Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Ester: Roman
Ester: Roman
Ester: Roman
Livre électronique176 pages2 heures

Ester: Roman

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Après une carrière dédiée à ses recherches en physique quantique, David, ancien universitaire, est soudain troublé par quelques rêves étranges qui font ressurgir du plus profond de sa mémoire le souvenir d’une jeune femme, Ester, son amour de jeunesse.
Par analogie avec les phénomènes d’intrication et de téléportation quantique, il interprète ces rêves comme une sorte d’appel à la rejoindre.
Il entreprend alors un voyage en Italie qui se transforme en une véritable enquête policière au cours de laquelle, il découvre progressivement la vie absurde et sordide qu'Ester a menée.
Où parviendra-t-il à la retrouver ?
Dans la vraie vie, ou dans le monde des idées ?

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Louis FARVACQUE est un écrivain hétéroclite s’essayant dans tous les genres, allant de la science-fiction au roman sentimental, en passant par les thrillers… Ses fictions sont toujours issues d’expériences vécues, empreintes du milieu universitaire dans lequel il a exercé son métier de physicien, avec le point commun de rendre passionnantes certaines notions scientifiques…
LangueFrançais
ÉditeurLibre2Lire
Date de sortie20 févr. 2020
ISBN9782490522682
Ester: Roman

En savoir plus sur Jean Louis Farvacque

Auteurs associés

Lié à Ester

Livres électroniques liés

Fantasy pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Ester

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Ester - Jean-Louis Farvacque

    Prologue

    Quelques mois avant mon départ en retraite, on me fit gentiment comprendre qu’il fallait que je me prépare à céder à mon digne successeur ce bureau occupé depuis tant d’années. Aussi, je me mis à trier cette quantité énorme de documents accumulés au fil du temps et qui encombraient les armoires métalliques caractéristiques de la fonction publique.

    Sur leurs toits se trouvaient d’énormes piles de copies d’examen que l’administration nous conseillait de garder quelques années pour faire éventuellement face aux réclamations toujours possibles des étudiants. Puis à l’intérieur, dans des boîtes de carton, je retrouvai les courriers de service, convocations aux différentes réunions de l’UFR, tout un embrouillamini des feuilles d’exercices sédimentées depuis plusieurs dizaines d’années, car ça peut toujours servir, un mélange de transparents de conférences utilisés avant la popularisation des vidéoprojecteurs, mais trop glissants pour rester sagement empilés les uns sur les autres, etc.

    Dans le classeur à quatre tiroirs de chemises suspendues – mon sanctuaire – je retrouvai les tirés à part de mes différents articles scientifiques, commandés souvent en trop grand nombre, mais devenus inutiles à cause d’Internet qui les proposait désormais en version électronique. Ces documents résumaient à eux seuls plus de quarante années de recherche.

    Les jeter également ?

    Pas le choix ! Mais pas avant d’en avoir fait relier un exemplaire de chaque. Toute ma carrière de recherche se trouverait ainsi résumée dans un ouvrage de près de mille pages courageusement écrites dans un anglais approximatif – celui de la science parlé aux quatre coins du monde – mais qui finirait néanmoins dans l’indifférence de tous au fond d’une bibliothèque.

    Puis, je retrouvai ces multiples polycopiés de cours patiemment écrits au fil du temps et concernant les différents domaines de la physique que j’avais été amené à enseigner. J’en relus quelques passages et me mis à rire en constatant ce style sec et sans fioriture qui caractérise les ouvrages scientifiques, surtout les livres de maths et les livres de physique. Ces textes n’avaient rien de poétique et n’exprimaient aucun sentiment, aucun point de vue, aucune croyance.

    Pourtant, toutes ces idées, ces théories bâties au fil du temps par, ce qu’il faut bien reconnaître, certains génies : Copernic, Kepler, Galilée, Newton, Maxwell, Einstein, Bohr, Schrödinger, Dirac et tant d’autres, n’avaient que comme seuls buts de décortiquer la logique des phénomènes naturels, de connaître notre rôle sur cette Terre perdue au milieu d’une immensité insondable et dont on ignore toujours le pourquoi de l’existence.

    Ces polycopiés recouvraient pratiquement tous les domaines de la physique qui, devenue trop vaste, trop complexe, avait été tronçonnée en différents domaines : mécanique, optique, électricité, électromagnétisme, thermodynamique, physique quantique, relativité, etc., et qui, pour des raisons d’organisation, étaient enseignés dans un désordre parfait. Il n’était pas rare que l’on impose aux étudiants un cours d’électricité avant de leur avoir expliqué la mécanique de Newton, autrement dit, en mettant la charrue avant les bœufs.

    Il aurait été plus logique de présenter aux étudiants les différents concepts de la physique en respectant l’ordre historique de leur apparition dans la pensée humaine. Alors, je me mis en tête de terminer ma carrière, d’entrer dans cette dernière partie de vie qu’on nomme la retraite, en écrivant un tel ouvrage. N’étant plus astreint à cette rigueur académique qui nous interdisait d’exprimer officiellement un quelconque point de vue personnel, lors des cours donnés à l’université, j’en profitai cette fois et tâchai de glisser dans les introductions et les conclusions de chaque chapitre quelques remarques à caractère philosophique. En effet, il était impossible de sortir indemne de quarante ans de réflexion scientifique sans s’être fait une opinion à propos de la vie, de la conscience, de la mort, de notre place dans l’univers et du pourquoi de son existence, bref de la réalité ou non des dieux.

    *

    La rédaction de ces ouvrages scientifiques étant achevée, j’en fis fièrement état auprès de mes voisins, de mes amis qui me félicitèrent formellement, mais qui ne me demandèrent jamais ce que ces livres pouvaient bien raconter. L’un d’entre eux me dit un jour que si je comptais faire carrière dans l’écriture, il vaudrait mieux que je me lance dans la rédaction de polars. C’est là que je me rendis compte, qu’à une poignée d’étudiants près ou de quelques jeunes professeurs en mal de trouver des cours tout faits, ces livres finiraient leurs carrières, momifiés dans les sous-sols des bibliothèques universitaires. Il fallait que je l’admette : de tels ouvrages n’intéressent absolument pas le grand public, soient encore les gens plongés dans la vraie vie ; celle qui provoque des sentiments et qui se décrit avec le langage courant, au travers des mots, des livres, mais en aucun cas par le seul biais des équations.

    Et pourtant, la physique du XXe siècle nous avait projetés dans un monde dominé par la technologie conduisant droit à l’asservissement de l’homme par ses propres créatures : automatismes, informatique, gestion sournoise de la paresse humaine en termes de mémoire (Google), contrôle progressif et inéluctable des libertés individuelles, intelligence artificielle, etc. Tous ces merveilleux, mais néanmoins angoissants, développements technologiques étaient issus de la découverte et de la mise au point de la physique quantique à partir des années 1920 : une discipline redoutable par son efficacité et dont les prédictions n’ont – du moins pour l’instant – jamais été mises en défaut. Si l’on voulait résumer l’objectif de ce domaine, on pourrait dire qu’il permet d’expliquer et d’exploiter l’incroyable complexité du monde macroscopique visible par le comportement invisible, mais simple des particules élémentaires.

    La difficulté de pouvoir comprendre la mécanique quantique est liée au fait que si l’on veut interpréter en langage humain (adapté à la description des phénomènes journaliers) les équations et les conclusions auxquelles elles nous permettent d’aboutir, c’est que cela conduit à attribuer aux particules élémentaires des comportements qui dépassent toute compréhension logique. Un seul exemple, pour l’instant, afin de ne pas rebuter le lecteur, est lié à cette fameuse dualité « onde/particule » deux aspects complémentaires d’une même entité, que ce soit un photon ou un électron, ou toute autre particule élémentaire.

    Il est facile d’admettre que cette dualité est réelle et que si l’on demandait à une entité élémentaire quelle est sa nature : onde ou particule ? Elle répondrait « je suis une particule » si cette question était posée par le biais d’une expérience dédiée à la détection des particules, ou répondrait « je suis une onde » à toute expérience destinée à détecter les ondes. En d’autres termes, son aspect dépendrait de la façon dont on l’observe. Pour être plus clair, c’est comme si vous répondiez à une personne qui vous demande soit votre prénom soit votre nom ; deux caractéristiques complémentaires d’un même personnage.

    Mais voilà le plus étonnant. De très récentes expériences, liées au progrès des détecteurs et de la technologie, démontrent que la particule connaît d’avance la question qu’on va lui poser (alias l’observation à laquelle elle va être soumise). C’est comme si, rencontrant un personnage vous lui disiez :

    Et qu’il vous répondait :

    Ce qui est parfaitement inconcevable !

    Du coup, les plus grands scientifiques de notre époque admettent que la physique quantique n’est abordable que par le biais des équations et qu’il ne faut surtout pas tâcher de les commenter à l’aide du langage courant sans que cela heurte le bon sens :

    Je ne pouvais me résigner à une telle attitude qui réserverait aux seuls spécialistes cette possibilité de comprendre, d’admirer et d’exploiter cet aspect souterrain de la complexité du monde. Alors, il me vint à l’esprit qu’il serait peut-être possible d’exprimer un point de vue, une vision du monde, en les introduisant subrepticement dans des récits décrivant la vraie vie, les sentiments humains, l’amour, les aventures : bref, l’écriture de romans.

    Une bonne idée pour passer le temps et je commençai par l’écriture d’un livre de science-fiction, dans lequel j’instillai sournoisement mon point de vue sur la non-existence de Dieu. Très vite, et à mon insu, ce livre se transforma en un roman sentimental. Je n’étais plus maître des personnages qui évoluèrent dans un univers que je confondis avec la réalité. Je vécus par procuration, à travers ces lignes, une aventure amoureuse intense, idéalisée, plus vraie que si elle avait été réelle.

    Et, je ne m’arrêtai plus. Le moindre souvenir me fournissait l’occasion de placer mes héros dans des aventures exceptionnelles, des amours intenses ou impossibles…

    Je vécus ce départ en retraite comme un véritable luxe. Mais, l’écriture de romans ne comble qu’artificiellement l’éloignement de toute vie sociale, l’absence des collègues de travail, cette obligation de vivre ensemble. J’en étais conscient et, pour pallier ce risque, je me forçais à assister régulièrement aux mardis d’Archimède, un cycle de conférences ainsi appelé, parce qu’il se déroulait chaque mardi dans l’amphi Archimède du bâtiment d’enseignement de physique. Ces soirées étaient organisées par les anciens de l’université des sciences de Lille et étaient dédiées à des sujets à caractère philosophique concernant les dernières avancées de la science, parfois dans le domaine de la mécanique quantique, mais le plus souvent dans le domaine de l’astrophysique et de la cosmologie.

    *

    Cette fois, la conférence était donnée par une personnalité bien connue du grand public et concernait le phénomène d’intrication quantique, soit encore le comportement le plus incompréhensible de tout couple de particules ayant été en interaction à un moment donné de leur existence. Tant que ces particules sont isolées et quelle que soit la distance qui les sépare ultérieurement, elles restent liées indéfiniment. Et voilà la chose la plus incompréhensible : dès que l’on mesure une caractéristique d’une de ces particules, la deuxième adopte instantanément un état compatible avec le résultat de la mesure. Tout se passe comme si ce qui arrive à l’une d’entre elles était instantanément connu de l’autre, soit encore un comportement incompatible avec la relativité d’Einstein bâtie sur le fait qu’aucun message ne peut se propager plus vite que la vitesse de la lumière.

    Le phénomène d’intrication permet même de transférer instantanément l’état d’un système A vers tout autre système B identique à A, aussi éloignés soient-ils l’un de l’autre, à condition de détruire l’état dans lequel se trouvait A. Pour montrer l’étrangeté du phénomène, on pourrait forcer le trait en imaginant un être vivant constitué d’un ensemble d’atomes A judicieusement ordonnés sous forme humaine et la même quantité d’atomes B disposés de façon désordonnée dans une urne située au fin fond d’une autre galaxie. En supposant que la technologie soit au point, il est théoriquement possible de reconstituer en B le personnage à condition de le détruire en A. Il n’y a pas eu de transfert de matière, mais bel et bien une téléportation quantique, soit encore en B une reconstruction à l’identique du personnage A.

    Même si cela ressemble à de la science-fiction, cette téléportation quantique est, pour l’instant, réalisable en laboratoire sur de tout petits systèmes particulaires et devrait permettre, dans un avenir proche, l’échange sécurisé d’informations et d’envisager une nouvelle conception plus performante d’ordinateurs dits « quantiques ».

    Pourtant, même si cela reste parfaitement inconcevable, tous ces

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1