Une visite bouleversante

Lorsque Monique apparaissait quelque part, elle donnait l’image d’une femme austère au regard méfiant et plutôt froid. A 46 ans, elle avançait dans la vie en espérantque le plus dur était passé. Avec son regard azur, ses traits réguliers et ses cheveux noirs, Monique aurait pu être une jolie femme, mais tout en elle, de la pointe des orteils au sommet du crâne, semblait vouloir bannir la séduction.

Pas de maquillage, vêtements stricts et cheveux tirés en arrière, voilà ce qui était son quotidien.

Cela n’avait pas empêché Monique de trouver chaussure à son pied, comme on dit. Jacques était un homme un peu plus âgé qu’elle, au physique quelconque, sans grande ambition, mais tellement honnête que la moindre possibilité d’un éventuel mensonge le faisait rougir jusqu’à la racine des cheveux.

Jacques était aussi emprunté dans ses manières, que droit dans ses bottes. Et surtout, il aimait tendrement Monique, qui le lui rendait bien. Elle lui avait tout offert d’elle, même la vérité sur les mensonges indispensables à son bien-être. Et pour l’amour de sa femme, Jacques, qui pourtant en avait horreur, avait alors fait siens ces mensonges.

Monique et Jacques avaient eu trois enfants : des jumeaux, Yves et Guy, qui ressemblaient plutôt à leur père, et une fille, Isabelle, la bien nommée. Elle était si ravissante avec ses boucles blondes et ses grands yeux azur semblables à ceux de sa mère !

Certains s’étaient étonnés de la blondeur de l’enfant, mais Monique et Jacques avaient mis cela sur le compte des mystères de la génétique… Sans doute un lointain ancêtre viking, aimait à dire Jacques, que l’idée amusait.

Au plus profond d’elle-même, Monique savait de quels gènes avait hérité sa fille. Malgré l’amour, chaque regard posé sur Isabelle lui était douloureux.

Adultes, les deux garçons s’étaient très vite mariés. Seule Isabelle vivait encore chez ses parents. Elle était devenue une agréable jeune fille, vive et souriante.

Elle faisait la