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À travers les miroirs de la vérité
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À travers les miroirs de la vérité
Livre électronique316 pages4 heures

À travers les miroirs de la vérité

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À propos de ce livre électronique

La vie de Jodye n’est pas un long fleuve tranquille comme en témoigne la perte déchirante de sa principale source d’amour. Plongée dans la solitude, elle se trouve désormais à un carrefour où se mêlent de nouvelles relations, une douleur profonde et des désirs troubles. Dans cette tourmente, Jodye se retrouve confrontée à un choix crucial : préserver son indépendance coûte que coûte ou risquer de devenir malgré elle un pion dans une quête de pouvoir dont elle ignore encore les tenants et les aboutissants.

À PROPOS DE L'AUTRICE

À treize ans, chez ses grands-parents, Jade Hort eut une révélation : la littérature possède un pouvoir transformateur. Depuis, les mots sont son essence, illuminant son chemin et confirmant sa vocation d’écrivaine.
LangueFrançais
Date de sortie29 avr. 2024
ISBN9791042224301
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    Aperçu du livre

    À travers les miroirs de la vérité - Jade Hort

    Chapitre I

    Avec toute ma sympathie.

    Signé L’inconnue

    Jodye

    J’admirais la mer de Saint-Malo, couleur émeraude, les yeux rivés sur le soleil qui se couchait peu à peu. Fusionnant avec l’eau.

    J’étais assise, genoux repliés, sur le sable, après avoir passé la journée la plus dure et la plus éprouvante de mon existence. Je venais d’assister aux funérailles de ma grand-mère, Elizabeth. La seule personne qui avait voulu de moi et que j’avais dorénavant perdue à jamais.

    Rien que de mentionner son prénom menaçait de me faire éclater en sanglots. J’avais compris que le plus dur, c’était que je n’avais même pas eu l’opportunité de lui faire mes adieux convenablement.

    J’étais partie chez mon meilleur ami Léo, pour la nuit, fêter son dix-neuvième anniversaire. Le lendemain, Sasha, la mère de Léo, m’avait appris la terrible nouvelle et tout s’enchaîna à un rythme affolant : l’enterrement à organiser, les personnes proches à contacter…

    Cette perte m’avait arraché une partie du cœur. Je ne peux pas m’empêcher de me laisser aller et de laisser libre cours aux émotions qui étaient restées cloisonnées. Parce que je savais qu’une fois cette journée terminée, je finirais seule et j’avouerais sans l’ombre de honte que j’avais peur.

    J’avais la tête dans les bras, les genoux serrés contre ma poitrine lorsque j’entendis des pas derrière moi. La personne s’assit sur le sable chaud et me prit dans ses bras.

    — Ma belle, tout le monde est parti, je suis fière de toi. La voix de Sasha apaisait un peu ma peine. Je suis sûre qu’elle le serait aussi si elle était là.

    Elle me caressa le bras afin de calmer mes larmes.

    Elle tourna la tête vers moi pour me regarder dans les yeux :

    — Sasha, je n’y arriverai pas. Comment veux-tu que je fasse sans elle ? Elle m’aidait à garder la tête en dehors de l’eau.

    — Écoute-moi bien, où que soit Elizabeth, elle t’aurait sûrement botté le cul pour cette manière que tu as d’abandonner. Elle t’aimait. Elle refuserait que toi, sa petite-fille chérie, courageuse et toujours à trouver le positif partout et dans chaque situation, abandonne si facilement ! Alors je te le dis moi-même : aujourd’hui a été un jour difficile, mais demain, ton avenir sera devant toi. Tu n’es pas seule, Jodye, on est là pour toi, on te soutiendra quoi qu’il se passe.

    Elle resserra son étreinte et nous restions là, à contempler les vagues qui s’écrasaient sur le sable, à quelques mètres de nous.

    Sasha avait raison, même si la perte de Manie me brisait, il fallait que je me montre forte. Elle savait toujours comment me redonner confiance. Elle me connaissait depuis ma naissance et, depuis ce jour, faisait partie de ma vie. Je l’avais toujours considérée comme une mère et à mes yeux, elle valait plus que celle qui m’avait mise au monde.

    J’entendais derrière nous de nouveaux pas et bientôt une voix grave que je connaissais bien, Léo :

    — Dye, ça va aller, dit-il en me souriant avec compassion. On a un mystère à résoudre : tu viens de recevoir une lettre qui t’attendait sur le perron…

    Sasha se raidit et écarquilla les yeux furtivement. Léo s’approcha de moi et me tendit la lettre. Je m’étais redressé pour marcher sur le sable et découvrir le contenu…

    Chère Jodye,

    Je ne désire pas passer par quatre chemins…

    Toutes mes condoléances pour la perte de ta grand-mère mais mon rôle revient malheureusement à te mettre en garde afin de te préparer. Elle ne t’a pas tout révélé sur tes origines et sur ton histoire. C’est donc à moi qu’il incombe maintenant de te montrer le chemin de la vérité, TA vérité… Si tu désires comprendre, il va falloir que tu viennes à Christen-Valley. Tu as vécu un rêve éveillé pendant trop longtemps…

    Avec toute ma sympathie,

    L’inconnue

    Je frémis et relus la lettre deux fois avant de comprendre les mots qui étaient écrits sur le papier.

    Est-ce une menace ou un avertissement ? Qui oserait accuser Elizabeth de m’avoir menti sur mon histoire ou fait de ma vie « un rêve éveillé » ? Mais qu’est-ce que ça veut dire ?

    Sasha, en voyant ma tête, vint me rejoindre. Elle me regarda, interloquée. Je lui tendis la lettre et fis les cent pas sur le sable… Sasha donna ensuite la lettre à Léo.

    — Non mais c’est quoi ce bazar ?! Léo, tu as vu la personne qui a déposé la lettre ?!

    J’écarquille les yeux remplis de colère et de chagrin.

    — Je ne sais pas qui a déposé ça, je n’ai vu personne la poser sur le perron, je te le jure, Jodye, je n’en sais rien.

    — Qui pourrait avoir envoyé ça ? C’est complètement dément ! Qui ose bafouer sa mémoire en balançant de telles choses !?

    — Maintenant, tu as besoin de repos.

    Sasha m’avait toujours considérée comme sa fille. Elle avait perdu son mari juste avant la naissance de Léo. Sans son fils, elle ne se serait jamais remise de la mort de l’homme qu’elle aimait. Elle me l’avait souvent dit, son fils était toute sa vie.

    Arrivée dans la chambre, je m’étais installée sur le lit, avais posé mon téléphone sur la table de nuit et ferma les yeux, débordant de larmes et de fatigue. Le sommeil me submergeait déjà, avec l’image de ma grand-mère me souriant.

    ***

    Je suis dans ma maison, près de l’escalier et juste devant moi se tient ma grand-mère. Devant elle, près de la porte d’entrée, une jeune femme, la vingtaine, est en train de prendre une sacoche. Elle doit avoir des cheveux longs, car même attachés, ils lui arrivent au milieu du dos. Des cheveux magnifiques avec une couleur nuancée de roux et de brun. Une peau très pâle. Elle semble en colère.

    — Mon Dieu, Laurelle, es-tu devenue folle ? demande ma grand-mère.

    — Maman, ne recommence pas ! Tu sais que je n’ai pas le choix !

    — Laurelle, ta fille a besoin de toi ! Elle n’a que 3 ans ! Tu n’as pas le droit de partir sans un mot ! C’est ta fille !

    Laurelle ? Ce prénom m’était familier, je l’avais déjà entendu quelque part… C’était le prénom de ma mère biologique…

    — C’est justement parce que je l’aime plus que tout que je pars. Et tu sais pertinemment ce qui va arriver si je reste !

    Elles s’affrontent du regard, Elizabeth secoue la tête de gauche à droite, lasse.

    — Laurelle, ma chérie, je comprends ta peur mais si tu pars maintenant, tu briseras tout ! Elle pourrait te haïr pour tes choix.

    — J’en prends toute la responsabilité, prends soin d’elle et protège-la. Ne les laisse pas la prendre.

    — Je la protégerai au péril de ma vie, je te le jure. Mais nous savons l’une comme l’autre qu’avec ce que tu es sur le point de déclencher, il n’y aura pas de retour en arrière possible. Tu en es consciente, Laurelle ?

    Quelque chose dans l’escalier capte mon intention. Discrètement cachée, une petite fille aux cheveux brun-roux et aux yeux magnifiques regarde la scène, les yeux débordant de larmes. Elle a un doudou lapin blanc dans les bras.

    Je comprends que dans cette scène, personne ne peut me voir. Je m’approche de la petite fille en espérant me tromper sur mon intuition. Sur le doudou, sur son oreille droite, plus précisément est brodé « Didi ». C’est mon surnom et moi en beaucoup plus jeune…

    Mes jambes deviennent lourdes et pesantes, je devais me tenir à la rambarde de l’escalier pour éviter de tomber. Je remets mon attention sur la dispute des deux femmes, en lançant des regards de temps à autre vers la petite fille qui assiste à cette scène et qui sanglote discrètement pour éviter de se faire entendre…

    — Je n’ai pas le choix…

    — C’est faux, Laurelle ! On a toujours le choix et malheureusement, je crains que tu fasses le mauvais.

    — Adieu maman…

    Je me réveillai en sursaut, en criant, couverte de sueur froide. Ma porte s’ouvrit subitement et Léo accourut vers moi, me prit dans ses bras et me caressa les cheveux pour m’apaiser.

    — Chut… Jodye, tout va bien, je suis là.

    — Je resterai toujours près de toi, Jodye. Allez, ma belle, rendors-toi…

    Le lendemain, je me réveillai, une main posée sur mes cheveux et un souffle sur la nuque.

    Léo dormait à poings fermés. Je me levai, sortis de la chambre et vis Sasha, le regard dans le vide. Elle était soucieuse et inquiète, les yeux cernés qui contrastaient avec sa peau mate.

    Je descendis et marchai jusqu’à la salle à manger. Le notaire était assis en bout de table, il me salua poliment :

    — C’est bien moi, je vous remercie pour votre sollicitude. Pouvez-vous me dire ce qu’il y est stipulé ?

    Je n’étais pas d’humeur à me plonger dans la paperasse mais autant s’en débarrasser pour pouvoir s’atteler à autre chose.

    — Mademoiselle Mortels, votre grand-mère a écrit une condition dans son testament, devant être accomplie en cas d’inaptitude ou de décès.

    — Pouvez-vous en venir au fait ?

    Il déglutit bruyamment. Je fus clouée sur place.

    — Je ne comprends pas…

    — Elizabeth Mortels avait deux filles. Votre mère, n’ayant pas exercé son rôle parental, ne peut être incluse dans cette démarche. Toutefois, il est inscrit que dans le cas où Mademoiselle Jodys Mortels, vous en l’occurrence, serait encore mineure ou régie par un statut scolaire et donc non autonome financièrement, elle serait basculée chez sa tante dont le devoir est de vous faire bénéficier des meilleurs soins.

    Je me mis à rire sans pouvoir m’arrêter.

    — Eh bien, malheureusement non, Mademoiselle Mortels.

    — Monsieur Thomas, si j’ai bien compris, je vais être placée sous la tutelle d’une femme que je ne connais absolument pas en étant majeur ?

    Pourquoi grand-mère ne m’a-t-elle jamais parlé de cette famille ?

    — Oui, Mademoiselle, cette femme se prénomme Coraline Fox. Et votre majorité vous octroie une certaine liberté mais elle ne vous permet pas d’être autonome financièrement à l’heure actuelle donc votre liberté d’agir ne peut être totale.

    — Et où vit cette Coraline Fox ?

    — Aux États-Unis, en Amérique plus précieusement, dans l’État de l’Idaho.

    — Les États-Unis ?! Non mais il ne va quand même pas m’envoyer à l’autre bout du globe !

    — Oui, Mademoiselle, je comprends votre réaction mais je me dois de vous donner un peu plus d’informations, le lieu où vous devez vous rendre est une ville nommée…

    Je l’interrompis sèchement et dis d’une manière incontrôlée :

    — Christen-Valley ! Mais oui, bien sûr, la lettre ! Elle parle de cet endroit !

    — Non… Enfin oui, je l’ai étudié, disais-je en mentant.

    — Bien, je voulais aussi vous dire que toutes les richesses de Madame Elizabeth Mortels sont divisées et qu’une part assez conséquente vous appartient mais vous devrez vous arranger avec votre tante à votre arrivée, il n’y a qu’elle qui puisse vous la transmettre selon la demande de votre grand-mère. Rassurez-vous, sans votre signature, votre tante n’a aucun pouvoir sur votre argent, elle possède juste les fonds dans une enveloppe. Elle vous a réservé un vol pour après-demain. Je me suis occupé de tout ce qui concerne l’administratif. En étant majeur, vous êtes en droit de ne pas vous y soustraire mais vous irez à l’encontre du souhait de votre proche.

    — Je viens d’apprendre à Mademoiselle Mortels que, comme il est stipulé dans le testament, l’obligation d’aide aux soins et bien-être de Mademoiselle a été transférée à sa tante, Madame Fox. Elle a préparé son arrivée aux États-Unis pour après-demain. Voici Mademoiselle, vos billets pour les transports et votre Visa.

    Le notaire parti, j’éclatai de colère, de tristesse et de peur :

    — Ils n’ont pas le droit de faire ça !

    — Je crains bien que si, ma puce, ils en ont le droit maintenant. Il faut préparer tes affaires pour les rejoindre. Tu n’as pas le choix, pour ton bien et afin de mener tes études à bien, il le faut.

    Sasha se mit à pleurer. Léo nous rejoignit.

    Je pris dans mes bagages la boîte à musique qu’elle m’avait offerte pour mes quatre ans. Le départ fut dur à préparer. La séparation avec Sacha et Léo encore pire.

    — Ma petite Jodye, surtout tu feras attention à toi ! Nous viendrons te voir pour ton anniversaire si tout se passe bien. Tu as bien tous tes papiers ? Le vol dure entre seize et vingt heures jusqu’à l’État du Montana. Tu arrives à l’aéroport de Bert Mooney et ensuite tu prends le prochain vol jusqu’à l’aéroport de la capitale de l’Idaho, Boise. Un taxi t’y attendra et t’emmènera jusqu’à la gare de Christen-Valley. Tu verras, c’est magnifique ! Plein de montagnes, des cascades éblouissantes, de grands lacs…

    — Comment sais-tu tout ça ?

    — Je me suis renseignée, répondit-elle gênée. Je vais te chercher une boisson avant que soit l’heure de partir, je reviens tout de suite.

    Léo en profita pour m’enlacer et m’embrasser fougueusement sur la bouche. Je me laissai faire quelques instants puis un brin de lucidité me fit reculer.

    Pourquoi j’avais fait ça ! Étais-je devenue folle ?!

    — Allez, ma chérie, va vivre ta vie ! N’oublie jamais que je t’aime. Surtout, prends soin de toi.

    — Ne t’inquiète pas, ça va aller ! Moi aussi, je t’aime. Christen-Valley, me voilà.

    Chapitre II

    Bienvenue à Christen-Valley

    Jodye

    Boom ! Baam ! Je me réveillai en sursaut, complètement paniqué par le bruit sec d’un objet encombrant se fracassant sur le sol. Un homme que je ne connaissais guère me regarda subitement avec l’air gêné et désolé, et partit à la hâte avec sa valise et me laissa seule.

    Je n’étais plus très loin de Christen-Valley dans l’Idaho, le lieu où je devais me rendre. Après les heures de vol interminables avec un bébé qui n’avait cessé de pleurer pendant tout le trajet et mon autre vol qui venait tout juste de commencer, j’étais exténuée. Après être montée dans l’avion et m’être assise sur le fauteuil en première classe numéro 12, très moelleux, je tentais de nouveau de me laisser aller au sommeil.

    Après que les passagers se sont installés à leurs places ; le calme revient dans la première classe du moins et petit à petit mes yeux se refermèrent…

    Après m’être assoupi, je supposais, une bonne partie du trajet. Je sentais une main se poser sur mon épaule d’une manière hésitante, me réveillant instantanément malgré moi. Je n’avais visiblement pas assez dormi à mon goût. J’avais encore rêvé de la dispute entre Elizabeth et ma mère et cela avait perturbé le sommeil réparateur dont je ressentais cruellement tant le besoin. Et j’admets volontiers le fait que j’aurais aimé ne jamais en avoir pris connaissance ou plutôt m’en souvenir. Depuis, ce cauchemar hantait mes nuits et mon sommeil.

    Je regardai par le hublot et j’avais été surprise de constater que l’avion était en arrêt sur la piste d’atterrissage et les personnes que j’avais aperçues au début du vol étaient déjà presque toutes sorties.

    Alors j’étais enfin arrivée ! L’Idaho ! L’Amérique !

    — Vous êtes arrivée, Mademoiselle Mortels.

    Le steward m’offrait sa main pour m’aider à me relever sur mes deux jambes engourdies après ses heures de trajet pour la plupart inconfortables. J’avais mal partout ! Mais je me penchais tout de même et je regardais une nouvelle fois par le hublot, le soleil qui illuminait et faisait briller la piste en dehors de l’avion. Il devait faire chaud et également humide. J’avais effectué quelques recherches avant mon départ sur l’État de l’Idaho. Les périodes chaudes étaient agréables mais cet État était surtout connu pour être assez humide et pluvieux surtout quand on se trouvait dans les rocheuses. Je me félicitais intérieurement d’avoir changé de tenue pendant le trajet pour porter quelque chose de plus adapté, un jean, une tunique classe et des baskets usées mais décontractées, ils étaient normalement préférables à mes t-shirts énormes et mes jeans troués et sûrement mes Doc Martens.

    Un peu dépaysé par mon réveil et ce nouvel environnement, je sentais ma fatigue décuplée :

    — Euh… merci.

    Je lui répondis en anglais. J’étais née en France et j’y vivais jusqu’à aujourd’hui. Mais ma famille était d’origine américaine. Maintenant, je le savais, grâce au document du notaire qui abordait un peu de la famille qui était vraisemblablement la mienne. Mais quand je disais un peu, ce n’était pas un euphémisme, je n’en savais pas plus que je ne savais déjà. À part cela, je n’avais rien appris de plus. Donc l’anglais n’était pas une langue que je connaissais sur le bout des doigts. En cours avec ma professeur et pour réviser mes examens. Voilà à quoi se tenait mon enseignement en la matière. Et ce n’était pas comme si Elizabeth refusait qu’on le pratique à la maison…

    Je commençais à paniquer, j’en avais conscience… Me voilà plongeant dans l’inconnue !

    Je n’avais pas l’impression d’être sortie de ce cauchemar. Je me voyais toujours dans l’escalier, Elizabeth et ma mère biologique se disputent à propos de moi.

    Je n’avais jamais vu ma mère biologique depuis ce jour et ça me perturbait toujours de me souvenir de ça aussi distinctement. J’avais toujours pensé que cette femme était ma mère biologique après tout, il n’avait pas quinze mille femmes portant le prénom Laurelle sur Terre. Je ne savais pas pourquoi mais ça me paraissait logique d’imaginer que cette femme pouvait être ma génitrice.

    Je n’étais qu’une enfant en bas âge à cette époque et pourtant à chaque fois que je fermais les yeux, les mots, les phrases, me reviennent de façon claire et précise. Savoir que j’avais pu ou plutôt revivre ce passage de ma petite enfance que j’avais fait en sorte d’enterrer le plus loin possible… a décidé de faire resurgir la souffrance qui avait jadis meurtri mon cœur de manière violente à la surface pour me mettre au supplice. Cela emplissait de nouveau mon visage d’inquiétude et de colère refoulée. Quant à mon père, sur le peu que l’on m’avait dit, il était militaire et partait souvent en mission. Il était mort pendant une de ses missions avant ma naissance si j’en croyais ce que me disait Manie. Alors, on pouvait affirmer que depuis que Manie n’était plus, c’était comme si la lumière avait péri et que plus rien ne valait la peine de lutter et c’était simplement éteint pour laisser transparaître la nuit froide et austère. Il n’y avait que Elizabeth pour me remonter vers la lumière depuis que ma mère m’avait abandonnée, lâchement. J’étais loin d’être sûre de rester dans la lumière sans elle. Mon monde avait été stable grâce à elle jusqu’à aujourd’hui.

    Et il fallait dire que la lettre que j’avais reçue, deux jours, plus tôt, ne m’aidait pas à voir les choses de façon claire voyante !

    Le steward finit par m’aider à sortir mes affaires et me suivit pour me seconder afin de trouver un taxi. Je devais vraiment avoir l’air complètement perdue pour qu’il prenne du temps pour m’aider.

    Arrivée au grand parking de l’aéroport bondé de monde, il appela un taxi, mit mes affaires dans le coffre et donna les instructions que je lui avais données sur l’endroit où je devais me rendre. Je le remercie et le taxi prit la route…

    Après quelques heures interminables où le chauffeur me racontait sa vie. Je n’en pouvais plus et je remerciais le ciel de m’avoir fait arriver avant que je fusse obligée de sauter du taxi en marche pour qu’il puisse enfin se taire !

    Je suis entourée par la forêt et ce spectacle est magnifique !

    Je sortais du taxi afin de prendre mes affaires que me tendait le gars à la calvitie. Je le paie et ensuite, il repartit. Je n’avais pas pris beaucoup d’affaires par manque de place et de moyens mais Sacha avait promis de me les envoyer dès qu’elle serait arrivée.

    J’avance jusqu’à la passerelle en béton où se tenait l’avant de la gare « la façade ». D’après ce qu’avait marqué le notaire sur les documents concernant le voyage, c’était cette fameuse Madame Fox qui devait me récupérer elle-même. J’étais crevée donc j’espérais qu’elle ne serait pas en retard parce que je n’avais pas vraiment envie d’appeler de nouveau un taxi. Et puis merde quoi, j’avais pris je ne savais combien de risque aujourd’hui ! Si elle ou quelqu’un d’autre avait oublié que je venais à peine de débarquer sur un continent et un pays étranger, bah, pas moi !

    Je n’avais rien contre l’Amérique, au contraire, j’étais fascinée par le nouveau monde qui se dévoilait devant mes yeux. Mais je pensais que c’était compréhensible qu’une fille de 19 ans panique un peu parce qu’elle arrivait dans un endroit qui lui était étranger ! Tout était différent de la France. Et le fait qu’il était de l’autre côté de l’Atlantique était sûrement la première raison de ma réticence. Après l’anglais, c’était autre chose.

    Même au bout de quelques heures, j’étais habituée plus ou moins à certaines expressions et je sentais que l’automatisme n’était pas bien loin.

    Pendant ma réflexion intérieure, je scrutais les alentours, je remarquai que j’étais entourée par la forêt qui devait être d’une profondeur indéchiffrable à l’œil nue. Je n’étais pas patiente de nature donc au bout de 10 minutes, je m’apprêtais à appeler un autre taxi pour me rendre au centre-ville afin de trouver plus de renseignements, trop lasse pour patienter trois plombes. Mais évidemment, ne sachant comment faire pour appeler un foutu taxi, j’étais déjà mal parti. Il fallait bien dire que la France et les États-Unis d’Amérique n’avaient pas grand-chose en commun. Je le savais, j’exagère pour le coup, mais là je voulais partir. À part quatre voitures sur le parking, il n’y avait personne. Et ça me faisait peur d’être aussi isolée. Quand soudainement, une voiture déboula du chemin terreux juste en face de moi et roulait jusqu’à arriver à ma hauteur. Il s’agissait d’une Mercedes noire avec des vitres teintées. Je me préparais à prendre mes jambes à mon cou dans trois, deux… la vitre passagers se baissa et je voyais apparaître une belle femme en robe cintrée très élégante de couleur blanche légère qui lui arrivait aux genoux et des sandalettes noires à lacets qui lui arrivaient aux genoux également avec une petite veste en jean ajusté. Une peau doré foncé et de longs cheveux châtain, je suppose, environ, dans la trentaine d’années, ou peut-être un peu moins.

    — Bonjour Jodye, je suis ravie de te rencontrer, je suis Coraline Fox… Après une petite pause, le temps de reprendre son souffle, elle continua. Je suis ta tante.

    Avec un merveilleux sourire au visage qui me paraissait naturel. What the fuck !?

    J’avais du mal à voir la ressemblance familiale. OK, c’était flippant ! Et qui me dit qu’elle ne va pas me kidnapper et… Je prends une grande goulée d’air, je suis vraiment parano. Légèrement interloquée, je réponds d’un sourire gêné.

    — Oh, bonjour… Je suis contente de faire votre connaissance, Mme Fox. J’étais un peu confuse et très mal à l’aise. Comment avait-elle fait pour savoir que j’étais bien la bonne personne ? Bon en même temps, j’étais la seule personne dans ce foutu parking donc c’était pas difficile à deviner, non ? Enfin… c’était bizarre… Mais bon. Tant bien que mal, je me ressaisis. Elle me présenta de sa main aux ongles manucurés l’endroit où je pouvais m’installer. Je mettais mes affaires sur la banquette arrière et je m’assis sur le siège passager près d’elle et nous nous mettions en route…

    Alors nous prenions le chemin dans la forêt, je me demandais ce que je pourrais lui dire mais elle ne me laissait pas le temps.

    — Tu peux m’appeler tante Coraline ou Cora si tu veux ! Après tous, je suis ta tante, on est de la même famille. Elle souriait toujours et tournait la tête vers moi pour appuyer sa demande mais ses yeux se montraient rêveurs. J’étais sceptique sur la teneur de ses propos et je jugeais que nous ne serions pas d’accord sur notre définition de la famille. Mais passons.

    Coraline me paraît être une personne gentille au premier abord et une chose qui me perturber était le fait que j’avais l’intuition d’avoir un feeling avec cette femme que je ne connaissais pas ! je savais, ça faisait à peine 2 minutes que je l’avais rencontrée mais j’avais déjà l’impression de la connaître comme une sorte de connexion entre nous, invisible. Cela m’avait d’autant plus poussée à rester méfiante. Ça me déstabilise et me rend plus à cran ! Je n’avais vraiment pas l’habitude de donner ma confiance comme ça et pourtant c’était plus fort que moi. Pas au point de lui laisser ma vie entre ses mains mais le reste était déjà bien. C’était déjà mieux que ce que j’offrais d’habitude !

    — Merci, Coraline.

    Mais je fus surprise honnêtement et surtout que ma voix ne tremblait pas, je me sentais bizarre et je croyais qu’elle avait remarqué car elle me regardait avec un regard compatissant. C’était quoi mon problème, je commençais à délirer. Je ne laissais personne intercepté mes émotions alors, il était hors de question qu’une femme, que ce soit ma pseudo tante ou pas, y arrive en moins

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