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Au cœur de la sagesse
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Livre électronique321 pages4 heures

Au cœur de la sagesse

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LangueFrançais
Date de sortie15 mai 2020
ISBN9791093883465
Au cœur de la sagesse
Auteur

Shamar Rinpoche

Shamar Rinpoche, the 14th Shamarpa Red Hat Lama, has worked to spread the Buddhadharma throughout the world for over thirty years. For many years he taught mainly in Karma Kagyu centers established by H.H. the 16th Karmapa, Chogyam Trungpa Rinpoche, and Kalu Rinpoche, but since 2001 he has been founding his own rime (non-sectarian) centers. His Bodhi Path Buddhist Centers can now be found across Asia, Europe, and North America, and lojong is taught as the principal practice. Shamar Rinpoche is the author of Creating a Transparent Democracy.

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    Aperçu du livre

    Au cœur de la sagesse - Shamar Rinpoche

    Préface de Thayé Dorjé, Sa Sainteté le XVIIe Gyalwa Karmapa

    New Delhi, le 18 avril 2015

    Le titre du présent ouvrage, Au cœur de la sagesse, est parfaitement adapté puisque feu le XIVe Kunzig Shamar Rinpoché incarnait effectivement la sagesse infinie du Dharma du Bouddha.

    Il est probable que peu d’entre nous ont eu la grande opportunité de se délecter de ses connaissances illimitées du Dharma du Bouddha, mais je suis certain que chacun sera d’accord pour dire que même les plus courts de ses enseignements étaient tout simplement atemporels et infinis, du fait de la profondeur exceptionnelle de sa connaissance du Dharma et de la façon dont il pouvait l’introduire dans presque n’importe quel contexte pour qu’il soit compréhensible et accessible à tous.

    Rares sont les maîtres qui possèdent cette qualité. En plus de l’évidente tristesse causée par son décès, j’éprouve une grande peine à l’idée qu’il n’existera plus d’occasions de recevoir des enseignements de lui. Je suis donc très heureux de savoir qu’à tout le moins certains de ses enseignements ont été consignés de diverses manières, comme dans le présent livre. Je suis sûr que chacun appréciera cette opportunité autant que moi.

    L’enseignement du mahamudra est l’enseignement principal de notre lignée kagyü. C’est grâce à cet enseignement qu’elle a vu se manifester tant de maîtres accomplis et réalisés. L’enseignement lui-même est vaste et profond – non parce qu’il serait compliqué, mais plutôt à cause de sa pure simplicité. C’est ce que Rinpoché a véhiculé dans ce livre.

    Je souhaite témoigner ma gratitude et mes remerciements à Tina Draszczyk pour le temps, le soin et la dévotion qu’elle a consacrés à la préservation de cet enseignement. Il bénéficiera non seulement aux disciples, mais à tous les êtres sensibles – directement ou indirectement. Je connais Tina depuis de nombreuses années et elle est l’une des rares pratiquantes à vraiment exceller dans son travail sur les textes bouddhiques. Elle a fait appel à toutes ses connaissances pour élaborer ce livre et j’espère qu’il y en aura encore de nombreux autres.

    Pour finir, je souhaite également remercier toutes les personnes qui ont contribué à réaliser cet ouvrage.

    Karmapa Trinley Thayé Dorjé

    Préface de Tina Draszczyk,

    traductrice

    Le 9 juin 2014, au cours d’un stage intensif portant sur la pratique de l’entraînement de l’esprit du mahāyāna qui se déroulait au centre Bodhi Path de Renchen-Ulm, en Allemagne, Shamar Rinpoché a parlé de manière univoque de la façon de progresser sur le chemin spirituel. C’était deux jours avant son décès. Deux semaines auparavant, le 27 mai, dans sa dernière interview officielle accordée à Dhagpo Kagyu Ling, centre d’étude et de méditation bouddhique en France, il expliquait que les choses changeraient parce que le monde, tout comme chacun d’entre nous, est sujet à l’impermanence. Il encourageait ses étudiants à se concentrer sur leur pratique spirituelle et insistait sur le fait que le remède au mal-être associé au changement se trouve en nous-mêmes. La méditation, disait-il, est l’antidote naturel à l’illusion et à l’ignorance.

    Ce livre, Au cœur de la sagesse, offre des instructions précises pour la méditation. Shamar Rinpoché a extrait les enseignements portant sur la méditation de Rayons de lune du mahāmudrā, un traité exhaustif sur la pratique du mahāmudrā kagyü, rédigé par Dakpo Tashi Namgyal, un célèbre maître du XVIe siècle appartenant à la tradition kagyü.

    Sachant que Shamar Rinpoché tenait ce traité en grande estime et ayant auparavant reçu des enseignements de sa part sur ce travail, je lui ai demandé d’enseigner de nouveau les Rayons de lune du mahāmudrā en 2012. Il m’a alors répondu qu’il préférerait compiler, pour ses étudiants, un manuel écrit sur la base de ce texte en incorporant les instructions qu’il avait déjà transmises à ce sujet au fil des années, à Hong Kong et en France. Il m’a demandé si j’étais d’accord pour l’assister dans cette tâche. Ce livre a donc pris forme sur la base des enregistrements audio de différents stages, sur les matériaux existants et en particulier sur les récentes explications de Rinpoché. Nous avons commencé le travail cette même année et l’avons poursuivi en 2013 et 2014. Le titre Au cœur de la sagesse a été choisi par Shamar Rinpoché au cours d’une de nos sessions de travail, dans son centre Bodhi Path, à Renchen-Ulm, en 2013.

    Ce n’était pas la première fois que j’avais la chance de recevoir des enseignements et des transmissions de Shamar Rinpoché sur les Rayons de lune du mahāmudrā. En 1990, il avait donné la transmission de la lecture orale complète de ce texte à Dhagpo Kagyü Ling. À cette occasion, il avait accompagné le lung – nom en tibétain ce type de lecture rituelle d’explications au sujet des points les plus essentiels de la pratique du mahāmudrā kagyü. Shamar Rinpoché a transmis une autre série d’enseignements basés sur le même texte à Dhagpo Kagyü Ling, en 1998. Ces deux stages ont été traduits en anglais par feu Hannah Nydahl. Par ailleurs, au début des années 1990, alors qu’il mettait en place le Karmapa International Buddhist Institute (KIBI – l’institut bouddhique international de Karmapa), à New Delhi, Shamar Rinpoché y a donné des enseignements. Il a souligné l’importance de ce traité pour la tradition du mahāmudrā kagyü et a encouragé un certain nombre de traducteurs, dont je faisais partie, à développer une terminologie adéquate afin de traduire, dans le futur, des textes sur le mahāmudrā à partir du tibétain. Entre 1995 et 1997, Shamar Rinpoché a transmis des enseignements exhaustifs sur ce texte, à Hong Kong. Le traducteur était alors Ulrich Kragh.

    L’une des préoccupations principales de Shamar Rinpoché était de mettre l’accent sur le fait que le mahāmudrā kagyü pouvait aussi être pratiqué sans les tantras bouddhiques supérieurs. Ceci est conforme au cycle d’enseignements de l’amanasikāra, ou non-engagement mental, de Maitrīpa (986-1063) ainsi qu’à la manière dont le mahāmudrā a été rendu accessible par Gampopa (1079-1153), le remarquable père fondateur de la lignée kagyü au Tibet. De plus, Shamar Rinpoché a encouragé ses disciples, de façon explicite, à combiner la pratique du mahāmudrā avec l’entraînement de l’esprit (lojong² en tibétain). Ainsi, lorsqu’il exposait l’aspect de la pratique de lojong qui concerne le développement de la bodhicitta ultime, avec l’instruction Examine la nature non née de l’esprit, il enseignait avec grand soin à ses étudiants comment effectuer cette méditation. Il les encourageait aussi à pratiquer la méditation de Chenrézi (Avalokiteśvara en sanskrit), dans la tradition de Tangtong Gyalpo (XIVe - XVe siècles) qui ne requiert pas nécessairement le rituel de l’initiation. Cette méditation, disait-il, fait mûrir le courant de l’esprit et facilite grandement la pratique du mahāmudrā.

    Au cours de notre travail sur ce livre, Shamar Rinpoché a donné le conseil suivant au sujet de la façon dont les pratiquants pouvaient intégrer ses trois textes d’instructions, ou manuels comme il aimait les appeler: Au cœur de la méditation, Au cœur de la sagesse et Lo Djong, la voie vers l’éveil.

    -  Tout d’abord, il recommande que le pratiquant lise le court ouvrage Au cœur de la méditation bouddhique³ qui donne une idée globale de la pratique méditative et de son importance.

    -  Ensuite, le pratiquant est invité à lire les chapitres 1 et 2 de ce livre, Au cœur de la sagesse, et à pratiquer comme cela est indiqué. Ces deux parties abordent les quatre approches de la pratique spirituelle ainsi que les méditations de la quiétude mentale et de la vision pénétrante communes à tous les chemins bouddhiques.

    -  Puis, le pratiquant est encouragé à étudier le livre Lo Djong, la voie vers l’éveil⁴ jusqu’à la stance Examine la nature non née de l’esprit. Afin d’approfondir la compréhension de cette instruction clé pour s’entraîner à la bodhicitta ultime, le pratiquant est invité à poursuivre sa lecture d’Au cœur de la sagesse avec les chapitres 3 et 4. Au sujet du vers Purifie en premier lieu l’émotion négative la plus forte, ainsi que des deux vers qui suivent dans Lo Djong, la voie vers l’éveil, il est recommandé au pratiquant de mettre en œuvre la pratique spécifique de vipaśyanā telle qu’elle est décrite dans Au cœur de la sagesse, à partir du chapitre 5.

    -  Enfin, lorsque dans Lo Djong, la voie vers l’éveil, vous atteignez le vers Dans la postméditation, sache que tous les phénomènes sont illusoires, le pratiquant est invité à se concentrer sur les instructions de l’entraînement de l’esprit dans le cadre du mahāyāna, tant au niveau de la pratique méditative formelle que dans la vie quotidienne.

    Shamar Rinpoché a mis l’accent sur le fait qu’un pratiquant qui s’engage sur ce chemin atteindra assurément l’état éveillé, car grâce à cette pratique les conditions se réunissent pour permettre de déployer ce potentiel éveillé inhérent à chaque être. De plus, il insistait sur l’inutilité de la peur de la mort quand nous nous engageons dans la pratique de l’esprit d’éveil, lorsque nous intégrons la génération de la bodhicitta ultime et relative et la pratique du mahāmudrā. Il disait que la tradition kagyü souligne particulièrement cette approche du mahāmudrā.

    À ce propos, à Hong Kong, lors de son enseignement sur le mahāmudrā, il rappela l’histoire suivante. Lorsque Gampopa a enseigné le système du mahāmudrā pour la première fois, deux biches se sont approchées de la forêt avoisinante pour venir l’écouter, ce qui a rempli Gampopa d’une grande joie. Il a considéré ceci comme un signe de bon augure indiquant que son approche de la pratique du mahāmudrā se répandrait à travers les générations futures, conduisant d’innombrables méditants à l’accomplissement et profitant grandement aux êtres sensibles. Shamar Rinpoché expliqua que Gampopa avait formulé les prières de souhaits correspondantes et que grâce à sa compassion et à sa bénédiction, les enseignements du mahāmudrā ne cessaient de se déployer depuis. Shamar Rinpoché indiqua par ailleurs qu’une des caractéristiques particulières de l’approche de Gampopa résidait dans la combinaison des pratiques de śamatha et de vipaśyanā du mahāmudrā avec la mise en œuvre de toutes les pāramitās⁵ et des prières de souhaits qui permettent au pratiquant d’accomplir le bien des êtres de multiples façons et garantissent que des graines de vertu sont plantées dans son continuum mental. Ainsi, même dans le bardo, l’état intermédiaire entre la présente existence et la renaissance suivante, le méditant retrouvera de nouveau son intimité avec la méditation de vipaśyanā et son inclination à accomplir le bien des êtres. Malgré la confusion générale de l’état intermédiaire, le méditant décédé sera alors à même de préserver sa lucidité et de s’engager dans des aspirations puissantes, souhaitant une bonne renaissance pour continuer à pratiquer la méditation et les six pāramitās pour le bien des êtres sensibles. Shamar Rinpoché souligna qu’il était absolument essentiel que le pratiquant s’engage, lors de la postméditation, dans des prières de souhaits, cultive l’amour bienveillant et mène une vie qui y soit conforme, afin de s’assurer que cela se produira pendant le processus du décès et des expériences post-mortem.

    Je me sens particulièrement chanceuse d’avoir eu l’honneur de traduire fréquemment Shamar Rinpoché et tout particulièrement d’avoir travaillé avec lui sur le manuscrit de ce livre jusqu’à la veille de son décès. Comme Rinpoché avait déjà annoncé la publication de cet ouvrage, je me suis sentie responsable de le terminer aussi vite que possible.

    Comme pour tout travail de traduction ou d’écriture, des erreurs et de mauvaises compréhensions ont pu s’introduire dans ce texte. Je présente mes sincères excuses à Shamar Rinpoché ainsi qu’aux lecteurs de ce livre pour ces fautes qui sont uniquement mon fait.

    Alors que cet ouvrage est sur le point d’être publié, je me souviens que Shamar Rinpoché avait exprimé, quand nous travaillions au manuscrit, qu’il souhaitait remercier toutes les personnes qui ont contribué à ce projet au fil des années. Au nom de Rinpoché, je remercie grandement le travail de traduction orale d’Ulrich Kragh et d’Hannah Nydahl, dans les années 1990. Les enseignements ont ensuite été transcrits et mis en forme. Les contributeurs à cette étape du projet, notamment Stephanie Yang, Bart Mendel et les autres, doivent être remerciés pour les immenses efforts qu’ils ont dédiés à ce texte. Comme je l’ai mentionné auparavant, en 2012, Shamar Rinpoché est revenu sur le matériau brut, le reformulant, le restructurant et le transformant en ce qui est devenu à présent Au cœur de la sagesse, manuel de la pratique du mahāmudrā. Je souhaiterais remercier tout particulièrement Dr Felix Wan qui a généreusement rendu disponibles les enregistrements audio originaux de Hong Kong. Mes remerciements vont également à tous ceux que j’ai oublié de mentionner ici. Pour la finalisation du texte, je suis spécialement redevable à Lara Braitstein qui a apporté une aide considérable pour la relecture, à Chris Fang et Annie Heckman pour leurs suggestions très précieuses sur le manuscrit final ainsi qu’à Carol Gerhardt pour son travail de mise en page.

    Je souhaite par-dessus tout exprimer ma profonde reconnaissance à Shamar Rinpoché. Sa bonté était au-delà des mots. Je suis emplie d’une immense gratitude pour les trente-trois années au cours desquelles j’ai eu l’heureuse opportunité de recevoir son éclairage et son inspiration pour ma pratique et ma vie. Rinpoché était une constante source d’encouragement, montrant toujours ce qui comptait vraiment et guidant ses étudiants avec une sagesse et une compassion immenses. J’espère que la publication de ce livre, que Shamar Rinpoché attendait tant, contribuera à poursuivre son activité pour le bien de tous les êtres.

    À Vienne, le 18 novembre 2017

    Introduction

    La base pour l’éveil d’un bouddha et pour l’ignorance des êtres ordinaires n’est autre que l’esprit. C’est donc l’esprit qui génère notre mal-être présent tout comme l’état bienheureux de l’éveil. En fait, tout n’est qu’expérience de l’esprit. Ne connaissant pas la nature de l’esprit, nous sommes confus et cédons facilement à une variété d’afflictions comme l’attachement, la colère, l’ignorance, la jalousie et l’orgueil. Les actes générés par ces émotions laissent des empreintes dans l’esprit. Lorsqu’ils sont répétés, les empreintes déposées s’ancrent davantage. En temps voulu, elles deviennent des habitudes qui dictent notre façon de penser et créent notre expérience individuelle du monde. Quand ces empreintes mûrissent dans l’esprit, diverses illusions se manifestent. C’est ainsi qu’éclot l’illusion d’un univers tout entier, de la même manière que dans un rêve. La minuscule empreinte d’un acte accompli dans le passé peut croître et créer l’illusion d’une vie entière de souffrance. Votre existence actuelle est le résultat de tels actes commis dans le passé et de leurs empreintes ; et votre comportement présent détermine votre type d’existence future. D’innombrables empreintes sont enregistrées dans le continuum mental de chaque individu. Lorsqu’elle parvient à maturité, chaque empreinte crée une nouvelle illusion, en d’autres termes, une autre vie. Tant que nous sommes sous l’influence de notre méprise, le monde tel que nous le connaissons est dit sans début ni fin. L’esprit samsarique le fabrique ; il le rend manifeste. L’esprit ne connaît ni commencement ni fin.

    Cependant, même si nous réagissons avec ignorance et confusion aux circonstances extérieures et intérieures, la véritable nature de l’esprit demeure vierge de toutes émotions négatives. Le but de la méditation est de reconnaître la nature véritable de l’esprit, de dissoudre les couches d’ignorance et de dissiper toutes les méprises. Lorsque l’ignorance fondamentale qui se méprend au sujet de la nature véritable est éradiquée, toutes les notions erronées qui en sont issues s’évanouissent. La méditation est donc la méthode qui permet d’actualiser l’état pleinement éveillé de bouddha.

    Tous les enseignements du Bouddha s’articulent autour de l’apprentissage nécessaire pour comprendre les fonctionnements de l’esprit. Ils ne concernent donc pas que l’esprit, mais aussi les êtres sensibles, leur quête pour se libérer du mal-être et révéler leur nature innée de bouddha. Le Bouddha a expliqué la façon dont opère l’esprit dualiste d’un être ordinaire et il a décrit la nature de l’esprit d’un être éveillé. La seule différence entre les êtres ordinaires et les êtres éveillés est l’état de méprise de l’esprit. Un esprit qui se méprend caractérise l’être ordinaire, un esprit qui ne se méprend pas caractérise un être éveillé.

    L’enseignement global du Bouddha est contenu dans ce qui est communément nommé les quatre vérités des êtres nobles.

    Il s’agit tout d’abord de la vérité de la souffrance. Du fait de la méprise, nous éprouvons, dans la vie actuelle, un mal-être à la fois physique et mental qui sera aussi présent dans les vies à venir. Le bouddha Śākyamuni a parlé de trois types de souffrance : la douleur, le bonheur qui se transforme inévitablement et la tension subtile omniprésente qui accompagne notre existence.

    La seconde vérité est celle de l’origine de la souffrance qui fait référence à l’ignorance. L’ignorance implique la saisie égotique qui, à son tour, conduit au désir et à l’aversion. Il s’agit des afflictions principales à la source de nombreux états négatifs. Un esprit perturbé par des états négatifs se méprend et un esprit dans la méprise conduit à des actes menant à d’autres formes de mal-être.

    La troisième vérité est la vérité de la cessation de la souffrance qui nous indique qu’il existe une manière de dissiper la méprise et le mal-être en résultant, parce qu’aucun des deux n’est pourvu d’une nature permanente et véritable. Dans l’état sans méprise, l’esprit est libre des afflictions et par conséquent de leur effet, la souffrance.

    Enfin, la quatrième vérité est celle du chemin. Elle explique les méthodes permettant d’éliminer l’ignorance et ses effets, c’est-à-dire la souffrance avec toutes ses déclinaisons. Il s’agit du chemin qui conduit à l’état éveillé. Le bouddha Śākyamuni a enseigné trois approches différentes de ce chemin, connues sous le nom de véhicules ou yānas : le śrāvakayāna, le pratyekabuddhayāna et le bodhisattvayāna, aussi appelé le mahāyāna.

    La première étape consiste à acquérir la connaissance du chemin bouddhique dans son entièreté, avec ses trois yānas, afin de choisir sa propre approche. Même si vous ne pratiquez qu’un seul chemin, l’étude des trois yānas bouddhiques, dans toute leur étendue, fournit l’information nécessaire pour choisir et s’engager sur un chemin. Ensuite, en réfléchissant au sens des enseignements, vous approfondissez votre compréhension de l’information reçue, acquérez de la confiance et dissipez vos doutes. Finalement, en mettant l’accent sur la méditation, le chemin est pratiqué jusqu’à son parachèvement. En fin de compte, pour chacun des trois yānas, la méditation est la seule façon d’atteindre le résultat.

    Ce livre contient les enseignements de ce qui est appelé le chemin du mahāmudrā, une pratique spécifique qui appartient au bodhisattvayāna et peut conduire au plein éveil. Les pratiques des deux autres yānas font partie intégrante du mahāmudrā et ne sont donc pas traitées séparément ici. Le résultat de cette pratique est d’appréhender la véritable nature de l’esprit et de voir que cette nature est éveillée.

    La meilleure approche pour la méditation est la pratique systématique des différentes étapes des méditations de la quiétude mentale (śamatha en sanskrit, shiné en tibétain) et de la vision pénétrante (vipaśyanā en sanskrit, lhaktong en tibétain), en fonction des méthodes transmises⁶ . Il s’agit de commencer avec la méditation de śamatha commun suivie par la pratique de vipaśyanā commun. Comme les chapitres suivants le montreront, « commun » signifie que les instructions associées sont partagées par toutes les approches bouddhiques ; « ordinaire » ou « général » sont d’autres synonymes. Avec la solide fondation des méditations de śamatha et de vipaśyanā communs, vous serez prêts à entrer dans les méditations de śamatha et de vipaśyanā spécifiques au mahāmudrā.

    Apprenez à éviter les erreurs dans votre pratique. Par exemple, sur le chemin vers l’éveil ultime, ne déviez pas négligemment de votre tradition et ne modifiez pas la pratique méditative. Nous voyons parfois des individus qui transmettent des enseignements sur la méditation en se basant sur des systèmes de leur propre invention. Dans le domaine de la méditation, agir comme un cuisinier ingénieux en ajoutant à votre gré des épices ici ou là pour produire une nouvelle création culinaire n’est pas une bonne idée. Avec la notion erronée que certaines idées nouvelles constituent une amélioration des anciennes présentations, un pratiquant qui expérimente des méthodes n’ayant pas fait leurs preuves parvient souvent à des résultats décevants, si ce n’est désastreux. Appliquez les méthodes authentiques pour atteindre la certitude transcendante, décrite au chapitre 6, et faites des difficultés une pratique. Un entraînement régulier aboutira rapidement à l’accomplissement.

    CHAPITRE 1

    Les quatre approches de la pratique bouddhique

    Tout d’abord, diverses méditations pratiquées dans les traditions bouddhiques seront expliquées de manière générale. Puis viendra une explication plus détaillée de la pratique du mahāmudrā mise en œuvre dans la tradition kagyü, en particulier. Avec une connaissance théorique et concrète des diverses formes de pratique bouddhique, vous comprendrez plus facilement ce que signifie la méditation du mahāmudrā.

    Commençons par placer les enseignements du mahāmudrā dans le contexte plus large des enseignements du Bouddha. Le Bouddha a transmis à ses disciples des enseignements très personnels qui correspondaient à leurs besoins individuels. C’est en ce sens que les enseignements du Bouddha sont illimités. Le Bouddha ayant donné des enseignements et des méthodes avec tellement d’approches différentes, un débutant peut naturellement se sentir désorienté. Cependant, malgré la diversité des procédés et des méthodes au sein des traditions bouddhiques, celles-ci fonctionnent toutes avec les deux aspects de la quiétude mentale et de la vision pénétrante. Gardez à l’esprit que les disciples du Bouddha étaient très différents en termes de capacités, d’inclinations et d’aspirations. Certains souhaitaient simplement jouir d’une belle vie, d’autres préféraient les pratiques du śrāvakayāna, d’autres encore celles du pratyekabuddhayāna, quand certains étaient davantage enclins au mahāyāna. Il s’agit des quatre

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