    PARTIE 1/

    L’ÉDUCATION COCRÉATIVE POUR LE XXIe SIÈCLE

    Les premiers chapitres de ce livre présentent les enjeux contemporains de l’éducation autant comme des besoins que comme des perspectives. Nous commençons par analyser les implications de la complexité caractérisant la société contemporaine pour justifier l’approche interdisciplinaire et promouvoir la participation des étudiants à des projets plus complexes fondés sur des phénomènes ou des problèmes authentiques de leurs communautés.

    «Il faut apprendre à faire face à l’incertitude, puisque nous vivons à une époque où les valeurs sont ambivalentes, où tout est connecté. C’est pour cela que l’éducation du futur doit revenir sur les incertitudes liées à la connaissance.»

    EDGAR MORIN

    CHAPITRE 1/

    L’apprentissage dans un monde complexe

    Margarida Romero

    Objectifs de ce chapitre

    ›Présenter les besoins et les possibilités éducatives de la société contemporaine à partir d’une approche inspirée de la théorie de la complexité.

    ›Comparer les usages de consommation numérique de réseaux sociaux avec ceux de créativité numérique.

    ›Présenter le besoin de réintroduire la complexité et l’interdisciplinarité à l’école pour engager les apprenants dans des projets supposant des défis intéressants.

    Le monde a changé de manière spectaculaire dans les dernières années. Les technologies de l’information et de la communication ont modifié notre façon de communiquer, de faire des achats et même la façon de jouer et de travailler. Le monde est en réseau et le monde est chaque fois de plus en plus emmêlé. La complexité des connaissances et des outils technologiques utilisés dans notre quotidien est supérieure à celles du siècle passé.

    1/Les compétences numériques dans l’ère de la post-vérité

    Nous avons accès à une grande quantité d’informations comme jamais auparavant. En même temps, nous nous retrouvons à une époque où la qualité et la véracité de l’information supposent un défi pour les sociétés contemporaines. Dans les réseaux sociaux, l’information circule à grande vitesse, mais la majorité de cette information est fausse. Nous sommes à l’ère de la post-vérité ou post-truth, un néologisme reconnu comme le mot de l’année 2016 par l’Oxford Dictionaries, défini comme «les circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence pour former l’opinion publique que l’appel à l’émotion et aux croyances personnelles¹». Nous aurions pu penser que l’accès à l’information permettrait de partager et d’évaluer la qualité de l’information; pourtant, l’excès et la surcharge d’information nous ont conduits à un relativisme extrême où le nombre de «J’aime» dans les réseaux sociaux est plus important que la source d’information qui transmet la nouvelle. La complexité et la qualité de l’information à gérer chaque jour ne se traduisent nécessairement pas dans le développement des compétences informatives, de la culture numérique et de la pensée critique. Nous aborderons ces compétences dans les sections suivantes.

    2/Le réductionnisme et la consommation interactive des technologies

    Vis-à-vis les défis socioéconomiques d’un monde globalisé, il est important de développer un esprit critique envers l’information dans les réseaux sociaux, qui peuvent servir à véhiculer des opinions et des rumeurs qui empêchent la compréhension et la gestion de la complexité. Examiner les informations avec rigueur implique de l’attention et, dans notre contexte d’hyperconnectivité, il est difficile d’accorder l’attention nécessaire à toutes les informations reçues pour les mettre en contexte dans un système complexe. La gestion quotidienne de la complexité nous a conduits à accepter le réductionnisme. Il est beaucoup plus facile de cliquer sur «J’aime» dans les réseaux sociaux que de prouver et commenter la pertinence et la véracité des informations. Nous recevons une grande quantité d’informations, mais nous les traitons de manière superficielle, de la même façon que nous passons des heures devant plusieurs types d’écrans, mais nous les utilisons majoritairement en tant que consommateurs interactifs. Nous utilisons la plupart du temps les technologies que de manières superficielles, les usages créatifs des technologies étant beaucoup moins fréquents. L’usage de la technologie comme consommateur et l’usage de celle-ci comme créateur numérique constituent deux paradigmes très différents (Romero, Laferrière et Power, 2016).

    Dans le premier cas, l’utilisation de la technologie est facile et intuitive (cliquer sur «J’aime», écrire, partager des photos ou des vidéos). Même si nous passons beaucoup de temps à utiliser les technologies en tant que consommateurs interactifs, notre participation n’implique pas la création des nouvelles solutions numériques; au plus, on arrive à créer quelques contenus interactifs relativement simples. Dans le deuxième cas, l’utilisation créative des technologies implique l’idéation et le développement de solutions créatives (originales, pertinentes et efficaces) à travers l’usage des technologies. Par exemple, créer une application pour faire une réservation dans un restaurant ou créer une ressource éducative interactive. Cette dichotomie est similaire à la différenciation entre la classe créative et le précariat issue du travail de Florida (2014). D’une part, le précariat fait des travaux impliquant une faible valeur ajoutée qui peuvent être réalisés par une main-d’œuvre à bas prix et, dans quelques cas, peuvent être remplacés par des solutions robotiques. D’autre part, la classe créative apporte une valeur ajoutée du type humaine (empathie, sensibilité, résolution des problèmes complexes, collaboration, etc.) qui permet de maintenir une perspective d’employabilité et de développement personnel et social vis-à-vis de la quatrième révolution industrielle: la robotique (Schwab, 2017). Nous l’aborderons dans un chapitre de ce livre pour traiter les changements socioéconomiques qu’elle implique ainsi que la robotique pédagogique comme outil éducatif pour le développement des compétences du XXIe siècle. Avant de présenter ces compétences, nous discutons la complexité et l’interdisciplinarité à l’école.

    3/L’introduction de la complexité et de l’interdisciplinarité à l’école

    «Les problèmes ne peuvent pas être résolus en réfléchissant de la même manière qu’ils ont été créés.»

    ALBERT EINSTEIN

    Développer le potentiel de chaque apprenant dans un contexte de complexité est un défi pour le système éducatif traditionnel. Les écoles ont été conçues à partir d’une perspective industrielle où un même programme devait pouvoir servir à tous les apprenants d’un même niveau scolaire. Le modèle d’école et de programme basé sur une série de disciplines bien définies présente des limites importantes du point de vue de la personnalisation, du réductionnisme disciplinaire et de l’orientation transmissive et uniforme des connaissances.

    FIGURE 1.1./Éducation orientée disciplines contre éducation du XXIe siècle

    Sir Ken Robinson, expert en créativité et en éducation, considère que les écoles traditionnelles ne permettent pas le développement créatif des apprenants. En 2006, il présenta une TEDTalk très populaire, intitulée en anglais Do Schools Kill Creativity?², où il critique les limites de l’école traditionnelle et fait appel à un changement éducatif:

    Notre système éducatif est basé sur la notion d’aptitude académique. Et il y a une raison. Le système entier a été inventé – à travers le monde, il n’y avait pas d’enseignement public, vraiment, avant le XIXe siècle. Ces systèmes sont tous apparus pour satisfaire les besoins d’industrialisation. La hiérarchie est donc fondée sur deux idées. Premièrement, que les sujets les plus utiles au travail sont au sommet. Vous étiez donc de façon bienveillante écartés de certaines choses à l’école, des choses qu’enfants vous aimiez si elles ne vous permettaient pas d’obtenir un travail. N’est-ce pas? Ne fais pas de musique, tu ne seras pas musicien; Ne fais pas de l’art, tu ne seras pas un artiste. Un conseil bienveillant – qui est maintenant, profondément faux. Le monde entier s’engouffre dans une révolution. Le second point est que l’habilité académique domine vraiment notre vision de l’intelligence, car les universitaires ont modelé le système à leur image. Si vous imaginez l’ensemble des enseignements publics à travers le monde, c’est un long processus d’accès à l’université. Et la conséquence est que beaucoup de gens talentueux, brillants, créatifs pensent qu’ils ne le sont pas, car les matières où ils étaient bons à l’école n’étaient valorisées, ou étaient même stigmatisées. Ça ne peut pas continuer ainsi (Robinson, 2006).

    Sir Ken Robinson défend un changement du modèle éducatif pour permettre aux apprenants de développer leur créativité de manière interdisciplinaire en tenant compte de la diversité du potentiel des apprenants. Robinson s’appuie sur les théories des intelligences multiples (Gardner, 2006) et la mentalité de croissance ou growth mindset (Dweck, 2006), lesquelles invitent les apprenants à considérer que l’intelligence est dynamique et peut se développer à travers des défis. Robinson revendique la complexité du cerveau et l’interdisciplinarité, comme des reflets du monde complexe, qui peuvent promouvoir la créativité chez les apprenants:

    Nous savons trois choses sur l’intelligence. Une, elle est variée. Nous pensons le monde de toutes les façons que nous l’expérimentons. Nous le pensons de façon visuelle, de façon auditive, de façon kinesthésique, Nous pensons de façon abstraite, nous pensons en mouvement. Deuxièmement, l’intelligence est dynamique. Si vous regardez les interactions du cerveau humain, comme nous l’avons vu hier dans de nombreuses présentations, l’intelligence est merveilleusement interactive. Le cerveau n’est pas divisé en compartiments. En fait, la créativité – que je définis comme le processus d’avoir des idées originales qui ont de la valeur – le plus souvent, provient de l’interaction de différentes façons de voir les choses (Robinson, 2006).

    La séparation traditionnelle en disciplines répond à une convention prénumérique, d’une époque où les encyclopédies universelles arrivaient à nous faire sentir que l’essentiel de la connaissance humaine pouvait se retrouver dans les étagères de notre bibliothèque. Je me rappelle de l’encyclopédie chez mes grands-parents, et de la solennité et l’attention qu’il fallait au moment de mener une recherche dans l’encyclopédie. Nos enfants ne connaissent pas ce que c’est de chercher une définition ou un personnage historique dans une encyclopédie. Ils sont étonnés par le temps requis pour y trouver une réponse, qui est très souvent simple et courte. Malgré la disparition progressive des encyclopédies dans nos maisons, la tradition disciplinaire de la même époque persiste dans les programmes scolaires et dans les départements de nos établissements universitaires. Les didactiques ont permis de faire avancer les connaissances et les compétences disciplinaires, mais ils ont aussi contribué à développer une spécialisation qui réduit la complexité et les liens avec le monde. Pensons aux mathématiques et à la question que plusieurs apprenants posent sur son intérêt pour la vie quotidienne. Si les mathématiques faisaient partie de défis authentiques et d’une certaine complexité, les apprenants iraient y chercher les concepts mathématiques dont ils ont besoin. Pourtant, si nous enseignons les concepts mathématiques par unités didactiques non contextualisées, malgré les affordances cognitives, nous perdons l’implication des apprenants sur la valeur des tâches d’apprentissage. À titre d’exemple, on abordera le sujet de la mesure de distance et les changements d’échelle. Si ces concepts et compétences disciplinaires sont nécessaires pour réussir un défi beaucoup plus significatif, tel que construire la maquette d’une ville en miniature (figure 1.2), le besoin de comprendre et d’appliquer les mesures de distance et les changements d’échelle deviendrait nécessaire pour la réussite.

    FIGURE 1.2./Construction de la maquette d’une ville (#SmartCityMaker)

    Photographie: Romero, 2016.

    Dans le cadre du projet #SmartCityMaker, le groupe-classe crée la maquette d’une ville intelligente (smart city). Les apprenants sont divisés en équipes et chaque équipe a pour tâche de construire un quartier. Les normes urbanistiques et l’échelle des maquettes doivent être choisies et régulées par les apprenants afin de pouvoir réaliser une maquette cohérente. Le défi de coordination et de création intègre des concepts mathématiques différents; l’interdépendance positive ou positive interdependence (Johnson et Johnson, 1989) entre les apprenants facilite le transfert de connaissances entre les apprenants plus avancés et ceux qui présentent des difficultés, car le résultat final dépend de la contribution de tous les apprenants.

    Les projets interdisciplinaires comme #SmartCityMaker permettent de travailler différents aspects du programme scolaire et, en même temps, ces projets représentent

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1