L'arbre roi: Roman

Par VARIN Noé

L'arrivée de Tom et de Lym dans un univers de lumières risque de tout faire basculer...

Au cours d'un voyage en famille, Tom et sa sœur Lym découvrent un arbre étrange qui les transporte dans un monde de couleurs et de lumières semblant tout droit sorti des légendes de leur grand-mère. Dans ces lieux où tout parait possible, ils se retrouvent impliqués dans les bizarreries d'un univers qui les dépasse et que leur simple présence paraît mettre en péril.

Ce roman d'aventures et de fantasy, rempli d'actions et de rebondissements, vous emmène dans un univers merveilleux qui laissera rêveur petits et grands...

EXTRAIT

Tom se fraya une place près du chauffeur en évitant de marcher sur les autres passagers du chariot.
« Que sont-elles ? Ces formes. »
Il fronça les sourcils et le regarda avec étonnement.
« Vos grands-parents ne vous ont jamais emmenés ici ? C’est Longuevue, la ville des lumières ! Elle est très célèbre. Et ces formes, c’est l’un des aspects des lumières de Méridan. Il est le seigneur de la cité, et depuis le début de son règne la ville n’a jamais été aussi prospère. Tu en verras bien d’autres à l’intérieur des murs, et de bien plus impressionnantes ! »
Tom ne sut quoi répondre, se demandant si on lui faisait une mauvaise blague, mais il préféra se taire devant toutes ces étrangetés autour de lui. Lym était aux anges. Elle ne se souciait plus guère de retrouver quoique ce soit, mais préférait se tenir au bord du chariot, ses yeux grands ouverts, pour ne rien perdre du spectacle majestueux des lumières dansantes.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né à Rouen, Noé Varin est rédacteur, traducteur et écrivain. Grand amateur de nouvelles et de littérature américaine, il puise son inspiration dans sa passion pour l’Histoire et les mythes. Il apprécie tout autant écrire en français qu’en anglais et a été publié dans Vine Leaves Literary Journal, Géante Rouge et Hellbent Magazine.

• Langue: Français
• Éditeur: Le Lys Bleu Éditions
• Date de sortie: 8 nov. 2019
• ISBN: 9791037700445

Aperçu du livre

I

La petite voiture vert émeraude progressait en mesure avec les fredonnements de l’été, portée par une délicieuse brise de sel et de roc sur une étroite route coincée entre une colonie d’épis de maïs gonflés et de murs de haies coupés au carré pour bien indiquer les limites de chacun des domaines voisins. Devant la plantation, des ifs ancestraux tenaient le rang et proclamaient leur droit sur le bitume en autant de taches d’encre qu’aucune adresse n’aurait pu éviter. Au croisement, lorsqu’elle quitta enfin l’ombre portée des arbres plusieurs fois centenaires, la voiture ralentit jusqu’à s’arrêter devant une ancienne maison de pierre grise éblouissante sous le soleil, trop heureuse de ne pas subir la dure loi des ifs.

Sur le pas de la porte, une silhouette chétive aux longs cheveux blancs emmitouflée dans une robe de chambre rose pâle avec pantoufles assorties hochait doucement de la tête dans un invisible rocking chair. La petite femme s’était postée là, attendant patiemment l’arrivée de ses quatre invités, une tasse de thé à la main. Au contraire, Tom, le front soutenu par la vitre arrière, aurait donné beaucoup pour rester dans leur maison de ville, comme le reste de ses amis. Lorsqu’ils sortirent de la voiture, lui et les trois autres passagers, le sourire de la vieille femme était si large et ses yeux tant ouverts qu’elle restait figée dans une joie intense qui ponctuait son visage de rivières asséchées, de chemins parcourus et à venir. Les embrassades, accolades et autres joyeusetés s’enchaînèrent pendant de longues minutes, chacun y allant de son excuse pour un nouveau tour, si bien que le vieil homme, alerté par de telles démonstrations, arriva à son tour et qu’il fallut tout recommencer. Seul Tom restait à l’écart, jugeant qu’une bise était largement suffisante pour accomplir son devoir.

Au dîner, les convives s’installèrent sur la longue banquette habillée de coussins dans le coin de la cuisine, qui rappelait à Tom l’aspect d’un vieux restaurant où ses parents les amenaient souvent. Une fois toutes les places réparties, il ne fallut pas plus d’une minute pour que les sempiternelles mêmes histoires fussent contées à nouveau, pendant que l’on servait le « plat préféré » des enfants, avec les dernières nouvelles bien sûr. Tel voisin avait vécu un récent drame ou tel autre faisait jaser pour une affaire qui se prouvait sans grand intérêt. C’était suffisant pour que Tom préfère se tourner vers d’autres pensées plutôt que de réécouter à nouveau les histoires de M. Marquet, un ami de la famille dont l’unique nouveauté se révélerait être un problème de voiture ou une mauvaise coupure en bricolant.

Ce n’est que lorsqu’il entendit le mot « château » qu’il se rendit compte que la discussion avait dévié sur leur deuxième sujet de prédilection.

« On pense visiter le château du Haut-Pic dans la semaine. Surtout que les enfants ne l’ont jamais vu.

— Ah, c’est une très belle idée, commença grand-mère. Vous savez que le château a été construit au tout début de l’époque médiévale ? Il abritait d’ailleurs une compagnie de chevaliers à l’époque.

— Ah non, tu ne m’as jamais raconté cette histoire maman ! s’étonna la mère de Tom.

— Et bien mon cousin, tu sais celui de par ma tante Jeanne, il travaillait comme… »

Tom avait préféré s’arrêter là. Grand-mère était une encyclopédie vivante de l’histoire de sa région, de ses contes et légendes, de ses rituels et mythes oubliés. Il y avait toujours une parenthèse ouverte, une virgule ou un astérisque de plus quand grand-mère parlait. Et Tom savait qu’il en avait pour une bonne demi-heure s’il devait suivre cette discussion.

Quand vint le dessert, Tom était toujours dans son aparté, mais un changement dans la mélodie lui indiqua qu’une nouvelle page d’histoire venait tout juste de se refermer.

« Une autre, une autre mamie ! s’écria Lym tout en gigotant sur sa chaise.

— Bon ça suffit maintenant Lym calme-toi ! répondit leur mère. »

À nouveau conscient des événements de la table, Tom remarqua que sa grand-mère l’observait avec une intensité qu’il ne lui connaissait pas.

« Mon petit ange, je vais en raconter une dernière d’accord ? Et toi, mon cher Tom, tu m’as l’air bien loin dans les nuages. Écoute celle-ci au moins, je pense qu’elle est faite pour toi. »

Tom n’avait pas l’habitude de voir sa grand-mère si sérieuse, et il pensa pendant quelques secondes que son manque d’attention l’avait peut-être vexée.

« Tu te souviens de mon amie Rose, qui habite plus bas quand tu longes la route ? Son fils vient d’entamer des travaux pour construire une terrasse, dans sa maison à Longuevue. En creusant le sol, il a trouvé un lampion ouvragé en bronze sous une vieille dalle de pierre.

— Wôw ! s’écrièrent les deux parents à l’unisson. »

Tom, lui, ne voyait pas ce qu’il y avait de si intéressant dans un vieux lampion terreux, alors que Lym était déjà accrochée.

« Et alors ils en ont fait quoi du lampion mamie ?

— Je pense qu’ils vont le restaurer et l’exposer dans leur maison, c’est un très bel objet ! Mais c’est surtout un héritage de la longue et belle histoire de Longuevue. »

Tom avait l’habitude d’entendre toutes sortes d’histoires sur la ville, une vieille cité portuaire enclavée sur un roc, qui avait fait de son passé et ses légendes médiévales son credo pour attirer chaque année toujours plus de touristes venus du monde entier renflouer l’économie locale. Mais jamais il n’avait entendu une quelconque histoire à propos d’un lampion. Comme il fallait s’y attendre, Lym ne tarda pas à s’exciter sur sa chaise, pour indiquer en toute subtilité à grand-mère qu’il était temps de lancer son histoire.

« Longuevue a porté beaucoup de noms et de titres à travers les siècles, mais celui qui est resté (et qui est aujourd’hui placardé à tout va dans leurs prospectus) est la Ville des Lumières. La légende veut qu’au XIème siècle, alors que le seigneur Méridan était à la tête de la cité, des fermiers de la région trouvèrent une source d’énergie nouvelle et jamais vue auparavant. Une énergie faite de lumière, une lumière blanche et pure, réchauffant le corps des hommes comme le soleil, et apaisant leurs cœurs comme la lune. Méridan ordonna dès lors d’utiliser la prodigieuse source pour éclairer la cité, et ainsi des lampions de bronze furent installés aux quatre coins de la ville. Dans telle rue les lampions étaient gravés de petits personnages joueurs et recouverts d’une silice pourpre, et dans telle autre de puissants chevaliers en armure étaient postés dans le bronze, et une pellicule dorée ornait le tout. Ainsi des centaines de variations furent créées par les plus grands artisans de la région, et bientôt toute la ville était habitée de formes lumineuses dansantes ou protégeant les murs d’enceinte, et pendant longtemps les ténèbres disparurent. Les couleurs et les lumières prirent contrôle de la ville, et elle devint un grand lieu de visite. On raconte que, dans les plus grandes heures de la cité, même les champs en dehors de la