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Livre électronique271 pages3 heures

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À propos de ce livre électronique

La jeune Riley et sa soeur adoptive n’auraient jamais pu imaginer ce qui les attendait. La quête d’atteindre le Camp de Maîtrise afin d’étudier leur don respectif semblait bien simple au départ. Toutefois, le voyage ne tardera pas à se transformer en quelque chose de plutôt obscur.

Elles auront à mettre en commun leurs connaissances, et de côté leurs différends, afin de survivre à ce périple plus que dangereux. Elles passeront par toute une gamme d’émotions: la joie, l’amitié, l’attente, l’amour, la trahison, le deuil. Au fil des rencontres, elles vivront une aventure incroyable, aux nombreux rebondissements, et devront prendre de déchirantes décisions.

L’histoire se déroule dans l’univers d’Elementa, un monde mystérieux où forces de la nature, forêts maudites et animaux compagnons se côtoient en harmonie… ou presque.
LangueFrançais
Date de sortie20 juil. 2018
ISBN9782897865177
Elementa
Auteur

Sarah Baril-Bergeron

Jeune écrivaine sensible et passionnée, Sarah écrit et invente depuis sa tendre enfance. Préférant souvent la compagnie de ses livres, séries et jeux vidéo à celle des humains, elle étudie la littérature à l’Université de Sherbrooke et prévoit vivre de sa plume un jour. Intéressée également par l’édition, elle participe activement à diverses revues et accompagne de jeunes écrivains dans leur parcours littéraire. Elle publie ses deux premiers romans dès l’âge de 17 ans. Elle souhaite dédier sa vie à cette magnifique vocation. Liten Walkyrie est son troisième roman.

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    Aperçu du livre

    Elementa - Sarah Baril-Bergeron

    La lettre

    Les battements rapides de son cœur résonnaient dans ses oreilles. Son souffle était haletant et son corps tout entier trempé de sueur. Le soleil, à son zénith, lui brûlait la peau.

    — Tu ne me rattraperas jamais ! lui criait Ellie.

    Plusieurs mètres devant, celle-ci continuait d’accélérer.

    — Est-ce un défi ?

    Riley s’agrippa à la crinière de son cheval et d’un coup de talon l’incita à aller encore plus vite. La bête se plaignit d’un grognement bruyant, mais Riley insista et accéléra. Ils esquivèrent de grosses branches sur le sol et quelques-unes dans les airs frôlant dangereusement la tête de la jeune femme. Riley poussa un cri victorieux lorsqu’elle dépassa sa sœur et son cheval. Grognant de mécontentement, Ellie voulut accroître la cadence, mais son cheval était épuisé.

    Riley n’était même plus assise sur sa selle. Elle volait, évitant chaque obstacle, plus libre que jamais. Elle n’était jamais allée aussi vite. Sa longue couette rousse fouettait l’air derrière elle. Le paysage flou défilait rapidement, et elle ne réalisait pas que sa sœur était maintenant loin derrière. Un aigle survolait la forêt et semblait presque vouloir faire la course avec elles. Marquant la ligne d’arrivée, la lisière de la forêt la força à ralentir.

    Elle éclata de rire, euphorique. Elle n’avait jamais remporté une course contre sa sœur ! Celle-ci la rejoignit plusieurs secondes plus tard. Elle faisait la moue, les sourcils froncés. Les deux jeunes femmes descendirent de leur monture et les récompensèrent.

    — Luna était fatiguée aujourd’hui, se justifia Ellie en croisant ses bras sur sa poitrine.

    Riley souriait en écoutant sa sœur bougonner. Tout en caressant son cheval Solis, ses yeux étaient posés sur leur mère qui s’approchait tranquillement, tenant au niveau de la hanche un seau d’eau fraîchement rempli au puits. Un grand sourire illuminait son visage.

    — Alors les filles, comment c’était ? Qui a gagné ? s’enquit-elle.

    Par dépit, Riley supposa que sa sœur garderait le silence.

    — J’ai gagné, dit-elle. C’était magique ! Solis a très bien galopé aujourd’hui.

    — C’est rare ! s’étonna-t-elle. Normalement, Luna est beaucoup plus rapide.

    Ellie s’imposa finalement.

    — D’habitude, je l’aide avec mon élément, mais aujourd’hui Riley ne voulait pas que je l’utilise. Ridicule.

    Sa sœur et sa mère s’esclaffèrent.

    — Tu es trop compétitive, Ellie ! Il faut jouer de manière équitable.

    — Peut-être bien, rétorqua-t-elle en boudant.

    Solis compléta d’un coup de tête, accompagné d’un hennissement.

    — Dépêchez-vous de vous occuper de vos chevaux, mes filles. Votre père et moi devons vous parler de quelque chose d’important. Ellie, donne de l’eau aux autres bêtes de la ferme en passant, s’il te plaît.

    Sur ce, leur mère déposa son seau d’eau et s’éloigna vers la maison, une vingtaine de mètres plus loin. Riley l’observa un moment, elle et sa longue robe beige et brune. Elle avait elle aussi les cheveux braisés, la plupart du temps parsemés de foin.

    — Évidemment, grommela Ellie.

    Cette dernière, qui était la sœur adoptive de Riley, les avait plutôt ambré-sombre et brillants.

    L’histoire de son adoption remontait d’ailleurs à plusieurs années avant l’âge de la conscience : selon leur mère, Ellie avait été laissée dans la forêt, reposant dans un large panier à pain. Toute jeune, elle n’avait que quelques mois. Les parents de Riley s’étaient demandé qui avait bien pu l’abandonner ainsi. Ils avaient estimé qu’elle était du même âge que Riley. Ils l’avaient prise sous leurs ailes et l’avaient éduquée comme leur propre fille, mais elle avait toujours été une enfant difficile : caractère explosif, rancunière, même parfois égoïste…

    Doublement mécontente de devoir abreuver les animaux, Ellie grogna de frustration en se dirigeant vers la ferme, suivie de près par Riley et son cheval. Un hibou vint s’agripper à l’épaule d’Ellie.

    — Bon matin, Aby.

    Le volatile frotta sa tête contre celle d’Ellie. Sentant subitement un pincement au cœur, Riley détourna les yeux. Sa sœur avait acquis son Compagnon depuis un bon moment déjà. Étant du peuple de l’air, elle s’était naturellement liée d’amitié avec un oiseau.

    La rouquine ignorait quand elle rencontrerait son partenaire de vie.

    En effet, les habitants d’Elementa possédaient tous un Compagnon du règne animal. Leur chemin se croiserait un jour, généralement durant la puberté. En tant que duo loyal et dévoué, passer le reste de leurs jours ensemble était leur destinée. Une seule et unique bête partageait la vie de son Maître. De ce fait, si l’un d’eux décédait, nul autre ne le remplaçait. Le Compagnon ne choisissait pas son humain, tel que celui-ci n’avait pas son mot à dire sur l’animal que les Dieux lui envoyaient.

    Ces derniers répondaient aux nominations suivantes : les Suprêmes, les Dieux et Déesses d’Elementa et les Quatre. Ils représentaient chacun l’un des quatre éléments. La population était elle-même divisée par ce nombre, séparant les Nations en territoires distincts.

    À chaque peuple était attribuée une certaine catégorie de Compagnon. Ceux qui contrôlaient l’air avaient accès à toutes les espèces d’oiseaux. Pour la Nation de l’eau, la population marine et les variétés de lézards. Le peuple de la terre, comme Riley et ses parents, avait accès aux animaux liés au sol et aux arbres, tels les petits rongeurs. Pour leur part, les bêtes considérées plus dangereuses comme le lion et le loup étaient destinées aux enfants du feu. Ces animaux spéciaux et envoyés par les Dieux vivaient plus longtemps que la moyenne de leur espèce.

    Riley n’avait toujours pas rencontré son Compagnon, malgré ses dix-sept années dans le monde d’Elementa. Si elle avait atteint sa puberté, nulle créature ne s’était encore liée à elle, ce qui l’anéantissait chaque fois qu’elle voyait sa sœur passer du temps avec Aby. Elle se forçait à penser à autre chose en se convainquant que son tour viendrait inévitablement et qu’il n’y avait pas de quoi se rendre malade.

    Tout en brossant Solis, son hongre, Riley réfléchissait. Leur mère leur avait annoncé qu’elle devait s’entretenir avec elles. Qu’avait-elle à leur dire ? C’était quelque chose d’important, mais Riley n’avait aucune idée de ce dont il s’agissait. Préoccupée, elle se hâta à terminer ses tâches.

    Avant de raccompagner son cheval jusqu’à l’enclos réservé aux chevaux, dans le champ, elle lui donna sa moulée et quelques gâteries. Voyant qu’Ellie était de mauvaise humeur suite à sa défaite, elle l’aida ensuite à remplir la bassine d’eau. Sa sœur adoptive ne la remercia pas et se dirigea vers la maison. Riley s’immobilisa, interdite. Qu’est-ce qui lui prenait ? Ce n’était qu’une seule défaite, après tout.

    De loin, elle l’observa entrer dans la demeure. Leur chez-soi était une petite construction faite de pierres et de bois. Pas très haute ni très large, elle répondait néanmoins à tous leurs besoins. Aux murs de la maison grimpaient de longs lierres. Il y avait de petites fenêtres beiges au cadrage rond, vieilles, mais bien entretenues.

    La maison était entourée de magnifiques tournesols et surplombée d’un grand chêne. Un vent de calme traversa Riley. Sa sœur et elle avaient toujours vécu dans ce confortable petit logis. Lorsqu’elles étaient plus jeunes, elles jouaient au chat et à la souris entre les champs de vignes. Grimpant autrefois dans le chêne, il leur arrivait de tomber ; chaque fois elles se relevaient en riant et remontaient dans le grand arbre.

    Une légère brise caressa le visage de Riley alors qu’elle inspirait profondément. Elle se décida finalement à rejoindre sa famille.

    La dévisageant, les membres de sa famille étaient déjà assis à la table. Sa mère l’apostropha :

    — Mais qu’est-ce qui t’a pris tant de temps ? Nous t’attendions.

    Riley détourna le regard alors qu’elle prenait place à la table en bois. Avait-elle vaqué à ses occupations si longtemps ?

    — Je réfléchissais.

    — Encore perdue dans tes pensées, ma cocotte ? observa son père en souriant.

    Depuis toujours, la jeune femme admirait son père. Il la comprenait à la perfection. Il l’encourageait dans tout ce qu’elle entreprenait, partageant avec elle sa sagesse et sa connaissance du monde. Déjà petite, et encore aujourd’hui, Riley l’écoutait avec fascination. Elle lui fit un grand sourire, qu’il lui rendit chaleureusement.

    — Elle est débile, lança méchamment Ellie. Elle passe son temps dans sa tête alors que le vrai monde est sous ses yeux.

    Riley baissa le regard. Elle était habituée aux remarques désobligeantes de sa sœur impatiente et colérique, mais cela ne la laissait pas indifférente pour autant.

    — Ellie, ta sœur est particulière. Cela ne fait pas d’elle une aliénée, au contraire même. Tu n’as pas à la traiter ainsi. Excuse-toi immédiatement.

    Les yeux d’Ellie roulèrent alors que s’excuser semblait lui demander le plus grand effort au monde. Riley garda le silence. Considérant sa fille adoptive d’un air désolé, leur mère reprit la parole.

    — Vous avez reçu une lettre, dit-elle en leur ten-dant à chacune une enveloppe.

    Leur mère avait soudainement les yeux humides. Était-ce de la fierté ?

    Intriguée, Riley observa le dessus de l’enveloppe. «Camp de Maîtrise » était inscrit d’une fine écriture cursive. Le fameux Camp dont parlaient tous ses amis ! Quelques vieux souvenirs du temps où elle n’était qu’une gamine lui revinrent. Jouant dans les champs avec leurs voisins, ils discutaient de cet endroit supposément merveilleux. Tous rêvaient d’aller à ce prestigieux Camp, reconnu pour être le meilleur moyen pour permettre aux Apprentis de développer leurs habiletés.

    Malheureusement, tous n’avaient pas la chance de bénéficier de ces connaissances. Chaque jeune désirait s’y retrouver pour découvrir une multitude de techniques élaborées, hormis Riley, qui n’avait jamais vraiment été attirée par cet endroit. Tous en parlaient comme si c’était le meilleur lieu sur terre, pourtant, elle ne partageait pas leur enthousiasme. Pourquoi avaient-ils besoin d’apprendre davantage ? D’où venait ce besoin partagé de constamment être plus puissant ? Comme le contrôle d’un élément ne nécessitait pas de mouvements particuliers, mais plutôt une image mentale claire, il ne suffisait qu’un minimum d’imagination et d’énergie pour faire presque n’importe quoi.

    Malgré tout, Riley décacheta sa lettre.

    Chère apprentie Riley Wyean,

    Tu as été choisie parmi des milliers d’adolescents pour venir au célèbre Camp de Maîtrise. Félicitations ! Dans ce Camp, tu apprendras à contrôler ton pouvoir et à maîtriser différentes habiletés. Après trois ans d’études, tu mériteras officiellement le titre de Maître.

    Durant ton séjour parmi nous, tu auras un Mentor de la même nation que la tienne. Tu pourras lui faire confiance et lui poser toutes tes questions. Tu n’es pas obligée de te rendre à ce Camp, mais il t’est fortement recommandé d’en faire ainsi. Si finalement tu choisis de nous honorer de ta présence, tu peux arriver n’importe quand pendant l’année. Nous accueillons de nouveaux Apprentis tous les jours, à condition qu’ils nous présentent la lettre comme preuve d’invitation. Les Compagnons sont évidemment les bienvenus.

    Le Camp se situe dans les Terres Neutres, comme tu peux l’observer sur cette carte. La route pour s’y rendre peut paraître périlleuse. Cela sera ta première épreuve. Bonne chance !

    Au plaisir de t’avoir parmi les nôtres,

    Cynéa Morellonia

    Directrice du Camp de Maîtrise et

    Mère de la Terre, Grand Conseil des Maîtres.

    Une carte révélant l’emplacement du Camp était effectivement rattachée à la lettre.

    — Mais c’est à des jours de route, même à cheval ! s’exclama Riley. De plus, nous devrons traverser de grandes forêts et montagnes…

    Pour sa part, Ellie jubilait. Ce serait enfin sa chance de perfectionner sa maîtrise de l’air et de partir à l’aventure.

    — C’est génial ! Quand partons-nous ?

    — Pas si vite… Nous n’avons presque aucune information officielle sur ce Camp, renchérit Riley.

    — Souviens-toi que j’y suis allé lorsque j’étais jeune, commença leur père. Ce fut trois des plus belles années de ma vie. C’est une expérience remarquable et vraiment profitable. Les Mentors et les professeurs nous en apprennent énormément et nous font découvrir beaucoup plus de choses que vous pouvez vous imaginer. Certes c’est loin, et la route peut être dangereuse. Mais vous êtes de jeunes femmes responsables. Je sais que vous y parviendrez sans problème.

    De vagues histoires que lui racontait son père lorsqu’elle et sa sœur étaient plus jeunes lui revinrent en mémoire. Nombreuses étaient les aventures et les épreuves qu’il avait bravées pour mériter le titre de Maître.

    Mais voulait-elle vraiment quitter sa famille pendant si longtemps ? Malgré les encouragements de son père, cela était trop soudain. Elle devait prendre le temps de réfléchir, particulièrement si la route était risquée. Ellie, quant à elle, semblait plus que prête à partir.

    — Ça va être super ! Luna se réjouira des nouveaux paysages.

    Leur mère observa Riley et devina que quelque chose la gênait.

    — Qu’y a-t-il, ma chérie ?

    Elle leva les yeux vers son visage inquisiteur.

    — Tout arrive si vite… J’ai des doutes.

    Ses parents échangèrent un regard sous leurs sourcils froncés.

    — À mon avis, ce n’est que de l’inquiétude à l’idée de faire tant de route, s’empressa d’ajouter Riley.

    — Ouais, t’es qu’une fillette, jeta Ellie.

    La jeune se doutait que c’était plus que cela, mais son instinct lui ordonna de se taire. Son père s’adressa à elle.

    — Ne porte pas attention à ta sœur, elle n’a pas toute sa tête aujourd’hui. (Il lança un regard de reproche à Ellie, puis revint à Riley.) Écoute, c’est ton choix. Ta mère et moi ne te pousserons pas à faire quelque chose contre ta volonté. Prends ton temps. Tu n’as qu’à nous le dire une fois ta décision prise.

    Riley acquiesça, reconnaissante.

    Riley se laissa tomber dans l’herbe. Un bras derrière la tête, l’autre étendu le long de son corps. Devant elle se trouvait l’enclos extérieur des chevaux, où ils broutaient tranquillement. La fraîcheur du crépuscule était agréable. Le mélange de couleurs coupait le souffle et le soleil à basse altitude brûlait de tous ses éclats, plongeant les champs dans d’agréables lueurs orangées. Riley aurait pu rester là, à observer le feu du ciel pendant des heures.

    Il y avait près d’elle un grand jardin où poussaient toutes sortes de fruits et légumes. D’un mouvement de la main, elle fit surgir du sol une poignée de terre et la fit tournoyer autour d’elle. Elle n’avait qu’à agiter les doigts dans une légère vibration pour que la terre lui obéisse. Ce don était un privilège.

    Certes, chaque humain sur cette terre pouvait contrôler un des éléments en fonction de leur nation. Mais la jeune femme avait toujours cru que si sa Déesse, Ramintre, le voulait, elle pourrait faire disparaître ces talents du jour au lendemain. Riley avait toujours eu beaucoup de respect pour les êtres vivants. N’étant ni égoïste ni gourmande, elle utilisait son habileté avec considération.

    Elle adorait voir ce que la nature avait à lui offrir, comme ce magnifique coucher de soleil. Patiente et peu capricieuse, elle approfondissait de jour en jour ses connaissances d’elle-même et ses aptitudes. C’était ainsi que ses parents l’avaient élevée.

    Au même moment, la faisant sortir de ses pensées, son père s’assit près d’elle.

    — Quel sublime spectacle ! Nous sommes choyés, observa-t-il.

    — Tout à fait d’accord.

    Il sourit. Quelques minutes passèrent, pendant lesquelles ils observèrent ensemble le ciel et ses lueurs enflammées.

    — Que penses-tu du Camp, honnêtement ? s’en-quit son père.

    Riley détourna la tête et elle sentit des larmes lentement lui monter aux yeux. Inquiet, son père s’approcha et la prit dans ses bras.

    — Tout va bien, ma chérie. Tu peux me parler. Qu’est-ce qui te tracasse, mon poussin ?

    Elle tenta de contrôler les tremblements dans sa voix.

    — J’ai peur. Tout cela arrive trop vite, ça m’effraie. Je ne crois pas être à la hauteur. J’ai… l’impression que c’est ce que mon instinct me dit.

    — Tu sais, ma chérie, ce n’est pas une question d’être à la hauteur ou non. Bien sûr, certains sont nés avec un talent naturel. Mais le plus important, c’est ce qu’il y a là-dedans.

    Il pointa le cœur de Riley.

    — Je sais que tu l’as en toi. Tu es une bonne âme, une âme pure. Tu sauras te débrouiller. Souviens-toi de ceci : la réponse à tes questions est souvent plus proche que tu le penses.

    Touchée, un sourire apparut sur les lèvres de Riley.

    — Merci pour tout, père.

    — C’est normal, répondit-il en lui faisant un clin d’œil.

    Ses mots apaisants l’avaient profondément rassurée et lui avaient redonné du courage. Son regard se perdit dans le coucher de soleil. Quelques minutes plus tard, son choix était fait. Elle ira à ce Camp ; elle affrontera ses peurs, et il sera fier d’elle. Lorsqu’elle lui partagea sa décision, il sembla surpris :

    — Es-tu certaine ? Si tu comptes t’y rendre pour ne pas abandonner Ellie, n’y pense même pas. Elle y arrivera seule.

    — Je me sens prête. Que pourrait-il m’arriver de mal ? Après tout, ce Camp n’est que pour m’aider, n’est-ce pas ?

    Il acquiesça.

    — Alors j’irai, conclut-elle.

    Soudainement, un glapissement retentit dans la prairie, et un aigle vint se poser à quelques mètres de Riley et son père. Aussi loin qu’elle se souvienne, il avait toujours été là, à voler autour de la maison et sur les terres. Elle avait toujours trouvé étrange que cet aigle reste dans les parages, sans réel but apparent.

    C’était un grand rapace aux plumes marron et brun doré au niveau de la tête et du cou. Il était remarquablement élégant. Ses grandes griffes avaient toujours un peu effrayé Riley, surtout lorsqu’elle était plus jeune. Elle avait remarqué un lien entre son père et l’aigle, comme un Maître et son Compagnon. Ce qui était impossible dans ce cas, car le Compagnon de son père était mort bien des années auparavant. Riley n’avait jamais su comment. Il n’en parlait pas. Il fallait bien avouer que perdre un Compagnon équivalait à se départir d’une partie de soi-même, c’était très douloureux. Du moins, c’est ce qu’elle avait entendu dire.

    L’aigle s’approcha tranquillement et s’arrêta près du père de Riley. Elle lança :

    — Il est vraiment magnifique. Je meurs d’impatience de rencontrer mon

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