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Juliette et Roméo: Roman jeunesse
Juliette et Roméo: Roman jeunesse
Juliette et Roméo: Roman jeunesse
Livre électronique122 pages1 heure

Juliette et Roméo: Roman jeunesse

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À propos de ce livre électronique

Guyane 1916. Bagne de Saint-Laurent-du-Maroni.

Juliette, 16 ans, est la fille du commandant du pénitencier. Elle est fiancée à un officier deux fois plus âgé qu’elle pour lequel elle n’éprouve aucun sentiment amoureux. Roméo, 22 ans, est un bagnard condamné aux travaux forcés. Franc et charmeur, il est souvent victime de son incorrigible impétuosité. Tout les sépare mais, un soir, leurs destins se croisent.

Un amour impossible ? Et pourtant…

Dans ce roman plein de surprises et de rebondissements, Yves-Marie Clément revisite le Roméo et Juliette de Shakespeare, et plonge ses lecteurs et ses lectrices dans une version tropicale de cette ode à l’amour qui invite à transcender les différences.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Yves-Marie Clément est né à Fécamp en Normandie. Écrivain voyageur, il est l’auteur de plus d’une centaine d’ouvrages, surtout destinés à la jeunesse. Il rencontre souvent ses lecteurs dans les classes et les bibliothèques, et participe à de nombreux salons du livre en France et à l’étranger. Ces mots de Sénèque pourraient illustrer la plupart de ses combats : « La véritable sagesse consiste à ne pas s’écarter de la nature, mais à mouler notre conduite sur ses lois et son modèle. »
LangueFrançais
ÉditeurLe Muscadier
Date de sortie15 avr. 2021
ISBN9791096935765
Juliette et Roméo: Roman jeunesse

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    Aperçu du livre

    Juliette et Roméo - Yves-Marie Clément

    Brigitte

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    Acte  I

    Vieilles paroles de l’Indien Sabayo

    Avant l’arrivée des Blancs, il n’y a rien que la jungle, le fleuve et les rivières. Les rivières bordent nos villages. Nous vivons en paix avec les autres tribus indiennes depuis de longues années. Oui, nous vivons en paix.

    Mais un matin, ils arrivent (je veux dire les Blancs). Ils sont armés. Nous ne leur livrons pas bataille car nos ancêtres ont déjà rencontré leur peuple par le passé, et ils se sont bien entendus. Ils ont échangé des cadeaux, chacun de sa culture. Nous leur avons donné des plantes, des objets de terre cuite, de vannerie, des tissus. Les Blancs nous ont fait découvrir l’alcool fort, les outils en métal, les perles de couleur pour faire les colliers et les armes à feu.

    Nous pensions que les Blancs allaient retourner chez eux, mais voilà qu’ils préfèrent rester. Ils choisissent le meilleur emplacement pour leurs habitations. Ils rasent les grands bois entre la crique Balaté et la crique Saint-Laurent, ils brûlent les arbres. Puis ils fondent un village. Lorsqu’ils sont assez nombreux, ils tracent des routes, bâtissent des maisons, édifient une gigantesque prison qu’ils appellent le camp de la Transportation. Ils donnent à cette cité le nom de Saint-Laurent-du-Maroni en l’honneur du gouverneur de la Guyane, I’amiral Jules-Laurent Bodin.

    Pendant cent ans, les bagnards arrivent. De gros bateaux les débarquent sur le ponton de bois, qui est maintenant tout rongé de vermine. Les soldats armés les ­accompagnent jusqu’aux cases et aux cellules où certains croupissent le reste de leurs jours. D’autres bagnards travaillent en ville, comme garçons de famille. D’autres encore coupent les arbres de la forêt – les Blancs ont décrété que la forêt appartient à l’État, ce qui nous fait bien rire car la forêt est notre Mère, elle n’appartient à personne. Les Blancs, surveillants et bagnards, se détestent. Il arrive même qu’ils se massacrent entre eux.

    Les soldats agissent avec les bagnards pire qu’avec des tortues de terre. C’est la haine qui règne désormais sur la forêt et la cité. Entre la ville des Blancs et notre village, il passe deux rivières. La première porte le nom de crique Saint-Laurent. La seconde se nomme crique des Vampires, car il y a eu beaucoup de vampires à une époque. Et ils saignaient les zébus qui broutaient près des marais alentour.

    Notre village est là. Sur la rive droite de la crique des Vampires. À marée montante, les eaux de l’océan remontent le Maroni, et les eaux du Maroni remontent la crique des Vampires. C’est le moment pour nous de mettre nos barques à l’eau et de partir à la pêche. C’est là précisément, près de la crique des Vampires, que se joue la grande tragédie. L’histoire de Juliette et de Roméo. C’est là que notre ancêtre les a aperçus pour la dernière fois. C’est le soir. La forêt commence son chant. Et le tonnerre roule au loin. Et les grenouilles singes répondent aux crapauds bœufs. Et, de parole d’homme, c’est la nuit que la forêt est belle. Les Esprits se réveillent. Maître Jaguar entre en chasse. Et les serpents grouillent sur le sol. C’est là que notre ancêtre les a aperçus pour la dernière fois…

    Vous pouvez lire bien des histoires d’amour dans vos livres. Mais celle de Juliette et Roméo est différente. Elle est même plutôt spéciale. Roméo est une crapule, enfermée dans une case depuis des années. Il y croupit comme un rat puant. On pourrait croire qu’il va y crever. Mais il est solide et robuste. Juliette, voilà qu’elle débarque dans ce fichu pays de Guyane car son père est militaire. Elle est jeune. Pour elle, Saint-Laurent-du-Maroni, c’est un coin de ciel noir. Comment ne pas lui donner raison ?

    À l’époque de notre ancêtre, la Guyane est une terre où se déchirent les hommes. Au cœur de cet enfer, voici donc l’histoire des deux amants.

    Commission disciplinaire

    Dans la grande cour du bagne, trois hommes balayaient la terre, soulevant un nuage de poussière rouge. Le capitaine avait ouvert la porte de son bureau. Malgré le ventilateur qui tournait à plein régime, l’air chaud et saturé d’humidité ne parvenait pas à se rafraîchir. Il trempa la plume de son stylo dans la petite bouteille d’encre et signa l’ordre de punition :

    Le nommé Arcangeli Roméo, numéro de matricule 37 312, demande de punition pour le motif suivant : manquement à l’appel du soir et outrage au lieutenant Dolympe, surveillant militaire.

    Punition : 45 jours de cellule dont 30 au pain sec et à l’eau, en l’attente de la décision du prochain tribunal maritime spécial, qui se réunira et rendra justice.

    La villa de Juliette

    Le vent retenait son haleine.

    Il n’y avait pas grand monde dans les rues, un peu comme chaque jour car, sous les tropiques, l’après-midi, même les chiens jaunes dorment à l’abri d’un arbre. On les croirait morts, abattus de fatigue et de chaleur écrasante ; la langue leur pend, la moiteur coule entre leurs côtes décharnées. C’est seulement le soir, quand souffle l’alizé, qu’ils reprennent vigueur. Le sang de vêpres rafraîchit leurs veines, l’estomac les rassemble. Les meutes se forment, et les voilà en bandes conquérantes, crocs dehors, qui écument la ville.

    Dans cette torpeur, Juliette et son père entrèrent dans le jardin de la villa de l’administration pénitentiaire.

    Un léger grincement de gonds. Le commandant de Laguillonnie poussa d’un geste mesuré la porte à battants de sa nouvelle demeure. Une nuée de cafards surpris par la lumière vive de cet après-midi étouffant se faufila sans bruit dans les recoins de la pièce et se dissimula sous les plinthes creusées par les termites. Juliette frissonna.

    M. de Laguillonnie fit deux pas dans la pièce principale aux murs peints de blanc, dans cette grande salle vide de tout mobilier. Il se passa la main sur le ventre. L’index glissa entre deux boutons de la chemise coloniale, l’ongle gratta nerveusement l’estomac où coulait une perle de sueur. Il s’exclama, prenant sa

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