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L'Ange des Sept Mers - Tome 2: Des anges et des démons
L'Ange des Sept Mers - Tome 2: Des anges et des démons
L'Ange des Sept Mers - Tome 2: Des anges et des démons
Livre électronique238 pages4 heures

L'Ange des Sept Mers - Tome 2: Des anges et des démons

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À propos de ce livre électronique

Armand, capitaine de l’Ange des sept mers, s’efforce d’élever sa fille Héloïse, débordante de vie. Quand l’enfant déploie ses ailes et s’envole vers le seul homme qui lui est interdit d’aimer, alors qu’elle tentera de lui transmettre sa passion pour la musique, les cours de cordes se transformeront bien vite en un tout autre apprentissage. Un concerto enivrant dont elle aura bien du mal à se passer. Mais la jeune femme devra se confronter à ses pires démons avant de trouver le véritable bonheur. Saura-t-elle dompter ses passions et s’accomplir en tant que femme ? Prenez place à bord de l’Ange des sept mers, des anges et des démons, et venez naviguer sur un océan d'émotions le temps d'une lecture palpitante et romantique.


À PROPOS DE L'AUTEURE 


Originaire d'un petit village auvergnat, Sandrine Barbier Lombardy se passionne pour l'écriture dès le collège, période pendant laquelle elle rédige ses premiers récits réservés à ses proches. Grande passionnée d'histoire, c'est bien plus tard qu'elle décide de se lancer dans l'écriture d'une magnifique saga romantique historique, L'Ange des Sept Mers. Grâce à sa richesse d'écriture et sa plume luxuriante, Sandrine nous offre les aventures de personnages aux caractères authentiques, une histoire originale au rythme haletant dont on ne peut se décrocher.
LangueFrançais
Date de sortie31 janv. 2023
ISBN9782384600519
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    Aperçu du livre

    L'Ange des Sept Mers - Tome 2 - Sandrine Barbier-Lombardy

    Sandrine

    BARBIER LOMBARDY

    De la même auteure

    Une maison oubliée

    L’ange des sept mers – Tome I

    Cet ouvrage a été composé et imprimé en France par les éditions La Grande Vague

    3 Allée des Coteaux, 64 340 Boucau

    Site : www.editions-lagrandevague.fr

    ISBN Numérique : 978-2-38460-051-9

    Dépôt légal : Novembre 2022

    Les éditions La Grande Vague

    À ma sœur Sonia,

    à mes parents Suzanne et Jean,

    à mon mari et mes enfants.

    Préface

    Si le Tome I de L’Ange des sept mers m’a demandé beaucoup travail de recherche pour être en phase avec l’Histoire de France, ce Tome II a exigé tout autant d’implication. Dès le premier chapitre, je me suis retrouvée à randonner pendant des heures sur cette formidable encyclopédie que se révèle être Internet. Tout cela pour écrire une phrase, un paragraphe. C’est ce qui rend l’écriture passionnante. Écrire est donné à tout le monde. Chacun a la possibilité de sortir ce fabuleux imaginaire de sa tête en le mettant sur papier. Le plus difficile, toutefois aussi extraordinaire à mes yeux, est ce travail de recherche permettant d’apprendre un peu plus tous les jours : de s'améliorer en écriture, d'enrichir son vocabulaire, de faire le tour du monde pour visiter des lieux improbables, de se forger sa propre opinion sur l’Histoire de France, sur la nature humaine, sur des sujets philosophiques graves qui ont toujours cours au XXIe siècle.

    À travers ces quelques lignes, je tiens aussi à remercier La Grande Vague éditions ainsi que mes correctrices Odile Barbier et Sandra Couturier-Fragoso sans lesquelles ce livre ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui.

    Enfin, ce roman est la continuité logique de ce qui devient maintenant une saga familiale historique, la petite histoire dans la grande Histoire.

    Je vous souhaite à tous bonne lecture et bon voyage à bord de L’Ange des sept mers.

    L'amour et un noble cœur ne font qu'un, et quand l'un ose aller sans l'autre, c'est comme quand l'âme abandonne la raison.

    Dante Alighieri

    (Durante degli Alighieri dit « Dante »)

    Poète, écrivain, penseur et homme politique florentin (1265-1321)

    Prologue

    Château de Camarsac, printemps 1745.

    Elle tenait fermement dans ses mains le violoncelle et l’archet offerts par son père l’année précédente pour ses dix ans. L’instrument de musique paraissait énorme dans les bras menus de la fillette.

    En face d’elle, Marco, le jeune neveu de Giovani, tout juste âgé de six ans, s’agitait sur son tabouret. Malgré les cours fréquents de son oncle auxquels il assistait avec la « fille du capitaine », il n’arrivait pas à se concentrer aussi bien qu’Héloïse. Aussi éprouvait-il une grande jalousie en voyant son oncle féliciter la fille bien sage de Camarsac.

    Marco saisit son archet et asséna de grands coups sur les cordes de son violoncelle. Il entreprit de taquiner Héloïse en le frappant cette fois-ci sur l’instrument de la jeune fille.

    Giovani se leva brusquement de sa chaise pour saisir « l’arme » de l’enfant :

    Marco courut se réfugier à la cuisine dans les jupons de Marie-Laure.

    Devant la scène, Héloïse leva les yeux au ciel en soupirant :

    CHAPITRE 1

    La famille

    De retour en France après plusieurs années sans nouvelles de son père, Héloïse fit d’abord halte à Séverac-sur-Cère.

    En ce mois de juin 1759, elle profita de sa visite pour fêter son vingt-cinquième anniversaire en compagnie de ses cousins.

    Sébastien et Claire de Fontmarcy étaient les heureux parents d’une famille nombreuse. François, l’aîné, entré à l’École d’officiers de la Marine à Brest, avait quitté le domicile familial depuis plusieurs années. Quant à Juliette et Marie-Louise, les jumelles de dix-sept ans, elles étaient prêtes à être mariées. Cependant, dans le château résonnaient toujours des voix d’enfants, celles des derniers adoptés : Bertille douze ans, Martin neuf ans et deux nouvelles petites filles de quatre et cinq ans.

    À son arrivée, Héloïse s’attendrit devant le tableau de ces deux dernières tenant dans leurs bras menus des chatons en guise de poupées. Elle pensa alors à ses propres enfants, quasiment du même âge, restés avec leur père en Toscane.

    La jeune femme aimait tendrement les membres de la famille de Fontmarcy, cousins directs de sa mère Émilie de Langeac, qu’elle avait si peu connue. Ces derniers temps, elle s’était fait la promesse de leur rendre visite le plus souvent possible malgré la distance qui les séparait. Après être restée de longues années sans les voir, Héloïse fut accueillie telle une reine. Lors de sa dernière venue, elle était encore une toute jeune fille de seize ans. Son père, souvent en voyage à l’étranger, la laissait livrée à elle-même à Camarsac. Malgré la compagnie des domestiques du domaine, elle ressentait le besoin de voir sa famille. Ses souvenirs en ces lieux restaient ancrés dans sa mémoire de manière indélébile. Elle avait encore en tête la voix de son cousin lui racontant plusieurs anecdotes à propos de la jeunesse de sa mère. Ce dernier s’était plu à peindre le tableau de toute l’enfance d’Émilie entre les murs de ce château. Et de ces révélations, Héloïse en avait grandement besoin. elle n’abordait la vie de cette mère qu’elle avait si peu connue et des circonstances de son décès avec son père. Le sujet restait prohibé : un secret enfermé dans une boîte dont seul le capitaine de Montreux détenait la clef. Curieusement, le vicomte de Fontmarcy semblait trouver des circonstances atténuantes au silence du comte de Montreux, ce qui peinait davantage la jeune femme.

    L’ancienne chambre de sa mère, où Héloïse avait séjourné lors de sa dernière visite, était devenue celle des jumelles. Afin de loger ses sept enfants, le vicomte de Fontmarcy avait dû réaménager une bonne partie des pièces du château. Voilà pourquoi Sébastien l’installa dans le petit salon, transformé depuis peu en chambre d’invités. 

    Il fit poser les bagages de la jeune femme et engagea la conversation :

    Héloïse fit le tour de la pièce d’un seul regard pour constater les nombreux changements apportés. Seule la table guéridon était restée, déplacée dans un angle. Le sofa avait disparu, laissant place à un lit de coin en bois de noyer. L’espace d’un instant elle eut la vision de François et d’elle, enfants, en train de jouer sur le tapis central.

    Puis elle s’adressa à son cousin en se tournant vers lui :

    Sébastien s’apprêtait à tourner les talons, mais il modéra son élan. Son large sourire marquant plusieurs rides supplémentaires depuis la dernière visite d’Héloïse, il ajouta :

    Héloïse lui rendit son sourire puis s’assit sur le lit.

    Une fois seule dans la chambre, elle ferma les yeux pour mieux se remémorer ces après-midi passés avec son cousin François, à jouer des heures sous la surveillance bienveillante du vicomte de Fontmarcy. Puis son esprit s’évada jusqu’au jour du 1er juin 1738, la veille de ses quatre ans. Les souvenirs revenaient par bribes. Elle se voyait dans la petite église de Séverac qui lui paraissait si grande à l’époque. Son père lui tenait la main. Il lui avait promis la veille qu’ils partiraient à Sainte-Claire. Elle se rappelait que les yeux bleus de son père n’étaient plus aussi étincelants qu’avant. Le regard s’était teinté de gris, vidé de toute luminosité. Et les cernes rouges entourant ses yeux ne faisaient qu’ajouter encore plus de meurtrissures, signes évidents de la peine et de l’épuisement de l’homme en pareille situation. Elle se rappelait que dans cette si petite église, il y avait tant de monde : probablement tous ses cousins, sa Manna qui n’en finissait pas de pleurer et quelques autres personnes dont les visages étaient effacés de sa mémoire. Puis, après l’enterrement, ils se rendirent immédiatement à Bordeaux pour embarquer sur L’Ange des sept mers.

    Ils s’étaient installés deux ans à Sainte-Claire. Héloïse avait surtout passé son temps à jouer entre les tiges ligneuses de canne à sucre, sans aucun enfant de son âge pour partager ses jeux. Puis du jour au lendemain, son père avait décidé de revenir en France. Il l’avait confiée à ses cousins, « le temps de régler quelques affaires » avait-il dit. La jeune fille était alors restée sous la bonne garde de Sébastien et Claire de Fontmarcy, élevée pendant un an et demi avec son petit-cousin François. Puis un souvenir plus net la perturba : le jour où son père était venu la chercher. Comme à son habitude, elle jouait sur le tapis avec François, alors âgé de quatre ans. Le capitaine de Montreux revenait d’un long périple en Inde. Il était resté plusieurs minutes à considérer François avec effroi et Sébastien s’était alors adressé à lui avec cette phrase incompréhensible : « Il est des évidences que l’on ne peut nier, mon ami ! »

    Puis, Héloïse finit par secouer la tête pour mieux s’enlever tous ces souvenirs funestes de la mémoire. Elle se prépara pour le souper et rejoignit ses cousins dans la salle à manger.

    Les rires des enfants résonnaient dans la grande salle commune. Le dîner fut servi par Félicité restée fidèle à la famille de Fontmarcy en dépit du décès de madame la vicomtesse, la mère de Sébastien qui l’avait sortie de la misère malgré son côté acariâtre à l’époque. La vieille fille, âgée maintenant de soixante-deux ans, allait et venait de la cuisine à la salle à manger avec soupières, saladiers et autres plats garnis d’omelettes, de légumes cuits au bouillon et de charcuteries. Rien ne semblait fatiguer cette domestique, employée au sein du château depuis quarante-cinq ans.

    La famille de Fontmarcy n’était sûrement pas de ces nobles sans le sou. Bien que le couple s’investît corps, âme et bourse au bon fonctionnement de l’orphelinat de Cères, le patrimoine dont avait hérité Sébastien et ses investissements à la bourse de Paris permettaient à la famille de vivre confortablement. Ainsi, les repas chez les Fontmarcy demeuraient toujours copieux et succulents.

    Après quelques tranches de jambon sec, d’omelette et une bonne soupe de légumes au pain, Héloïse était rassasiée. Il restait pourtant à déguster cette merveilleuse tarte aux fraises cuisinée si délicatement par Félicité. Afin de faire patienter un peu son estomac prêt à déborder, elle engagea la conversation avec ses hôtes :

    Puis, se tournant vers Félicité qui dressait la table avec les couverts pour le dessert, elle ajouta :

    Claire sourit et posa sa main sur le bras de la cuisinière.

    Elle observa tendrement sa maîtresse de maison et poursuivit :

    Gênée par tant d’éloges, la servante se contenta d’acquiescer avec une courte révérence, accompagnée d’un petit « merci madame ». Puis elle poursuivit son service en découpant les parts de tarte aux fraises.

    En remplissant les verres de la bonne cuvée 1752 de Camarsac offerte par le capitaine de Montreux, Sébastien interrogea sa cousine :

    Héloïse prit son verre de vin et s’installa plus confortablement sur son siège.

    Sébastien se mit à rire tout en certifiant :

    Héloïse marqua sa colère en fronçant les sourcils. Elle répondit gravement :

    Un silence glacial s’installa. Même les jeunes enfants arrêtèrent de rire et de jouer face à tant de sérieux. Puis Claire adoucit l’ambiance pesante, suspendue de longues secondes au tic-tac de l’horloge du salon :

    Héloïse prit conscience du froid qu’elle venait de jeter par tant de franchise. Elle força un sourire qui dissimulait ses dents serrées par la colère, puis tendit son assiette encore pleine de petits morceaux de fraises et de pâte.

    ***

    La semaine suivante, Héloïse demeurait chez ses cousins. Comme elle le faisait systématiquement lors de ses voyages, elle préféra se munir de son violoncelle et de ses carnets de partitions dans les bagages plutôt que d’encombrantes toilettes qu’elle considérait bien inutiles en province. C’est ainsi que chaque soir, pour le plus grand bonheur de la famille de Fontmarcy, Héloïse jouait des extraits de Bach, Vivaldi et Scarlatti. Lors de ces soirées, jamais plus le nom du capitaine de Montreux ne fut prononcé. Le couple de Fontmarcy applaudissait fièrement leur cousine, félicitant la musicienne accomplie pour ses talents.

    Vint le moment des aurevoirs. Si Héloïse était venue en France ces jours-ci, c’était surtout pour se rendre à Camarsac car elle savait que son père devait y séjourner. Et elle avait grandement besoin de le voir, de lui parler, de le harceler de questions. Maintenant mère de deux enfants, femme accomplie, aimée et aimante, elle ressentait la nécessité de connaître tout de son passé et surtout l’intégralité de celui de sa mère. Non pas de la bouche de Sébastien, mais bien de celle de son père.

    CHAPITRE 2

    Manna

    Il fallait au moins deux jours pour se rendre de Séverac à Camarsac. Non seulement Héloïse n’avait pas jugé nécessaire de s’encombrer de trop de bagages, ce qui allégeait considérablement la voiture, mais en plus elle refusait systématiquement la compagnie de domestiques. Elle aimait son indépendance, donnant de grands soucis à son époux qui aurait été rassuré qu’elle fît ce si long périple de Toscane en France, accompagnée d’au moins une camérière. Ce dernier, féal et dévoué, ayant grandi avec une sœur aînée encore plus têtue et perspicace que sa femme, se montrait plutôt respectueux de la gent féminine et acceptait à contrecœur les volontés de sa dulcinée.

    Le cocher avait pris quelques risques en forçant ses chevaux à accélérer l’allure afin que la jeune femme arrivât à destination avant la tombée de la nuit. S’il voulait toucher l’intégralité de son salaire, il devait obéir aux ordres sévères que la comtesse lui sermonnait à chaque pause durant le trajet. Il fallait déjeuner vite, dîner rapidement, se lever tôt, ne pas perdre un instant pour des futilités, se presser de reprendre la route. Du haut de ses vingt-cinq ans, Héloïse était dotée d’un sacré tempérament. Elle ne se laissait pas marcher sur les pieds, quitte à écraser ceux des autres. Elle n’avait pourtant pas bien hâte de retrouver son père, malgré cela, elle devait impérativement parler avec lui. Or cette conversation était depuis trop longtemps repoussée. En revanche, la personne qu’elle s’impatientait de revoir était son ancienne gouvernante. Indéniablement, sa Manna demeurait celle qui lui manquait le plus ; Annabelle ainsi qu’Yves et Marie-Laure, même si cette dernière avait quitté le château de Camarsac depuis une bonne dizaine d’années. Malgré sa timidité, la cuisinière du château avait réussi à trouver un mari. Il s’agissait de l’un des vendangeurs de Camarsac avec lequel elle avait déjà six enfants. La famille logeait maintenant au village.

    Le soleil se couchait tard en cette saison estivale, rosissant un ciel légèrement nuageux au-dessus des vignes à perte de vue. Grâce à l’allure folle des quatre chevaux au cœur de ce paysage qu’elle reconnaissait, Héloïse arriva au domaine de Camarsac peu avant la tombée de la nuit.

    Yves fut le premier à l’accueillir. Après une longue accolade avec son ami, elle lui confia ses bagages et entra dans la bâtisse. En pénétrant dans le grand salon, elle constata une maison silencieuse. Le seul bruit perceptible était celui de ses pas sur le carrelage résonnant à travers la pièce. Elle pensa alors que ce silence contrastait nettement avec les rires de ses petits-cousins qu’elle venait de quitter. Ne trouvant pas Annabelle, elle leva la tête en direction du palier ouvert de l’étage. Son regard s’arrêta juste en dessous du garde-corps. Sur le grand mur de pierres blanches, le portrait à taille réelle de sa mère semblait veiller sur tout le château. Cette peinture de François Boucher réalisée peu avant le décès de la comtesse, la faisait apparaître entière, debout, accoudée au socle de la statue de Psyché ailée du parc de Camarsac. L’artiste avait su donner du relief à la tenue en mettant en valeur une superbe robe de taffetas gris parsemée de nœuds de satin. Il s’était même appliqué à magnifier les roses violacées à ses pieds, rappelant parfaitement la couleur des rubans. Émilie de Montreux était représentée avec grâce. Sa beauté naturelle illuminait le portrait bien plus que la robe peinte par l’artiste avec application et sens du détail. Cependant, malgré les talents du peintre pour la rendre plus gaie, ses yeux restaient perdus dans le vide et son sourire forcé.

    Héloïse contempla l’œuvre longuement, caressant l’espoir de voir sa mère en sortir et la serrer dans ses bras, lui dire combien elle l’aimait et tant elle lui manquait. Elle constata à quel point elle lui ressemblait, bien qu’elle eût hérité des yeux de son père. Le portrait de la comtesse de Montreux avait été réalisé environ un an avant son décès, alors que sa mère était à peine plus jeune qu’elle. Sa rêverie s’arrêta lorsqu’elle entendit la porte de la cuisine claquer. Héloïse tourna directement la tête. Annabelle lui tendit les bras, un sourire radieux illuminant son visage :

    Les yeux de la vieille femme brillaient de tendresse. De petits diamants s’échappèrent même de ses paupières pour glisser sur ses joues. Pourtant presque septuagénaire, Annabelle paraissait bien plus jeune et savait surtout faire preuve de coquetterie. Par ailleurs, les cheveux grisonnants étaient plutôt à la mode. Et Annabelle savait si bien se coiffer que sa toison argentée relevée en plusieurs petits rouleaux « à petits bichons » sur son crâne et

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