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Un banquet de squales
Un banquet de squales
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Livre électronique202 pages2 heures

Un banquet de squales

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À propos de ce livre électronique

Imaginez le topo…
Un gus se retrouve plombé dans les transports publics. On est plus en sécurité nulle part ! Sauf que le fait divers vire fissa à l’empoignade musclée et secret-défense. Un rodéo à renvoyer James Bond au bac à sable et votre cher Infra-détective à son manuel du parfait espion. Et ça tandis qu’une main loin d’être innocente se balade au petit bonheur…
LangueFrançais
Date de sortie19 janv. 2024
ISBN9782491750558
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    Aperçu du livre

    Un banquet de squales - Stan Kurtz

    STAN KURTZ

    UN BANQUET DE SQUALES

    À Loïc, pour la richesse langagière.

    À Sean Connery, pour la classe éternelle.

    Une image contenant texte Description générée automatiquement

    ISBN : 978-2-491750-01-5

    Dépôt légal septembre 2021

    © Editions Faute de frappe

    Tous droits réservés

    PREMIÈRE PARTIE

    MILLE BORNES TO BE WILD

    1

    Pleins gaz.

    À cent quarante sur l’asphalte.

    Vivre vite et mourir jeune, et faire le plus de barouf possible entre deux.

    Le soleil nous écrasait. Sa botte de chaleur maintenait nos carcasses au sol. Je suais à grosses gouttes dans cette combinaison. J’avais logé mes cibles du côté de Fortville, le trou du cul puant, cuit et recuit par son climat de ce foutu pays, ou bien fallait aimer la campagne. Moi, je détestais. La campagne résumait en trois mots tout ce qui me faisait horreur. C’était vert. Plat. Vide.

    On peut dire que ça avait chauffé. Et que mon intuition s’était révélée exacte, ouais, si jamais je mourais aujourd’hui, si mes potes en cuir noir et rouge me rattrapaient, me foutaient une sacrée trempe, au moins pourrait-on graver ce truc-là sur ma tombe…

    Il avait vu juste.

    Je jetai un œil derrière. Élise dormait toujours contre moi, tête posée sur mon épaule, et la vue semblait dégagée. Rien non plus devant. Nous roulions depuis une heure sur cette route entourée de vastes champs. De quoi filer la migraine aux urbains convaincus comme moi, qui réclamaient un paquet de bâtisses pour délimiter leur quartier et des noms aux rues, pas un putain de paysage lunaire… Je jetai un œil à mon prisonnier dans le side-car. Il pionçait lui aussi. Rien de tel qu’un bon coup derrière la nuque pour supprimer les envies d’ailleurs. Faut dire que je lui en avais mis un corsé, un vicelard qu’il avait mérité. On ne se mesurait pas impunément à Stan Kurtz l’Infra-Détective. Il avait joué au con. Et perdu. Mais la moto quand même, quel panard…

    L’éclate totale.

    Quoique, conduire une Harley ne s’improvise pas. Demandez-le aux bleus de mon cul. Aux muscles raides de mes bras ou à mon dos meurtri. J’en avais bavé un max avant de pouvoir tenir la route, je m’étais ramassé plusieurs fois et maintenant, enfin, ça allait mieux…

    Un peu mieux. Je commençais à me sentir dans la peau du Fonda d’Easy Rider. Je faisais ronronner les gaz en moulinant du poignet droit, avalai kilomètre après kilomètre de bitume brûlant. J’évitais toutefois d’ouvrir la bouche pour pas gober trop d’insectes. Trente-et-un ans, à peu près toutes mes dents et jamais monté sur un deux-roues avant la semaine dernière, pas même une pétrolette ou un scooter et là je me tapais direct le haut du panier. Harley-Davidson…

    Of a bitch, bien sûr.

    Elle appartenait à ces cons. Je les soupçonnais de vouloir la récupérer, tout comme leur pote inconscient dans le side-car. C’était pas fini. Le rodéo continuerait.

    L’unique défaut de cette merveille, outre qu’elle pointait au stock d’une bande de Hell’s Angels, était que j’avais dû troquer mes éternels imper et chapeau mou pour un uniforme de motard en cuir et un bandana. Tissu rouge imprimé avec des crânes. Je m’étais laissé pousser la barbe aussi, pour mieux intégrer leurs rangs, bref j’avais un look de merde, à mille lieues de ma classe habituelle, n’empêche que ça avait marché. Au début. Avant qu’Élise ne me reconnaisse. Nous ne nous étions pas vus depuis sa dernière fugue, presque six mois plus tôt, et la fille unique d’Émile, mes aïeux, avait pas mal changé… En pire. En quoi d’autre voulez-vous qu’on change à cet âge-là ? Elle était toujours aussi gaulée et puis presque majeure mais sa haine envers Mimile – mon proprio et accessoirement son père – plafonnait au maximum. Élise avait entamé la phase hard de sa crise d’adolescence. Ultra-hard, même. Du genre à frayer avec des mauvais garçons et monter des mauvais coups. Son enlèvement, par exemple. Bidon, cela va sans dire. J’avais mis du temps à m’en rendre compte – Émile aurait payé n’importe quoi à n’importe qui, pourvu que ça ramène sa fille, son trésor – mais leur combine avait fini par éclater au grand jour.

    J’entendis rugir des moteurs, au loin.

    Ils arrivaient. Les autres membres de la bande. Bientôt ils me rattraperaient et on commencerait une nouvelle danse. Ça pourrait tenir si aucun de mes prisonniers ne choisissait ce moment pour se réveiller et me casser les burnes, s’ils continuaient à roupiller tranquille. Déjà que Fifille seule était coriace mais flanquée de son boy-friend elle devenait intenable, une peste doublée d’une furie doublée d’une mule. Une ado, quoi.

    Les moteurs se rapprochaient. Je fis rugir les gaz. Un shoot d’adrénaline pulsa dans mes veines. C’était sans doute le plus grisant, cette envolée sauvage du bestiau à chaque accélération. Je jetai encore un œil rapide par-dessus mon épaule, et eus la désagréable surprise de distinguer des formes derrière moi. Trois ou quatre. Floues et lointaines pour l’instant. Évanescentes dans l’air surchauffé de la route.

    Me fritter avec des Hell’s Angels furibards faisait pas partie du contrat. À la base, c’était juste une classique demande de rançon avec deux manières d’y répondre. Soit on paye soit on cherche à récupérer l’otage par la force. Bien sûr, Mimile était prêt à payer, c’était moi qui avais reniflé l’entourloupe. Sur un détail. Un appel téléphonique des ravisseurs pour mettre soi-disant un coup de pression. Le gars parlait vite, sur un ton agressif, on y croyait, sauf qu’à un moment le proprio exigea de parler à sa fille et le château de cartes vola en plein vent. Élise prononça quelques mots. Émile fondit en larmes, moi je me tenais à côté, et j’entendis un gloussement. Court, vite étouffé mais perceptible. Élise gloussait devant le chagrin de son vieux, parce que ça devait être drôle… Après l’appel, j’avais réussi à convaincre mon bailleur de faire traîner les choses. Assurant que dans tous les cas il n’arriverait rien à Élise, et j’avais redémarré mon enquête avec un autre point de vue sur l’histoire. Qui s’était révélé payant.

    La première moto apparut à ma hauteur, sortie de nulle part.

    Je reconnus le type au guidon, un gros à barbe grise aux bras pleins de tatouages.

    Bientôt un autre apparut côté opposé. J’étais cerné. Mon avantage se situait dans le side-car. Ces brutes hésiteraient à agir si ça pouvait blesser leur pote. Je disposais d’un léger poil de cul d’avance, quelques secondes à peine de réflexion supplémentaires et décidai d’accélérer encore, les tester. Le gros à barbe grise resta à ma hauteur. L’autre se rangea derrière moi, rejoint par le troisième larron de leur expédition punitive que je reconnus aussi. Une enflure. Je m’étais déjà plus ou moins battu avec lui la veille pour une broutille, une bière tiède, vraiment le mec à partir au quart de tour. J’en avais donc deux derrière qui me coupaient toute retraite, un à côté qui ne tarderait pas à tenter un truc et le vide désertique en face. J’avais mon holster sous la combi cuir fermée, un fusil à pompe sur un râtelier à l’arrière gauche. J’avais des flingues mais pas assez de mains pour les prendre ni de temps pour ajuster mon tir avant qu’ils ne m’ajustent, moi.

    Easy Rider, mes fesses.

    En plus, Élise commençait à remuer.

    Je la sentis d’abord souffler dans mon cou, grogner puis l’adolescente rebelle se mit à gigoter. OK elle avait un bâillon et les bras attachés autour de mon ventre, peu de chances en vérité qu’elle s’échappe, mais rien que de la sentir bientôt ruer et faire son cirque aggrava mon état de nerfs. Je manquais à cet instant d’un troisième bras pour lui filer une tarte, la replonger illico dans le sommeil, manquerait plus que le gland du side-car s’y mette.

    Bon.

    Relax baby, be cool.

    Le motard à barbe grise me fit un signe. Agita son bras poilu et tatoué comme s’il réglait la circulation au carrefour. En gros il proposait de me rabattre, enfin pas sûr qu’il proposait, par contre l’idée parut terrible. Si je me rabattais, j’étais mort. Et j’avais pas envie de mourir comme ça. Pour une foutue rançon de pacotille. Je faisais une faveur à un veuf dans le besoin, capable de passer l’éponge sur mes loyers de retard, pas antérieurs mais à venir – j’étais dans ce qui s’appelle communément la dèche, une débâcle financière totale – mais j’étais quand même pas prêt à crever pour si peu…

    Barbe Grise répéta son signe. De façon insistante et avec un sourire qui ne me plut pas. Je baissai la fermeture de ma combi et passai une main à l’intérieur. Fallait frapper fort et vite, de toute façon j’avais rien à perdre. Je sortis mon calibre. Effet immédiat. Barbe Grise se paya une embardée, sa moto percuta mon side-car, qui ébranla tout le machin et j’en lâchai l’arme.

    Celle-ci tomba dans la nacelle. Le prisonnier profita du sursaut pour se réveiller et trouva une arme entre ses jambes. Fallait frapper fort et vite et ouais, bien sûr je venais encore de foirer.

    Élise remua. Le prisonnier chercha d’abord mon regard, puis vit l’arme. Je poussai les gaz et dépassai Barbe Grise, d’une main guidai la moto, de l’autre attrapai mon type dans le side-car et claquai sa gueule contre l’avant du véhicule. Illico, il retrouva le pays des rêves et je me penchai pour récupérer l’arme, manquant en une fraction de seconde à peine de mordre la ligne jaune et foncer dans le décor. Barbe Grise fit rugir son propre engin, puis revint à ma hauteur. Je visai son pneu avant.

    Tellement surpris par mon geste, Barbe Grise lâcha un instant les poignées de sa moto, ce qui aggrava la perte de contrôle. Lui et sa Harley embrassèrent le sol. Il piqua une tête dans le fossé. Illico bis, les deux zozos derrière mirent eux aussi les gaz et me prirent en sandwich, sauf que la voie était désormais libre et je freinai d’un coup.

    Leurs deux motos se retrouvèrent devant moi.

    Je les visai.

    Le pneu arrière de la première éclata et mon assaillant plongea dans le fossé en compagnie de sa bécane. Par contre, je ratai le second d’un cheveu. L’Empaffé. Celui qui part au quart de tour. Ni une ni deux je visai et ratai une deuxième fois, jusqu’à ce qu’il freine, m’emplafonne presque, m’obligeant moi aussi à m’arrêter. Si je stationnais trop longtemps, les autres squatteurs de fossé auraient le temps de revenir, m’était dans l’idée qu’il fallait opérer dare-dare.

    Je passai les menottes d’Élise au-dessus de ma tête et en coinçai la chaîne autour de la pédale, alors que l’ado criait sous son bâillon, descendis de mon destrier et l’Empaffé descendit du sien. Nous nous fîmes face. Je dissimulai une douleur fulgurante aux reins par un ricanement sonore. Il me traita d’enculé. Je coupai court au blabla et assénai une droite. L’Ange de l’Enfer la reçut en pleine mâchoire, vacilla, j’enchaînai avec un coup de genou dans le bide, un deuxième direct qui l’envoya au sol, au loin vis Barbe Grise remonter du fossé sans sa bécane chromée. Si j’arrivais à repartir il ne serait plus une menace…

    En revanche, fallait m’occuper de l’Empaffé. Je tirai d’abord dans son pneu avant qui éclata. Visai approximativement le moteur. J’aurais pu toucher le réservoir et nous faire tous sauter sur cette putain de route mais dans mon infâme poisse, j’obtins une lichette de bol. La détonation retentit et un machin se mit à fumer, qui mit la belle mécanique hors course. L’Empaffé se dressa, tenta un retour hésitant dans ma direction mais mon gun le figea sur place. Il leva les bras en l’air. Au loin Barbe Grise boitait. Élise, elle, à force de remuer était sur le point de se libérer et j’arrivai au bon moment. OK, braquer une gamine au Magnum n’était pas le summum du courage mais à la vue de l’arme elle se calma enfin. J’enfourchai de nouveau ma Harley, repassai ses liens autour de ma taille. L’autre prisonnier en profita pour se réveiller de nouveau.

    Jamais tranquille.

    Je le claquai sur l’avant du side-car.

    2

    Il s’appelait Freddy Freak, et c’était une tête de con. Ce motard trentenaire, brosse blonde et yeux bleus, avait rencontré la fille unique d’Émile à un concert de métal. Élise traînait avec des potes mais son cœur d’adolescente battit pour le gaillard quinze ans plus vieux qu’elle, musclé, viril et tout de cuir vêtu. Les nanas craquent pour les bad boys, refrain connu, sauf que Freddy trempait dans du louche, des trafics peu recommandables pour une gamine de dix-sept ans, certes aventureuse, mais protégée des vrais dangers du monde. Et quand elle avait parlé de son daron, vieux con autoritaire et intrusif qui l’empêchait d’exister – et accessoirement riche – le motard loubard avait tout de suite vu l’aubaine, un moyen d’extorquer du fric au pater vulnérable…

    Élise s’était laissée convaincre, par la promesse que cet argent permettrait aux tourtereaux de vivre heureux ensemble, libres – alors que Freak s’apprêtait à larguer l’ado collante à la première occase – puis aussi parce que ce soi-disant crime ne blesserait personne. Fifille, raide amoureuse du motard, de cet amour pur, total et naïf d’une semi-adulte, avait fini par accepter. La rançon. L’appel à Émile. Et le détail qui tue.

    Je fus chargé de retrouver Fifille et ramener aussi le type, le livrer à la justice tel un bon vieux chasseur de primes des familles. Après deux semaines d’enquête je logeai cet enfoiré à Fortville,

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