Fabrizio D. Et La Beauté

Par Franco Mimmi

Arrivé à l'âge de 42 ans, Fabrizio D. se regarde dans le miroir et ne s'aime pas : il n’est pas vraiment laid, mais assez commun et parce qu'il lui semble que le fait de posséder la beauté signifie appartenir à une catégorie privilégiée, il décide de devenir beau, peu importe le coût ou les sacrifices physiques. Mais que se passe-t-il lorsqu'un être humain parvient à entrer dans le monde des demi-dieux ?

• Langue: Français
• Éditeur: Babelcube Inc.
• Date de sortie: 8 févr. 2019
• ISBN: 9781547568710

Aperçu du livre

Beauté

Franco Mimmi

Passions – 1

Fabrizio D. et la Beauté

PREMIERE PARTIE

À l'âge de quarante-deux ans, Fabrizio D. décida de devenir beau.  Non pas qu’il était laid, seulement un parmi tant d’autres, au visage et au corps sans grandeur et sans malice excessive de la nature.  Étant donné que son entrain inné et un certain génie des affaires avaient rencontré fortune aux alentours de la quarantaine, il s’était trouvé très riche et sans plus aucune nécessité, ni motivation - car il n’aimait l’argent que parce qu’il était confortable et libérateur et n’avait supporté les ennuis du commerces qu’à cette fin - de travailler pour gagner sa vie.

Mais il y avait cet entrain inné auquel il devait quand même chercher un exutoire, et c’était justement en s’interrogeant sur la question, qu’un matin, se palpant le menton devant le miroir pour se raser, il admit pour la millième fois, mais vit pour la première, comme ce menton et toute la tête qui était dessus et tout le corps en dessous étaient privés de grandeur, et décida de leur conquérir une auréole.

Il fit le premier examen lui-même, immédiatement, en partant du haut, et constata que les cheveux, bien que peignés avec soin, la raie sur la gauche, paraissaient opaques et épais sur le front, mais déjà légèrement éparses au sommet.  Un effort de son cou et de ses yeux lui permit d’ailleurs de constater qu’il s’agissait d’une véritable clairière et qu’il faudrait donc y remédier.

En ce qui concernait le visage, bien qu’il ne soit pas profondément dans les canons esthétiques, Fabrizio D. comprenait qu’il y avait du travail à y mener.  Ses sourcils étaient épais, mais ils le semblaient plus encore à cause des arcades sourcilières qui faisaient fortement de l’ombre aux yeux. Tenez, ceux-ci n'étaient pas laids, loin de là.  Une couleur, brune, plutôt commune, mais d'une intensité et d'une brillance qui non seulement conjurait la banalité, mais en attisait également la beauté. S'ils étaient vraiment le miroir de l'âme, l'âme de Fabrizio D. réclamait déjà le corps qu'il voulait se procurer. Le nez était droit mais un peu grand, les ailes trop larges, les narines trop grandes. La bouche était droite mais les lèvres trop minces, tournaient en ridicules les autres proportions. Les dents, à revoir sans aucun doute : elles y étaient toutes, c'est vrai, mais deux ou trois étaient irrégulières, toutes un peu jaunes, les gencives relevées par-ci par-là sur les collets. Le menton trop gros, cela il l’avait déjà remarqué, il avait d’ailleurs été le point de départ. Les pommettes pouvaient convenir, trop