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La rage pour rien
La rage pour rien
La rage pour rien
Livre électronique331 pages3 heures

La rage pour rien

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À propos de ce livre électronique

« La seule chose qui m'étonne encore, c'est que le monde soit là le matin, que nous ayons ajouté un jour à la survie de notre espèce. »

 

Septembre 2017, une vague d'attentats nationalistes secoue la France, motivée par la vengeance contre les attentats jihadistes.

 

David Kepler est simple jardinier. Son voisin Grégoire, jeune homme dans la vingtaine, le harcèle de manière absurde, lançant ainsi les premières notes d'une symphonie chaotique. 

 

L'errance de David se télescope avec celle d'un pays qui ne se comprend plus, dans un monde névrosé par l'avenir et la violence.

 

La rage pour rien émerge comme le récit poignant d'une nation triste, tragique et, par moments, étrangement comique. Dans ce tableau aussi flou que furieux, l'amour ou l'affection se maintiennent, les humains n'étant pas exactement monstrueux.

 

Julien Lezare signe ici son deuxième roman. Il a notamment été remarqué par Philippe Sollers dans la revue L'Infini.

 

Note de l'auteur : ce roman ne fait évidemment l'apologie de rien, sinon du calme et de l'intelligence. Il est né d'une inquiétude plutôt partagée, celle de voir un pays somme toute admirable cesser de l'être.

 

LangueFrançais
Date de sortie4 déc. 2023
ISBN9782377990092
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    La rage pour rien - Julien Lezare

    Julien Lezare

    La rage pour rien

    Roman

    À PROPOS DE L’AUTEUR

    Julien Lezare est un écrivain français né à Strasbourg en 1984.

    Il a intégré le comité de lecture de la Revue Saint-Ambroise en 2017. Il a fondé la revue Hymne en 2023.

    La rage pour rien est son deuxième roman.

    *

    julienlezare.com

    hymne.eu

    Copyright © Julien Lezare 2023

    Tous droits réservés.

    ISBN E-book : 978-2-37799-009-2

    Aux enfants

    aux femmes

    aux hommes

    qui sont morts

    qui ne le méritaient pas

    et à ceux qui suivront

    1

    Un soir de juin, j'étais rentré en découvrant une photo de fesses sous ma porte. Je me disais que c'était peut-être deux collégiens qui fêtaient les vacances à venir, ou un taré qui s'ennuyait. J’habitais à Nîmes, l’été s'étendait depuis la mi-avril. Le vent s’énervait contre la chaleur sans parvenir à la chasser. Cette transpiration du monde s'introduisait dans les cerveaux, surtout les jeunes.

    Du lundi au vendredi, on me glissait un nouveau cliché, je mettais à recycler. Je cherchais sur internet si des gens avaient vécu le même genre d'envahissement. Beaucoup de monde se plaignait de harcèlement mais aucun d'identique au mien.

    J’y pensais souvent la journée, j’étais jardinier. Je finissais par nourrir des idées absurdes. Je me demandais si un psychopathe m'attendrait un soir derrière la porte. Si ces photos illustraient les trophées de ses victimes. S’il les présentait jusqu’à la dernière, puis ce serait mon tour de me faire photographier et amputer les fesses.

    J'avais acheté une barre à visser au pas-de-porte à Leroy Merlin. Le lendemain, j'ouvrais mon courrier en avalant des abricots. Il y avait une proposition de contrat d'un rentier de trente-six ans, jovial.

    C'était un de mes premiers clients. Je faisais en deux heures ce qui aurait dû en prendre trois. Je bâclais sans trop exagérer. Quatre ans plus tard, il essayait de gratter une demi-heure encore. Il tournait les phrases de façon à avoir l'air normal en réclamant n'importe quoi. S'il voulait négocier, c'était le rétablissement de l'esclavagisme qu'il lui faudrait défendre dans une élection présidentielle.

    Après sa lettre d'asocial, j'avais ouvert l'autre enveloppe. C'était une photo de cul nu sous la douche. Ma porte étant indisponible au glissage de photos, ça avait continué les jours suivants dans la boîte aux lettres. Je ne pouvais pas en condamner l'accès.

    Je m'étais arrêté chez Nghali, un retraité du rez-de-chaussée dont les fenêtres avec barreaux en fer forgé donnaient sur la rue. Les boîtes aux lettres étaient sur sa gauche. Il rôdait là, à bavarder avec les gens disposés à le supporter.

    Nghali n’avait rien remarqué d'anormal récemment. Quand une commère n'exagère même pas un fait minime, vous avez tendance à la croire.

    2

    Au bout d'un mois, j'avais déplacé mes clients du lundi matin. Je m’étais assis dans ma voiture, à dix mètres de l'immeuble. Il était neuf heures, j'écoutais Radio Classique. J'attendais l'émission de Christian Morin, l’ancien animateur de « La roue de la fortune ». Il avait un timbre de voix apaisant, l'air de trouver que la vie valait la peine. Il semblait soulagé d'être passé d’un jeu télé pénible à une émission de musique assez anonyme.

    Grégoire était sorti peu après le début de  « Tous classiques ». C'était un jeune, en surpoids, qui vivait au troisième étage. Capuche sur la tête, il avait déposé une enveloppe dans ma boîte. Je m'étais précipité vers l’immeuble. Il tournait la clé dans la serrure.

    – Bonjour, j'avais dit.

    – Bonjour.

    – Vous venez de faire quoi là ?

    – Moi ?

    – Oui.

    – Je rentre chez moi.

    – Je peux venir ? Pour montrer à vos parents la trentaine de photos que vous m'avez offertes ?

    Je bluffais, j'avais tout jeté.

    – De quoi tu parles ?

    J'avais ouvert ma boite, et sorti l'enveloppe qu'il venait de déposer.

    – C’est quoi ? j'avais demandé.

    Il observait les voitures et dégradés gris de la rue.

    – Ouvre.

    Il restait planté.

    – T'as pas quatre ans, arrête, ouvre.

    J’avais déchiré, sorti la feuille et redemandé…

    – C’est quoi cette merde ?

    – Ouais c'est un boule.

    – C’est quoi ton problème ?

    – T’as pas d’humour, voilà le problème. C'est bon, je peux rentrer ?

    – Non.

    – Pourquoi ?

    – Parce qu'on a pas le même sens de l’humour. Arrête d’essayer d’être drôle… ou cherche un autre public.

    Grégoire ne répondait rien. Un couple de retraités passait, la femme regardait de biais, l'homme osait moins.

    – Tu m'expliques pourquoi tu fais ça ?

    – C’est juste des photos. Ok ça va, j'arrête… bonne journée, j'espère que tu t'en remettras.

    Nghali se penchait contre ses barreaux et nous guettait de ses yeux jaunis. Puisqu'il n'était pas en mesure de donner la moindre explication à son harcèlement, j'avais dit à Grégoire d'arrêter et je m'étais retourné.

    Une décharge m’avait explosé la cuisse gauche, je m'accroupissais après avoir poussé un cri probablement ridicule. Je m'étais relevé aussi vite que possible.

    – Vous voulez que j'appelle la police ? demandait Nghali.

    Grégoire menaçait le vieux en faisant grésiller un taser sous sa fenêtre.

    – Range ton truc, je disais.

    – Vas-y ta gueule.

    C'était une toupie de stress. Dès qu'on intervenait, Grégoire criait des morceaux de phrases en insultant nos mères. Moi ça m’était égal, Nghali se sentait outragé. Il ressemblait à un automate qui trépignait sur place, derrière son rideau. Grégoire semblait ignorer comment poursuivre son existence. Il m’avait ré-électrocuté, plus longtemps cette fois.

    Nghali était sorti, je voyais la sueur grasse sur son front ridé. Il disait des trucs à d'autres gens qui m'observaient. Certains osaient des commentaires, d'autres ignoraient quelle attitude à adopter, si j'avais mérité ou non de me faire fumer. On lui avait signalé que je rouvrais les yeux, Nghali s'écriait que Grégoire s’était échappé en me montrant la direction. J’avais entendu dans le fond une gamine dire que c’était ce que faisait Pikachu.

    Je m'étais levé avec l’aide de deux adolescents. Je les avais remerciés, en assurant que j'allais bien. Jamais autant de monde n’avait assisté à mon franchissement de la porte d’immeuble.

    3

    Je récoltais des prunes pour Madame Dulli, une veuve de soixante-quatorze ans qui avait des problèmes d'arthrose et de mélancolie. Il fallait que je lui cueille et arrose tout. Je la voyais un jour sur deux, lui rendant d'autres services. La moitié de mes clients étaient des retraités, certains payaient aussi pour la compagnie, quittant la vie dans un vacarme de malaises muets.

    Enfant, j'avais connu des femmes à la campagne qui jardinaient à quatre-vingts ans passés. Elles lâchaient une blague lorsqu'on passait. Ce n'était pas toujours drôle mais c'était l'intention qui comptait. Elles fleurissaient le monde, grattaient la terre, tiraient les légumes même avec des dos en quarts de cercle.

    J'aimais observer les vieux quand j'étais petit. Les caractères et les intelligences s’enracinaient avec l’âge. La sagesse des uns s’affinait, l’idiotie des autres explosait, la léthargie d’autres encore s’étendait vers un immobilisme pré-mortem. On sentait à proximité de quelques-uns une bienveillance presque insupportable. Il n’y a pas grand-chose de plus beau qu’une personne âgée souriante. Là, j'avais senti l'amour de la vie, de respirer avec des gens qu'on apprécie. On s'indignait que le cimetière arrive quand même.

    J’avais lentement intégré, et d'ailleurs sans nommer la chose, que l’affection, le plaisir et l’habitude pouvaient œuvrer convenablement. Que la grandeur se résume à des actes simples, que le bonheur est un mot sans réalité, qu’on peut négocier la bienveillance et le rire.

    Madame Dulli avait un fils en région lyonnaise qui descendait trois fois dans l'année. C'était ce qui lui restait à perdre, ces quelques visites. Je ne pouvais pas dire qu'elle était pénible, dans son existence fuyante. J'avais quelques clients qui aimaient jouer les patrons, comme si ça allait les décrisper de leur vie ratée.

    Madame Dulli avait la tristesse d'une île déserte, elle n'avait aucune ambition telle que faire déteindre son malheur par-delà ses frontières propres.

    Elle m'offrait la moitié des fruits que je cueillais. Certaines semaines, elle me donnait tout. Au début elle faisait de la confiture d'abricots. Depuis l'été dernier, elle disait qu'avec ses doigts, elle en avait assez.

    Elle ne supportait pas de rester seule sans parler. Elle ne faisait que ça. Parfois, elle oubliait comment on disait des choses aux autres, son regard s'absentait au milieu des discussions. Son docteur l'engueulait gentiment parce qu'elle ne bougeait pas. Elle ne trouvait pas de motivation pour tenter quelque chose dans son jardin ou ailleurs. Elle devait penser que le paradis attendait quelque part pour accepter une existence si maigre. Ou alors que c'était l'enfer ici, elle se contentait de s'en absenter.

    Un après-midi, Grégoire est survenu à vélo alors que je regagnais mon utilitaire avec un petit sachet de prunes et une tondeuse. Trois semaines avaient passé depuis notre altercation. Ça n'avait aucun sens. Je me demandais s'il souffrait d'un handicap mental.

    – Salut, je voulais te dire que je suis désolé, il avait annoncé.

    – Ah, d'accord.

    – Pour la dernière fois.

    Je le regardais de biais, cherchant une façon de l'envoyer chier en rangeant mes affaires. J'imaginais sa peur du rejet, sa dépression dissimulée derrière son arrogance sans intérêt, son agressivité systémique pour ne pas se manger celle des autres, son incapacité à accorder sa confiance. Un gamin comme d’autres, qui semblait se satisfaire d’une fausse image de mâle dominant. Il s'était construit une carapace pour se protéger du monde. Il s'était englué le monde sur le dos.

    Ce n'était pas mon problème. Je me trompais peut-être de toute manière. Qu’est-ce que j’en savais, on ne s’était jamais parlé.

    – D'accord, j'avais dit en claquant la portière arrière.

    – T'es pas énervé ?

    – Non.

    – Pourquoi t’as pas appelé les flics ? Ou cherché à te venger.

    – Qu'est-ce que tu fais là ?

    – Et si je t’avais vraiment fait mal ? Avec une batte par exemple ?

    – Qu'est-ce que tu fais ici ?

    – Mais je t'ai expliqué, c'est pour dire pardon. Je demande juste pourquoi tu voulais pas te venger.

    – J'ai trente-cinq ans.

    – Et alors ?

    – J'ai une vie d'adulte… je frappe pas un gamin. Je dois y aller.

    Je n’aimais pas les bastons, les rares fois où ça m’était arrivé je trouvais ça incohérent. Quelqu’un risquait de finir aveugle pour une chose qui n’en valait pas la peine. Il y a peu de bonnes raisons de perdre un œil.

    – Tu me donnes quel âge ?

    – Dix-sept… dix-huit…

    – Bien ta myopie ? J’ai vingt-deux ans. Bon, t'es énervé contre moi, c'est normal. Je t'embête pas plus. Par contre, désolé, je voulais savoir, tu peux me ramener à Nîmes ? J’ai un pneu crevé.

    – Non.

    – Arrête… j'en ai pour trois heures à pied.

    – Comment t’es arrivé ?

    – J’ai fait la montée à pied, il avait dit en montrant la petite route qui serpentait entre les buissons et les pins. J'ai crevé il y a un kilomètre.

    – Je vais à Caveirac, et j'ai un autre client après. Je reviens pas à Nîmes avant dix-neuf heures. Appelle un taxi… ou ton père.

    – Il bosse là. Le taxi prend pas les vélos, j’ai pas le choix de toute façon. Je te laisse tranquille, je te jure.

    – Tu vas me taser ?

    – Je suis venu m'excuser…

    – Tu m'as pas répondu, comment tu m'as trouvé ?

    – Je suis allé m’excuser chez Nghali aussi. J'ai demandé s'il savait où t'étais cet après-midi. C'est à une demi-heure à vélo. Alors je suis venu.

    – Comment il sait où je suis ?

    – Ce mec c'est une fouine.

    Peut-être que le vieux fouillait dans les poubelles, je jetais tous mes papiers au recyclable.

    – Pourquoi t'as pas attendu et sonné chez moi ce soir ?

    – Je voulais pas te faire peur.

    – Je comprends pas.

    – C'est plus discret comme ça.

    Je roulais, il parlait…

    – Tu te demandais qui c’était ce cul tous les jours ? Tu veux savoir ?

    – Vas-y.

    – Au début je prenais sur le net. Mais après sous la douche c’est mon père, il avait avoué en explosant de rire. Je prenais son boule poilu sous la douche. En photo, tu m’as compris hein. Je faisais ça avec une minicaméra sans fil. Il a rien capté. J’ai mis des photos sur Internet, le 18-25, tu connais ?

    – Oui.

    – Je me suis fait bannir direct.

    Je me demandais comment il fallait faire pour ne pas avoir de complexe de supériorité aujourd’hui.

    Après m'être garé, je lui avais dit d'être là pour dix-sept heures trente.

    – Je peux te donner un coup de main pour m’excuser. Tu finiras plus tôt comme ça.

    – Non, c'est impossible, légalement.

    Il avait disparu vers le centre de Caveirac, avec sa dégaine de Winnie l’ourson. J’étais retourné à la politesse des gazons, arbustes et fleurs.

    Grégoire était là avant moi. J’avais rangé les outils et pris place sur le siège brûlant. Il avait approché un petit flingue de ma tempe droite.

    – On va juste parler… démarre s’il te plaît.

    Il avait demandé ça gentiment, ça ne paraissait même pas arriver.

    4

    Il m’avait fait me garer un kilomètre plus loin, sur un chemin en caillasses. Le soleil cognait, la végétation transpirait le peu d'eau dont elle disposait. Je me disais que si je devais mourir parce qu'un psychopathe m’avait pris pour cible, ce serait au calme. L’idée de cesser ma vie ne me semblait pas acceptable pour autant.

    – T’as peur ?

    – J'ai passé de meilleurs après-midi.

    Il m'observait comme si c'était moi le problème.

    – On dirait que t’attends au drive du Mac Do. T'es Asperger ou un truc du genre ?

    – T'es mal placé pour poser cette question.

    – Je veux dire, t’es stoïque.

    – Je pense pas que gueuler serve à quelque chose.

    – Écoute, je joue la comédie. Tout depuis le début, c'est pour t’approcher. T’as été lent en plus… un mois et demi pour me repérer. Je me cachais pas, je prenais aucune précaution. Je me demandais ce que tu foutais.

    – J'ai pas le temps d'observer le cul de ton père.

    – C'était pas mon père, j'ai tout inventé. La photo vient de Google. Tu connais la théorie du chaos ?

    – Oui.

    – Le truc du battement d’ailes d’un papillon qui provoque une tornade à l’autre bout de la planète. Le papillon, c'est moi. Et la tornade arrive. J’ai besoin d’un chauffeur, et voilà, j'ai pas de pote. Le chauffeur, faut qu’il soit costaud dans sa tête, qu’il ait rien à perdre, qu’il soit en mesure de voir plus loin que sa petite existence. J'enquête autour de moi. Je me dis ok lui, c'est parfait, en plus il a sa camionnette. Je fais quoi ? Je viens chez toi, je te sors…  « Bonjour Monsieur, venez, on va commencer à libérer la France de la menace islamiste » ? J'aurais l'air d'un con… Donc je m’introduis doucement dans ta vie. Avec ces photos. Au final, en deux mois, j’ai ce que je veux, le jour où je veux. Je suis désolé de t'avoir tasé. J'ai fait ça pour qu'on se rencontre ce soir.

    – Honnêtement, c'est confus.

    – Je vais t'expliquer.

    – Le problème, c'est que je crois que j'en ai rien à foutre de ce que tu racontes ou de ce que tu pourrais ajouter. Sérieusement redescends… c'est chiant… ça m’intéresse pas. Tu m'as mal cerné. Je veux finir ma journée et rentrer chez moi.

    – La plupart des gens seraient en train de paniquer. Je sais que tu t’en fous. Ta réaction montre que j'ai raison. Il y a pas plus sûr qu’un homme qui n’a rien à perdre. C’est les meilleurs soldats.

    – Tu mélanges deux propositions qui ont rien à voir.

    – Comment ça ?

    – Je m'en fous dans le sens où j’ai rien à gagner dans ton histoire. J'ai des choses à perdre, notamment la vie. Je parle même pas du fait que la France est pas soumise à l'islam.

    – Pas encore partout. Laisse-moi m'expliquer.

    – Je sais déjà que j'ai rien à y gagner.

    – Et de 40 à 45, ils avaient quoi à gagner les Résistants ?

    – S'il te plait, fais des phrases qui ont des rapports entre elles.

    – On va résumer. Le gouvernement est censé nous défendre contre les terroristes. Vas-y, dis-moi qu'il fait tout ce qui est possible.

    – Question rhétorique.

    – Ils passent leur temps à nous dire de pas faire d’amalgame, à rester dans la cohésion. Mais de quoi, de qui ? J'ai pas de cohésion avec des mecs qui veulent notre mort. En gros, ils disent « vous risquez de vous faire trancher la gueule ou écraser par un semi-remorque. Mais soyez pas méchants, confondez pas les musulmans avec ces terroristes ». On se défend quand ? Il y a des gens qui jihadisent pas mais qui soutiennent ces connards. Pendant la deuxième guerre ou n’importe laquelle, est-ce qu’on disait…  « Soyez cool avec les Allemands, ils sont pas tous nazis. Ne leur dites pas trop de mal, ils vont pleurer » ?

    – Ton analogie est nulle. Ton seul argument c'est ton flingue. C'est quoi la différence entre toi et un terroriste ?

    – C'est pas mon flingue qui parle, c'est moi.

    – Tu crois que je serais là à t'écouter sans ton truc ? Bref, je dirais que les Allemands étaient représentés par les nazis dans une entité nationale. Les musulmans sont pas représentés par les islamistes ou les terroristes. Il y a pas d'entité musulmane. Les jihadistes tuent surtout des musulmans.

    – C'est une religion avec un programme politique. Factuel. Si on leur laissait le choix, ils diraient quoi les musulmans ?

    – Des choses différentes. Probablement des trucs moins caricaturaux que ce que tu crois.

    – T'as appris la leçon BFM. T'as peur, arrête aussi…

    – Un mec va pas penser quelque chose juste parce qu'il est musulman. On peut pas répondre à une question qui demande « ils vont penser quoi les musulmans ».

    – BFM. On peut se défendre à un moment ou pas ?

    – Personne t'a rien demandé.

    – Justement c'est le problème. On demande pas aux gens ce qu'ils veulent, on leur dit quoi penser. Conduis. Moi je vais venger les morts.

    – Tu parles aux morts aussi ?

    – Non, je parle pas aux morts, espèce de…

    – T'espères buter tous les islamistes en France et tu veux un chauffeur ?

    – Arrête, je risque ma vie. Tu te prends pour qui ?

    – Moi je me prends pour qui ?

    – On va à Valdegour. T'as rien à faire à part conduire. Je défonce tout ce qui ressemble à un Arabe. Œil pour œil, dent pour dent. J’ai des gilets pare-balles, des cagoules, de quoi remplacer ta plaque d’immatriculation, ou brûler ta camionnette s'il faut.

    – Tes arguments sont pas convaincants.

    – C'est pas des arguments. C'est une organisation. Je te paie un nouvel utilitaire s'il faut.

    – C’est ta version des vierges au paradis ?

    – On passe à Atout

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