PETITE HISTOIRE DES « ENTRETIENS »
De l’esclave affranchi devenu philosophe, on lit surtout le Manuel (Enchiridion en grec: « ce qui est à portée de main », comme un « poignard »), résumé en cinquante-trois courts textes de la sagesse d’Épictète. On connaît moins les quatre livres conservés (sur les cinq, les huit, voire les douze de l’original?) des Entretiens (Diatribai en grec – dont vient le mot français « diatribe » mais qui, dans cet usage, signifie plutôt « passe-temps » ou « conversation »). Il y a là un premier paradoxe: le Manuel, écrit pour populariser les Entretiens, a fini par éclipser l’oeuvre qu’il était censé faire connaître. À quoi s’ajoute un second : ni le Manuel ni Les Entretiens n’ont été rédigés par le philosophe. Comme son lointain modèle Socrate, dont l’empreinte est omniprésente dans Les Entretiens, et comme Musonius, son maître, Épictète n’a laissé aucun écrit. Ce que nous lisons sous son nom est une transcription des discussions variées qu’il avait avec son auditoire. Le rédacteur, sinon donc l’auteur des Entretiens s’appelait en fait Arrien [voir encadré ci-contre].
LE DISCIPLE BOITEUX DE MUSONIUS RUFUS
De la vie d’Épictète, justement, on ne sait pas grand-chose de sûr. Son nom, signifie « homme acheté », « serviteur », « esclave », mais il devait peut-être ce nom à une contrée de sa Phrygie natale. Il serait né vers 50 ap. J.-C. à Hiérapolis (dans l’actuelle Turquie,
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