Au défi de l’intelligence animale
Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est le plus intelligent?” Ils sont loin, les temps obscurs où l’on considérait les animaux comme de simples machines répondant à des stimuli. Aujourd’hui, si on s’interroge au contraire sur leurs capacités mentales, c’est avec l’idée de dénicher une faculté humaine dont ils seraient dépourvus. Une vraie gageure. Mais ces vingt dernières années, ces questionnements ont bel et bien mené à des découvertes vertigineuses qui ne cessent de repousser la frontière entre intelligences humaine et animale. Mais c’est peu dire qu’avant d’en arriver là, le chemin a été long. Il a d’abord fallu faire reculer nos préjugés (dont celui de notre supposée supériorité) et notre vision anthropocentrée (avec les nombreux biais qu’elle comporte), puis relever plusieurs défis afin de ne plus appréhender les capacités intellectuelles animales depuis le seul point de vue humain. “Il ne s’agit pas de comparer les humains aux animaux, rappelle Frans de Waal, éthologue et professeur de psychologie à l’université Emory, aux États-Unis, une des références mondiales de la discipline, mais une espèce animale –la nôtre – à une multitude d’autres espèces.”
LES TRAVERS DE L’ANTHROPOMORPHISME
Parler d’intelligence animale a longtemps été tabou. Héritage de la Grèce antique, d’abord défendue par Platon et Aristote, la théorie de l’animalité est, au XVII siècle, au cœur de la philosophie occidentale. Ainsi Descartes considère-t-il le corps de l’animal, tout comme celui de l’homme d’ailleurs, comme une machine. À un détail près… Ce dernier possède une âme ! Ce qui l’élève au rang d’être spirituel et intelligent, quand l’animal, lui, reste cantonné au statut d’automate.
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