Faire ses adieux
Dans un monastère très populaire, le moment vint pour l'un des maîtres où la vie allait bientôt s'achever. Lorsqu'il en eut le pressentiment, il se rendit dans son ermitage, se baigna, se rasa et se coupa les cheveux une dernière fois. Puis il revêtit ses plus beaux habits, se rendit dans la salle de fête et fit convoquer les moines les plus jeunes.
Lorsque tous les habitants du temple furent réunis, le sage maître éleva la voix, ordonna au novice de faire sonner la cloche et expliqua d'une manière calme mais posée sa requête, à savoir son souhait de faire ses adieux à tous les disciples et de suivre son dernier chemin entouré des moines.
Dès qu'il eut terminé, son énergie vitale s'affaiblit de plus en plus, sa force intérieure le quitta, les élèves prirent peur, le maître était un grand modèle dans le monde entier, il était aimé et vénéré, le voir ainsi effraya ses disciples, un grand hurlement remplit la salle, tous les présents avaient les larmes aux yeux.
Le maître, qui se trouvait déjà presque dans un autre monde, fut effrayé et ouvrit ses yeux déjà presque fermés à jamais, soudain, il y avait à nouveau de la force en lui, la souffrance de ses frères le touchait. Il leur dit : un vrai disciple de Bouddha ne doit pas être jugé à l'aune des sentiments mondains, mais doit avoir un esprit libre et indépendant. Nous enseignons aux gens que la vie est faite de souffrance, mais si nous, les maîtres et nos novices, souffrons comme tous les autres êtres vivants, c'est que quelque chose n'est pas juste, pas comme le grand maître nous l'a enseigné. Certes, l'existence humaine est difficile, la vie est principalement faite de souffrance, la naissance, la vieillesse, la maladie et la mort sont le lot de tous les êtres vivants, mais s'en plaindre n'apporte pas non plus de changement.
Peu importe ce que le maître sage racontait à ses disciples et confrères, les lamentations autour de lui ne diminuaient pas, les larmes coulaient, les voix s'éteignaient. Le sage maître rassembla alors encore une fois toute son énergie, il voulait continuer à vivre jusqu'à ce que ses confrères et ses novices aient compris cette dernière leçon.
Alors il dit : nous voulons organiser un autre festin ensemble et je veux vous expliquer la leçon de l'adieu. Je ne peux pas partir sans vous laisser cette sagesse importante. Après cela, je veux partir en paix, ne me rendez pas les adieux difficiles.
Aussitôt dit, aussitôt fait, les moines et les novices s'écartèrent les uns des autres, ils voyaient à nouveau l'espoir, ils voulaient garder leur maître en vie le plus longtemps possible. Lorsque le maître demanda quand le festin aurait lieu, on lui donna toutes sortes de prétextes et d'excuses pour repousser le plus loin possible la date de son départ. Parfois, l'un des moines était malade, parfois il y avait une autre raison. Puis arrivait le moment où l'affaire ne pouvait plus être reportée, le festin avait lieu. A la fin, le maître éleva une dernière fois la voix, essayant de faire comprendre à ses confrères que, selon l'enseignement du Bouddha, les adieux doivent être faits sans plaintes ni lamentations, afin que celui qui s'en va puisse également partir en paix.
L'un des moines les plus haut placés se leva et dit : nous connaissons l'enseignement de Bouddha, mais quand on est personnellement concerné comme maintenant, il est vraiment difficile de se défaire de ses attachements. Nous savons qu'en tant que maître, c'est toi qui comprendras le mieux. Le moine s'assit, le vieux maître se leva et quitta la salle sans saluer personne. Arrivé dans sa chambre, il s'assit en position du lotus et mourut.
Le chemin est le but !
Ne demande pas d'où tu viens, mais demande comment tu te comportes, car du bois naît le feu.
- Bouddha - nom d'honneur de Siddharta Gautama - 560 à 480 avant l'an zéro



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