Catalan Connexion: Un roman noir rock'n roll
Par Patricio Nadal
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À propos de ce livre électronique
Quel est le point commun entre l'enlèvement d'un Député-Maire-Conseiller-Général du sud de la France, le port africain de Mombasa au Kenya, la destruction d'un dolmen dans le massif montagneux des Albères, cette fin des Pyrénées plongeant dans la Méditérranée, quelques groupes de rock aux noms improbables, et l'Ukraine ?
Bienvenue dans la Catalan Connexion, Jance c'est celui qui sert la potion au plomb, Leïla c'est l'ukrainienne, une splendide escort girl au besoin pas avare de son colt. Tout ce petit monde se retrouve dans ce beau pays catalan à cheval entre France et Espagne, les frontières ça crée des liens étroits, parfois trop étroits...
Bon on vous laisse retrouver Leila et Jance pour une promenade de santé, quoique des fois dans cette belle Catalogne, ça dérape !
EXTRAIT
– Salomon, hurle Paco, qui se redresse comme un fou pour foncer droit sur moi.
Possédé par une énergie démoniaque. Le couteau pointé sur ma gorge. Ses yeux se révulsent. Son visage est parcouru de tics. Des courants nerveux agitent sa peau de tremblements de terre miniatures. Il bave convulsivement. Pas beau à voir le romanichel. Pas question d'égayer les mariages par ses chansons voluptueuses, le Paco. Plutôt le genre à animer les zombies-parties en aspergeant les convives de cascades de sang frais. Invitez le, vous serez pas déçus, surtout à Halloween. En une seconde, il a parcouru deux mètres sur les trois qui nous séparent. Bave aux lèvres style chien enragé. Devrait concourir aux Jeux Olympiques du Crime, le Paco. Pour le dix mètres défoncé à mort il est au point. Qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? Je vais pas me laisser égorger, quand même. Mais c'est avec lassitude que je sors mon Colt et lui sers la potion au plomb qui fait mon succès. Trois fois. Plus une quatrième pour faire bonne mesure.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Patrick Noël, alias Patricio Nadal : Ex-libraire spécialisé BD SF Policier. Ex-graphiste et programmeur informatique, créateur de sites internet.
Artiste (pseudo Pat Grigri) multimédia, peintre, vidéaste, auteur de courts métrages, interviewe des artistes en particulier ceux qui exposent au Centre d'Art Contemporain « à cent mètres du centre du monde » à Perpignan, filme concerts et expositions.
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Aperçu du livre
Catalan Connexion - Patricio Nadal
fortuite.
1
On démarre en plein milieu ! Accrochez-vous !
Faut qu'ça saigne !
Boris Vian
Pendant que j'installe la petite caméra sur son trépied face à la table basse sur laquelle j'ai étalé journaux et documents... La scène me revient. Bam. Me submerge. Sans prévenir. Le ciel, le soleil, les odeurs, les couleurs. Et les sons. Surtout les sons. Comme si c'était hier. C'était quand ? Il y a une semaine ? Il y a un siècle ? De toute façon, Leïla et moi on ne compte plus en jours, mais en nombre de morts.
La Mercedes. Garée le long d'une petite route de campagne au sommet d'un col. Le ciel. Bleu, pas un nuage. Une petite brise courbe les branches. J'écoute attentivement jusqu'à ce que je distingue des bruits étouffés sur ma droite. Je fonce, la main sur mon gun, à l'assaut d'un minuscule sentier qui mène tout droit à une clairière.
Leïla se débat. Plaquée au sol par les deux gitans. Malgré ce qu'elle m'a dit dans la voiture quelques instants plus tôt, elle n'a pas vraiment l'air consentante pour se faire sauter. Le gros, Hardy, lui a collé un couteau sous la gorge. Tout en déboutonnant sa braguette avec l'intention manifeste de se faire sucer. Pendant que. Laurel, Paco. S'active entre ses jambes. Son jean déjà baissé. Lui aussi tient son couteau d'une main. Il en menace la jeune femme. Des fans des armes blanches à n'en pas douter, mes deux convoyeurs de la Catalan Connexion.
– Arrêtez, je dis, d'un ton péremptoire, tout en sachant pertinemment que ça va rien arranger. Au contraire tout va déconner. Partir en vrille, échapper à tout contrôle. Vous pariez ?
Merde, pourquoi les chauffeurs sont aussi cons, ces temps ci ? Faudrait interdire les voitures. En plus ce serait bon pour lutter contre le réchauffement de la planète, la connerie crasse, le pétrole, les cheiks sans provisions. Je ne tente pas de l'expliquer aux deux comiques violents volontiers violeurs. A mon avis une perte de temps. La logique, la raison, c'est pas leur truc. Je garde mon Colt dans ma poche. Pas la peine d'en rajouter. Pour l'instant. Pas la peine d'en rajouter ! Tu déconnes mec, je me dis. Tout ça va partir en cacahuète dans une seconde. Putain, je vais me les faire !
– Salomon, hurle Paco, qui se redresse comme un fou pour foncer droit sur moi. Possédé par une énergie démoniaque. Le couteau pointé sur ma gorge. Ses yeux se révulsent. Son visage est parcouru de tics. Des courants nerveux agitent sa peau de tremblements de terre miniatures. Il bave convulsivement. Pas beau à voir le romanichel. Pas question d'égayer les mariages par ses chansons voluptueuses, le Paco. Plutôt le genre à animer les zombies-parties en aspergeant les convives de cascades de sang frais. Invitez le, vous serez pas déçus, surtout à Halloween. En une seconde, il a parcouru deux mètres sur les trois qui nous séparent. Bave aux lèvres style chien enragé. Devrait concourir aux Jeux Olympiques du Crime, le Paco. Pour le dix mètres défoncé à mort il est au point. Qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? Je vais pas me laisser égorger, quand même. Mais c'est avec lassitude que je sors mon Colt et lui sers la potion au plomb qui fait mon succès. Trois fois. Plus une quatrième pour faire bonne mesure. Pour éviter la lassitude. Dans la pochette surprise des toilettes de l'aéroport de Girona, il y avait des munitions de rab, que j'ai fourrées dans mes poches. Alors je ne suis pas avare.
Paco, Paco. La première balle le stoppe net. Il lâche son couteau. Paco, Paco. La seconde l'étonne. Il passe la main sur sa poitrine. Qu'il retire pleine de sang. Ce qui paraît le remplir de stupeur, ce qui ne rime à rien, vous en conviendrez. Mais pas lui. Paco, Paco. Il est déjà mort quand la troisième le fauche. L'envoie valdinguer en arrière. La quatrième ne sert à rien. Juste le plaisir de voir son cadavre tressauter. On s'amuse comme on peut, nous les porteurs de Colt Pocktelite. A sa place Hardy-Salomon s'est dressé, pistolet au poing. Qu'il a sorti d'une poche en laissant tomber son couteau. Pas con. Il a tout de suite compris, contrairement à Paco. Que, l’artillerie était nécessaire. Bizarrement, pour contredire mes attentes anxieuses, il ne tire pas. Il reste figé. Du sang se met à couler de sa bouche. Envahit sa barbe rugueuse. Coule sur sa poitrine. Il tombe... en avant sur son pote. Un couteau planté entre ses deux épaules. Leïla, furie vengeresse surgie des tréfonds de l’Antiquité, se jette sur les deux corps. Qu’elle bourre hystériquement de coups de pieds, de poings, et d’insultes que je me garderais bien de répéter. Je reste sans voix. C’est pas vrai ! Je vais me réveiller. Je suis encore dans mon rêve ? Un rêve ! Tu parles. Un vrai cauchemar à répétition. Moi qui n’avait jamais tué personne. Ou presque. Je suis servi. Je regarde Leïla qui se reboutonne. S’époussette. Vérifie qu’elle n’a pas de trace de sang sur ses vêtements. Elle me secoue sans ménagement.
– Alors, tu bouges, Jance. Ou bien tu comptes camper ici ?
2
Essayez, vous verrez, ça marche du tonnerre !
Je suis dedans
En plein dedans jusqu’aux dents
Le drame c’est que même en ne voulant pas être dedans
C’est pareil, je suis dedans
Jusqu’aux as jusqu’aux dents
Robert Charlebois
Quel est le point commun entre l’enlèvement d’un Député-Maire-Conseiller-Général du sud de la France, le port africain de Mombasa au Kenya, la destruction d’un dolmen dans le massif montagneux des Albères, cette fin des Pyrénées à cheval entre France et Espagne¹ plongeant dans la Méditerranée, quelques groupes de rock aux noms improbables, et l’Ukraine ?
On pourrait tout aussi bien tenter le rapprochement entre des hommes politiques de premier plan et l’incendie d’une ferme de cannabis dans la banlieue de Perpignan, entre des groupes d’extrême droite et le business de la prostitution transfrontalière entre l’Espagne et la France. Plus facile, reconnaissons-le. Mais qu’en est-il de cette folle nuit qui vit Perpignan s’embraser, les communautés gitanes et maghrébines s’affronter à l’arme de guerre, les pompiers comme la police assister, démunis et impuissants, à la destruction d’édifices publics de premier ordre ? Autant rechercher la raison de la rencontre fortuite d’un parapluie et d’une machine à coudre sur une table de dissection².
Ne cherchez plus. Vous êtes vernis. Même pas la peine d’envoyer une requête à la NSA. De lancer une recherche sur Google, Youtube, Wikipédia, Facebook ou à Twitter, les filiales de la NSA. Il suffit de regarder la suite de cette video, parvenue entre vos mains par un heureux, autant que mystérieux, hasard. Le point commun, c’est moi ! J’ai participé à l’enlèvement du député Casasses, dit Charly C. Avec son consentement, il faut le préciser. A Mombasa, j’ai échappé, enfin, je pensais avoir échappé à des groupes d’activistes musulmans, qui ne comptaient pas me récompenser pour mes aptitudes religieuses, mais me faire subir quelques tortures savantes avant de m’expédier en Enfer après m’avoir délesté de ma tête. Je me trompais du tout au tout. J’écoute beaucoup de musique live. Quand aux prostituées... Quand à l’Ukraine... Ha, Florence ! Ha, Leïla, Leïla ! J’ai été utilisé, manipulé, roulé dans la farine. On a voulu me faire porter le chapeau, faire de moi le bouc émissaire parfait. On m’a pris pour un con. On m’a pris pour le roi des cons. On m’a pris pour le pigeon idéal... Celui qui finissait avec les petits pois dans l’assiette au final. C’est pour cette raison que j’ai décidé de tout balancer. J’ai prudemment changé les noms de tous les protagonistes de cette histoire, mais il suffit de relire les journaux de cette époque pour en reconnaître certains. Sur son pied, face à la table basse sur laquelle j’ai étalé tous les documents, depuis les photos jusqu’aux articles de journaux, qui vont me servir à étayer mes dires, la caméra tourne. Ronronne comme un gros minet qui s’apprête à vous griffer sans prévenir. Je vois la petite lumière rouge clignoter. Rappel à tous ceux qui veulent ma peau. C’est pas les chats qu’on écrase, mais les chiens ! Les gats, les chats eux, par contre, possèdent neuf vies, comme moi. Ceux qui ont voulu me baiser auraient dû y penser avant. Vous êtes prêts ? Laissez vous aller sur votre canapé, devant votre écran favori, votre ordi, votre i-quelque chose, pad, phone, pod, ou tout bêtement votre bonne vieille TV connectée à une box quelconque, vu que tout ce que je dégoise va se retrouver directos sur Youtube. Est déjà sur Youtube, en fait, puisque vous le matez. On y va ? C’est parti !
Tout ce que j’ai évoqué plus haut n’est que la partie émergée de l’iceberg. Les 90% restants, immergés sous des tonnes d’eau croupie et de sang coagulé, vous ont opportunément échappé. Les miennes de révélations, pourtant de première main, vont finir à la poubelle des vérités révélées, soigneusement dissimulées qu’elles étaient par toutes les infos de la Presse et des médias audiovisuels réunis. Je n’ai aucune illusion. Quelqu’un l’a dit avant moi : dans notre monde, le vrai est un moment du faux. Alors ouvrez grand vos mirettes, décapsulez vos neurones défraîchis, faites un effort de compréhension. Je reconnais que ça risque d’être coton vu les doses de drogues diverses, Lexomil, Tranxène, THC, Hero, Crack, TF1, TNT, etc. que vous vous enfilez quotidiennement pour rester dans le brouillard. Mais, peut-être, à la fin des fins, aurez vous entr’aperçu une petite partie de ce qui se cache derrière le rideau des apparences. Du genre : qui dirige vraiment ce monde ? Et comment ? Du genre : il faut que tout change pour que rien ne change. Du genre : reprenez vite votre dose pour oublier. Ce n’est qu’une histoire de plus, pleine de bruit et de fureur, racontée par un idiot, l’odyssée pitoyable d’un mec qui se croyait affranchi alors qu’il n’était qu’un crétin candide, un de plus, pétri d’optimisme jusqu’à ce que la réalité lui explose au visage, lui ouvre les yeux à coups de marteau sur la tête...
Essayez, vous verrez, ça marche du tonnerre !
1 – Je devrais dire entre Catalogne et Catalogne, pour éviter de froisser les susceptibilités, mais pour ceux qui ignorent tout du problème, genre 99,99% de la population mondiale, ce serait un peu long à expliquer, voire indigeste, surtout en démarrant les notes en bas de page par une note de 2000 pages. Mais par la suite, tout devrait s’éclairer... ou pas ! (Note de l’Auteur)
2 – « Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie. « Les chants de Maldoror (1869) Isidore Ducasse, dit comte de Lautréamont
3
En apéro-tapas : crabe catalan farci au plomb
C’que tu peux faire mal quand tu t’y mets
Serge Gainsbourg
Avant, j’avais un petit job tout ce qu’il y a de pépère. J’engrangeais de la thune tranquillement, sans prise de tête. Tout en voyageant aux quatre coins de la planète. A peine la trentaine, plutôt cool, non ? Déjà du fric qui rapportait à droite à gauche, placé dans des bars, des apparts...
Du fric qui ne me servait pas à grand chose, d’ailleurs, une sorte d’assurance pour l’avenir, puisque je gagnais largement de quoi vivre. En plus, vu que mon taf était à plein-temps, je n’avais même pas le temps de le dépenser. La trentaine, sapé comme un prince, en pleine santé, physiquement au top de ma forme, un boulot, pas si illégal que ça si on n’y regardait pas de trop près. Que demander de plus ? Juste que ça continue à rouler sur cette voie semée de roses et d’or. Et puis quelqu’un... Un dieu malin ? Le destin ? Qui que ce soit, cet enfoiré s’est amusé à savonner la, jusqu’alors douce, pente de ma vie, à y planter des clous, des lames de rasoir, à la truffer de mines, de chausse-trappes, de pièges vicieux comme des requins marteaux. Style politique, putes, drogue et tout ce qui va avec : dealers, maquereaux, patrons de cafés, de boîtes, de club, racket, gros bras, coups fourrés aux marrons comme au plomb, élections truquées, valises pleines de billets, à double fond, à fonds perdus, promesses à gogo, députés souriants, conseillers dégoulinants, gogos hébétés, michetons promenés, drogués délestés... et des flingues comme s’il en pleuvait. Pas mon monde jusque là. J’évoluais à la frontière, faut le reconnaître, mais j’évitais comme la peste d’y mettre mes pieds chaussés de pompes à mille dollars. Sans parler des cadavres qui s’accumulaient avec une régularité croissante et angoissante depuis quelque temps, comme des cailloux semés par un Petit Poucet sanguinaire, cailloux qui balisaient un chemin foireux, dangereux, mortel... qui menait directos jusqu’à moi. Je me voyais bien au bout de ce chemin, étendu raide mort, pendant que des ogres obscènes se bâfreraient et rigoleraient comme des bossus au-dessus de ma carcasse refroidie, trouée comme une écumoire. Comme épitaphe sur ma pierre tombale, cette question : comment avait-il fait son compte pour se retrouver plongé jusqu’au cou dans les embrouilles ? Comment j’allais me tirer de ce mauvais pas ? C’est ce que je me demandais à chaque seconde. Parce que tout ceci m’était tombé dessus sans prévenir. Bing ! Jance prends ça dans ta gueule. Jance c’est le diminutif, pour Jack Chance. Ne rigolez pas. Un petit nom qui me suit depuis la maternelle. Impossible de s’en débarrasser, vous vous en doutez. Bien malin qui pourrait prédire l’avenir du dit Jance. J’en étais même réduit à me poser des questions existentielles, c’est vous dire ! Du genre. Certains s’imaginent que c’est la société qui rend l’homme mauvais. Je n’ai pas l’habitude de philosopher, mais quand je vois le spécimen d’humanité qui sautille sous mes yeux comme un cancrelat venimeux monté sur ressorts, j’en arrive à la conclusion inverse. Serait-il né pauvre ou riche, en démocratie comme en dictature, ça ne ferait aucune différence : on ne peut se l’imaginer autrement que bête et méchant, menteur, arnaqueur, voire même tueur à ses heures, mais alors d’enfants, dans le dos, quand il ne risque rien. Il ne tue pas grand monde, et pourtant il patauge dans le sang comme un canard décapité. Une belle charade, non ? Le job de mon premier, c’est le meurtre. Mon second se lave les mains dans l’hémoglobine. Mais mon troisième ne tue personne. Vous donnez votre langue au rat ? Mon tout est un Nettoyeur. C’est même El Netejador, Le Nettoyeur de la Catalan Connexion, Català Connexió comme on dit ici, mais en n’importe quelle langue, ça signifie la même chose : Mafia ! Il intervient avec ses assistants, après une exécution, et nettoie tout du sol au plafond. Monsieur Propre. Pas d’empreintes. Pas de sang. Pas de traces ADN. Rien, nada. Pas de cadavre. Sauf quand la présence du dit cadavre est indispensable. Pour envoyer un message, par exemple. Nettoyeur. Nécrophage. Nécrophile, disent certains. Mais pas trop fort. De peur qu’il ne les entende. De peur de se faire proprement nettoyer à leur tour, éradiquer, néantiser. Pourtant ne vous réjouissez pas trop vite. Regardez pour une fois la réalité en face. Ce crétin malfaisant, ce repoussoir commode, représente à la fois vos pires cauchemars mais aussi vos plus grands désirs. Tuer, piller, violer sans entraves : le menu alléchant de vos fantasmes enfouis sous des tonnes de faux-semblants. Fausse culpabilité. Fausse bonté. Faux-culs. Il n’est que ce que vous seriez si vous n’aviez pas peur du châtiment.
– Un bain de sang ! Je vous prédis un bain de sang, s’énerve le Crabe du haut de son mètre cinquante, talonnettes comprises. Savall n’aime pas qu’on le prenne pour un con.
Rouge et jaune comme des ailes de papillon. Les paroles explosent.
Poudroiements hystériques.
Arc-en-ciels psychédéliques.
Flashs oranges aux franges bleutées.
C’est de cette manière que m’apparaissent les menaces dont le Crabe nous bassine depuis qu’on l’a retrouvé en fin d’après midi, sortant du Casino aux tourelles bleues en front de mer, Place de la Méditerranée à Canet-Plage, sous une sorte de sculpture en métal tordu, de l’art contemporain standardisé puisque j’ai vu la même à Dallas, et dans deux ou trois autres villes. Non, je n’ai pas ingéré quelque substance hallucinogène, fumé la moquette, sniffé une lignette poudreuse, bu plus que de raison des rhums-vodkas additionnés de poudre à canon. Non, Je ne me suis pas évadé du plus proche asile d’aliénés, bourré de médocs opiacés. Je suis