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On verra: L'histoire d'un anti-héros
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On verra: L'histoire d'un anti-héros
Livre électronique143 pages2 heures

On verra: L'histoire d'un anti-héros

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À propos de ce livre électronique

Francky n'est pas un homme heureux, alors il veut mourir. Mais il ne peut pas...

Francky est malheureux. Pas à cause des autres mais du fait de ses actes, depuis la maternelle jusqu’à l’âge adulte, tous plus odieux les uns que les autres. Il a essayé mais ne peut plus. Il voudrait mourir mais ne peut pas. Il a des enfants. Alors il continue. Il est indigne ! Et vous ?
Mais Francky, c’est aussi Jacky. Jacky qui écrit l’histoire de Francky et qui se fait couper les ailes, qui subit le pire des outrages qu’il ne peut laisser impuni. Abandonné par la justice, il doit se venger et mettre un terme à l’abomination. Pour pouvoir continuer. Pour finir l’histoire de Francky.

Découvrez la vie pathétique d'un raté, meurtri par la vie, mais qui nous ressemble tant dans ce roman où l'auteur et le personnage principal se confondent étrangement.

EXTRAIT

Petits pois, riz et restes d’omelette parsèment ses frisettes. Riz cantonais !
L’exposé proclamé par un père à son jeune gamin dans un bouquin de James Crumley me revient vaguement en mémoire en observant le bougre. En train de rendre ses tripes au fond de la cuvette des toilettes d’un bar mal famé, le père à son fils :
- « Mon fils, ne fais jamais confiance à un gars qui ne boit pas d’alcool. C’est un type qui ne veut pas livrer le fond de son âme ni de son cœur. Mais surtout mon fils, surtout, ne fait jamais confiance à un mec bourré qui te parle la gueule dans les chiottes. »
Bien que le gus ne me parle pas, je ne lui accorde aucune confiance. Je lui pisse dessus. Je vise. Mon jet puissant et précis dégage son visage des détritus puants. Il ne se réveille pas.
Je rejoins les autres installés dans le patio autour de deux bouteilles. Whisky et vodka.Germain discute avec une jeune fille. Je m’affale sur la chaise libre à côté d’elle. La fierté étouffée du fils sans famille surgit à l’improviste :
- « Je te présente mon cousin, Francky. Francky, Alexandra.
- Enchanté », je marmonne car aussi mignonne soit elle, son maquillage ne peut masquer son extrême jeunesse.
Elle me dévore du regard. Plic-Ploc.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jacques Cukier est né à Paris en 1964, enfance et adolescence heureuse jusqu’au cancer de son père qui meurt en 1982. Depuis ses 18 ans, il prend alors ce que la vie lui donne avec joie, conscient que tout peut s’arrêter et choisit sa destinée. Membre du COJO à Courchevel, commercial en Guadeloupe, en Corse, organisateur de spectacles vivants à La Réunion, chef d’entreprise à Montpellier et Directeur Commercial à Paris, il dévore la vie professionnelle et personnelle. Père de 3 enfants, divorcé, épicurien et écrivain depuis toujours, depuis sa première pièce de théâtre écrite en CE2.
LangueFrançais
Date de sortie11 sept. 2018
ISBN9782378774219
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    Aperçu du livre

    On verra - Jacques Cukier

    Au coin du feu

    Ils saignent, tous les deux. Un mince filet s’écoule sous la légère entaille que je leur ai infligée à chacun, juste sous l’œil. Un petit coup de cutter en attendant car je dispose de bien d’autres outils pour la suite.

    Finalement, j’ai retrouvé la maison perdue au fin fond de la campagne francilienne assez facilement. Même à la nuit tombante, elle se reconnaît aisément : maisonnette blanche aux volets bleus, elle exprime la sérénité, la quiétude. Dans son grand jardin, chaque chose est à sa place, chaque brin d’herbe, chaque feuille d’arbre comme rangée à son emplacement prédéterminé par un jardinier maniaque. Le nid douillet des sept nains après le passage de Blanche-Neige.

    Et surtout, les tags de grosses bites mal effacés qui souillent ses murs la rendent unique.

    Sûrement l’œuvre éclairée des jeunes du coin, soucieux de l’envoyer sucer des queues en enfer.

    Car ici ne vit nulle Blanche Neige. Non, ici vit la sorcière !

    Rien d’étonnant alors à ce que tous ses efforts pour faire disparaître ces graffitis restent vains. À l’époque où elle nous disait amis, elle m’avait expliqué qu’elle avait beau frotter, tamponner, frictionner à s’en faire saigner les mains, repeindre, enduire, rien n’y faisait : les pines et leurs grosses couilles finissaient toujours par réapparaître, comme une malédiction. Elle y voyait l’œuvre du malin.

    Aujourd’hui, à l’aune des évènements, des abominations et des trahisons passés, j’y vois plutôt le doigt de Dieu pointé vers le berceau du mal.

    Enfin, pas son doigt en l’occurrence.

    Avant de buter le mec et de les braquer avec mon flingue d’occasion, je les avais observés du coin de l’œil, cette bourgeoise déchue faux carré Hermès autour du cou, et ses deux avortons, assis près de la cheminée aux flammes annonciatrices. Elle tricotait, sûrement une laine importée de Turquie, de la Ruby Angora peut-être et son air serein ne masquait pas l’âcreté de ses traits. Elle confectionnait un pull, j’imagine, pour son gamin de neuf ans, Charles-Antoine qui l’utiliserait comme à son habitude en guise de mouchoir. D’ailleurs, à travers la vitre, j’avais pu constater qu’il pratiquait encore ce qui semblait son seul signe d’activité cérébrale : laisser sa morve couler jusqu’à sa lèvre supérieure et brusquement, d’une épaule ou de l’autre, torcher son nez glaireux. Et l’autre, doté lui aussi d’un prénom à la con, Pierre-Marie, qui, comme tous les soirs, faisait l’appel de ses Little Pet Shop, petites figurines d’animaux difformes et mignons destinées aux petites filles et que ce grand ado de treize ans couvait jalousement. Il en disposait de plus de cent, toutes affublées de prénoms excentriques et jamais une ne manquait à l’appel du soir.

    Je lui enfoncerai une par une dans le cul, à ce petit con. Il saura où les trouver. Plus besoin de faire l’appel !

    Et me voilà face à eux en ce début de soirée : les larmes des mômes se mêlent au sang qui s’écoule de leurs fines blessures, les yeux de la mère sont exorbités d’horreur et de frayeur.

    Entravés, bâillonnés, ils me supplieraient s’ils pouvaient. Mais ils ne peuvent pas. Ils sont soumis à leur destin, à mon pouvoir, à ma mission.

    J’hésite encore. Je n’ai jamais torturé. Tué, oui. Une fois. Ou deux. Le cadavre dans l’entrée en est la preuve. Le feu m’inspire.

    Les brûler par application de tisons incandescents ? Leur faire avaler des braises ardentes ?

    Je me tâte…

    Quel que soit mon choix, tous les quatre, une longue et douce nuit nous attend.

    Au coin du feu.

    Première partie

    Roman

    CHAPITRE I

    Je m’accroche. Putain, c’est tellement dur de se décider à mourir quand on a des enfants. Moi, j’en ai trois ! Trois bonnes raisons de ne pas mourir et donc de rester malheureux. À cause d’eux ! Un paradoxe, je crois. Les raisons pour lesquelles je devrais être heureux contribuent à mon malheur. Impossible d’en finir car ils sont là. Merci les enfants !

    Comment leur dire, « je m’en fous de vous, vous n’êtes pas la solution » ? Le mal de vivre est intrinsèque. Mais je m’accroche, contraint à vivre. Personne ne m’aime car je n’aime personne. Même eux me dérangent, m’empêchent de souffrir car quand ils sont là, je dois faire « bonne figure ». Va dire « papa est malheureux » à tes enfants, tu contribueras à leur épanouissement !

    Mais si je meurs, ils percevront plus de 400 000 €. Ils ont grandi dans le capitalisme, l’argent empêchera leur tristesse.

    « Moi, mon papa, il vaut 400 000 €, et le tien ? ».

    Je me renseigne. Qu’apportent mes contrats d’assurance ? Et surtout, le suicide est-il exclu ?

    Comme le disait mon père à ma mère en 1981, torturé à même le sol, ver de terre cancéreux des années expérimentales : « Ne t’inquiète pas, je ne vais pas me suicider ! »

    Les assurances tiennent notre destin, on ne peut même plus mourir tranquille. On brûle, on en chie, on veut crever… mais on ne peut pas : « je n’en peux plus, quelque chose me mange, je t’aime, j’ai mal, excuse-moi », les larmes de ton père glissent sur tes doigts, tu ne l’as jamais vu hagard, défoncé, mourant : « Appelle notre assureur, il faut savoir si le suicide est pris ! ».

    Merde, pour une fois qu’on vivait une vraie complicité !

    S’il te plaît papa, meurs gratis !

    J’aurais voulu pouvoir le faire.

    Maintenant, je suis coincé, obligé de faire comme toi, de survivre. Et je n’ai même pas le cancer. Chiotte !

    Pourtant, je fume. J’ai arrêté. J’ai repris. J’ai arrêté. J’ai repris…

    Je bois aussi. J’ai arrêté. J’ai repris. J’ai arrêté. J’ai repris…

    J’ai une maladie grave qui ne tue pas. Tu parles d’une merde. Je fume, je bois, des fois j’arrête. Heureusement, la raison l’emporte, je reprends. Et j’ai une maladie grave qui ne tue pas. Rien ne me tue. Je ne suis pas malade… Pour mon banquier, je ne suis pas malade. J’ai dû mentir sur mon état de santé, sinon, la « femme étonnamment bien gaulée pour une banquière mais avec une sale gueule de Madame Jeannot » aurait rejeté ma demande avant de passer au dossier suivant à refuser.

    Alors, avec ma femme, on a acheté. Trente ans de crédit sur ma tête. Finalement, les banquiers sont optimistes ! Je n’ai pas osé lui demander si le suicide était garanti.

    On a lu notre avenir dans trente ans de crédit. Puis, un an plus tard, on a divorcé.

    Même pas pour faire chier la banquière.

    Juste pour chercher encore. Le bonheur.

    OK, cherchons. Tous ensemble, au bac à sable de la maternelle, cherchons. Donc, il faut s’asseoir dans le sable et former une ronde. À tes côtés, deux filles que tu n’aimes pas. Pas deux mecs, deux filles exemplaires. Ça t’énerve, tu voudrais tes potes. Tu n’as rien décidé et là, ça fait trois chouchous de cette gentille maîtresse. Ses trois préférés. Et un gars tourne en courant autour de notre cercle. Tu ne sais pas trop à quoi ce jeu rime, mais tu sais une chose. Je sais une chose. Il m’énerve. Et je sais que le frapper ne m’apportera que des problèmes. Donc, je le frappe. Boum, au menton. Il pleure. Je suis content. Plus personne ne m’aime.

    Cherchons.

    J’embrasse mon frère sur le ventre. Il se tortille sous les chatouilles. Il a un an, j’en ai quatre. J’adore ça.

    Je suis en CM2, une maîtresse, celle des CP, frappe à la porte et me demande de venir. Je viens. Elle me dit que mon frère a « fait caca dans sa culotte » et qu’il faut que je le lave. Je le fais. J’adore moins. J’ai dix ans et je voudrais la tuer. Je prends de la merde et la balance sur les élèves de ma classe. Plus personne ne m’aime. Tant mieux !

    J’ai un projecteur Super8. Pas les ados. Eux, ils ont des films pornos. Entre nous, c’est l’entente cordiale. J’ai le droit de regarder les films qu’ils projettent dans les caves de ma résidence avec mon matériel.

    Et quand, au CM2 encore, le dernier de la classe me prête une bobine porno, quand je me fais chopper par le directeur de l’école qui convoque mes parents et leur explique que je suis un enfant merveilleux et que tout ça, c’est la faute de ce cancre de Gourdier, je ne dis rien. Plus personne ne m’aime. Et moi non plus !

    Tant de choses expliquent ce que j’ai fait qu’il ne sert à rien de chercher.

    Ce n’est pas de sa faute à elle !

    Ni vraiment la mienne.

    Je ne cherche pas d’excuses. Je n’ai même pas subi d’actes de pédophilie. À dix-sept ans, j’ai vu la mort dans les yeux de mon père. Aucun rapport, mais un bon âge pour apprendre. Un après-midi de printemps, assommé par la souffrance et les médecins, il dormait enfin.

    Nous étions au salon, en rémission de sa douleur, lorsque ses hurlements résonnèrent jusqu’à nous, précipitant ma mère jusqu’à sa chambre. Tétanisé, je l’entendais l’accompagner à la cuisine, tentant de le réconforter.

    Maman : « Francky, il ne veut voir que toi. »

    Je m’assois face à lui, elle me donne un gant humide avant de s’éclipser. Ses traits sont déformés, émaciés, ses yeux à la fois effrayés et vides et il répète : « Il fait tout noir, il fait tout noir. » J’essuie ses larmes tendrement et retiens les miennes. Il a vu la mort. Moi aussi, imprimée sur sa cornée.

    Pour mes dix-huit ans, j’ai reçu une carte d’anniversaire de mes parents. Elle disait : « Bon anniversaire chéri. Papa. Maman. » Le tout d’une seule écriture, celle de ma mère. J’ai compris.

    Une semaine après, il est mort. Mais ceci n’est pas une excuse pour ce qui va arriver.

    Donc, je

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