Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Le réveil de Zagapoï: Roman
Le réveil de Zagapoï: Roman
Le réveil de Zagapoï: Roman
Livre électronique180 pages1 heure

Le réveil de Zagapoï: Roman

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Au cœur de la forêt amazonienne, en Guyane, une mission scientifique destinée à éradiquer les moustiques tourne mal. Le GENIBE, puissant insecticide, entraîne des mutations dans la nature et le réveil de Zagapoï – l’Esprit de la jungle. L’expédition se transforme alors en cauchemar. Les membres de l’équipe scientifique échapperont-ils au pire ?

À PROPOS DE L'AUTEUR

Yves-Marie Clément est né à Fécamp en Normandie. Écrivain voyageur, il est l’auteur de plus d’une centaine d’ouvrages, surtout destinés à la jeunesse. Il rencontre souvent ses lecteurs dans les classes et les bibliothèques, et participe à de nombreux salons du livre en France et à l’étranger. Ces mots de Sénèque pourraient illustrer la plupart de ses combats : « La véritable sagesse consiste à ne pas s’écarter de la nature, mais à mouler notre conduite sur ses lois et son modèle. »
LangueFrançais
ÉditeurLe Muscadier
Date de sortie17 févr. 2020
ISBN9791096935178
Le réveil de Zagapoï: Roman

Lié à Le réveil de Zagapoï

Livres électroniques liés

Science-fiction pour enfants pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Le réveil de Zagapoï

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Le réveil de Zagapoï - Yves-Marie Clément

    grenouille

    1

    La mission

    Mission : n.f. (du latin missionem) Charge donnée à quelqu’un d’accomplir une tâche définie.

    Les Habitants

    Guyane, à la frontière du Brésil.

    C’est le soir.

    La nature a prévu que la plupart des animaux se réveillent quand tombe la nuit. Ainsi optimisent-ils leur camouflage et, ce faisant, leurs chances de survie. La nuit, chacun se croit invisible au regard de l’autre : le moustique pour la grenouille, le rongeur pour le rapace, la biche pour le jaguar. C’est sans compter le flair sans faille, la vue perçante, l’ouïe aiguisée de la plupart des prédateurs.

    Dans la nature, tout est question de stratégie !

    La jungle se réveille. Le grattement des tatous s’amplifie. Le jaguar se glisse hors de sa tanière pour chercher sa nourriture. Les noctuelles aux ailes diaphanes tournent en rond au-dessus de l’eau des marais. Les passereaux insectivores plongent dans ce ballet incessant. La chair grasse des petits papillons gonfle les estomacs affamés.

    Au pied des monts Karimaré, un agouti pénètre par petits bonds l’ultime tache de lueur solaire. Le pelage acajou du rongeur s’enflamme, pareil au plumage des ibis rouges dont les ailes se frottent chaque soir au dernier éclat du jour. Ses longues pattes grêles, couleur d’amarante, aux doigts gracieux, saisissent un fruit au pied d’un arbrisseau. Le rongeur sent la présence du jaguar. Il faut faire vite. Il porte le fruit à sa gueule et en grignote l’écorce, surveillant les alentours.

    Le jaguar n’est pas loin. C’est une vieille femelle. Racée, puissante, imposante par sa stature et son poitrail sculpté. Ses courtes oreilles frémissent au moindre bruissement. Elle est à l’écoute de la forêt. Ses yeux de félin forcent la crainte et le respect de tous les autres Habitants de la jungle. Même les grenouilles la craignent. Un dendrobate, grenouille jaune et bleue, bondit à son approche et se terre sous un monceau de feuilles.

    Les Autres

    VENDREDI 15 DÉCEMBRE, 13 HEURES 15

    J’ai reçu mon ordre de mission le 13 décembre. À peine deux jours pour me préparer. C’est bien la première fois qu’on me fait ce coup-là. Y a-t-il une urgence ? Je crois plutôt qu’il s’agit d’une mission ultrasecrète et que le professeur ne veut pas voir de journalistes nous traîner dans les pattes.

    Pas de précision quant au contenu. J’imagine juste qu’il s’agit d’une chasse aux moustiques. Je suis habituée. Cet insecte, on n’en viendra jamais à bout ! D’ailleurs, comment pourrait-on détruire cette plaie ? Comment peut-on imaginer l’éradiquer de la planète ? Je suis peut-être un peu trop sceptique. Après tout, ne s’est-on pas débarrassé de la variole à coups de vaccination systématique ? Peut-être l’équipe du professeur Todorov a-t-elle trouvé l’insecticide miracle ?

    Avec la recrudescence des maladies virales, les enjeux sont colossaux. Sauver des vies, bien entendu. Mais aussi gagner beaucoup d’argent. Celui qui découvrira l’« insecticide miracle » et déposera le premier son brevet deviendra l’homme le plus riche du monde, j’en suis certaine. Le professeur travaille sur ce projet avec le laboratoire Monbayo. Je bosse donc pour cette multinationale dont le but inavoué est de dominer le marché mondial avec sa production dans les domaines de l’agrochimie et de la pharmacie. Cet aspect me dégoûte. Notre monde ne tourne plus qu’autour de l’argent, la finance et le gain. Mais enfin, en travaillant pour la recherche scientifique, j’ai l’impression de me rendre utile aux autres, et c’est cela l’essentiel.

    L’avion pénètre un épais cumulus. Tangage et roulis se mêlent, secouent les passagers dont certains s’agrippent aux accoudoirs. Adriana, chef du projet GENIBE, repose son stylo et referme son carnet. Impossible d’en écrire davantage.

    Le commandant de bord vient d’annoncer l’atterrissage imminent. Les trains sortent de la carlingue. La piste de Rochambeau se découpe dans la verte forêt guyanaise. Un léger soubresaut prévient que les roues ont mordu le tarmac.

    Dans la salle des bagages, la climatisation est trop forte. Adriana frissonne. La voix du haut-parleur perce le brouhaha :

    « Adriana Stephan est demandée

    au poste de police… Adriana Stephan ! »

    Un homme l’attend. Cheveux noirs bouclés et barbe rase. Lunettes de myope, environ 35 ans. Adriana se penche pour poser son bagage de cabine. Elle secoue la tête pour chasser un moustique, ses longues boucles noires courent sur ses épaules et roulent sur sa chemisette.

    — Adriana, je suppose ? Bonjour… Je suis Benjamin.

    — Le médecin du laboratoire ?

    — Tout à fait. Je vous accompagne à l’hôtel. Vous avez fait bon voyage ?

    — Oui, merci. Et mes bagages ?

    — Ils suivent. Mais ne vous inquiétez de rien, tout est organisé !

    — Je devais arriver la première et il y a eu ces grèves.

    — Je sais. Soyez la bienvenue !

    — On se tutoie ? suggère Adriana.

    — Oui, je préfère aussi, lui répond le médecin en sortant un paquet de cigarettes de sa poche.

    * *

    *

    L’hôtel des Singes se situe non loin du centre-ville. Un canal aux eaux fangeuses le sépare du quartier de la Crique, où la nuit enveloppe les cases de planches peintes et de tôles rouillées. Les barbecues épandent leurs fumées dans les ruelles envahies par des rythmes brésiliens.

    La chaleur poisseuse des soirées tropicales colle à la peau. Harassée, Adriana se déshabille. La douche est froide. Un énorme cafard tombe du rideau de plastique et court le long du mur. Elle frissonne.

    * *

    *

    SAMEDI 16 DÉCEMBRE, 7 HEURES 30

    Ma première nuit à Cayenne n’a pas été de tout repos. J’ai fait la chasse aux moustiques ! Ces petites bêtes ne perdent rien pour attendre…

    Me voilà donc en Guyane… La Guyane… Je reviens dans mon pays après des années d’absence. Les études, le boulot au laboratoire. Et me revoilà. C’est étrange. Après cette mission, je retournerai vers l’ouest pour passer un peu de temps avec ma famille.

    J’ai fait la connaissance de Benjamin. Sympa et très direct, très pro, aussi.

    Aujourd’hui, conférence du professeur Todorov et demain, nous plierons bagage et embarquerons pour notre laboratoire forestier. Je profite de mon petit-déjeuner sur la terrasse avant qu’il ne fasse trop chaud ! Je relie les courriels du professeur. J’ai hâte de rencontrer les autres membres de mon équipe. J’espère qu’on va faire du bon boulot !

    Le ciel de Cayenne se couvre de lourds nuages. C’est le début de la saison des pluies. Le vent agite les branches des manguiers chargées de fruits.

    * *

    *

    Toute l’équipe de la mission GENIBE se trouve enfin réunie dans une petite salle de l’IPSG¹. Le professeur Todorov, barbe blanche et petites lunettes, paraît sortir tout droit d’une aventure de Tintin. Il est l’auteur du seul ouvrage de référence répertoriant les quelque trois mille espèces de moustiques volant et piquant à travers le monde. Peu connu du grand public, il fait figure d’éminence pour les spécialistes de la question.

    Il salue Adriana et ses collègues, toussote pour s’éclaircir la voix.

    — Bien… Maintenant que vous avez eu le temps de faire les présentations, je vais vous exposer en détail les objectifs de votre mission ! Chacun d’entre vous a déjà travaillé en milieu tropical. Vous n’aurez donc pas de problème d’acclimatation ou de comportement. Vous, docteur Benjamin Rowlling, vous êtes un spécialiste des maladies tropicales. Adriana Stephan, votre chef de mission, est une Amérindienne kaliña, originaire de l’ouest de la Guyane – elle se trouve donc ici chez elle. De plus, elle a déjà participé à ce genre d’opération. La première fois en Thaïlande et puis…

    — Au Cameroun, professeur.

    — C’est cela… où vous avez travaillé sur la fièvre jaune, la maladie de Chagas mais aussi sur le sida. Quant à Morihei Mochizuki et Jim Elliot, ce sont tous deux d’excellents techniciens qui connaissent parfaitement tout le matériel que vous devrez utiliser ! Et enfin, Nour Karaoui est

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1