haque soir dans les appartements du quai Branly disposer la moustiquaire, allumer les serpentins à la citronnelle. Chaque soir pester contre ces insectes, maudire leur planque : le bassin de rétention d’eau du musée Jacques-Chirac voisin ; c’est de là qu’ils partent à l’assaut des 62 logements du palais de l’Alma. Une infestation dont les résidents, présents ou passés, parlent comme d’un rite initiatique, la preuve qu’on a vraiment habité cet édifice national réservé à ceux dont la présidence de la République ne saurait se passer et l’insigne reconnaissance vaut bien, à les écouter, quelques démangeaisons… L’Alma et ses moustiques, c’est, depuis la rue, une façade minérale, massive. Autour de la porte cochère noire, aucune plaque indicative, pas de guérite ni de garde républicain, seul le drapeau tricolore désigne le bâtiment officiel, dont le flou sur Google Earth souligne la sensibilité militaire. Un palais pâlement égayé d’une table de ping-pong, et depuis peu agrémenté d’une flotte de vélos électriques et de trottinettes. Au petit matin, traversant le pont Alexandre-III, juchés sur ces engins que la présidence met à leur service, ou à pieds pour les moins téméraires, les silhouettes pressées des locataires de l’Alma, Alexis Kohler, le puissant secrétaire général de l’Elysée en trottinette, qui aura plus tôt promené son minuscule chien, Patrick Strzoda, le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Frédéric Michel, l’anglophile directeur de la communication présidentielle dont l’appartement pleurniche sous sa très vieille moquette, et Arnaud Jolens, le scénographe devenu directeur des opérations. Nécessité absolue de service pour les deux premiers, « privilège » – le mot est d’un
L’Alma, la mystérieuse adresse de la présidence
Jul 27, 2023
9 minutes
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