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Une famille du nord: Roman apocryphe d'un arbre généalogique
Une famille du nord: Roman apocryphe d'un arbre généalogique
Une famille du nord: Roman apocryphe d'un arbre généalogique
Livre électronique206 pages2 heures

Une famille du nord: Roman apocryphe d'un arbre généalogique

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À propos de ce livre électronique

L'histoire d'une famille au travers de quatre siècles d'Histoire !

À la sortie du Moyen-Âge, Roncq reste encore une petite bourgade dans laquelle vivent des gens simples. C’est pourtant là que débarque et s’installe un certain Farvacque, jeune forgeron. Nous allons le suivre, lui et sa descendance, durant quatre siècles ponctués de découvertes scientifiques qui ont transformé en profondeur notre société pour l’amener à l’essor industriel du XIXe siècle. Passions, aventures, déboires… les ingrédients de la vie, tout simplement.

Plongez dans ce roman familial à la découverte de l'histoire de Farvacque et de sa descendance, du Moyen Age à la révolution industrielle du XIXe siècle.


EXTRAIT

Les soirs à l’étude, Z’abbé complétait l’enseignement officiel de l’école de l’État, en proposant des cours d’initiation au latin et à l’allemand : deux langues proches du point de vue grammatical. Peu d’enfants supportaient cette charge supplémentaire de travail, mais André et Louis acceptèrent. Alors, pour encourager les autres à en faire autant, Z’abbé instaura l’idée que deux fois par semaine, durant les repas du soir, on ne pourrait parler qu’en latin ou en allemand.
Cela marcha approximativement, car la plupart des enfants se contentèrent vite d’avaler leur soupe sans rien dire. Par contre, André et Louis jouèrent le jeu et en firent une sorte de compétition. Ils acquirent ainsi, très jeunes, le sens de la grammaire, sûrement la raison pour laquelle ils ne firent quasiment plus jamais aucune faute d’orthographe ultérieurement.
 
L’hiver avait progressivement épuisé le stock de nourriture constitué surtout de patates et quelques jambons fumés que Z’abbé et ses enfants avaient récoltés ou fabriqués l’année précédente à partir des ressources de leur petite ferme.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Physicien de profession, Jean-Louis Farvacque a visité de nombreux pays afin non seulement d’y présenter et développer ses recherches, mais aussi pour promouvoir l’enseignement de la physique dans des pays en voie de développement. A ce titre, il est l’auteur de nombreux ouvrages scientifiques. Il s’est progressivement tourné vers la littérature en abordant des genres différents : science-fiction, aventure, thriller, fantastique, sentimental.
LangueFrançais
Date de sortie27 juil. 2018
ISBN9782378773458
Une famille du nord: Roman apocryphe d'un arbre généalogique

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    Une famille du nord - Jean-Louis Farvacque

    I

    La saga d’une famille de Roncq, du XVe au XIXe siècle

    1

    En l’an 1000. Roncq était un lieu-dit de très petite taille, situé en Flandre. Il regroupait quelques masures construites en torchis abritant une poignée de serfs. Des pauvres gens volontairement laissés dans l’ignorance, exploités avant tout pour des travaux agricoles, puis parfois employés dans la construction ou l’entretien des châteaux de la Seigneurie d’Halluin. En effet, Roncq vivait à l’ombre de sa bourgade voisine Halluin. Quelques paysans y trouvaient parfois du travail. Il n’y avait a priori aucune perspective de développement. On survivait et c’était déjà bien. Pourtant, on y vécut bien et même de mieux en mieux si bien que le nombre de masures augmenta progressivement. Ainsi, le lieu-dit devint village, le village devint bourgade, bourgade qui, pour la collecte des différents impôts, fut déclarée communauté ou paroisse fiscale vers l’an 1055. Quatre siècles de vie et de générations s’y succédèrent et éloignèrent lentement les paysans du Moyen Âge, tout en les gardant sous la férule rigide de l’Église. En conséquence, aucun bouleversement notable ne fut possible tant il est vrai qu’il valait mieux, pour l’intérêt des ecclésiastiques, garder les gens dans l’ignorance et la crainte de Dieu.

    Puis, survint une invasion. Un miracle ?

    En 1477, Louis XI chassa d’Arras, les bourgeois et les tisserands dont certains se réfugièrent à Roncq. Cette population déplacée, emporta une partie de sa richesse et de sa technologie. La vocation textile du Nord était née. Louis XI décéda en 1483 et laissa en héritage la France à son seul fils qui prit le nom de Charles VIII.

    *

    C’est une petite dizaine d’années plus tard que les registres paroissiaux mentionnèrent pour la première fois le patronyme Farvacque. Bourgeois ? Tisserand ? Venait-il d’Arras ? Où n’était-il en fait qu’un serf de vieille souche, natif de Roncq ?

    Ni l’un ni l’autre. C’était un jeune garçon, né vers 1473, abandonné à la naissance et recueilli à l’âge de dix ans par un maître de forges qui le forma très jeune aux métiers du fer. Il était habile et engrangea tout ce que son maître lui enseigna, y compris une maîtrise suffisante de la lecture et de l’écriture nécessaire pour le déchiffrage de certains plans. Cela le rendit indépendant. Grâce à quelques livres, il se mit à penser librement et, alors, ne voulut plus être asservi. Il lui était impossible de rester à vie sous le joug de son maître de forges et de continuer à être exploité en échange d’un quignon de pain et d’un ballot de paille en guise de literie. Bien qu’il fût reconnaissant à son maître de l’avoir ainsi formé, il décida qu’il s’en échapperait un jour.

    Mais il lui fallait une nouvelle identité. Or, il venait d’une région où il existait une forte concentration de forges, d’une zone où l’on manipulait le fer. Dans le patois local, en grande partie issu du latin, ce lieu-dit était appelé Farvacque¹, il choisit ce patronyme. Et puisqu’en France c’était le règne de Charles VIII, il choisit le prénom Charles. Ainsi Charles Farvacque venait de naître dans la peau d’un jeune homme vigoureux d’une vingtaine d’années, malin, fort de son savoir et de sa dextérité. Il pensa qu’en chemin, il pourrait sûrement subsister en proposant ses services de forgeron dans les différentes bourgades qu’il traverserait ou bien en y vivant de larcins. Fort de son projet, il quitta la forge au début du printemps. Il avait décidé qu’il marcherait jusqu’au moment où il ressentirait instinctivement qu’il avait trouvé son lieu de vie, une bonne raison de se poser.

    C’est ainsi que, quelques années après l’arrivée des émigrés d’Arras, Charles débarqua aux environs de Roncq un soir du mois d’août. La récolte du blé avait commencé. Il s’allongea à l’abri d’une meule, harassé par plusieurs jours de marche, sans avoir pu gagner le moindre écu dans les trop rares forges, n’ayant ingurgité que quelques fruits maraudés dans les vergers qui bordèrent son parcours et quelques miches de pain indélicatement empruntées. Il s’endormit protégé par la nuit qui tombait.

    — Monsieur ! Monsieur !

    Secoué par une main qui agitait son épaule, et ces mots prononcés d’une voix douce et jeune, Charles ouvrit les yeux éblouis soudain par un Soleil aveuglant, signe d’une bonne journée d’été. Puis il distingua une jeune paysanne au visage bronzé, la tête sertie d’un bandeau de toile bleu éteint.

    — Ça va Monsieur ?

    Charles, surpris, ne répondit rien. Il observait les traits fins de la jeune femme. Pas plus de seize ans, pensa-t-il. Devant son silence, la paysanne lui tendit une petite gourde d’eau ainsi qu’une portion de sa miche de pain.

    — Merci !

    Il but goulûment et mastiqua avec frénésie le quignon de pain. Puis il retrouva une certaine civilité. Il lui demanda :

    — Bonjour Mademoiselle. Où sommes-nous ? Qui êtes-vous ?

    — Roncq ! Nous sommes à Roncq. Une paroisse de la Seigneurie d’Halluin. Je m’appelle Hélène, l’aînée des enfants du métayer qui exploite cette ferme. Et vous ?

    — Charles ! Charles Farvacque. Je suis forgeron.

    — D’où venez-vous ? Où allez-vous ?

    — De très loin. Je recherche un endroit où je pourrai m’installer et vivre de façon indépendante.

    Cette présentation sommaire fut interrompue par des cris joyeux qui s’amplifiaient. Charles distingua un chariot tiré par deux bœufs, à moitié chargé de bottes de blé.

    — C’est la moisson. Voici mes jeunes frères et mon père.

    Voyant sa fille agenouillée devant la meule, le métayer au regard méfiant s’approcha de l’inconnu qui tenait encore de sa main la gourde d’Hélène.

    — Papa, il se nomme Charles. Il est forgeron. Il vient de très loin et cherche un endroit où se reposer.

    — Bonjour, dit le métayer.

    Silence.

    Le métayer l’observait. Par politesse, Charles se mit debout et révéla ainsi son corps athlétique formé par des années de travail à la forge. Le métayer y entrevit tout de suite un intérêt pour la moisson.

    — Vous pouvez passer quelques jours chez nous si vous le voulez.

    — Je n’ai pas le sou. Je ne pourrai vous dédommager !

    — Oh ne vous en faites pas, il y a la moisson à engranger. Puis, j’ai des tas de chevaux à ferrer et des roues de chariot à remettre en état. C’est un peu votre métier pas vrai. Hélène, laisse-nous les casse-croûte du matin et conduis-le à la ferme. Qu’il se retape. Apporte-nous le repas vers midi.

    Charles suivit docilement Hélène, pendant que ses frères chargeaient la meule sur le chariot. Elle était svelte, sa taille de guêpe était mise en valeur par une jupe marron clair qui cachait ses jambes jusqu’aux mollets. Son corsage blanc cassé, dont l’échancrure était généreuse, laissait deviner la poitrine ferme d’une femme en bonne santé. Elle était chaussée de sabots légers. Charles fut subjugué par la paysanne et pensa qu’il n’avait jamais rien vu de plus beau.

    — Très généreux votre père. Toute votre famille est comme ça ?

    — Oui ! Mais, toute ma famille, vous la connaissez déjà : mon père, mes jeunes frères et moi-même. Notre mère est morte en couche il y a dix ans. Aussi, j’ai servi de mère à mes trois frères et de consolation à mon père.

    — Quel âge avez-vous ?

    — Vingt ans. Mes frères dix-huit, seize et le petit dernier dix ans, un retour de flamme. Et vous ?

    — Vingt et un.

    — Vous avez une famille ?

    — Non. J’ai été placé très tôt dans un orphelinat jusqu’à mes dix ans, puis confié comme apprenti à un compagnon, celui qui m’a appris le métier de forgeron.

    Le corps de la ferme était composé d’une étable, d’une petite écurie et de plusieurs granges entourant une cour spacieuse dans laquelle évoluaient librement quelques cochons parmi de nombreuses volailles. Mais, des chevaux de trait ainsi que deux pur-sang et quelques vaches paissaient dans des enclos situés à l’extérieur. Un bâtiment muni de quatre fenêtres, donc spacieux, couvert de chaume, suivi d’appentis de tailles variables complétait la fermeture de la cour intérieure. Les chambres étaient situées à l’étage. Hélène y fit entrer Charles et lui proposa une bière.

    Le sol de la pièce de vie était couvert de carrelages hexagonaux rouges. Le mobilier était austère, mais semblait indestructible : deux énormes buffets, quelques huches entourant une immense table en bois massif. La cuisine était séparée de la pièce principale. Elle était pavée de briques disposées en chevrons. Tout était propre, impeccablement ordonné.

    — Vous verrez, notre bière est excellente. C’est nous qui la brassons. Nous cultivons également un peu d’orge et de houblon.

    Charles accepta et apprécia.

    — Si j’ai bien compris, vous êtes la maîtresse de maison ? conclut Charles.

    — Exact. Mais mon père est très strict et oblige mes frères à m’aider. Regardez là. C’est ma mère, je l’ai dessinée de mémoire.

    Le dessin en noir et blanc était tracé à l’encre. Il était d’une précision stupéfiante. Il représentait une femme jeune au regard serein, apaisé. De longs cheveux noirs s’ouvraient sur le front et flottaient sur les épaules.

    — Elle est très belle, s’exclama Charles. Et vous lui ressemblez. C’est frappant.

    — Merci, répondit Hélène en rougissant de façon perceptible.

    Puis elle continua.

    — Vous devriez aller vous laver. Je pense que vous en avez besoin. Dans la remise, il y a un petit bac et une réserve d’eau de pluie. Je vous apporterai quelques vêtements propres. Après, vous me rejoindrez dans la cuisine. Il me faut préparer le repas des hommes.

    Charles trouva l’appentis qui servait de salle de bains. Il retira ses habits crasseux qui ne l’avaient pas quitté depuis le début de son escapade et qui lui avaient également servi de couvertures pendant les nuits. Nu comme un ver, il se frotta avec délice. Une impression de bien-être qu’il n’avait plus connu depuis longtemps l’envahit au point de faire durer la séance du bain. C’est alors qu’Hélène entra sans prévenir dans l’appentis et accrocha quelques vêtements à une patère. Charles, surpris par cette arrivée soudaine, saisit sa propre chemise avec laquelle il camoufla le mieux possible ses attributs virils. Hélène se mit à rire.

    — Oh, ne vous en faites pas. Avec mes frères, j’en ai vu d’autres !

    Puis, elle lui arracha la chemise des mains, le laissant ainsi dans le plus simple appareil, ramassa le tas de linge sale et sortit en lui disant :

    — Je vous les rendrai demain un peu plus propres. Les vêtements que je vous laisse ne sont qu’un prêt, vous vous doutez bien.

    Quelques minutes plus tard, Charles retrouva Hélène affairée dans la cuisine.

    — Que puis-je faire pour vous aider ?

    — Tâchez d’attraper un poulet dans la cour et plumez-le.

    — C’est que...

    je ne l’ai jamais fait, avoua Charles.

    — Ben justement, n’oubliez pas de lui tordre le cou avant de le plumer. Ça lui sera moins pénible, dit-elle en éclatant de rire.

    Charles sortit avec beaucoup d’appréhension et se lança à la poursuite des volatiles sans pouvoir en attraper un seul, car ils étaient effrayés. Hélène s’amusa à le regarder par la fenêtre de la cuisine. Elle le laissa faire un petit moment puis le rejoignit.

    — Si vous courez, vous les effrayez. Ce n’est pas à vous d’aller les chercher. Ce sont elles qui doivent vous approcher. Ne bougez plus et regardez.

    Hélène tendit alors sa main et fit mine d’émietter quelque chose en criant d’une voix aiguë « petits, petits, petits... » les poules accoururent et l’entourèrent. Elle eut tout le temps de choisir celle qui ferait l’affaire. Elle l’attrapa gentiment puis, d’un geste rapide, lui tordit le cou.

    — Voilà ! Tenez, plumez-la. C’est pour ce soir. Gardez les plumes dans ce sac. On les recycle sous forme d’édredons. Maintenant bon courage. Je reviens dans une bonne demi-heure. Je porte le repas aux hommes.

    C’est de cette façon que Charles Farvacque, le premier du nom, fit la connaissance de sa future épouse. Mais il ne le savait pas encore. Il se demanda pourquoi il était reçu de façon aussi cordiale.

    Pour le soir, Hélène avait préparé un vrai repas de fête. Les hommes revinrent des champs un peu avant la tombée de la nuit, après avoir fait un premier retour pour décharger le chariot rempli jusqu’à une hauteur invraisemblable. Le plus jeune des frères s’affala sur un banc de la cour. Le métayer grimpa en haut des ballots déjà entassés dans la grange. Ses deux autres fils, l’un sur le

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