Le joueur d’échecs

Tatiana connaissait désormais le jardin du Luxembourg comme sa poche. Au début, elle y avait amené Loulou, son pékinois, dans la zone délimitée pour promener les chiens en laisse entre la rue Auguste-Comte et le boulevard Saint-Michel. Puis elle avait confié Loulou à sa voisine pour partir seule à la découverte du jardin et des multiples spectacles qu’il proposait. La retraitée avait bien le temps de parcourir les allées à n’importe quelle heure de la journée. Parfois même, en été, elle y restait jusqu’au moment de la fermeture des grilles, à 21 h 30, par le gardien qu’elle appelait désormais par son prénom :

– Tout s’est bien passé aujourd’hui, Michel ? lui lançait-elle de sa voix aux accents russes.

C’était sa façon d’engager la conversation avec le vieil homme vêtu de bleu et muni d’un sifflet et d’un talkie-walkie. Il n’était plus surpris par les habitudes de la dame élégante et