Journal d'une caissière mégalomane
Par Julien Lezare
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À propos de ce livre électronique
Pauline, vingt-trois ans, rêve de cinéma et voue un culte à Isabelle Huppert.
Pour « s'entraîner à jouer en conditions réelles », elle se fait embaucher comme caissière. Les clients pénibles deviennent son public, ses scènes, ses essais de jeu.
Jusqu'au soir où un étudiant ivre lui glisse une idée dangereusement brillante : enlever les clients les plus odieux pour leur faire jouer des rôles dans des scénarios qu'elle écrit elle-même. Une répétition grandeur nature. Un théâtre clandestin.
Pauline commence à se sentir actrice. Peut-être trop.
Un roman vif, drôle et cru, où l'absurde répond aux coups portés par le quotidien.
Julien Lezare
Julien Lezare est né en 1984, un été, en Alsace. A l'âge de 18 ans il part vivre à Strasbourg, en y menant des études à la Faculté d'Économie. Il se fera renvoyer quatre ans plus tard pour incompatibilité d'humeurs. Il décide d'écrire, entre deux petits boulots. En 2010, il quitte l'Alsace, pour vivre à Marseille. En 2011, il s'en va à Bordeaux. En 2013, en Vendée. En 2014, il repart vers le Sud-Ouest. Fin 2016, il est en instance de départ. Il a été influencé par Twain, Bukowski, Joyce, Kafka, P.Roth, les Strokes, Mad Men, Breaking Bad, les Monty Python et d'autres.
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Aperçu du livre
Journal d'une caissière mégalomane - Julien Lezare
Julien Lezare
Journal d'une caissière mégalomane
Roman
À PROPOS DE L’AUTEUR
Julien Lezare est un écrivain français né à Strasbourg en 1984.
Il a intégré le comité de lecture de la Revue Saint-Ambroise en 2017. Il a fondé la revue Hymne en 2023.
*
julienlezare.com
hymne.eu
Correction : Calligraphus / calligraphus.fr
Couverture : Julien Lezare, Pauline Juillard
Copyright © Julien Lezare 2025
Tous droits réservés.
ISBN-978-2-37799-049-8
Dépôt légal — aout 2025
2 novembre
Ce matin, une femme et sa fille arrivent. J'entends au bout de la caisse :
— Léane ?
— Quoi ? répond assez naïvement la petite.
— Je te l'ai dit, si tu travailles pas mieux à l'école, tu feras un peu comme la jeune là. Toute la journée.
La fille a environ neuf ans. Elle ne répond rien, j'imagine qu'elle s'en fout, je ne sais pas. J'ai cinq secondes pour me décider. Me vexer ? Rire ? M'énerver ? Ce dernier choix aurait été intéressant.
Sauf qu'il faut rester poli avec les clients, ce qui limite un peu.
J'ai intuitivement répondu de manière posée :
— Pardon Madame, si je peux me permettre, je travaille pour payer mes études de droit.
La mère a fait semblant de s'intéresser. Elle espérait probablement faire oublier sa vulgarité en m'interrogeant sur le cursus que je suivais. Elle n'a pas écouté mes réponses, qui ne voulaient d'ailleurs rien dire. Je n'y connais rien au droit.
Elle est repartie avec sa tête de pet.
J'aurais pu pousser le malaise un peu plus loin.
Exemple : Peut-être que la caissière est orpheline, qu'elle fait de son mieux pour payer ses études de médecine et qu'elle soignera votre fille dans quelques années.
Non, pleurnichard, trop Hollywood, bas de gamme.
4 novembre
J'ai discuté un peu à la pause avec Cassandre. Comme moi, elle est hôtesse de caisse.
Elle râle, c'est hallucinant de râler autant. C'est la définition de sa vie en général. Elle trouve que trop de clients sont indifférents. S'ils lui parlent davantage, elle dit qu'ils parlent trop.
Elle râle. Elle chouine. Elle se laisse faire. C'est une barque à la dérive, de l'angoisse nulle plein les yeux.
Elle se laisserait probablement enfermer dans un cercueil, vivante, si un nombre suffisant de gens le lui enjoignaient en même temps. Je pense qu'à partir de sept personnes, elle abandonne lentement. À partir de trente personnes, elle quitte la vie sans négocier, sur simple requête collective.
Globalement, les clients plats, neutres, les gens appelés normaux, il n'est pas possible d'en tirer grand-chose. Il n'est pas souhaitable de les embêter pour rien. Le monde tient grâce à eux. En revanche, avec les clients pourris, je peux viser différents types de jeux :
surjouer la fille pas très intelligente (regard absent ou lent, visage inexpressif, aucun vocabulaire).
envoyer des signaux contradictoires, par exemple fixer dans les yeux jusqu'à gêner l'interlocuteur, parler de manière quasi-littéraire. Afin qu'il ne comprenne rien.
être de bonne humeur et les renvoyer à leur vie déprimante.
Cassandre n'est pas idiote, mais trop anxieuse.
Avec elle, je joue la bonne copine. C'est ce qu'elle veut, on dirait. Je varie un peu selon les jours. Et ça ne mène nulle part. Il faudrait trouver un élément perturbateur dans notre relation.
Les gens aiment le jeu. La vérité est soit pénible, soit triste. Personne ou presque ne veut y penser.
On va jouer.
6 novembre
Ma période de débutante est passée. Ça prend une dizaine de jours. On me surveille toujours, mais je le ressens moins.
Objectif de ce journal : me préparer aux castings d'ici juin.
Écrire m'aidera à mettre en mots ce que je vis, à travailler et améliorer mon jeu. Aucun détail ne doit m'échapper. Je dois devenir la voyeuriste de mon propre cerveau.
À partir de juillet, chaque jour où je ne serai pas prise dans un film sera un jour de trop. Tout doit être fait à chaque instant. Je dois m'exercer partout. Je dois penser au jeu en m'endormant, et jouer en rêvant.
Deux fois par semaine, revoir un film dans lequel joue I.H.
En particulier les rôles où elle est un peu tarée. Ce sont les plus intéressants.
7 novembre
Cassandre m'a prévenue que Noël est une période horrible. Les gens deviennent fous et bêtes. Pire que d'habitude. C'est bien.
Cassandre fait ce travail depuis trois ans. Elle en a vingt-sept.
Elle porte bien son prénom.
Célibataire le plus souvent même si elle est incapable de définir sa situation en un seul mot, ou en une seule phrase. Elle s'ennuie et l'a oublié. Délicieusement chiante. La côtoyer chaque jour pour le restant de ma vie provoquerait en moi des envies de meurtre.
Elle profite de Tinder tant qu'elle peut physiquement. Elle est quelconque. Elle aime bien se croire quand même un peu belle ou attirante. Elle se plaint de Tinder, elle se demande si elle ne va pas désinstaller. Elle passe sa vie dessus. Elle cherche des alternatives plus saines.
Elle a évoqué des clients qui la dévorent du regard comme si on était au zoo. Même s'ils sont avec leurs enfants.
Parmi ses traits de caractère masqués : très susceptible.
Quand elle m'a parlé des pères dragueurs, j'ai répondu : « C'est comme ça pour 90 % des caissières de moins de trente ans. »
Je pense qu'elle l'a mal pris, mais n'a pas su sous quel angle se montrer susceptible tout en gardant un air détaché.
Il faut que je trouve une manière de la vexer davantage. Les situations pourraient se révéler intéressantes.
Je ne sais pas exactement pourquoi on s'est rapprochées. Par hasard. Elle a un côté écorché vif qui sonne faux, anachronique. Qui a le temps d'être écorché vif en 2025 ? Comment ne pas avoir compris que tout le monde s'en fout de tout le monde ?
Aujourd'hui, il y avait un de ces jeunes mecs qui dit quelque chose qui semble important vu son air concentré, sauf qu'il s'exprime en marmonnant. On comprend un mot sur quatre, c'est-à-dire rien.
J'ai rigolé de bon cœur à chaque fois qu'il grommelait. Un rire franc dans le genre discussion de café. Comédie française qui surjoue. Le mec avait l'air paumé. Il m'a lancé quelques regards, qui voulaient dire, elle fout quoi cette conne.
8 novembre
En fin de journée, une vieille voulait payer ses courses avec des
