Tempête Alex LES LOUPS SAUVÉS DU DÉLUGE
Certains jours, le téléphone n’arrête pas de sonner. Béatrice Gérardot déverrouille son portable. Il est 15 h 23. « Je rappellerai plus tard », souffle-t-elle. La tête de loup gris qui habite son fond d’écran retourne dans l’obscurité pendant qu’elle exhale la fumée d’une cigarette. La sonnerie est devenue comme la bande-son de la vie de la patronne du refuge. Dans cette grande maison de plain-pied, tout est consacré aux loups, qui n’ont ici jamais eu le rôle du grand méchant. Dans son dos, à peine 1 mètre derrière elle, un œil-de-bœuf entouré d’une dizaine de casseroles en fonte accrochées au mur de pierre laisse passer la douce lumière de l’automne. A l’extérieur, Iénna, une louve hybride (mi-chien, mi-loup) majestueuse, pelage gris perle, s’étire. Elle passe et repasse, toisant les arrivants. Béatrice Gérardot reprend le téléphone et, cette fois, c’est elle qui appelle. « Oui c’est moi, tout va bien ? » Wilfrid Perrault, son mari, est à l’autre bout du fil. « Oui, ça va, mais elle n’arrive toujours pas à poser la patte », répond-il, soucieux. Elle, c’est Healy, une jeune louve de 3 ans arrivée du Mercantour il y a quelques jours. Ce soir, Wilfrid Perrault posera des caméras thermiques pour observer son comportement. Si l’état de Healy ne s’améliore pas, il faudra l’opérer pour éviter la nécrose. Béatrice est inquiète. Les loups, c’est toute sa vie. « On vit avant tout pour eux, nous c’est secondaire. Moi, je ne dis pas que je vis chez moi, je vis chez eux. »
LA RÉPARTITION DES ANIMAUX RIVAUX DANS LES ENCLOS EST UN CASSE-TÊTE
Béatrice Gérardot a la soixantaine, une
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