L’amour ou le devoir

Le train avait déjà pris de la vitesse lorsque Louise leva les yeux de son livre. La jeune femme tourna son visage souriant vers la fenêtre et contempla la

Méditerranée, bleu azur, aveuglante de beauté sous le soleil de mars. Louise était heureuse. Elle venait de terminer ses examens de droit à Cannes et elle se rendait à Rome afin de fêter ses fiançailles avec son petit ami, Emilio Riva.

C’était un italien de 27 ans qu’elle avait rencontré deux ans plus tôt lors d’un stage de voile en Sicile. Louise se sentait bien avec Emilio. Ayant perdu ses parents deux ans auparavant, elle était pleine de gratitude envers ce garçon qui lui offrait, en se fiançant avec elle, une nouvelle famille. Elle avait hâte de découvrir Andrea Riva, le père d’Emilio, un riche et généreux entrepreneur qui vivait à Rome. On lui en avait dit tant de bien.

Elle jeta un coup d’œil vers la vitre afin d’évaluer son reflet. Elle tenait son teint mat et ses yeux noirs ardents de sa grand-mère, une Italienne solide et travailleuse qui avait vécu toute sa vie à Tarente, dans la région des Pouilles, au sud de l’Italie. Louise y avait passé toutes ses vacances quand elle était enfant et avait gardé une tendresse pour ce pays. Louise s’apprêtait à reprendre sa lecture quand une voix grave résonna à côté d’elle :

– Louise, c’est toi ?

La jeune fille le reconnut immédiatement. Un voile tomba alors sur son visage. C’était Nicola Corisi.

Elle l’avait rencontré un soir d’été, alors qu’elle n’avait pas encore 16 ans, dans la vieille ville de Tarente, bâtie sur l’île dressée entre la mer Ionienne et la Mar Piccolo.

Pendant trois ans, les deux adolescents s’étaient aimés passionnément, été après été, en maintenant une correspondance amoureuse quand Louise rentrait en France.

Pourtant, la veille de ses 18 ans, Nicola avait quitté Louise et l’avait suppliée de ne plus jamais revenir à