LES TROGLOBIES : parfaitement adaptés à leur environnement, ils seraient incapables de survivre en dehors du monde cavernicole.
LES TROGLOPHILES : ils passent la majeure partie du temps dans les grottes, et n’en sortent que pour se nourrir ou se reproduire.
LES TROGLOXÈNES : de passage seulement dans le monde souterrain, ils s’y installent pour hiberner, par exemple.
Astyanax mexicanus, alias
Taupifish
Superpouvoir : un toucher de compét’
Il y a vingt mille ans, les frétillaient dans les eaux douces d’Amérique centrale lorsque certains d’entre eux se sont retrouvés coincés dans les rivières de grottes mexicaines. Les poissons restés à la surface ont poursuivi leur vie pendant que sous terre, leurs cousins se « métamorphosaient ». Pour s’adapter à leur nouvel environnement obscur, les des cavernes ont développé un odorat hors pair. L’intérieur de leurs narines est tapissé d’une muqueuse olfactive une fois et demie plus grande que celle des poissons de surface. Grâce à elle, ils détectent la présence de quantités infimes de molécules odorantes dans l’eau : ces poissons cavernicoles pourraient déceler le goût d’un morceau de sucre dissous dans 500 piscines olympiques ! Un odorat surpuissant qui leur a coûté un œil (au sens propre !) car les impliqués dans le contrôle de la taille de la muqueuse olfactive influencent aussi la formation des yeux. Une fois piégée dans l’obscurité des grottes, rien n’a poussé l’espèce à conserver des mirettes devenues inutiles. Aussi Astyanax mexicanus résume Sylvie Rétaux qui étudie l’animal à l’Institut des neurosciences à Paris-Saclay. Deux caractéristiques qui rappellent la taupe et nous ont donné envie de surnommer ces poissons Taupifish ! Super-bestioles à plus d’un titre, les Taupifish possèdent un autre superpouvoir : ils ont perfectionné le toucher à distance, sorte de sixième sens présent chez tous les poissons. Remarquez, sur la photo, la ligne horizontale sur leur flanc, un peu comme une couture, au milieu des écailles. À cet endroit, tous les poissons possèdent des neuromastes, sorte de neurones équipés de cils. explique Sylvie Rétaux. Mais l’évolution en a fait apparaître en plus, à l’emplacement des yeux, chez les Taupifish. constate la scientifique. De super-détecteurs qui leur permettent de repérer le moindre insecte qui se pose à la surface ou la moindre crotte de chauve-souris tombée dans l’eau, et de n’en faire qu’une bouchée !