Depuis quand vivez-vous dans cette maison qu’Anthony et toi avez construite ensemble ?
Nous l’avons bâtie de nos mains, en 2014-2015. Quand nous avons acheté le terrain, il y avait déjà une petite grange. Nous l’avons extraite de ses fondations et, à l’aide d’une énorme grue, déplacée au-dessus des épicéas, puis posée sur des colonnes en métal ancrées dans le sol en granit. Elle est parfaitement nichée entre les arbres, entourée de mousse, avec un accès vers la forêt à l’arrière. Le chantier s’est déroulé pendant l’hiver le plus enneigé que nous ayons connu depuis longtemps, la maison était encerclée par 2 mètres de congère. Nous avons dû creuser des tunnels dans la neige pour qu’Anthony et les ouvriers puissent aller et venir. La journée, ils cuisinaient sur un vieux poêle à bois calé dans la neige. J’étais enceinte de Diogo. Notre objectif était de terminer le chantier et d’emménager bien avant sa naissance, mais au final, nous n’avons pu nous installer que trois jours après la date du terme. Il n’y avait encore aucune porte, pas de poêle à bois, nous étions début juin, une période encore fraîche dans le Maine. Mais nous avons mis les bouchées doubles et la maison était prête à l’arrivée de Diogo, douze jours plus tard.
Peux-tu nous décrire l’environnement dans lequel elle se trouve ?
Nous vivons sur une île rattachée au continent par un pont. Quand on le traverse, la vue est à couper le souffle : des îlots à perte de vue, la baie de Penobscot d’un côté, le grand large de l’autre. Parfois, la marée est si haute qu’on a l’impression qu’il suffirait de peu pour que l’eau submerge le pont et nous coupe définitivement du continent. L’hiver, des phoques viennent prendre un bain de soleil sur des blocs de glace, là où l’eau est peu profonde. Nous vivons au milieu de l’île, sur les hauteurs. Notre propriété est surnommée «