"Il y a trois morts. Je vais bien. Je vous laisse."
Par Jean-Luc Slakmon
()
À propos de ce livre électronique
Dans un témoignage sobre et poignant, Jean-Luc Slakmon raconte le déroulement de l'attaque qui, après la tuerie de Charlie Hebdo et le meurtre d'une policière à Montrouge, a clos la série d'attentats islamistes ayant frappé la région parisienne au mois de janvier 2015. Il expose par ailleurs les traces profondes que cet événement funeste et traumatisant a inscrites en lui et qui demeurent, huit ans après.
Jean-Luc Slakmon
Né de parents juifs tunisiens, à Paris, en 1958, père de trois enfants, Jean-Luc Slakmon a travaillé dans la confection puis dans la vente. Il a été employé dans plusieurs magasins de l'enseigne Hypercacher. Il venait de se faire muter dans le supermarché de la porte de Vincennes quand celui-ci a été la cible d'un attentat terroriste, le 9 janvier 2015. Il conserve de cet événement de très lourdes séquelles.
Lié à "Il y a trois morts. Je vais bien. Je vous laisse."
Livres électroniques liés
Sans Retour: Les Mémoires d'un Juif Egyptien 1930-1957 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationFragments d'une vie: Récit de vie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUne Goutte de Vie dans l'Amer Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDe Sarah à Denise: Un témoignage bouleversant Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUn enfant sage: Une enfance heureuse en Corrèze dans les années 40 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationQuand j'écrirai encore une histoire: Cahiers de guerre à Nil-Saint-Vincent, 1944-1945 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationImaginations d'un Homme seul Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationA5564 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationItinéraire d'une vietnamienne - L'étudiante insoumise Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationChemin de vie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe prématuré Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationEntre le devoir et l'amour Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationEncordés au Christ: Soixante ans de sacrifices Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationEn Imaginant un Avenir Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPresqu'au début de la Colonie... Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDes ravioli aux escalopes à la crème en passant par le couscous Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRenaître à la lumière Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationParce que c’est la vie !: Histoires de résiliences Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDe l'enfant écorché à l'adulte résilient. 1943-2023 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJe Fuis Loin Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJe suis une maudite Sauvagesse Eukuan nin matshi-manitu innushkueu: EUKUAN NIN MATSHI-MANITU INNUSHKUEU Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNous Savions Que ... Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJe Dis au Revoir Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation39-45 : Sous terre pour survivre: Parcours d'une enfant juive Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationFrançoise ou les pierres du chemin: Roman Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes orphelins Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPossédé par un djinn: Une victime raconte son enfer Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Marcel et l'Incroyable Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLakhdar Bentobbal: Mémoires de l'intérieur Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRespire...: Grandir est la somme de particularités Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Politique pour vous
Penser et Agir pour l'Afrique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationComprendre la procrastination: Pour obtenir vos objectifs Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Ma vie et la psychanalyse Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5De la démocratie en Amérique - Édition intégrale Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'art d'aimer Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDe la Stratégie en général Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Essais Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa stratégie du chaos: Impérialisme et Islam. Entretiens avec Mohamed Hassan Évaluation : 2 sur 5 étoiles2/5Magellan Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5A chacun sa définition de l'amour: Quelle est la tienne? Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/520 Questions à Poser à un Musulman. Évaluation : 2 sur 5 étoiles2/5Qu'est-ce que l'art ? Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRéflexions sur la violence Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5L'illusion localiste: L’arnaque de la décentralisation dans un monde globalisé Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa peur, arme politique: Gouverner, c'est faire peur… et rassurer Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5Fabriquer un consentement: La gestion politique des médias de masse Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAdieu Francafrique Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Les conséquences économiques de la paix Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa diplomatie d'hier à demain: Essai politique Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Gestion de projets en contexte public Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL’idéologie néolibérale : ses fondements, ses dégâts: Essai politique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDjihad : D'Al-Qaida à l'État Islamique, combattre et comprendre: Immersion dans l'univers des djihadistes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCoronavirus, la dictature sanitaire: Collection UPPERCUT Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMarie-Antoinette Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDiscours sur la Dette: Discours d'Addis-Abeba, de Thomas Sankara présenté par Jean Ziegler Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5L'étrange Défaite Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Avis sur "Il y a trois morts. Je vais bien. Je vous laisse."
0 notation0 avis
Aperçu du livre
"Il y a trois morts. Je vais bien. Je vous laisse." - Jean-Luc Slakmon
À mes enfants et petits-enfants,
la prunelle de mes yeux,
À la mémoire de mes parents,
À la mémoire de Philippe Braham,
Yohan Cohen,
Yoav Hattab,
François-Michel Saada.
Avant d’écrire ce livre, j’ai eu l’occasion de témoigner oralement de l’attentat qui a frappé, à Paris, le magasin Hypercacher où j’étais employé. Je suis intervenu à la radio, à la télévision, j’ai participé à des conférences, et j’en ai beaucoup parlé autour de moi. Il fut même un temps où, traumatisé et incapable de penser à autre chose, je ne parlais que de cet événement. Il me brûlait les lèvres. La prise d’otages a duré quatre heures mais je suis resté prisonnier de son souvenir terrifiant de longues années. Je suis d’ailleurs bien loin d’en être libéré, même si, avec le temps et à force de luttes intérieures, je m’apaise peu à peu.
Après avoir beaucoup communiqué oralement, j’ai voulu témoigner dans un livre, pour garder une trace tangible de ce drame qui a emporté la vie de quatre innocents et bouleversé l’existence des rescapés. Je ne veux pas que cet attentat tombe dans les limbes de l’oubli, que soient balayées nos vies meurtries...
Avant de plonger dans le récit de l’abîme, j’ai relaté ma « vie d’avant » : elle était simple, laborieuse, et, malgré les difficultés, je la dirais, avec le recul, délicieusement ordinaire.
SOMMAIRE
I. Ma jeunesse à Belleville
II. À la force du poignet
III. Vendredi 9 janvier 2015, avant shabbat
IV. Il faudra bien vivre avec…
Chapitre I
Ma jeunesse à Belleville
Mes parents, Félix Raphaël Slakmon et Marcelle Henriette Assous, étaient tous deux tunisiens de confession juive. Mon père venait d’un milieu désargenté tandis que ma mère était issue d’une famille cultivée et assez aisée de Tunis, où ses parents tenaient une boulangerie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, au cours de la campagne de Tunisie qui a vu les Alliés et les forces de l’Axe s’affronter sur le sol tunisien, elle a été grièvement blessée aux yeux. Elle se trouvait au cinéma avec une amie quand un soldat italien a lancé une grenade dans la salle, causant un terrible carnage. Ma mère a définitivement perdu la vue dans ce drame, tandis que son amie a perdu l’usage de ses jambes.
La paix rétablie, mon grand-père a effectué les démarches nécessaires pour que sa fille soit reconnue invalide de guerre par les autorités françaises et puisse s’établir en France. C’est ainsi que mes parents, qui s’étaient mariés en Tunisie, ont posé leurs valises à Paris, à Belleville, quartier populaire et cosmopolite qui, avant de devenir une terre d’accueil pour les juifs tunisiens, avait attiré dans l’entre-deux-guerres un grand nombre de juifs d’Europe centrale.
Grâce à la pension d’invalide dont a bénéficié ma mère, mes parents ont pu ouvrir un commerce alimentaire, au 122 boulevard de Belleville. Ils ont eu ensemble sept enfants. J’ai vu le jour le 17 août 1958, je suis l’aîné de la fratrie. Après moi, sont venus Patricia, Martine, Didier, Franck, Sylvie, et enfin, la petite dernière, Marilyne – nous avons tous reçu des prénoms bien français, selon l’usage de l’époque. Pendant quelques années, nous avons vécu serrés dans une pièce au fond de la boutique, puis, avec l’aide d’une assistante sociale, mes parents ont trouvé un logement plus confortable rue de la Présentation, et ils ont fini par acheter un agréable quatre-pièces au 78, boulevard de Belleville, entouré d’un grand balcon.
Nos parents avaient un cœur en or. Nous étions très heureux auprès d’eux et pour rien au monde nous ne leur aurions manqué de respect. Doux et patients, je ne les ai jamais entendus élever la voix. Notre maman était extraordinaire. Malgré sa cécité, elle gérait parfaitement le quotidien, tenant la boutique et s’occupant du foyer. Au magasin, elle reconnaissait les clients réguliers au son de leur voix et la valeur des pièces à leur tintement et au toucher. À la maison, je l’ai toujours vue piquer à la machine et tricoter avec une grande agilité. Elle cuisinait divinement. Elle coupait et hachait les herbes, légumes et viande, et mettait ses savoureuses préparations à cuire comme n’importe quelle personne voyante – par prudence, elle préférait cependant déléguer les fritures à notre père. Nos parents formaient un duo inséparable. Grâce à son époux, qui a toujours été aux petits soins pour elle, notre mère n’a jamais