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l’excellente aiguière d’élixir
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l’excellente aiguière d’élixir
Livre électronique367 pages4 heures

l’excellente aiguière d’élixir

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LangueFrançais
Date de sortie15 mai 2020
ISBN9791093883564
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    Aperçu du livre

    l’excellente aiguière d’élixir - Norbou Ngawang Tenzin

    Prologue

    Hommage à Thogmé Zangpo de NgulTchou

    Vous qui êtes l’émanation de l’aîné des fils des vainqueurs⁷ (Gyelsé), Suprême détenteur de son omniscience et de sa sagesse primordiale, Source intarissable d’un océan sans limites (Thogmé) d’explications des points profonds de tous les véhicules⁸,

    Lion de la race humaine se consacrant exclusivement à l’action excellente (Zangpo)⁹ du grand œuvre du bien d’autrui, Je vous vénère avec une foi totale, vous plaçant au sommet de ma tête, et je vous prie de toujours me guider jusqu’à l’éveil.

    J’expliquerai de mon mieux une faible partie de l’essence de ce pur élixir, sublime, profond et infailliblement efficient, sorti de l’excellente aiguière¹⁰ de votre gorge, quintessence de votre pensée inégalable et immaculée.

    Vous qui souhaitez pénétrer en le palais précieux de la libération suprême, écoutez avec joie cette explication, en parfaite concordance avec les sutras, tantras et instructions ésotériques¹¹.

    A la suite de cet hommage en guise de préambule, j’expliquerai ce texte sublime, Les trente-sept pratiques des fils des vainqueurs, traces laissées par tous les bouddhas des trois temps, voie unique que parcourent tous les bodhisattvas¹² fils des vainqueurs, seule cause de la réalisation de tous les bienfaits et bonheurs sans exception, source d’où proviennent les diverses qualités d’excellence, qu’elles soient du domaine du devenir ou de celui de la paix¹³.

    Ce texte est en soi un véritable joyau qui exauce tous les souhaits, la quintessence de l’esprit de Gyelsé Thogmé Zangpo, de la Forteresse du Dharma de NgulTchou.

    Après l’introduction, je poursuivrai avec l’explication du texte lui-même.

    7      Tib. rgyal sras, fils des vainqueurs est l’épithète la plus usuelle des bodhisattvas. Vainqueur est un synonyme de bouddha, comme "Celui qui a vaincu Mara, le démon. Les bodhisattvas sont ainsi nommés fils spirituels des bouddhas parce qu’ils suivent les traces de leurs pères", les bouddhas. (Khenpo Tcheudrag)

    8      Véhicule(s), tib. theg pa, skt. yāna. Ce terme est employé dans le bouddhisme pour désigner les différents niveaux d’enseignement donnés par le Bouddha. Véhicule à la fois dans le sens de porteur d’un enseignement et dans le sens de vecteur de l’éveil. (Khenpo Tcheudrag) (voir glossaire à Neuf véhicules).

    9      Effet de style courant dans la composition poétique tibétaine qui consiste à replacer en filigrane dans le texte le nom de la personne à qui on adresse un hommage, ici Gyelsé Thogmé Zangpo (Le Fils des vainqueurs Excellence sans limites).

    10    L’excellente aiguière (traduction du tibétain bum bzang), est un des huit emblèmes de bon augure dans la tradition bouddhique et représente la source d’abondance inépuisable de tout ce que l’on peut désirer.

    11    D’une façon générale et tout au long de ce texte, il sera fait référence aux sutras (mdo, skt. sūtra) ou discours, la partie générale commune de l’enseignement du Bouddha, celle qui fonde le Petit et le Grand Véhicule (skt. hinayāna et mahayāna). Il sera fait référence aux tantras (rgyud, skt. tantra), la partie extraordinaire de l’enseignement du Bouddha, qui fonde la théorie et la pratique du Véhicule Adamantin (skt.vajrayāna). Il sera fait référence aux instructions ésotériques (man ngag), les textes d’instructions de référence reconnus comme tels et composés par un maître réalisé. Il sera fait aussi référence aux instructions orales (gdams ngag) venant toujours de maîtres reconnus comme réalisés. Enfin, il sera fait référence aux traités (bstan bcos, skt. śastra), textes qui commentent et éclaircissent l’enseignement du Bouddha, soit en le développant, soit en le résumant, traités écrits par les grands maîtres de l’Inde après le départ du Bouddha, comme Nagarjuna, Shantideva, Dharmakirti, etc.

    12    Tib. byang chub sems dpa’, skt. bodhisattva : -bodhi (tib. byang chub) signifie "esprit ayant purifié (tib. byang) tous ses voiles et ses défauts et ayant parfaitement réalisé (tib. chub) tous ses pouvoirs et ses qualités, ce qui est traduit usuellement en français par éveillé ou l’éveil" (l’esprit qui s’est éveillé du sommeil de l’ignorance à son parfait état de pureté primordiale, la bouddhéité, (tib. sangs rgyas, skt. buddha). -sattva (tib. sems dpa’) signifie "attitude d’esprit (tib. sems) héroïque (tib. dpa’)". Un bodhisattva est donc celui qui porte en lui l’esprit d’éveil (tib. byang chub sems, skt. bodhicitta) avec héroïsme, ce qu’on pourrait traduire par chevalier de l’éveil, ou encore héros de l’éveil.

    13    Le devenir et la paix (srid zhi, skt. bhava (saṃsāra) et nirvāna) : ces deux mots qui n’en forment qu’un seul en tibétain reviennent constamment dans le texte. Ce concept désigne la totalité de l’existence dans ses deux aspects : l’existence conditionnée ou cyclique (le devenir, le cycle des existences, la condition cyclique, le samsara, tib. khor ba), condition impure, illusionnée et douloureuse qui est celle des êtres ordinaires non-éyeillés ; et l’existence libre ou éveillée (la paix, la quiétude, l’au-delà de la souffrance, le nirvana, tib. mya ngan las ‘das pa), condition pure, non-illusionnée et bienheureuse qui est celle des êtres libérés. Toutefois, le terme de paix sous-entend une limitation (expliquée plus loin dans le texte au chapitre de la trentième pratique sur la paramita de la suprême connaissance), quand devenir et paix sont deux limitations que transcende l’éveil parfait et insurpassable d’un bouddha (skt. samyaksambuddha).

    Introduction

    1. Le mode juste d’enseignement du maître.

    2. Le mode juste d’écoute du disciple.

    3. Le mode juste de relation entre maître et disciple dans le cadre de l’enseignement.

    N. d. T. : L’auteur ne faisant que citer le nom des trois parties qui devraient normalement constituer l’introduction, le lecteur pourra, par exemple, se reporter au Chemin de la Grande Perfection de Patrul Rinpoché¹⁴. Il y trouvera dans le détail la substance de ces trois parties, à savoir ce que doivent être sa motivation juste et sa vision juste tout au long de la lecture de ce texte. Disons brièvement que cette motivation doit être pure et dirigée exclusivement vers le bien d’autrui.

    14    Tib. kun bzang bla ma’izhal lung, Ed. Padmakara pour la traduction française, premier chapitre.

    Le texte

    Il est constitué de trois parties :

    1. La partie préliminaire.

    2. La partie centrale.

    3. La partie finale.

    Partie préliminaire

    Elle comporte trois points :

    1. L’énoncé du titre.

    2. L’hommage honorifique.

    3. La détermination à mener à son terme la rédaction de ce texte.

    Enoncé du titre

    Il consiste en deux points :

    1. Le titre lui-même.

    2. Le texte qui porte ce titre.

    Le titre lui-même

    Les trente-sept pratiques des fils des vainqueurs.

    Le texte qui porte ce titre

    Il s’agit de toutes les parties qui le composent du début à la fin.

    Hommage honorifique

    Il se compose de deux points :

    1. Le support¹⁵

    2. L’énoncé

    Le support

    Texte racine

    Namo Guru Lokesvaraya

    Soit, en français : devant le Lama Seigneur des mondes¹⁶ (Lokesvara), je me prosterne.

    L’énoncé

    Texte racine

    En fervent hommage, je me prosterne continuellement par le corps, la parole et l’esprit,

    Devant le lama suprême, le protecteur Avalokiteshvara

    Qui œuvre exclusivement pour le bien des êtres,

    tout en voyant que les phénomènes sont sans allée ni venue.

    Commentaire résumé

    En fervent et constant hommage du corps, de la parole et de l’esprit, je me prosterne devant le Lama suprême, qui est mon propre maître dispensant l’enseignement du Grand Véhicule. Indifférencié de l’Arya Avalokiteshvara, mon maître personnifie la compassion de tous les bouddhas.

    Par la puissance de son grand amour compatissant, il se consacre exclusivement au bien des êtres, tout en voyant par sa sagesse primordiale omnisciente que les choses du monde phénoménal connaissable sont sans allée ni venue, ni éternelles ni néantisées, ni existantes ni non-existantes, ni d’une nature unique ni d’une nature multiple. Il perçoit directement la nature intrinsèque et ultime de toute chose comme étant totalement dépourvue d’une quelconque réalité suivant chacun des huit concepts majeurs d’appréhension dualiste¹⁷.

    Commentaire annexe

    Appliquons à ce qui vient d’être dit les quatre éléments constituant l’hommage :

    Qui se prosterne ?

    Le fils des vainqueurs Thogmé Zangpo de Ngul Tchou, préalablement à la rédaction du texte.

    Devant qui ?

    Le lama Avalokiteshvara, aspect tutélaire de l’hommage, conforme au sujet du texte.

    De quelle manière ?

    Respectueusement, avec le corps, la parole et l’esprit.

    Pourquoi ?

    a) Au niveau relatif, afin de se conformer à l’usage respectueux et d’en obtenir les bienfaits spirituels.

    b) Au niveau ultime, avec la vue de l’esprit qui se situe au-delà de la dualité sujet-objet.

    15    Le support est le Bouddha auquel s’adresse cet hommage ouvrant le texte : skt. Avalokitesvara, tib. spyan ras gzigs dbang phyug (Tchenrézi Wangtchouk), «Le seigneur (īśvara) qui regarde (avalokita)» (implicitement «qui regarde tous les êtres»).

    16    Un des noms d’Avalokiteshvara.

    17    Tib. (spros pa’i) mtha’ brgyad, skt. astānta. Voir glossaire à Huit concepts extrêmes.

    Détermination de mener à son terme

    la rédaction de ce texte

    Les parfaits bouddhas, source de tout bien et de tout bonheur,

    Naissent de l’accomplissement du saint Dharma.

    Comme ceci dépend de la connaissance de son exercice,

    J’exposerai ici les pratiques des fils des vainqueurs.

    Commentaire résumé

    Les bouddhas sont la source originelle de tout bonheur temporaire et ultime.

    Eux-mêmes, d’où proviennent-ils ? Du point de vue de l’entraînement à la voie, ils sont issus uniquement de la pratique authentique du saint Dharma du Grand Véhicule.

    Cette réalisation découle entièrement de la connaissance de ces pratiques. Comment, au début, établir l’esprit d’éveil doué du principe de la grande compassion ? Comment, ensuite, en ce qui concerne les moyens, pratiquer la générosité ainsi que les autres paramitas et, en ce qui concerne la suprême connaissance¹⁸, réaliser que les phénomènes sont dépourvus de nature propre ? Bref, d’une manière générale, comment pratiquer de manière exhaustive les deux accumulations¹⁹, soit la pratique des six paramitas²⁰ réunies ?

    Ainsi, pour ceux qui veulent s’appliquer à la voie du Grand Véhicule afin d’obtenir la bouddhéité, j’exposerai la manière de s’entraîner au mode de pensée et au mode d’action des fils des vainqueurs. Cette explication est issue aussi bien de la collection des sutras du Grand Véhicule des bodhisattvas que des traités qui en commentent l’esprit.

    Par ces mots, TcheuDzongPa de Ngul Tchou (Thogmé Zangpo) s’engage à poursuivre jusqu’à son terme la rédaction des instructions que sont les trente-sept pratiques des fils des vainqueurs.

    18    Les moyens (tib. thabs) et la sagesse (tib. shes rab). L’éveil est la réalisation de leur union, soit l’union de la compassion et de la vacuité.

    19    Les deux accumulations sont, dans le bouddhisme, ce qu’il est nécessaire de pratiquer et de mener à terme pour réaliser le parfait éveil : l’accumulation de mérite et l’accumulation de sagesse primordiale. Ces deux aspects de la pratique spirituelle, l’aspect conceptuel et l’aspect non-conceptuel doivent être menés de front. Voir glossaire à Deux accumulations.

    20    Tib. pha rol tu phyin pa drug, skt. satpāramitā, les six paramitas. Littéralement Les six vertus transcendantes, transcendantes en ce qu’elles permettent «d’aller de l’autre côté» (tib. pha rol tu phyin pa) de la souffrance pour l’apprenti bodhisattva, et en ce qu’elles se situent effectivement au-delà du samsara pour le bodhisattva réalisé, de la première à la dixième terre de l’éveil. Elles constituent l’essentiel de la voie du bodhisattva et sont expliquées en détail dans le texte, du chapitre 25 au chapitre 30. Voir aussi le glossaire à Six perfections transcendantes.

    Partie centrale

    Elle se divise en deux :

    1. L’engagement dans les pratiques préliminaires.

    2. L’exposé de la voie pour les trois sortes d’individus.

    L’engagement dans les pratiques préliminaires

    1. L’existence humaine libre et bien pourvue, si difficile à obtenir.

    2. Quitter le pays natal.

    3. Le choix d’un lieu de retraite.

    4. La conscience de la nature transitoire de toutes choses.

    5. L’abandon des mauvaises compagnies.

    6. Le choix de la bonne compagnie.

    7. La prise de refuge.

    PREMIÈRE PRATIQUE

    L’existence humaine libre

    et bien pourvue, si difficile à obtenir

    Alors qu’il possède l’existence humaine libre et bien pourvue,

    Grand vaisseau si difficile à obtenir,

    Afin que soi-même et autrui parviennent à traverser l’océan de l’existence cyclique,

    Écouter, réfléchir et méditer sans relâche nuit et jour est la pratique des fils des vainqueurs.

    Commentaire résumé

    N’étant pas nés dans une des huit conditions astreignantes²¹, nous avons obtenu pour cette vie ce corps humain semblable à un vaisseau, support d’existence pourvu des dix acquisitions.

    La difficulté de jouir d’une telle existence est démontrée de trois façons : par des exemples, par la probabilité et par la cause. Si on l’obtient, on dispose d’un très grand potentiel d’accomplissement, pouvant aller jusqu’à l’omniscience. Dès lors, ne la gaspillons pas en activités vaines et futiles.

    Afin de parvenir, avec tous les êtres, à traverser l’océan de l’existence cyclique, on se consacrera inlassablement, jour et nuit, sans le moindre instant de distraction, à l’écoute des instructions profondes, à la réflexion sur leur sens et à leur assimilation effective par la méditation, guidé par un maître spirituel du Grand Véhicule.

    Commentaire développé

    Il est dit dans Le guide de la conduite des bodhisattvas :

    Cette existence humaine si difficile à obtenir permet à l’individu de réaliser son potentiel d’éveil. S’il n’en fait pas bon usage, il risque de ne plus jamais retrouver une pareille occasion.

    Les huit libertés

    Le terme liberté se définit par le fait de ne pas être né dans les huit conditions astreignantes et d’avoir donc le loisir de pratiquer le saint Dharma. A l’inverse, les huit conditions astreignantes constituent une absence de liberté . Nagarjuna les énumère :

    Les enfers, les pretas, les animaux, les barbares, les dieux de longue vie, ceux dont les croyances sont erronées, l’absence d’un bouddha et la stupidité, telles sont les huit conditions astreignantes.

    Ces huit conditions rendent la pratique du Dharma impossible.

    En effet, dans les trois mondes inférieurs, comme résultat du mauvais karma accumulé antérieurement, les tourments de la chaleur, du froid, de la faim, de la soif et autres constituent une torture continue et répétitive.

    Les dieux de longue vie évoluent dans une absence totale de réflexion spirituelle.

    Dans une contrée barbare, l’enseignement du Bouddha est inaccessible.

    Si l’on naît dans des conditions qui conduisent à adhérer à des vues religieuses ou à des idéologies erronées, l’esprit en est corrompu.

    En une ère obscure, sans bouddha, puisqu’on n’entend pas parler ne serait-ce que du nom des Trois Joyaux, on ignore la notion de bien et de mal.

    Enfin, si l’on naît stupide, l’esprit est inapte à pratiquer le Dharma.

    Les dix acquisitions

    Ce sont l’ensemble des conditions inhérentes à l’individu, nommées les cinq acquisitions personnelles, et l’ensemble des conditions inhérentes à l’environnement, nommées les cinq acquisitions extérieures.

    Les cinq acquisitions personnelles

    Nagarjuna :

    Ce sont : la condition humaine en elle-même, naître dans un lieu propice, jouir de l’intégralité des facultés psychophysiques, une destinée favorable et une foi bien orientée.

    1.  Si l’on ne possède pas un corps humain, aucun contact n’est possible avec le Dharma : la première acquisition est celle du support d’existence physique humain.

    2.  Dans un pays limitrophe où le Dharma n’existe pas, il ne peut s’établir de relation avec lui. La deuxième acquisition est celle du pays : être né dans un pays de situation centrale par rapport à l’enseignement du Dharma.

    3.  Des facultés sensorielles et mentales incomplètes sont une entrave à la pratique du Dharma. Etre exempt d’un tel handicap est la troisième acquisition, celle de la qualité des facultés.

    4.  Si notre destinée karmique est défavorable, notre activité est sans cesse non vertueuse et on néglige le Dharma. Aspirer dès à présent à la vertu est la quatrième acquisition, celle d’une pensée extraordinaire.

    5.  Si l’on ne dirige pas sa confiance vers l’enseignement du Bouddha, l’esprit n’est pas enclin au Dharma. Pouvoir tourner son esprit vers le Dharma est la cinquième acquisition, celle de la foi.

    Les cinq acquisitions extérieures

    Nagarjuna :

    Ce sont : la venue d’un bouddha, que celui-ci enseigne le Dharma, la doctrine qui perdure, des êtres qui la pratiquent et la bienveillance de cœur envers autrui.

    1.  Si l’on ne naît pas en l’ère lumineuse de l’avènement d’un bouddha dans ce monde, même le mot Dharma n’existe pas. Naître dans une époque comme la nôtre, au cours de laquelle un bouddha s’est manifesté, est la première acquisition, celle d’un maître exceptionnel.

    2.  Quand bien même un bouddha se manifeste, s’il n’enseigne pas le Dharma, sa venue est vaine. Or, par les trois tours successifs de la roue²², le Bouddha Shakyamuni a enseigné le Dharma : le saint enseignement est la deuxième acquisition.

    3.  S’il a enseigné le Dharma mais qu’entre temps celui-ci a disparu, on n’en tire nul profit. Actuellement, le Dharma se perpétue : c’est la troisième acquisition, celle de la contemporanéité.

    4.  Même si le Dharma perdure, ça ne sert à rien si on ne le pratique pas. Avoir franchi l’entrée de la voie bouddhiste est la quatrième acquisition, celle de sa propre fortune.

    5.  Même si l’on s’est engagé sur la voie, sans la condition favorable d’un maître spirituel qui nous accepte comme disciple, on ne peut apprendre le Dharma. Devenir disciple d’un maître est la cinquième acquisition, celle de la haute compassion.

    Si nous bénéficions de la totalité de ces dix-huit conditions²³, nous jouissons de la précieuse existence humaine dix-huit fois libre et bien pourvue. Écoutons le cinquième Dalaï Lama :

    Le vaisseau de l’existence humaine libre et bien pourvue dont on dispose,

    Cette base de réalisation de la perfection totale de tout bien et de toute félicité,

    Si l’on ne l’utilise pas dès maintenant pour gagner sûrement l’île au trésor

    Et qu’on revient les mains vides au cycle des existences,

    C’est que notre esprit est pourri jusqu’au cœur.

    L’existence libre et bien pourvue est difficile à obtenir, comme le montrent sa cause, ses conditions, l’exemple qui l’illustre et sa probabilité.

    1. La cause

    On lit dans Le guide de la voie du milieu :

    Il n’est aucune autre cause de renaissance supérieure que la discipline éthique.

    Comme on le peut constater, les êtres sensibles qui agissent de manière négative sont très nombreux alors que si peu agissent vertueusement. Or, l’obtention d’une existence humaine associée au Dharma ne peut résulter que d’une grande accumulation de discipline éthique et de mérite spirituel durant la vie précédente.

    2. Les conditions

    Il est affirmé qu’en obtenant la cause - la précieuse existence humaine -, la condition - être accepté par un maître spirituel - et le moyen - être capable de méditer le saint et suprême Dharma -, on réalise la bouddhéité en une seule vie, dans un seul corps. La validité de cette affirmation repose sur la réunion parfaite de toutes ces conditions et sur le fait de recevoir des instructions orales profondes. On comprend qu’il s’agit d’une conjonction extrêmement difficile à obtenir.

    3. L’exemple

    On compare la probabilité de disposer de cette précieuse existence humaine à celle de la rencontre, dans un grand océan, d’une tortue aveugle et d’un joug de bois percé d’un unique trou. Shantideva déclare :

    L’obtention de la condition humaine est aussi improbable²⁴ que la coïncidence de la rencontre d’une tortue et d’un joug de bois flottant à la surface du grand océan.

    4. La probabilité

    Considérant le nombre des êtres sensibles dans chacun des mondes, on s’aperçoit que l’obtention d’un corps humain s’avère à peine possible.

    Les êtres infernaux sont aussi nombreux que les particules de la Terre, les pretas que les grains de sable du Gange, les animaux que les grains d’orge entassés dans un fût de bière, les dieux jaloux que les flocons d’une tempête de neige, les dieux et les humains que les particules de poussière sur un ongle.

    D’une manière générale, le support d’existence des mondes supérieurs est rare, et plus rare encore est la précieuse existence humaine libre et bien pourvue. Quel que soit le sujet de notre réflexion, nous sommes ramenés à cette évidence : l’extrême difficulté d’obtenir l’existence humaine pourvue de ses six

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