Êtes-vous vraiment certain de vouloir plonger dans ce dossier ? Il y a danger : aucun de ceux ayant jamais approché ces fascinants mollusques, effleuré leurs tentacules et sondé leur regard n’en est sorti indemne. Après la curiosité surgit l’étonnement, puis une sensation de complicité dérangeante… Qui se transforme en profonde remise en question de ce que nous sommes, nous, en tant qu’espèce. “Ce n’est pas très rassurant d’étudier le poulpe”, avoue Ludovic Dickel, spécialiste en neuro-éthologie cognitive des céphalopodes à l’université de Caen.
Malgré cet étrange physique et les centaines de millions d’années d’évolution qui nous séparent, le poulpe exhibe un comportement étonnamment familier
Pourquoi dérange-t-il autant ? Peutêtre parce que l’on ne peut imaginer animal plus différent : leur lignée et la nôtre ont divergé il y a près de 650 millions d’années. Le poulpe, aussi appelé pieuvre dans la littérature, appartient au vaste sous-embranchement des mollusques – comme les huîtres, les escargots ou les limaces. À l’intérieur se trouve la classe des céphalopodes, qu’il partage avec les seiches ou les nautiles, ces animaux au corps mou dont la tête est munie de bras mobiles. Le poulpe, dont on recense 300 espèces , en possède 8, chacun muni de centaines de ventouses. Sous sa tête est logé un bec dur avec lequel il se régale de crabes et de