Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Les Cadeaux de Julia: Grande guerre grand amour #1
Les Cadeaux de Julia: Grande guerre grand amour #1
Les Cadeaux de Julia: Grande guerre grand amour #1
Livre électronique226 pages3 heures

Les Cadeaux de Julia: Grande guerre grand amour #1

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Une histoire d'amour, mais aussi une histoire de guerre.

Julia prépare des cadeaux pour son bien-aimé depuis des années. Seulement, elle ne l'a pas encore rencontré. Qui eut imaginé que ce soit le front français, au milieu de la souffrance et de l'adversité, que cette jeune aide médicale bénévole américaine trouverait en un major de l'armée canadienne l'élu de son coeur ?

LangueFrançais
Date de sortie8 nov. 2018
ISBN9781547549269
Les Cadeaux de Julia: Grande guerre grand amour #1

Auteurs associés

Lié à Les Cadeaux de Julia

Livres électroniques liés

Fiction chrétienne pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Les Cadeaux de Julia

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Les Cadeaux de Julia - Ellen Gable

    Dédié à la mémoire de

    Tante Flossie (1917-1988),

    qui est née pendant la Grande Guerre

    et était comme une deuxième mère pour moi

    Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous

    qui avons recours à vous

    Chapitre 1

    Mon bien-aimé

    ––––––––

    17 Décembre 1917

    Les rues effervescentes du centre-ville de Philadelphie scintillaient de mille feux électriques, annonçant l’arrivée de Noël. Julia Marie Murphy leva la tête et porta son regard vers le ciel nocturne rempli de nuages neigeux. L’air était frais et vivifiant. Elle enfila ses gants et boutonna le haut de son manteau. Ses pensées se tournèrent vers son futur mari. Dieu du Ciel, je t’en prie, protège mon bien-aimé.

    En Amérique, des dizaines de milliers d’hommes s’étaient déjà engagés pour combattre dans cette « Grande Guerre ». Les hommes que Julia connaissait semblaient impatients de rejoindre le front, et grâce à Dieu, ses trois frères étaient trop jeunes pour se battre.

    Il ne restait que quelques semaines avant 1918. Parmi les amis et les connaissances du père de Julia, on parlait d’une guerre courte ; avec un peu de chance, elle serait terminée avant l’été. De son côté, Julia accordait à 1918 une signification toute particulière : ce serait l’année de ses vingt-et-un ans.

    En s’approchant de la vitrine de Lit Brothers, elle contempla le miroitement des décorations lumineuses qui ornaient la façade du grand magasin. C’était lundi, heureusement pour Julia ; le lendemain, les fenêtres seraient sombres, car dans le contexte de l’effort de guerre, les lumières électriques étaient interdites le mardi.

    Julia contemplait avec fascination le grand étalage de l’autre côté de la vitre. D’un mur noir pendait un tissu rouge scintillant, et une belle montre à gousset en argent massif reposait sur un piédestal cylindrique. Elle écarquilla les yeux à la vue d’une étiquette indiquant un prix de 12,25 $, ce qui représentait presque vingt pour cent de son salaire annuel. Cependant, tous les hommes avaient besoin d’une montre, et celle-ci était vraiment belle. Nonobstant le prix, ce serait un cadeau parfait pour son bien-aimé. C’était certes une extravagance, surtout en temps de guerre, et il y aurait sans doute des articles moins chers à sa disposition ; mais cela importait peu. Le cadeau idéal, c’était cette montre.

    Après l’avoir achetée, elle la porta au deuxième étage, au service de gravure. Derrière le comptoir, un homme d’âge mûr l’accueillit avec un sourire, relevant sa moustache en guidon.

    « Que voulez-vous que je grave là-dessus ?

    À mon bien-aimé, sautez une ligne, puis avec tout mon amour, Julia. »

    Il haussa les sourcils.

    « Le monsieur dont il s’agit préférerait sans doute avoir son prénom sur cette jolie montre. Qu’en pensez-vous ?

    — Eh bien, oui, je suppose que c’est ce qu’il souhaiterait. C’est-à-dire que je ne connais pas encore son nom, ni qui il est. »

    L’homme resta bouche bée quelques instants, puis balbutia :

    « Je... Je suis d... désolé, mademoiselle. Je... Je ne comprends pas. Vous avez acheté une montre très chère pour quelqu’un que vous ne connaissez pas ? »

    Julia soupira. Elle aurait dû ne rien dire.

    « S’il-vous-plaît, gravez juste ce que je vous ai dit. »

    L’homme acquiesça et dévisagea Julia avec une curiosité suspecte, un regard que l’on donnerait à un détenu dans un asile.

    « Combien de temps cela prendra-t-il ?

    — Pour la gravure ? Dix jours. Je suis désolé, mademoiselle, mais vous ne l’aurez pas à temps pour Noël.

    — Cela ne fait rien. »

    Julia s’éloigna, et après quelques pas seulement, elle entendit le vendeur marmonner :

    « En voilà, une drôle de fille. Elle achète un cadeau pour un inconnu. Tss... »

    Elle haussa les épaules. En sortant du magasin, un coup d’œil à sa propre montre l’incita à hâter le pas le long des trois pâtés de maisons qui la séparaient de son arrêt de tramway. Si elle n’arrivait pas à temps pour le tramway de dix-sept heures, elle devrait attendre une demi-heure.

    Julia était déterminée à rencontrer son bien-aimé lors de cette nouvelle année, cet homme pour qui elle n’avait eu cesse de prier depuis quatre ans. Pourquoi n’avait-elle pas encore fait sa connaissance ? Certains de ses amis étaient déjà mariés. Son bien-aimé était quelque part ici-bas et elle allait le trouver. Oui, 1918 serait aussi l’année où elle le rencontrerait.

    Chaque hiver, Julia se demandait ce qu’elle offrirait à son bien-aimé pour Noël. L’année précédente, elle avait cherché dans plusieurs magasins mais n’avait rien trouvé d’assez spécial. Elle avait fini par dénicher ‒ et acheter ‒ un petit journal de cuir brun dans une boutique spécialisée au croisement de Broad Street et Bigler Street. Elle ne savait pas si son bien-aimé serait du genre à écrire dans un journal, mais cela semblait être un cadeau approprié, d’autant plus que la couverture était embellie par une feuille d’arbre délicatement estampée dans le cuir. L’année d’avant, elle avait acheté une médaille miraculeuse d’argent massif, car son bien-aimé serait catholique.

    Il y a quatre ans, sa mère lui avait suggéré de commencer à prier pour son futur mari. Après avoir essayé pendant quelques semaines, Julia s’était sentie poussée à en faire plus. Comme c’était la semaine précédant Noël, elle avait décidé de lui confectionner ou de lui acheter un cadeau de Noël chaque année jusqu’à leur rencontre. N’ayant pas de travail et très peu d’argent cette année-là, Julia lui avait tricoté deux paires de chaussettes, l’une bleue et verte et l’autre marron et verte, avec une laine délicate que sa mère lui avait donnée.

    Le fait qu’elle fabrique des cadeaux pour son futur mari, ou achète avec l’argent gagné par la sueur du front de son père, ne plaisait guère à ce dernier, qui trouvait cette habitude illusoire et trop sentimentale. Sa mère, en revanche, avait déclaré que c’était un beau geste. Cela étant, Julia se doutait que si sa mère savait combien elle avait dépensé pour le dernier cadeau, elle serait certainement moins compréhensive.

    Au son de la cloche du tramway qui s’arrêtait, Julia traversa la rue en courant. Elle monta à bord et déposa ses jetons dans la boîte. « Prochain arrêt : croisement de Tenth Street et Market Street », annonça le chauffeur.

    Ce jour-là, Ann Fremont, la meilleure amie de Julia, avait quitté le travail plus tôt. Julia rentrait donc seule. Du reste, Ann était trop anxieuse pour être de bonne compagnie ces derniers temps : son prétendant, Theo, avait été envoyé à l’étranger quelques semaines avant les fêtes. Ann avait toutes les raisons du monde de craindre pour son sort.

    Les deux jeunes filles s’étaient rencontrées au Lycée Catholique de Filles, d’où elles avaient eu leur diplôme en 1915. Elles avaient toutes les deux obtenu un premier emploi à Horn & Hardart Automats dans le centre-ville ; Julia préparait des sandwichs et Ann faisait des pâtisseries. Ann était particulièrement favorable à l’idée de Julia d’acheter des cadeaux pour son bien-aimé.

    « C’est tellement romantique », disait-elle.

    Quelques années auparavant, Julia avait dressé une liste exhaustive des attributs qu’aurait son bien-aimé : des yeux bleus, des cheveux blonds, un teint clair et rosé, un beau visage ; et bien sûr, il serait de grande taille et aurait de larges épaules. Elle avait toujours préféré les hommes aux cheveux clairs, en contraste avec les siens, qui étaient noirs comme le jais. Par-dessus tout, son bien-aimé serait bon et galant, avec un tempérament si calme qu’il ne s’emporterait jamais. Bien sûr, ce serait un coup de foudre, ne laissant place à aucun doute.

    Peut-être aurait-elle déjà dû avoir rencontré son bien-aimé. Dieu l’avait déjà choisi, se rappelait-elle en regardant par la fenêtre du tramway. Tout ce qu’elle avait à faire, c’était être patiente. Oui, 1918 serait la bonne année. Elle en était persuadée.

    ***

    Soissons, France

    Un Noël de plus dans cette guerre infernale. La voiture cahotait sur la terre battue, dans la campagne française près de Soissons. En route vers le Château de Vauxbuin, qui avait été transformé en hôpital, le major Peter Winslow se cramponnait au volant. Il neigeait – une fois de plus. Au Canada, à cette période de l’année, il se promènerait en raquettes, ferait du ski ou patinerait sur la glace. Ici, en revanche, la guerre faisait de la neige un désagrément.

    Peter avait rejoint le 38ème Bataillon du Corps expéditionnaire canadien à Ottawa l’été de l’année précédente, alors qu’il venait d’avoir vingt-deux ans. Malgré son jeune âge, il avait déjà obtenu deux diplômes d’études supérieures à l’Université McGill, l’un en littérature française et l’autre en littérature allemande. Il avait même développé une affinité pour l’écriture de sonnets ; en langue anglaise, toutefois.

    Il se souvenait de son enthousiasme à l’idée de participer à la guerre de l’autre côté de l’Atlantique, une exubérance renforcée par la présence de son frère John dans le même bataillon depuis plusieurs mois.

    Impertinent. Pompeux. Suffisant. Il n’avait pas plus idée de ce que la guerre impliquait que ses camarades Canadiens, Américains et Australiens. Cette guerre était pire que les guerres précédentes, si l’on prenait en considération les nouvelles armes à gaz et les avions modernes. Cette « Grande Guerre » – ou, depuis l’entrée des Américains, cette « Guerre mondiale » – était censée être facile. Deux ans et demi plus tard, cette « guerre pour mettre fin à toutes les guerres » battait toujours son plein, sans qu'on puisse en voir la fin. L’explosion dévastatrice à Halifax au début du mois n’avait fait qu’accabler le moral des soldats canadiens.

    Peter conduisait à la lumière du crépuscule, la lune éclairant la route de terre. Les vents glacés de décembre fouettaient son visage. Le froid mordant était le dernier de ses problèmes. En tant qu’interprète en français et en allemand pour les forces alliées, Peter traversait régulièrement des zones dangereuses, près du front ou dans le no man’s land. Ce soir-là, ses ordres étaient de rejoindre l’hôpital de campagne, d’y interroger l’unique officier allemand qui s'y trouvait, puis d’escorter ce dernier jusqu’au camp de prisonniers de Pommiers, de l’autre côté de l’Aisne – si le prisonnier était en état de voyager.

    Durant les dix-huit derniers mois, Peter avait quelquefois rêvé de grimper au sommet de la colline la plus proche et de crier de toutes ses forces. La plupart du temps, cependant, il s’efforçait simplement de survivre chaque nouvelle semaine, souhaitant – priant – que cette guerre misérable s’achève bientôt. Les Américains étaient enfin là, mais il n’en avait encore aperçu aucun. Le Président Wilson avait voulu rester en-dehors de la guerre, malgré les supplications des Alliés. Peter comprenait la réticence des Américains : nombre d’entre eux étaient issus de familles ayant émigré d’Allemagne et avaient encore certains parents en Europe centrale ; d’autres avaient des racines en France, en Irlande ou en Angleterre. Quand bien même, malgré son soulagement à l’idée de la nouvelle présence américaine, Peter soupçonnait que l’effort ne soit pas assez important – ou qu’il intervienne trop tard.

    Si Peter était sûr d’une chose, c’était qu’il ne prendrait jamais plus sa famille pour acquise. Il s'accrochait à la seule pensée qui compensait sa solitude : son grand frère John était en poste ici en France, et une accalmie dans les affrontements leur avait permis de passer un week-end ensemble à Paris huit mois plus tôt. John lui avait paru las, presque exténué, et lui dire au revoir n’en avait été que plus amer.

    « Pete, si jamais il m’arrive quelque chose, prends soin de Papa et Maman.

    Il ne va rien t’arriver. »

    Il hocha la tête, les yeux fixés au sol.

    « Tu as probablement raison, mais j’ai un mauvais pressentiment, comme si je n’allais jamais les revoir.

    Tu les reverras. Cesse les discours moroses, allons plutôt dîner. »

    Bien entendu, Peter comprenait le sentiment de menace permanente que ressentait son frère. Tout le monde ici – soldats, infirmiers, civils français – comprenait ce sentiment. Au début, la seule chose qui entretenait l’optimisme de Peter était sa correspondance avec Lucy. Lucy McCann était la fille la plus charmante d’Arnprior, la petite ville d’Ontario où Peter vivait. Ses lettres étaient toujours enjouées, et Peter avait trouvé le temps d’écrire plusieurs sonnets pour elle pendant les six premiers mois de la guerre. Hélas, elle avait attendu Noël 1916 pour lui envoyer une lettre l’informant de ses fiançailles à un jeune homme nommé Elliot. Sympathique, le cadeau de Noël. Peter s’était senti trahi, mais avait décidé de ne pas y penser plus que nécessaire. C’est plus facile à dire qu’à faire. Un an s’était écoulé et il lui arrivait toujours de penser à elle – il avait même gardé sa photo – bien qu’il fut incapable d’écrire un poème de plus à son sujet.

    Maggie, sa petite sœur de quinze ans, lui avait annoncé dans sa dernière lettre que Lucy avait donné naissance à son premier enfant, un petit garçon, et que la jeune maman avait une mine « épouvantable ». Peter rêvait de serrer sa petite sœur dans ses bras. Elle savait toujours lui redonner le sourire à travers ses lettres. Sa famille avait beau être aisée, ses parents et sa sœur de vingt ans, Dorothy, avaient dû redoubler de travail pour soutenir l’effort de guerre. Malgré la toute petite taille de sa mère et la contenance timide de Dot, elles avaient toutes les deux commencé à travailler dans une usine locale qui fabriquait des couvertures pour les soldats. Le père, quant à lui, continuait de diriger la compagnie d’assurance familiale, tout en portant assistance aux fermiers du coin dont les fils étaient au front.

    Peter croyait toujours en Dieu, mais avait cessé d’aller à l’église. Pendant les trois derniers mois, il avait prié Dieu de mettre fin à cette horrible guerre afin qu’il puisse retrouver sa famille et une vie normale à Arnprior, dans la vallée d’Ottawa, où il pourrait ne se préoccuper que de l’exploitation forestière locale. C’était pendant la période des fêtes de fin d’année que l’absence de ses proches se faisait le plus ressentir.

    Noël chez les Winslow mettait l’eau à la bouche à la vallée entière : la tourtière de Grand-mère, la dinde et toutes ses garnitures, le délicieux gâteau aux fruits de Maman et les biscuits sablés. Maggie chantait Minuit, chrétiens de sa voix d’ange, et Dot l’accompagnait au piano. Son père riait rarement, mais son sourire pouvait toucher même les cœurs de pierre. Le 24 au soir, avec les voisins, ils chantaient de porte à porte des chants de Noël le long de John Street, puis Madawaska Boulevard, et enfin Daniel Street, en dépit du froid et de la neige. Ensuite, ils se rendaient tous à la messe de minuit à l’Église Saint Jean Chrysostome. Seigneur, comme ma famille me manque.

    Joyeux Noël, Sir Robert Borden. Profitez bien de votre lit chaud et douillet dans la maison du premier ministre, dégustez votre lait de poule, et chantez des chants de Noël.

    Il secoua la tête d’un air renfrogné, puis finit par s’apaiser. Son quotidien était plus confortable que la plupart des soldats. Il avait cependant vu plus de mort et de mutilation ces derniers mois que cent hommes ne devraient en voir de toute leur vie. Je t’en prie, Seigneur, achève vite cette guerre. Permets-moi d’être chez moi pour Noël l’année prochaine.

    Chapitre 2

    En route pour la France

    ––––––––

    20 Mars 1918

    Le vent soufflait en rafales violentes, si bien que Julia en perdait presque l’équilibre. Cramponnée au bras d’Ann, elle flânait le long de Chestnut Street en

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1