Et si on mangeait des pancakes ?
Par Marie Salska
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À propos de ce livre électronique
Marie Salska
Marie Salska est psychologue d'entreprise. Elle intervient auprès de sociétés dans la gestion de projets, la formation, l'accompagnement des managers en France et à l'étranger. Entre deux voyages, elle aime jouer avec les mots. Auteure de nombreux articles professionnels traitant de la psychologie d'entreprise, elle nous livre ici un roman tendre et divertissant, plein de surprises.
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Aperçu du livre
Et si on mangeait des pancakes ? - Marie Salska
SALSKA
31 décembre, quinze ans plus tôt
Les cinq jeunes femmes se tenaient accoudées au bar, observant avec un certain désenchantement la petite assemblée réunie là. L’une après l’autre, elles avaient migré vers le comptoir comme vers un ami.
Cette soirée aurait normalement dû leur apporter l’espoir de la fin de leur célibat. Oh, elles s’étaient bien préparées, pomponnées, maquillées, avaient choisi leur robe avec soin. Sur le pied de guerre, elles étaient prêtes à accueillir celui qui ferait battre leur cœur.
Hélas, en ce 31 décembre, le réveillon « spécial célibataire » du siècle s’était vite révélé être un monumental fiasco.
Sur les trente personnes présentes, il y avait cinq hommes, et, sans être expert en rencontres matrimoniales, on comprenait dès le premier coup d’œil que leur célibat durerait encore longtemps.
– Bonjour, se présenta l’une des jeunes femmes, d’origine asiatique. Je m’appelle Kim et, comme vous, je cherche un mec…
Elle eut un sourire désabusé et leva son verre en faisant remarquer :
– Il paraît qu’en Chine, il y a quinze bonshommes pour une fille. Ben, ici, en France, ça craint.
– Moi, c’est Léa, répondit une petite brune plus réservée.
Kim voulut trinquer avec sa nouvelle amie, mais elle glissa et s’étala de tout son long devant le bar. Léa se pencha vers elle ; elle avait la nausée.
– Ça me donne envie de vomir, tout ça. Vive le communisme ! lança-t-elle, d’une voix embrumée en levant son verre et en faisant un pas de côté, se prenant les pieds dans sa robe longue pour venir s’aplatir juste à côté de Kim.
Les trois autres pouffèrent et s’approchèrent à leur tour en titubant, observant la scène avec intérêt.
Kim ouvrit les yeux.
– Oh, ça tourne ! C’est parce que je suis Chinoise. Je ne suis pas habituée à être de ce côté de la planète où j’ai la tête en bas.
Une des filles, Clémence, voulut l’aider à se relever.
– Allez, debout, les soulardes !
Elle tendit la main à Kim, mais cette dernière l’attira à elle et lui glissa :
– T’es beau, toi, je te veux !
Clémence, sans même pouvoir réagir, se retrouva avachie sur Kim qui s’accrochait à elle comme à une bouée.
– Hé ! Tête en bas ! Tu me prends pour un mec, ou quoi ? Tu m’étouffes !
Elle réussit à se dégager et attrapa le bras de Claudia qui venait voir de plus près ce qu’il se passait.
– Moi, c’est Claudia. Sono Italiana ma yé parle oune peu le francese, lâcha-t-elle en voulant faire une révérence.
Mais Clémence se suspendait à elle avec tant de force que la nouvelle venue perdit l’équilibre et se retrouva à quatre pattes.
La cinquième éclata d’un rire moqueur, la voix pâteuse et chargée d’alcool.
– Et ça vous étonne d’être toujours célibataires ? Vous avez déjà vu un homme qui faisait le crawl sur le carrelage ? Non ! Bon, attendez, ne bougez pas, je vous rejoins. Attention à mon verre, c’est sacré !
Elle s’assit sur le sol :
– Valentine, se présenta-t-elle. Moi, si je suis encore seule, c’est par choix. Eh oui, j’attends l’homme de ma vie ! Je l’ai imaginé : grand, brun, les yeux verts, beau, fort, intelligent… Mais je reconnais que si rien ne bouge, il sera centenaire quand je le rencontrerai.
Désemparée à cette idée, elle éclata soudain en sanglots. Par solidarité, les quatre autres filles en firent autant.
Newton aurait été fier d’assister à cette scène, car l’attraction terrestre fut la grande gagnante de la soirée.
Mercredi 15 octobre - 20h00
– J’ai une grande nouvelle à vous annoncer ! déclara Kim en posant délicatement sa fourchette sur son assiette vide.
Elle prit un air détaché et attendit que ses quatre amies lui posent la fameuse question. Ce fut Valentine qui se lança :
– Ça y est ? Il t’a enfin demandée en mariage ?
Kim rosit de bonheur et fit un petit signe de tête ponctué d’un sourire.
– Oui, répondit-elle dans un murmure à peine audible.
– Bienvenue au club, la félicita Clémence en levant son verre. Je vais ouvrir une bouteille, ça s’arrose !
Kim avait trente-sept ans. Cela faisait plus d’un an qu’elle était fiancée à Jérôme et son seul souhait était de devenir sa femme, d’être enfin reconnue et de porter son nom. D’origine chinoise, elle avait hérité de son père un nom imprononçable pour la plupart des Français : Zhumengkazhu. Depuis son arrivée en France, vingt ans plus tôt, elle vivait à cause de cela une véritable torture. Elle travaillait au centre des impôts, en tant qu’inspectrice, et chaque fois c’était les mêmes moqueries de la part de ses collègues quand un administré demandait à lui parler. Dans la mesure où tout le monde écorchait son nom, on l’avait surnommée mademoiselle Zouzou. Patronyme absolument ridicule qui déclenchait régulièrement un sourire chez ses collaborateurs et une profonde colère chez elle. Elle allait bientôt s’appeler madame Durant. Ce qui très certainement surprendrait les personnes qui la rencontreraient, car elle était particulièrement typée.
Quant à son futur époux, Jérôme Durant, il était informaticien à Levallois-Perret. Très à cheval sur les traditions, il avait tenu à ce que les choses se fassent dans un ordre préétabli : des fiançailles et ensuite le mariage.
– C’est pour quand, Tête en bas ? demanda Léa avec une curiosité non dissimulée.
– Le 14 août. Jérôme veut que tout le monde soit là, ma famille et la sienne. Il a déjà tout prévu, la date, le lieu, les invités. Même ma robe, il l’a déjà choisie. C’est vraiment un amour.
Ses quatre amies baissèrent les yeux pour éviter qu’elle ne remarque la lueur d’ironie qui brillait dans leur regard.
Valentine ne put cependant s’empêcher de dire ce qu’elle pensait :
– Il aurait quand même pu te laisser choisir ta robe…
– Oh non ! Il sait très bien ce qui me va ! Et puis, je dois lui plaire… Et de toute façon, on a les mêmes goûts, alors, je ne serai sûrement pas déçue, tenta de justifier Kim. Bien sûr, vous êtes toutes invitées, avec mari et enfants. Ça va être génial ! Le seul souci va être de trouver un cavalier pour Valentine. Car, ma pauvre, tu es toujours célibataire…
Valentine baissa de nouveau les yeux, mais ne broncha pas. Elle regarda tour à tour ses amies assises autour de la table. Quinze ans déjà, depuis ce catastrophique réveillon, et pas une ombre de dispute au tableau de leur amitié ! Au fil de ces années, ses amies avaient rencontré « l’Homme » si longtemps recherché.
Depuis ce fameux soir où toutes les cinq avaient lié connaissance, elles organisaient une fois par mois un dîner entre elles. Les premières années, elles recevaient chacune leur tour. Mais avec le mariage des unes, la naissance des enfants, elles se réunissaient maintenant toujours chez Valentine. Ainsi, ni mari ni enfants dans les jambes.
Le regard de Valentine se porta sur Clémence. C’était une jolie blonde de trente-six ans, grande et mince. Elle avait tout de la femme fatale. Neuf ans plus tôt, elle avait épousé Paul et avait déjà deux enfants, Margaux et Jules, que Valentine adorait et dont elle était la marraine. Mais mener la vie de Clémence ne la tentait pas !
Paul travaillait comme ingénieur chez Airbus et Clémence était assistante sociale dans un centre, à Vincennes. Elle était toujours fatiguée et ne semblait pas épanouie. Entre le travail et la maison, elle n’arrêtait jamais… de se plaindre, surtout.
Puis, Valentine observa Claudia, l’Italienne. Elle vivait à Paris depuis seize ans maintenant, et son français s’était considérablement amélioré. Valentine sourit à ce souvenir, car Claudia avait vraiment souffert pour maîtriser le vocabulaire de Molière, ou plutôt celui de Lino Ventura dont elle était fan, ce qui parfois lui causait quelques déboires. À trente-six ans, Claudia avait épousé Nicolas, géographe à la mairie de Montreuil. Elle-même travaillait comme consultante en marketing pour différentes boîtes et voyageait beaucoup. Valentine l’enviait, car elle aurait aimé pouvoir quitter son emploi à la banque et découvrir du pays, elle aussi. Mais ses résultats linguistiques durant ses études avaient convaincu ses professeurs de l’orienterversdesétudesfinancières…quilaconfinaient dans un bureau. Cependant, elle ne lui enviait pas son mari. En effet, Nicolas mesurait trente centimètres de plus que sa femme et il pesait bien cinquante kilos supplémentaires ! L’image de Laurel et Hardy se présentait automatiquement à l’esprit quand on les voyait ensemble.
Bien sûr, Léa aussi était présente. La jeune femme de trente-six ans était mariée depuis six ans avec Christian et avait deux enfants, Alex et Julie. Léa était ergothérapeute et Christian médecin à la Pitié-Salpêtrière. Des quatre, c’était le couple le plus à l’aise financièrement, et le mieux assorti. Ils aimaient les mêmes choses, et depuis qu’ils s’étaient rencontrés Léa s’était épanouie.
Quant à Valentine, du même âge que ses amies, elle avait des formes rondes et de longs cheveux bruns. Dynamique et toujours de bonne humeur, elle offrait un visage rieur qui attirait immédiatement la sympathie.
– Mais c’est une véritable obsession ! Ce n’est pas parce que vous êtes toutes mariées que je dois absolument me caser ! protesta Valentine. Je n’ai aucunement besoin d’un homme dans ma vie. J’ai la compagnie de mon chat, et cela me suffit. N’est-ce pas, Princesse, qu’on est bien toutes les deux ?
Le chat bougea une oreille, mais ne fit pas l’effort d’ouvrir les yeux.
– Je disais ça aussi avant de rencontrer mon mari. Mais peut-être es-tu trop exigeante… fit sournoisement remarquer Clémence.
Contre toute attente, Valentine rougit et sentit la colère bouillonner en elle. Partout où elle allait, et surtout là où on voulait bien l’inviter, c’était toujours la même rengaine. Une banquière de trente-six ans, célibataire, représentait un danger pour de nombreuses femmes, et seules ses amies l’invitaient régulièrement. Quand on est célibataire, on est mise à l’index des repas entre couples.
Léa lui avait présenté une bonne vingtaine de candidats, mais à chaque fois, c’était un désastre. Trop grand, trop gros, trop petit, très sot… Bref ! Après trois ou quatre rendez-vous, elle trouvait toujours une bonne excuse pour ne pas les revoir. Aucun des hommes qu’elle avait rencontrés n’avait déclenché chez elle cette passion dévorante dont elle rêvait.
Valentine se leva et commença à débarrasser la table. Mais elle se rassit soudain et lança :
– Alors, Clémence, tu l’ouvres cette bouteille ?
Elle marqua une pause et ajouta avec un sourire :
– Et, non, je ne suis pas trop exigeante. J’attends le bon. D’ailleurs, je crois que je l’ai rencontré.
Un silence extraordinaire s’abattit sur l’appartement. Léa faillit s’étrangler avec une gorgée de champagne, Clémence resta bouche bée, tandis que Kim la fixait sans même se rendre compte qu’elle avait renversé sa coupe. Claudia jura en italien.
– Eh oui, dit calmement Valentine. Ça vous la coupe, hein ? sourit-elle tout en levant sa coupe de champagne. Eh bien, ne restez pas comme ça ! On dirait que je viens de vous annoncer que j’allais entrer dans les ordres.
Ce fut soudain un brouhaha de questions :
« Comment il s’appelle ? Il fait quoi ? Il travaille avec toi ? Tu l’as rencontré où ? Il est grand ?… »
Là, Valentine attribua tout de suite cette question à Claudia.
– Hé ! Du calme, les filles ! Un peu de patience, vous saurez tout après le gâteau.
Valentine se leva de nouveau et commença à débarrasser la table pour apporter le dessert.
– Ah non ! s’écria Claudia, tu ne vas pas t’en tirer comme ça ! Allez, crache-la, ta Valda !
– Claudia, tu ne pourrais pas parler normalement ? On dirait que tu as été élevée par Michel Audiard, en personne ! protesta Léa.
Mais Valentine se dirigea vers la cuisine sans même un regard vers ses amies estomaquées.
Elle posa les assiettes dans l’évier, ouvrit la porte du frigo et sortit le gâteau.
Mais pourquoi ai-je dit ça ? Bon sang, quelle idiote ! Maintenant, elles ne vont pas me lâcher. Je ne peux plus leur dire que c’est une blague…
Elle n’avait plus le choix. Elle allait s’enferrer dans son mensonge et leur faire une description de l’homme idéal…
Elle respira à fond et retourna dans la salle à manger. Elle arborait un sourire radieux, très contente de sa petite plaisanterie.
– Pourquoi ne nous en as-tu rien dit ? s’indigna Claudia.
– J’en avais l’intention, mais je ne voulais pas gâcher le plaisir de Kim. Après tout, elle, elle se marie !
Elle leva son verre :
– À la santé des futurs mariés !
Kim sourit et reçut les félicitations de ses amies. La conversation s’orienta aussitôt sur le mariage et ses préparatifs.
– Bon, on va faire un mariage simple, mais j’aimerais que vous soyez mes demoiselles d’honneur.
– Nous, tes demoiselles d’honneur ? s’esclaffa Léa. Il y a longtemps qu’elles ont perdu leurs ailes, tes demoiselles…
Kim baissa la tête, vexée.
– Mais non, c’est OK pour moi, accepta Clémence.
– Mais bien sûr que nous serons tes demoiselles d’honneur, approuva Valentine, trop contente que le sujet de sa nouvelle rencontre soit relégué au second plan.
– Génial, remercia Kim, émue. Jérôme a besoin de connaître votre taille pour choisir vos robes.
– Ah oui, à ce point-là ? soupira Clémence. On peut s’en charger, tu sais. Ce serait plus simple.
– Non, non, non ! Pas question ! Jérôme a été formel là-dessus. Il m’a dit textuellement : « Si tes copines veulent choisir leur robe, tu leur dis bien que non. Il faut absolument qu’elles soient habillées de la même façon, autrement cela risquerait de choquer avec le décor ».
– Madre mia ! jura Claudia. Il est un peu strict, tu ne trouves pas ? Il va aussi habiller les mômes.
– Évidemment, autrement, tout serait dépareillé. Je crois qu’il a choisi des robes vertes pour vous.
– Verte ? protesta Valentine. Mais je déteste le vert ! Ça me fait un teint cireux.
– Mais non, dit Kim, tu seras très belle. Jérôme a beaucoup de goût, tu le connais, tu peux lui faire confiance.
Elle remarqua le regard fuyant de ses amies et nota qu’aucune ne confirmait ses propos.
Devant sa mine défaite, Valentine prit les choses en main :
– Allez, Kim, ne boude pas ! Évidemment qu’on accepte. Mais c’est bien parce qu’on t’aime. On sera tes arbres de Noël… On évitera les guirlandes et ainsi personne ne nous remarquera. Combien de personnes, Jérôme a-t-il prévu de convier ?
– On sera cent soixante-deux, sans compter les enfants. Si on prend en compte l’âge, et que l’on fait la moyenne, Jérôme dit que nous serons cent quatrevingt- neuf et demi. Ça nous a fait beaucoup rire.
– Tu m’étonnes, marmonna Clémence.
– Alors, tout est réglé ! Merci, les filles ! Vous êtes vraiment de super amies. Ça me donne envie de pleurer… Allez, on trinque ! Il restera juste assez de champagne pour fêter aussi la rencontre de Valentine. Allez, dis-nous, on a fini le gâteau… ajouta-t-elle d’un ton léger.
C’est le moment de vérité, pensa Valentine. Elle ferma les yeux et décrivit pour la millième fois l’homme de ses rêves.
– Il s’appelle Richard. Il mesure 1m83 et pèse 80 kilos. Bien bâti, très sûr de lui. Il fait beaucoup de sport, du tennis, du squash. Enfin, plein de trucs comme ça.
– Et tu l’as rencontré où ? demanda Léa avec impatience.
– Et il fait quoi ? continua Claudia.
– Si vous voulez que je raconte, laissez-moi parler, répondit Valentine en souriant. Il m’a heurté avec sa voiture alors que je sortais de la banque. J’étais furieuse. J’étais prête à lui arracher les yeux, mais quand je l’ai vu, toute ma colère s’est envolée. Le coup de foudre, quoi !
– Oh, la vache ! C’est beau, s’attendrit Kim, la romantique.
– Et il fait quoi dans la vie, ton beau Richard au cœur de lion ?
– Vous êtes vraiment impayables… dit Valentine pour gagner du temps et réfléchir. Il est physicien, et il travaille dans les centrales nucléaires. Il voyage dans le monde entier.
«Avec ça, pensa-t-elle, vous n’êtes pas prêtes de le rencontrer, et moi non plus, d’ailleurs. »
Léa afficha une moue dubitative et Clémence demanda :
– C’est exactement l’homme que tu nous décris depuis des années, l’homme idéal. Tu ne serais pas en train de nous prendre pour des billes ?
– Pourquoi je ferais ça ? Traite-moi de menteuse pendant que tu y es !
– Hé ! Ne monte pas sur tes grands chevaux. C’est bon, je te crois.
– Non, tu ne me crois pas.
– Mais si, il est beau, riche et intelligent, et moi, je suis la reine d’Angleterre.
– C’est bon, les filles ! On ne va pas gâcher cette soirée, intervint Kim. Tu n’as qu’à nous le présenter, Valentine.
Devant l’approbation générale, Valentine ne pouvait plus reculer.
– Quand vous voulez, sans problème, dit-elle d’un ton détaché, mais son cœur battait la chamade.
Clémence, toujours très sceptique, déclara alors :
– Parfait ! C’est l’anniversaire de Jules le 2 novembre. On fait une fête à la maison, tu l’amènes, et voilà !
– Oh oui, super ! jubilèrent en chœur ses amies.
– Et ne nous dis pas qu’il est à l’étranger. Le premier novembre tombe un samedi. C’est un jour férié presque partout dans le monde. Et puis, si c’est vraiment le coup de foudre, il ne pourra pas te refuser ce petit plaisir.
– D’accord, rendez-vous dans trois semaines avec Richard, acquiesça Valentine.
– Trop cool, comme dit mon fils ! conclut Clémence.
– À propos de Jules, qu’est-ce qui lui ferait plaisir pour son anniversaire ? demanda Valentine pour changer de sujet.
– Un avion téléguidé. Son meilleur ennemi à l’école en a reçu un pour son anniversaire, et Jules n’arrête pas de me rebattre les oreilles avec ça. Si ça te tente, tu es sûre de faire mouche.
Le reste de la soirée se déroula tranquillement. À onze heures, les filles prirent congé et Valentine se retrouva seule.
Elle s’installa sur son canapé, enroulée sur ellemême et attira Princesse qu’elle prit dans ses bras en lui murmurant à l’oreille :
– Voilà, je vais perdre la confiance de mes amies… Pourquoi suis-je allée raconter des bêtises pareilles, hein, tu peux me le dire ? Mais c’est de leur faute aussi ! Ça fait plus de quinze ans qu’elles me bassinent avec leurs réflexions : « Tu ne devrais pas rester toute seule, ce n’est pas sain, tu pourrais t’arranger un peu, tu devrais sortir… Oh, mon mari a un ami célibataire, il est génial, on va te le présenter… »
Princesse, sensible à l’amertume